AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Luniver


Travaillant dans l'informatique, il devait arriver que tôt ou tard, on m'offre cette biographie. Je ne me suis pas vraiment pressé pour l'entamer, à cause de ses imposantes 900 pages d'une part, parce que je n'ai jamais possédé le moindre appareil marqué d'une pomme, et surtout parce que je craignais une énième ode à la gloire de Jobs. Notez que je n'ai rien contre Apple, ni contre ses produits généralement bien foutus, mais ses admirateurs qui ne manquent pas une occasion pour me fourrer un écran sous le nez, me montrant que quand ils appuient avec leur doigt quelque part ça ouvre une fenêtre, et que c'est l'avancée technologique la plus importante du millénaire, ça a quand même tendance à m'agacer légèrement.

Heureusement, dès les premiers chapitres, on réalise qu'on aura pas droit à une hagiographie : l'auteur a visiblement pris son travail à coeur et tient à exposer une biographie honnête, avec les bons et les mauvais côtés du personnage. Qui se caractérise dans les deux cas par l'extrême : régimes végétariens sévères, soucis du détail qui frise l'obsession, une volonté de contrôle absolu qui se retrouve dans ses créations, qu'il conçoit de la première vis au magasin final, décrétant qui aura le droit d'y toucher ou non et délimitant soigneusement ce qu'on aura le droit de faire avec.

Autres traits de caractère particulier : une vision du monde binaire (vous êtes du côté des bons ou des méchants ; un génie ou un abruti ; un produit est parfait ou « de la merde »), et son célèbre « champ de distorsion de la réalité » : quand Jobs était contrarié par quelque chose, il l'éliminait simplement de son champ de vision. On pouvait lui répéter que quelque chose était impossible, il continuait à demander des nouvelles de l'avancement des travaux. Ça avait ses bons côtés, puisqu'à force de se voir demander l'impossible, ses employés finissaient par le réaliser, mais quand Jobs luttait contre une loi physique ou une maladie, c'étaient ces dernières qui remportaient le bras de fer… de la même manière, il pouvait décréter une idée nulle, puis revenir quelques jours plus tard en disant « j'ai eu une idée géniale », décrivant exactement à son interlocuteur son concept qu'il venait de rejeter, et tout ça sans sourciller. Je crois que j'aurais quand même eu un peu de mal à travailler avec un patron pareil.

Une personnalité hors-norme, c'est certain ; un génie, j'attends de voir, ne serait-ce que 20 ans, pour voir combien de personnes se souviendront encore de lui, avant de me prononcer (je n'ai pas l'âme très courageuse aujourd'hui). On est bien forcé de s'incliner devant ses résultats : parvenir à faire faire la queue à ses clients deux jours dehors pour avoir le droit d'acheter son produit, ce n'est tout de même pas donné à tout le monde, même si, je dois l'avouer, tout ça me dépasse un peu.

J'ai en tout cas pris beaucoup de plaisir à lire les premiers chapitres du texte, qui décrivent la naissance du monde de l'information, et les premières grandes décisions prises, qui influencent encore aujourd'hui la manière dont sont conçus les ordinateurs. Les derniers chapitres sont un peu moins passionnants, les succès récents d'Apple ont déjà été racontés plus d'une fois.
Commenter  J’apprécie          355



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}