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Michel Onfray (Préfacier, etc.)
EAN : 9782746745452
192 pages
Autrement (31/05/2017)
3.98/5   21 notes
Résumé :
Le philosophe historien retrace la pensée politique de P-J Proudhon, anticapitaliste déterminé prônant une forme de démocratie libérale qu'il nomme anarchie.

Les courants antilibéraux ont été dominés tout au long du XXe siècle par l'idéologie communiste. On oublie pourtant que Pierre-Joseph Proudhon fut autrefois la tête de proue des milieux contestataires, lorsque Karl Marx était encore considéré comme un philosophe marginal.
Bien que farouche... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Proudhon est moins connu que Marx car le communisme a été dominant face au mouvement anarchiste pourtant bien implanté au 19ème siècle. Proudhon (1809-1865), homme simple issu d'un milieu populaire, a payé ses idées d'années d'exil et de prison. Il privilégie la responsabilisation et l'organisation par le bas. Plus l'Etat intervient, moins le peuple est maître de l'économie, plus se développent l'injustice sociale, l'aliénation et la misère. Il préconise les réseaux associatifs, le fédéralisme comme régime politique car tous les régimes existants tendent soit à la bureaucratie, soit à la tyrannie. Il ne cherche pas à dépasser mais à concilier les contradictions, le mot clé de la réussite étant l'équilibre.

En matière d'économie l'idéal est la propriété et le mutuellisme qui permettent un travail coopératif et d'éviter la constitution de grands monopoles.

Pour arriver à cette évolution de la société, l'éducation est essentielle pour que l'homme comprenne quel est son intérêt. le capitalisme en effet pervertit l'homme. Mais l'idéal anarchiste ne doit pas être imposé de manière autoritaire ou par l'usage de la force. C'est un mouvement qui doit se déployer localement, à l'initiative de la base et faire son chemin. L'actualité de la pensée de Proudhon peut s'observer aujourd'hui face à l'essoufflement, voir la décomposition du capitalisme qui génère un mode de vie destructeur. Mais les quelques initiatives que l'on peut observer aujourd'hui sont-elles réellement les signes d'un renouveau ou les ultimes aménagements d'un système qui parvient à s'adapter en permanence à des formes nouvelles ?

Car si l'analyse de Proudhon est intéressante - il est vrai que l'aliénation du salarié est une réalité, que les injustices continuent à s'accroître, que la violence règne - on voit mal comment l'application de son programme est possible - par la simple évolution des mentalités...

Cela dit le livre de Thibault Isabel est très clair dans sa présentation d'un auteur à re-découvrir. Une pensée non dogmatique, en mouvement et dont l'évolution peut apporter des éléments de réflexion pour une action politique concrète face à une réalité de plus en plus insatisfaisante pour la majorité des hommes et la tentation toujours plus grande des paradis artificiels ou des promesses d'au-delà mortifères.
Merci à Babelio et aux éditions Autrement pour cette stimulante découverte.
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Le mot « Anarchie » a été galvaudé, il est à tort, synonyme de désordre, de chaos et de violence. de même, on retient de P.J. Proudhon (1809-1865) une seule citation « La propriété c'est le vol » qui, tronquée, sonne creux, il fallait bien-sûr comprendre : La propriété du capital et de l'outil de travail par quelques oisifs, c'est le vol des travailleurs et des salariés. Dans ce livre, Thibault Isabel cherche (et réussit) à rétablir et à expliquer la pensée et l'oeuvre de Proudhon. Selon celui-ci, l'anarchie doit se construire sur 2 bases solides. L'une politique ; le fédéralisme, qui est ni plus ni moins que la démocratie directe, c.-à-d. locale (Quartiers, Communes ... ou associations, syndicats), le pouvoir et ses décisions sont alors « délégués » à l'étage supérieur jusqu'à l'état fédéral (le pouvoir s'exerce donc de bas en haut et non l'inverse comme dans nos sociétés). L'autre est économique ; le mutuellisme qui favorise l'association et la solidarité de travailleurs libres et propriétaires de leur outil de travail (autogestion, artisanat ...). Cette belle architecture ne peut reposer que sur une humanité responsable, mature et honnête, l'anarchie de Proudhon doit donc être morale et intègre. Thibault Isabel nous dit que Proudhon savait cela, il savait aussi l'impossibilité de mettre en place ce genre de société d'autant qu'il été contre toute vaine révolution violente (contrairement à la foireuse utopie marxiste par exemple), et que l'homme est d'abord paradoxal dans ses aspirations (besoin de liberté mais aussi d'une autorité « sécurisante » (la fameuse servitude volontaire de la Boétie), volonté d'égalité mais soif d'enrichissement ...etc.). Mais l'anarchie de Proudhon est aussi pragmatique et positive, elle n'exclut pas de tendre (quel verbe magnifique, non ?) vers l'équilibre de cet idéal, de façon locale, individuelle ou collective (Comme un peintre pointilliste parvient à construire un tableau cohérent par petites touches (ceci étant ma vision de la question)). L'anarchie proudhonienne reste donc un espoir d'émancipation et de liberté. Un bouquin très intéressant à l'heure où nos démocraties parlementaires bafouillent et tanguent. Allez, salut.
P.S. Je n'oublie pas, tout comme T. Isabel, de dire que malgré ses belles théories, P.J. Proudhon était un misérable misogyne, doublé d'un homophobe-antisémite (Il parait qu'a l'époque c'était commun !?!).

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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Autrement pour ce livre offert dans le cadre de la Masse critique de mai 2017.
Précédé d'une préface de Michel Onfray, ce livre nous donne à lire, dans une langue claire et précise, la vie et l'oeuvre de Pierre-Joseph Proudhon, penseur et théoricien de l'anarchisme au XIXe siècle.
Plutôt que d'essayer de le résumer en évitant la paraphrase, je pense que ce livre se suffit à lui même et expose d'une manière très accessible les grands débats qui agitent la contestation à l'économie bourgeoise et capitaliste.
Ce livre me paraît nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent à ce sujet, et pour un plus grand nombre, à la reconstruction d'une vraie pensée de gauche aujourd'hui en France.
À lire, donc !
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Beaucoup plus connu, à la fin du XIXème siècle que son « outsider » allemand, Karl Marx, le philosophe PJ Proudhon est une personnalité politique qui m'intéresse grandement d'autant que je partage un certain nombre des valeurs éthiques et politiques qui étaient les siennes. Je crois qu'il vaut mieux étudier l'oeuvre originale de ce père fondateur de l'anarchisme, ou bien lire l'une des nombreuses biographies qui lui ont été consacrées par d'autres auteurs, plutôt que de lire cette réinterprétation droitière écrite par Thibault Isabel. La manoeuvre est habile, d'autant qu'elle est appuyée par un Michel Onfray, philosophe de plateau télé, louvoyant entre une réputation de libertaire et des sympathies droitistes de plus en plus glauques. Thibault Isabel était, quant à lui, collaborateur de la revue de sociologie « Krisis », aux côtés de gens comme Alain de Benoist, pudiquement étiqueté « Nouvelle droite ». Il participe maintenant à « Front Populaire » revue « ni de droite, ni de gauche », parrainée par Michel Onfray, mais largement ouvertes aux thèses de l'extrême droite. Histoire de mélanger un peu plus les repères politiques, ces gens s'autoqualifient de « souverainistes ». On s'approprie des concepts ou des personnalités célèbres, traditionnellement apparentés à « la Gauche » pour appâter le chaland. Un bel exemple de récupération sémantique dont cette brochette de « penseurs » est capable pour essayer de dorer un peu un blason qui n'a rien de reluisant !
La personnalité de PJ Proudhon a séduit plus d'un des « philosophes » de cette Nouvelle Droite. L'extrème sincérité de ce penseur, alliée à la précocité et au manque de clarté de certaines de ses thèses facilitent la manipulation. Il y a certes de brillantes analyses dans le travail de Thibault Isabel, mais surtout une volonté d'intégrer ce socialiste de la première heure dans sa propre manière de voir les choses. de nombreuses techniques de manipulation sont à l'oeuvre : paraphraser certains énoncés plutôt que de les citer, ce qui permet de les déformer à volonté, omettre ce qui peut déranger l'ordre de l'édifice intellectuel en cours de construction, partir d'un ensemble d'hypothèses pour élaborer des conclusions peu conformes à l'éthique de l'auteur… L'ensemble, plutôt bien écrit, coule comme de l'eau de source, et le lecteur se laisse doucement bercer par une romance pas toujours conforme à la réalité des faits. Mais plus on avance dans la lecture plus il y a de quoi être surpris, quand on apprend finalement que Proudhon avait de fortes sympathies pour les thèses royalistes. Ainsi, page 84 : « Proudhon ne se serait pas nécessairement opposé à ce que le garant de cette unité fut désigné par l'hérédité plutôt que par l'élection ». Sans commentaire…
Le titre : « l'anarchie sans le désordre » laisse la porte ouverte à une large redéfinition des concepts. Ayant trouvé les paroles de la chanson anarchiste « la mahknovchina » sur un site d'extrême droite dressant l'inventaire des soulèvements populaires, plus grand chose ne me surprend de la part de certains maquignons. Ne pas confondre, dans la mêlée, libertaire et libertarien, vous risqueriez de ranger dans le même chapitre de l'encyclopédie sociale Trump et Bakounine, le Pen et Louise Michel… !
J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre d'une opération « masse critique » ; je ne connaissais pas la biographie de l'auteur, et je m'attendais pas à ce genre de choix éditorial de la part des éditions « autrement » (mais il faut se rappeler que cette maison fait partie des éditions Flammarion depuis 2010). Si vous ne connaissez pas la vie et l'oeuvre de PJ Proudhon, ce n'est pas par ce biais, plutôt trouble, qu'il faut les découvrir.
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La lecture de ce livre m'inspire quelques regrets, ceux de n'avoir pas étudié où de n'avoir eu que si peu de références à P-J Proudhon en cours de philosophie, voire d'économie !
J'étais personnellement à mille lieues de ce que représentait et symbolisait réellement ce mot « anarchie » ! C'est peut-être aussi pourquoi son évocation dans l'enseignement se fait peut-être si confidentielle, voire très discrète dans sa véritable expression, tout comme elle se trouve stigmatisée dans son évocation falsifiée voire erronée. Notre enseignement aurait-il un goût de formatage ? Nous cacherait-on également le goût du vrai sens moral, les vraies responsabilités d'échanges et de dialogue, l'acceptation de nos ambivalences ? Cet essai nous livre les grandes lignes de la pensée de P-J Proudhon, bien éloignée de la couleur sépia dont à priori nous serions tentés de la teinter. Cependant, sommes-nous vraiment capables de devenir une société adulte, tolérante, créatrice, responsable, à la fois altruiste et égoïste, à la fois indépendante et solidaire ? n'est-il pas plus confortable de se contenter des urnes et des contestations violentes ? le désengagement plutôt qu'un engagement de tous les jours à force de tolérance ?
Merci Monsieur Thibault Isabel, de nous avoir proposé cette vulgarisation de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Proudhon accordait une valeur considérable à l'idée de tolérance, qui mérite selon lui de devenir le pivot de la pensée politique, non pas dans le sens lénifiant d'un relativisme béat ou l'acceptation molle des différences, mais dans le sens d'une ouverture philosophique au débat et à la contradiction : " Il y a là de quoi humilier l'intolérance des fanatiques qui ne peuvent entendre parler d'une opinion contraire à la leur sans éprouver une sorte d'horripilation ..."
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Comme toujours, la perspective proudhonienne apparaît sous un angle fondamentalement moral, non pas selon le principe du bien et du mal, ou de l'impersonnalité du devoir, mais selon la finalité du développement de soi et de la structuration émotionnelle.
Le régime de petite propriété et de mutuellisme contribue à favoriser en nous certaines attitudes, à la manière d'un moule psychologique qui imprime ses formes sur notre être intérieur. Equilibrer le régime de propriété, dans la société, contribuerait à nous équilibrer nous-mêmes, en raison des liens analogiques entre l'homme et le monde - tout comme le fait de nous équilibrer moralement contribuerait à nous détourner d'une cupidité abusive et assoirait la petite propriété.
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Il existe en l'homme des aspirations antinomiques, divergentes (...) Nous désirons en même temps une chose et son contraire, et ne pouvons donc être pleinement satisfaits. Les faiseurs d'utopie sont dangereux parce qu'ils nient le caractère tragique de l'existence. En réalité, nous ne verrons jamais naître un pays de cocagne où tout le monde sera heureux.
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Proudhon se défiait des "lendemains qui chantent". Jamais les hommes ne seront unanimement animés de sentiments purs et vertueux. jamais ils ne seront capables en toutes circonstances de maturité. Cela signifie que la société elle non plus ne sera jamais parfaite. Peu importe, nous dit Proudhon ! Nous devons tendre vers la perfection, autant que nous le pouvons, que ce soit individuellement ou collectivement. Mettons en oeuvre des projets, par la base plutôt que par le sommet (...) tâchons d'êtres justes et honnêtes (...) l'anarchisme a besoin d'une morale, précisément parce qu'il entend se passer des lois.
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La bourgeoisie avait longtemps été une classe de moindre importance, brimée par la carcan de l'Ancien régime: tant que les nobles s'arrogeaient la majeur partie des affaires lucratives, les roturiers ne pouvaient espérer faire fortune. Mais la révolution de 1789 leur avait laissé le champs libre, et, tout en prétendant abolir les vieux privilèges, avait permis aux jeunes loups ambitieux de conquérir une position prééminente. Le peuple ne s'était dressé contre la tyrannie, au doux chant de "liberté, égalité, fraternité !", que pour voir ses idéaux trahis. A quoi bon se défaire de l'allégeance au roi si l'on se trouve ensuite soumis à un patron ?
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Vidéo de Thibault Isabel
Pierre-Joseph Proudhon : un portrait politique (entretien avec Thibault Isabel, 2016)
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