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Ludmila Savitzky (Traducteur)Michel Bulteau (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253130949
314 pages
Le Livre de Poche (29/09/2004)
3.88/5   101 notes
Résumé :
Le narrateur d'Adieu à Berlin s'appelle Christopher Isherwood (" Herr Issyvoo "). Son histoire, dans ce roman dont la première édition remonte à 1939 ; évoque indirectement la tempête qui se prépare à Berlin, avant et juste après la prise du pouvoir par les nazis. Les événements sont vus à travers une série de personnages : Fräulein Schroeder, la logeuse de Chris, Sally Bowles, une épave de la haute société anglaise ; les Nowaks, une famille d'ouvriers qui travaille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur privilégie l'introspection à l'action dans ce roman nourri de ses propres souvenirs. Il se positionne en « cameraman » et se contente d'observer les personnages et de dérouler gracieusement leurs histoires tout en partageant leur quotidien.
Dans une période historique de l'avant-guerre marquée par la crise financière et des changements drastiques propres du calme avant la tempête, Christopher Isherwood tisse un récit subtil, coloré et poétique.
Anecdotes cocasses, coups du sort, désillusions, peurs, Berlin vit ses derniers moments d'insouciance avant l'arrivée des nazis au pouvoir.

Construit sur un art de la nuance, Christopher Isherwood s'appuie sur l'empathie, la lucidité des regards et la faculté de saisir l'histoire collective dans les destins singuliers nous offrant un livre rare et précieux.

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Dans Adieu à Berlin, Christopher Isherwood évoque les souvenirs de sa vie de bohème à Berlin dans les années trente. Vivotant en donnant des cours d'anglais dans les familles bourgeoises, il est le témoin idéal pour décrire la vie des familles à la fois aisées ou plus modestes, logeant dans la pension de famille tenue par Mme Schroeder où il côtoie les artistes et toutes les connaissances du monde interlope qu'il fréquente la nuit.
Et surtout Sally Bowles, une vingtaine d'années, libre, frivole et fantasque, une héritière anglaise de bonne famille qui a suivi un amant à Berlin, bien vite oublié et qui depuis s'encanaille entre soirées débridées et cachets dans les cabarets comme chanteuse, attirant la gente masculine plus par sa plastique que par ses talents de chanteuse, il y a Bobby, barman, qui à la suite de la perte de son travail avec la crise, est relégué dans la chambre du haut sans chauffage, ses revenus ne lui permettant pas mieux. Le narrateur évoque également les amours de Peter Wilkinson, jeune anglais malingre, mal dans sa peau qui se fait mener par le bout du nez par Otto, un gamin du milieu ouvrier de seize ans qui joue avec ses sentiments. Dans une mauvaise passe, Christopher loge quelque temps dans la famille d'Otto, dans des conditions précaires représentatives des difficultés des travailleurs pauvres dans ce Berlin sapé par la crise économique et la montée du nazisme...
Avec Adieu à Berlin Christopher Isherwood dépeint avec beaucoup d'esprit et de recul, la société berlinoise de l'entre deux guerres et plus particulièrement en brossant des portraits attachants et intelligents, se faisant le témoin brillant de cette société fragmentée et cosmopolite pour laquelle il éprouve bienveillance et empathie. Un roman qui a inspiré une pièce de théâtre puis le film "Cabaret" avec Liza Minelli.
A découvrir.
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Adieu à Berlin : le Livre qui a inspiré Cabaret , le spectacle et surtout pour moi LE FILM de Bob Fosse avec Liza Minelli et Michael York vous savez le film que j'ai regardé en boucle pendant des semaines , oui celui-là ... Alors hop me voilà sortie de la bibliothèque avec Adieu à Berlin de Christopher Isherwood et ....déception non pas , surprise plutôt je dirais même admiration pour le regard "caméra" qu'il porte sur cette ville qu'il a aimé désespérément en cette période allant de la fin de la République de Weimar à la prise de pouvoir par Hitler et le parti nazi, 1930- 1933.
Mêlant tour à tour fiction, souvenirs personnels, le journal de Herr Issyvoo en fait foi, Christopher Isherwood nous présente tour à tour les différentes facettes de Berlin. La vie de nuit avec ses boîtes de spectacles , de paillettes, la ville du monde homosexuel, la ville de toutes les possibles, et à côté la vie de tous ces berlinois aux abois ; la faillite financière de Wall Street a entraîné la ruine de nombreux Etats , l'Allemagne est entrée dans une spirale inflationniste, pour survivre Frl.Schroeder s'est vue obligée de louer les chambres inoccupées de son appartement ; c'est ainsi qu'apparaissent Sally Bowles et ses amants, Frl. Kost, Bobbie et Frl. Mayr. Et puis il y a les délaissés, les pauvres qui vivent dans des conditions insalubres comme la famille Nowak et les familles aisées, très aisées , juives la plupart d'entre d'elles , telle la famille des Landuer ..
Adieu à Berlin a été publié en 1939 ! C'est donc un état des lieux contemporain des évènements berlinois , Isherwood se garde bien de tout commentaire, même si ..., à chacun de tirer des faits les conclusions qui s'imposent et quand 80 ans se sont écoulés depuis le regard se fait plus critique .
Belle et instructive lecture sans aucun doute.
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Berlin 1930, la classe moyenne est ‘'en déconfiture'', le libertinage bien présent : les prostituées déambulent dans les rues caverneuses de cette ville. C'est là que le personnage Herr Issywoo, écrivain anglais, loge dans une petite chambre lugubre du grand appartement de Frl. Lina Schroeder, la logeuse. Dès le début, il se pose en témoin de la vie à Berlin ; vie quotidienne, difficile ou insouciante, nocturne et décadente de ses divers habitants. Comme il le précise dans le prologue, il reste à la lisière des choses, comme « une caméra braquée, absolument passive, qui enregistre et ne pense pas. » Ainsi, à travers son personnage, il peut dénoncer les dérives de la société berlinoise pré-nazie tout en prenant du recul et bénéficier de l'objectivité désirée.

En un récit en apparence désordonné, il saisit des instantanés de vie dans l'intimité berlinoise. Il croque son entourage sans jamais juger ou imposer sa vision. Il est juste témoin. Il nous présente ses relations, ses amis, ses rencontres d'un soir, les décrivant tour à tour avec humour, perspicacité ou fascination. Son regard se fait tendre et désabusé suivant les circonstances. S'impliquant peu, il ne confie jamais ses aspirations homosexuelles mais les laisse sous entendre. Il préfère mettre en lumière ses personnages qui se débattent dans un univers qu'ils ne maitrisent pas toujours, instable, provoquant voire décadent. Sentant venir des heures sombres, il fuira finalement cette ville après en avoir décrit par touches impressionnistes la décomposition.

Ces tranches de vie relatent et illustrent une situation politique et historique très proche de la réalité. Tombée sous le charme de cette ville et passionnée par cette époque, j'ai beaucoup aimé cette autofiction, sa justesse de ton, sa finesse de description et le regard qu'Isherwood porte sur ses semblables. Jusqu'à ce que le racisme ordinaire dont il est témoin l'angoisse jusqu'à la nausée.

Lien : http://argali.eklablog.fr/ad..
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Très éloquente peinture aux accents impressionistes du Berlin insouciant des années 30, mais déjà annonciateur des sombres heures du nazisme qui arrive avec la crise économique et sociale et la radicalisation des extrémismes.
Notre anglais sous lequel se cache à peine l'auteur, est venu apprendre l'allemand, voir du pays, donner des cours particuliers et passer sa jeunesse désargentée dans une liberté appréciée des artistes et des intellectuels. Ses rencontres sont l'occasion de fameux portraits d'où émerge celui de Sally Bowles, chanteuse de cabaret et cocotte qui s'incarnera avec Lizza Minelli dans Cabaret.
L'art de Christopher Isherwood consiste à restituer sans jugement, avec une grande lucidité et une observation de cameraman toutes les composantes sociales de la faune diversifiée qu'il rencontre : la logeuse aussi bien que le grand patron, les couples homosexuels, les familles juives fortunées, les ouvriers communistes...
Il reste d'une grande pudeur quant à lui bien que l'on comprenne son histoire personnelle et ses engagements. Ce serait lui le premier à faire de sa biographie une sorte de fiction. Passionnant !

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas la peine de tenter une explication ou de parler politique. La voici déjà en train de s'adapter, comme elle s'adaptera à n'importe quel régime. Ce matin je l'ai même entendue prononcer "der führer" en parlant avec la concierge. Si on lui rappelait qu'aux élections de novembre dernier elle a voté communiste, elle s'en défendrait sans doute énergiquement et avec une parfaite conviction.C'est tout simplement qu'elle s'acclimate, en vertu d'une loi naturelle, comme un animal qui change de pelage en hiver. Des milliers de gens pareils à Frl. Schroeder sont en voie d'acclimatation. Après tout, quel que soit le régime au pouvoir, ils sont bien obligés de vivre dans cette ville.
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Mais le vrai coeur de Berlin, c'est un petit bois humide et noir, le Tiergarten. A cette époque de l'année, le froid fait sortir de leurs hameaux mal abrités les jeunes paysans qui viennent chercher en ville quelque pitance et du travail. Mais la ville qui brillait dans la nuit sur la plaine d'un éclat si vif et si engageant se révèle froide et cruelle et morte. Sa tiédeur n'est qu'une illusion, un mirage du désert hivernal. Elle se refuse à voir ces garçons. Elle n'a rien à offrir. Le froid les pourchasse dans les rues jusque dans ce bois, son coeur cruel. C'est là qu'ils viennent se blottir sur les bancs, glacés et mourant de faim, rêvant aux cheminées de leurs chaumières lointaines.
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- [...] la guerre, cela peut être quelque chose de beau, vous savez! Pensez aux Grecs de l'Antiquité!
Je rétorque :
- Les Grecs de l'Antiquité ne se servaient pas de gaz asphyxiants.
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La plupart des jeunes gens à Baabe sont nazis. Il y en a deux qui viennent parfois au restaurant et nous entraînent dans de paisibles discussions politiques. Ils nous parlent de leurs exercices et de leurs jeux militaires.
"Vous êtes en train de préparer la guerre" s'écrie Peter avec indignation. Dans ces cas-là, bien qu'il se désintéresse totalement de la politique, il ne manque pas de s'échauffer.
"Je vous demande pardon, réplique un des jouvenceaux, c'est absolument faux. Le Führer ne veut pas la guerre. Notre programme, c'est la paix, dans l'honneur. Cependant, ajoute-t-il avec une lueur nostalgique dans l'expression, la guerre, cela peut être quelque chose de beau, vous savez ! Pensez aux Grecs de l'Antiquité !"
Je rétorque :
"Les Grecs de l'Antiquité ne se servaient pas de gaz asphyxiants".
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Il y a des aveux qu’on hésite à se faire parce qu’il en coûte à l’estime qu’on a pour soi-même
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Video de Christopher Isherwood (1) Voir plusAjouter une vidéo

Christopher Isherwood : Le mémorial
Depuis St Brelade's Bay à Jersey, Olivier BARROT présente le livre de Christopher ISHERWOOD "Le mémorial", édité par Christian Bourgois. Images de paysage côtier.
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