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Critique de Alfaric


Ah ça, le Japon est vraiment une terre de prédilection pour la culture horrifique. Dans ce manga, Ken Kaneki était un jeune étudiant amoureux de la belle bibliophile Lise, une cliente du café L’Antique, et il est le plus heureux des hommes quand la belle gosse littéraire accepte un rendez-vous amoureux, mais celui-ci tourne au cauchemar… Tous les deux sont victimes d’un tragique accident de chantier : Lise meurt, et ses organes sont transplantés à Ken qui obtient la vie sauve pour basculer dans un autre monde, celui des goules anthropophages… Et le voici bientôt pris entre les guerres de territoires entre créatures de la nuit et les purges effectuées par les inquisiteurs-chasseurs du gouvernement ! (à moins que sa situation particulière de sang-mêlé n’en fasse le parfait médiateur pour réconcilier humains et créatures de la nuit ?)


Ce tome 1 s’attarde joliment sur la transfiguration de Ken, qui nous seulement s’aperçoit que son flirt était un prédateur et qu’il était sa proie, mais voit aussi se métamorphoser ses sens du goût et de l’odorat : une faim insatiable et contre-nature le déchire les entrailles, et ses vaine tentatives de suicide ne mène à rien du tout car il n’est déjà plus humain… Le parallèle avec "La Métamorphose" de Kafka est faire part l’auteur lui-même, mais on peut aussi voir l’héritage de "La Mouche" de David Cronenberg, le tout enrobé dans un petit un petit côté lovecraftien pas déplaisant du tout !
La mise en abîme autour du livre fictif "L’Œuf de la chèvre noire" est assez intéressante, la mère assassine représentant Lise et son fils tourmenté représentant Ken… Car dans la deuxième partie du tome, Ken entre en mode David Vincent (remember "Les Envahisseurs" !) pour découvrir peu à peu le monde des goules (remember "Le Modèle de Pickman" !). Ken fait ainsi ses premiers pas dans un monde de ténèbres entre la dure mais altruiste Toka Kirishima et le dur et égoïste Nishiki Nishio : il ne peut plus revenir en arrière vers des humains qui le mettraient à mort pour ce qu’il est devenu, et peut difficilement se faire accepter par ses nouveaux congénères qui lui reprochent de découvrir naïvement les problèmes auxquelles ils sont confrontés depuis leur naissance.


L’ambiance sombre et malsaine est bien rendue par les dessins. Les charadesign est simple mais soigné, les arrière-plans qu’il soit détaillés ou épurés sont travaillés et pour ne rien gâcher le découpage est globalement bien réussi. Personnellement je trouve que le travaille de Sui Ishida n’est pas très soin de celui Takeshi Obata, mais en mode dark attitude ! ^^

Tout cela rappelle quand même tous trucs urban fantasy des années 1980/1990, notamment ce bon vieux "World of Darkness" pour ceux qui ont un peu roulé leur bosse dans le jeu de rôle, mais quand c’est bien fait on se souvient pourquoi tout c'était des bonnes idées à la base, en sachant que les bonnes idées sont faites pour être reprises (surtout quand Ken marche dans les pas du Shin'ichi de "Parasite" / "Kiseiju"). Tout n’est parfait pour autant :


Sinon, carton jaune à Glénat qui a classé en shonen un manga d’horreur truffé de scènes gores dont le thème principal est l’anthropophagie ! C’est n’importe quoi… Alors je vois déjà par avance les puristes venir nous expliquer que les mangas shonen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines shonen et les mangas seinen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines seinen. Moi, je dis bullshit car il y a la jurisprudence "Hokuto no Ken" ! Le méga succès du Weekly Shonen Jump de l'éditeur Shueisha, a toujours vu son adaptation animée passer à la télé à des cases horaires adultes (le weekend passé 23 heures)… En France, pays de gougnafiers dont les élites ne comprennent rien du tout à la réalité, on a choisi de diffuser tout cela le mercredi après-midi à l’heure du goûter, provoquant ainsi l’ire justifiée de Familles de France et une prise de bec mémorable entre le dessinateur Tetsuo Hara et la Ministre de l’Education Nationale Ségolène Royale !
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