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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Il est minuit à Tokyo
il est cinq heures au Mali
quelle heure est-il au Paradis ?"
(Manu Chao)

J'ai pris le métro pour Samarra, et je n'étais pas mécontente d'arriver au terminus.
Décidément, je n'ai pas de bol avec les livres de la masse critique dont les auteurs ont la particule nobiliaire dans leur nom. le thème avait tout pour me plaire, et la quatrième de couverture était assez prometteuse, mais une fois de plus, je n'ai pas trouvé la lecture à la hauteur de mes attentes.

Pourtant, cette quête fantastique commence plutôt bien. On fait la connaissance de Swann, étudiant en philosophie... et c'est assez surprenant. Contrairement à ce que son prénom proustien laisse croire, Swann n'est pas un bellâtre élancé super-intelligent, mais une sorte de boloss - pas sociable pour deux sous et souffrant d'un TOC, il aime bien étaler ses connaissances et il compte un jour devenir un grand philosophe, tout en affichant un mélange de peur et de dédain envers les gens "ordinaires". Bref, au début, je trouve Swann extrêmement intéressant !

Mais comme les pensées profondes ne suffisent pas à remplir le frigo, notre penseur en devenir est contraint de prendre un poste au guichet du métro à la Gare du Nord. La communication avec ses semblables laisse à désirer, mais c'est une occasion inespérée de découvrir l'autre face du métro parisien: ces stations fantômes désaffectées qui se cachent dans le dédale des souterrains, fréquentées uniquement par les rats, les junkies, et quelques rares agents d'entretien. Une véritable passion pour Swann, et un moyen d'épater enfin son ami Eliott.
La découverte de la station Haxo, avec sa rame ancienne qui donne l'accès à un monde parallèle, est l'un des meilleurs moments du livre.
Swann se retrouve au palais califal à Samarra, une ville irakienne, au Moyen-âge. Il devient "Messager Boussouf", censé éclairer le calife sur l'éternelle question de la vie après la mort.

Malheureusement, à partir de là, je trouve que l'histoire se gâte. le côté "initiatique" de l'aventure est mis bien trop en évidence, l'histoire se plie aux intentions et commence à manquer de chien.
Il se passe trois fois rien dans la merveilleuse cité de Samarra, les questions philosophiques tournent en rond, et les personnages sans consistance servent uniquement de béquilles pour la transformation finale de Swann. Car on ne doute plus que tout est mis en oeuvre pour que notre héros introverti devienne un homme meilleur, qui s'ouvrira au monde à la fin.
A vrai dire, je commençais à m'ennuyer.

On pourrait même se demander à quoi sert cette belle coulisse des Mille et une nuits ? Les ambitions que Swann n'arrive pas à réaliser dans la vraie vie sont à portée de main à Samarra, et Swann décide de réussir par tous les moyens. Il devient insupportable pour tout le monde, le lecteur y compris. Au moment où il commence à confondre dangereusement les deux univers, il fait une étrange expérience chez un marabout parisien - et c'est enfin la fin, le satori tant attendu ! Swann réalise que la véritable philosophie est la philosophie du coeur, et il devient une personne rayonnante de bonheur derrière son guichet de métro. Hosanna !! Même le grand calife Haboun profite de cette nouvelle sagesse, mais je vous laisse découvrir comment, malgré une envie irrépressible de partager ce grand chamboulement dans la politique samarrienne avec vous.

C'est un premier roman sincère, écrit avec un plaisir évident, et je suis un peu déçue de passer à côté. Les citations philosophiques en tête de chaque chapitre ne manquent pas d'attrait, et l'histoire est assez bien menée... mais peut-être que je m'attendais à autre chose. Un peu plus de surprise et de raffinement, ou une fin plus originale, sans doute. Je crois que ces innombrables livres sur la quête de soi commencent à me lasser. Dommage.
En tout cas, mes remerciements à Babelio, et aux éditions Hachette.
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