Ah ça, le Japon est vraiment une terre de prédilection pour la culture horrifique. Dans ce manga, Ken Kaneki était un jeune étudiant amoureux de la belle bibliophile Lise, une cliente du café L’Antique, et il est le plus heureux des hommes quand la belle gosse littéraire accepte un rendez-vous amoureux, mais celui-ci tourne au cauchemar… Tous les deux sont victimes d’un tragique accident de chantier : Lise meurt, et ses organes sont transplantés à Ken qui obtient la vie sauve pour basculer dans un autre monde, celui des goules anthropophages… Et le voici bientôt pris entre les guerres de territoires entre créatures de la nuit et les purges effectuées par les inquisiteurs-chasseurs du gouvernement ! (à moins que sa situation particulière de sang-mêlé n’en fasse le parfait médiateur pour réconcilier humains et créatures de la nuit ?)
Dans ce tome 2, Ken est en main par Mr Yohsimura le patron du café L’Antique, et en tant que serveur continue sa découverte de l’underground des goules :
- il participe à la récolte de cadavre de suicidés avec Renji Yomo pour alimenter les goules ayant renoncé à la chasse
- il se fait faire réaliser un masque par l’étrange Uta pour cacher son identité quand il passe en mode créature de la nuit
- il s’entraîne au combat par Toka qui nous en apprend davantage sur les différents types de goules et leurs caractéristiques
Mais il ne se résout toujours pas à manger de la chair humaine, donc il trompe sa faim avec des morceaux de sucre imbibés de sang…
Le suspens, l’action et l’émotion sont amenés par les « colombes », les fers de lance du Centre de Contrôle des Goules, qui sont ici représentés par l’inspecteur en chef Kureo Mado, un putain de psychopathe (déjà Mado cela veut dire sorcier en japonais… tout un programme hein !), et l’inspecteur de 1ère classe Kotaro Amon (oui, comme le dieu égyptien multiforme et comme le démon possédé par Akira Fudo dans "Devilman"… tout un programme hein !).
Faute de mettre la main sur la goule dénommée la Goinfre (c’est-à-dire Lize), ils se rabattent sur la famille Fueguchi qui n’a rien absolument rien à voir avec les agissements de leurs congénères criminels… Ken parvient de justesse à sauver la fille Hinami, mais ne peut absolument rien faire pour la mère Ryoko qui est décapitée sous ses yeux. Les humains peuvent être aussi cruels et impitoyable la pire des goules et la spirale de la haine se met en place : en tuant une goule innocente, les colombes sème le vent puis récolte la tempête quand par esprit de vengeance Toka assassine un inspecteur innocent… L’éternelle spirale de la haine continue de se développer !
Peut-on définir, juger et condamner toute une communauté sur les seuls actes d’une petite minorité ? (N’est-ce pas Mr Sarközy de Nagy-Bocsa et autres thuriféraires du néo-conservatisme, qui la haine en barres et la bêtise en bandoulière flirtent de plus en plus dangereusement avec les marottes populistes des Bêtes Immondes… MDM)
Bref, qu’ils soient de peur ou de plaisir le timide et réservé Ken connaît ses premiers frissons d’excitation !
L’ambiance sombre et malsaine est bien rendue par les dessins. Les charadesign est simple mais soigné, les arrière-plans qu’il soit détaillés ou épurés sont travaillés et pour ne rien gâcher le découpage est globalement bien réussi. Personnellement je trouve que le travaille de Sui Ishida n’est pas très soin de celui Takeshi Obata, mais en mode dark attitude ! ^^
Tout cela rappelle quand même tous trucs urban fantasy des années 1980/1990, notamment ce bon vieux "World of Darkness" pour ceux qui ont un peu roulé leur bosse dans le jeu de rôle, mais quand c’est bien fait on se souvient pourquoi tout c'était des bonnes idées à la base, en sachant que les bonnes idées sont faites pour être reprises (surtout quand Ken marche dans les pas du Shin'ichi de "Parasite" / "Kiseiju"). Tout n’est parfait pour autant :
- le coup de la transplantation au motif que deux personnes sont du même groupe sanguin AB… Il a vraiment fait médecine ce chirurgien ?
- cela aurait été tellement mieux que Ken découvre que Lise n’était pas humaine après l’accident plutôt qu’avant… Mais on tombe dans le vieux dilemme hitchcockien : vaut-il mieux 15 seconde de surprise ou 15 minutes de suspens ?
- de la même manière l’univers des goules est spoilé dès de départ du coup puisque que les conséquences de leur mode d’alimentation font jour après jour la une des médias et que le Centre de Contrôle des Goules a pignon sur rue… Comment font les gens pour ne pas flipper chaque jour que Dieu fait, et pourquoi il y a encore des gens pour se balader tout seul dans la rue à point d’heure de la nuit… Dans une telle situation c’est couvre-feu direct pour tout le monde (et cela simplifierait grandement le travail des inquisiteurs chasseurs du gouvernement). C’est peut-être une allégorie de la résilience au phénomène terroriste, mais je n’y crois pas…
- les scènes d’action sont visuellement un peu fouillies dans leur mise en scène, mais ce n’est pas très grave vu que le manga ne mise pas spécialement sur l’action…
Sinon, carton jaune à Glénat qui a classé en shonen un manga d’horreur truffé de scènes gores dont le thème principal est l’anthropophagie ! C’est n’importe quoi…
Alors je vois déjà par avance les puristes venir nous expliquer que les mangas shonen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines shonen et les mangas seinen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines seinen. Moi, je dis bullshit car il y a la jurisprudence "Hokuto no Ken" ! Le méga succès du Weekly Shonen Jump de l'éditeur Shueisha, a toujours vu son adaptation animée passer à la télé à des cases horaires adultes (le weekend passé 23 heures)… En France, pays de gougnafiers dont les élites ne comprennent rien du tout à la réalité, on a choisi de diffuser tout cela le mercredi après-midi à l’heure du goûter, provoquant ainsi l’ire justifiée de Familles de France et une prise de bec mémorable entre le dessinateur Tetsuo Hara et la Ministre de l’Education Nationale Ségolène Royale !
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Avec ce deuxième tome, nous retrouvons Ken qui travaille à présent à l'Antique. Il cherche toujours sa place entre les deux races et même s'il refuse de manger des humains, il commence à comprendre la position des goules.
Ce tome est assez lent, mais j'ai bien aimé cette lenteur, car plutôt que de faire de l'action pure et dure, on prends vraiment le temps de connaitre les personnages, de les découvrir, d'en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la société des goules etc…
Ce manga est vraiment bien fichu, il parvient à mélanger l'action, l'horreur, l'amour avec une grande simplicité. Tokyo Ghoul est une série dont on entend de plus en plus parler et qui mérite vraiment son succès.
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Sui Ishida nous entraîne un peu plus loin dans les profondeurs goules [...] Le nombre de protagonistes augmente et élargit la perception facilement trop noire que le lecteur pourrait avoir sur ce monde des ténèbres [...] Une suite à la hauteur.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
- La tristesse n'est pas dans l'absence de vengeance... La vraie tristesse... c'est d'être prisonnier de son désir de vengeance au point d'oublier de vivre sa vie...
[Uta] Pour nous, plonger dans le monde des humains revient à marcher sur une corde sans fin… A chaque seconde, la plus petite erreur risque de nous précipiter dans l’abîme. Un instant peut suffire à tout gâcher, quel que soit le chemin déjà parcouru. Le choix de la corde joue énormément aussi… Va-t-on aller à l’école ou au bureau ? Va-t-on se faire des connaissances chez les humains ? Plus on se lie d’amitié à eux, et plus la corde devient fine… Ne rien faire de tout cela reste donc le choix le moins risqué.
Le patron: J'imagine que tu hésites encore à te nourrir de chair humaine... je t'ai préparé ceci.
Ken: Un morceau de sucre?
Le patron: Il est normal en apparence, mais il contient un ingrédient secret. Le mettre dans ton café calmera quelque peu ta faim.
Ken: Incroyable! Et cet ingrédient secret?
Le patron: Il vaut mieux que tu ne saches pas.
Ken: Pardon? En tout cas, je pense pouvoir le manger... ça m'aide!
Le patron: Cependant, ce sucre te permettra uniquement d'apaiser ta faim. Il ne suffira pas à satisfaire ton appétit. Pour espérer survivre, les goules doivent malgré tout ingérer une certaine quantité de "nourriture". N'oublie pas que tôt ou tard, tu seras forcé de manger de la chair humaine.
La tristesse n'est pas dans l'absence de vengeance... La vraie tristesse... C'est d'être prisonnier
de son désir de vengeance au point d'oublier de vivre sa vie...
- J'ai tendance à les aimer, moi, les humains...
(Ken) Il les aime, mais dans quel sens ?
En 1998, suite à la multiplication de surhumains appelés “choujin”, le monde a été divisé en provinces autonomes.
Cinquante ans après, un crash aérien va changer à tout jamais le destin de la jeune Ely, cultivatrice de “tomeïto”, et impacter le paisible quotidien des lycéens Tokio Kurohara et Azuma Higashi qui jouent aux justiciers face aux petits malfrats de quartier…
Sa première série Tokyo Ghoul avait permis à Sui Ishida de s'interroger sur le bien et le mal, en prenant comme point de départ un héros tiraillé entre ses sentiments et ses besoins physiques en tant que goule. Avec Choujin X, manga de super héros 2.0, il pousse la réflexion plus loin, avec des personnages qui s'interrogent chaque seconde sur la définition du bien, du mal et du profit que leurs pouvoirs peuvent engendrer. Car aujourd'hui, qui ignore qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ?
Initialement publiée sur les plateformes Young Jump et Manga Plus, Choujin X est également une série qui joue avec les codes du numérique et du papier, en s'autorisant une plus grande liberté dans les paginations et les mises en page. Un challenge graphique et narratif qui tend à pousser les murs du “manga” à l'ancienne !
https://www.glenat.com/shonen/choujin-x-tome-01-9782344055106
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