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Critique de Ambages


« Quand la vieille femme m'a dit : ''Vous n'êtes pas vraiment humain, j'imagine ?'', j'ai poussé un petit ''oh !'' admiratif. »

C'est l'histoire d'un des dieux de la Mort qui se nomme Chiba, un être qui appartient à l'équipe d'investigation envoyé pour juger si l'humain qu'il suit pendant une semaine doit être déclaré apte ou non à mourir. « Attention, prière de ne pas tous nous mettre dans le même sac » Chiba tient à sa différence, pas question d'utiliser une « formule rhétorique du style ''il a été rongé par ce démon de la mort appelé cancer''. » Sa compétence est bien déterminée : « rien à voir avec les suicides et les morts par maladie. »
Ce service d'investigation dispose de bien peu d'informations, le service des renseignements qui l'envoie en mission ne s'encombrant pas de détails.

Cet être prend une forme humaine pour effectuer ses missions et « La Mort avec précision » en contient six. Chiba raconte et je le trouve drôle car il a une manière bien à lui de raconter. Il n'a pas vraiment de chance car à chacune de ses apparitions sur terre, il fait toujours mauvais temps, pluie et neige constituent son lot habituel et il s'en désespère. Heureusement, sur terre il peut assouvir son unique passion : écouter de la musique. Si vous voulez le rencontrer, lui ou l'un de ses compères, rendez vous dans un magasin de disques et regardez bien ce jeune homme avec des écouteurs sur les oreilles.

« Je n'ai aucune attente particulière, mais l'intro de Brown Sugar ou Rocks Off commence à jouer dans ma tête. Fujita va faire son entrée en scène au son de cette musique pleine d'aplomb, à la fois nonchalante et hardie. Il va arriver, enveloppé d'une atmosphère de pureté morale un peu stupide. Et il ne mourra pas. »

Il est amusant de le voir juger les humains, d'une manière détachée. L'auteur nous distille par petites sentences ironiques des constats sur notre manière de nous conduire qui sont bien amusantes.

« Le monde est plutôt absurde... ai-je dit, tentant une réplique de circonstance mais qui ne voulait strictement rien dire. Les humains aiment bien utiliser ce genre de formules creuses pour combler les silences. »

J'ai également apprécié l'hommage rendu à Agatha Christie dans un des chapitres. « C'est vrai qu'il y a des polars où on voit des gens se faire assassiner les uns après les autres dans un endroit isolé. Ou alors comme dans le crime de l'Orient-Express, a dit soudain le cuisinier au visage poupin. » Non seulement Kôtarô Isaka reprend les codes et la trame mais y ajoute sa patte avec ce personnage surnaturel présent au moment des crimes.

Les six aventures peuvent être lues de manière indépendante mais l'auteur, par des retours subtils en se jouant des circonstances et du temps, fait se croiser des personnages, ce qui ajoute encore au plaisir de lecture. J'ai passé un très bon moment avec ce roman. Une plume légère et agréable, mais surtout un style et une ambiance qui à mon idée est originale et propre à cet auteur. Je vais en lire rapidement un autre pour vérifier si j'ai le même ressenti car j'ai trouvé plaisir et une forme de quiétude pendant cette lecture. Et comme il fait un renvoi dans ce livre vers Pierrot, je vise la lune.

« - Vous voyez un peu trop les choses en rose, il se peut aussi que la neige continue à tomber, a lâché Eiichi.
- Rose ? La neige peut être rose ? Ai-je dit, exprimant le doute qui m'avait saisi.
- Toi alors ! »
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