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EAN : 9782073002310
400 pages
Gallimard (09/02/2023)
3.56/5   1268 notes
Résumé :
L'humanité a été transformée par la technologie : désormais, les adolescents ne vont plus à l'école et grandissent avec leurs Amis Artificiels. Ces robots de pointe sont conçus pour les instruire, les distraire et veiller sur eux. Dans la vitrine du magasin, Klara, une AA particulièrement intelligente, attend avec impatience d'être choisie. Elle observe les passants et rêve d'éprouver comme eux de la joie, de la peur, de l'amour.Bientôt, l'occasion de découvrir le m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (222) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 1268 notes
Délicatesse et subtilité sont les deux mots qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce livre étonnant. Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature 2017, a osé un pas de côté, en nous offrant cette histoire matinée de science-fiction qui, sous des abords assez simples, nous interroge sur notre humanité, notre part unique et insaisissable. le tour de force est de donner la parole à un robot dont nous suivons les pensées, les raisonnements, l'évolution, la vision. L'écriture, voix d'une intelligence artificielle, se veut logiquement particulière, simple, sobre et évolutive.

Klara est une A.A, une Amie Artificielle, un robot intelligent conçu pour partager la vie des enfants et des adolescents. Dans le magasin dans lequel elle attend enfin d'être choisie, nous comprenons que, par rapport aux autres A.A., elle est dotée d'un grand sens de l'observation, de curiosité et d'intelligence. Lorsque Josie, une adolescente de 13 ans, entre dans le magasin avec sa maman, c'est le coup de foudre mutuel. Elles se sont choisies. Klara entre donc dans cette nouvelle famille. Mais Josie est malade, affection assez étrange dont nous ne savons trop rien, qui la fatigue et engendre une ambiance particulière dans la maisonnée. Klara fait également la connaissance de Rick, le voisin, petit ami de Josie. le soleil est une préoccupation omniprésente pour Klara d'où elle puise son énergie, ses nutriments. A tel point qu'il devient source de prières et auprès duquel Klara se voit confier une mission rédemptrice pour sauver la jeune fille.

Si je suis restée dubitative sur la ferveur et l'espoir quasi religieux ressentis très vite par Klara auprès du soleil, j'ai particulièrement aimé l'ambiance distillée dans ce livre du fait même de découvrir paysages et intérieurs avec les yeux du robot. C'est très original car sa vision s'ajuste en permanence, notamment lors de déplacement, que ce soit en marchant ou en roulant en voiture, et ces ajustements se réalisent au moyen de visions parcellaires par « boites », par pixels, souvent mis en évidence à tel point que j'avais l'impression de voir moi aussi de cette façon :

« Puis je regardai au-dessus de la tête de Rick et je vis que le ciel s'était divisé en segments de forme irrégulière. Certains étaient orangés ou rose brillant, tandis que d'autres contenaient des morceaux du ciel nocturne, et dans un angle ou sur un bord, des sections de la lune. À mesure que Rick avançait, les segments se chevauchaient et se remplaçaient entre eux, même lorsque nous franchîmes un autre portail-cadre. Puis l'herbe, au lieu d'être délicate et ondulante, apparut sous la forme de plaques horizontales… ».

J'ai beaucoup apprécié ces visions kaléidoscopiques, également lorsque Klara comprend que son interlocuteur a une réaction un peu vive :

« La mère se pencha au-dessus de la table pour me voir de plus près et son visage remplit huit boîtes, laissant seulement les boîtes périphériques pour la cascade, et j'eus l'impression un instant que son expression variait d'une boîte à l'autre. Dans l'une d'elles, par exemple, ses yeux riaient cruellement, mais dans la suivante, ils étaient pleins de tristesse ».

Par ailleurs, fait subtil, nous percevons l'évolution de Klara qui, au fur et à mesure de ses observations, apprend les émotions, leur complexité, leurs nuances, jusqu'au point de les ressentir, chose importante selon elle, pour aider au mieux Josie. A en devenir presque plus humaine que les protagonistes en chair et en os, souvent étouffés par leurs failles et leurs difficultés. A en devenir humaine jusqu'au sacrifice d'elle-même.

« J'ai beaucoup de sentiments, j'en suis persuadée. Plus j'observe, et plus les sentiments auxquels j'ai accès sont nombreux. »

Certains passages sont déroutants, comme lorsque la mère, soucieuse, interroge Klara avant de se décider à l'acheter :

« Klara, commença la mère, je ne veux pas que tu te tournes vers Josie. Maintenant dis-moi, sans la regarder. de quelle couleur sont ses yeux ? — Gris, madame. — Bien. Josie, je veux que tu restes absolument silencieuse. Klara. La voix de ma fille. Tu viens de l'entendre parler à l'instant. Comment définirais-tu son timbre ? — La tessiture de sa voix parlée s'étend du la bémol au do aigu. — Vraiment ? » Il y eut un autre silence, puis la mère reprit : « Une dernière question, Klara. Qu'as-tu remarqué à propos de la démarche de ma fille ? — Elle a peut-être une faiblesse dans la hanche gauche. Et son épaule droite est susceptible de provoquer des douleurs, donc Josie marche d'une manière qui la protège d'un mouvement brusque ou d'un choc inutile. »

Enfin et surtout, c'est un livre qui soulève de nombreuses questions. Nous devinons que dans ce futur sans ancrage temporel précis, une forme de sélection sociale décide du destin des gens et que la société a accepté et est soumise à l'intelligence artificielle. Nous nous interrogeons, avec les adultes de la génération précédente, sur l'essence de chaque être humain, sur sa part non transférable, copiable, par une simple intelligence artificielle.

« Notre génération reste attachée aux sentiments d'avant. Une partie de nous-mêmes refuse de lâcher. C'est la partie qui s'obstine à croire qu'il y a quelque chose d'inatteignable au fond de chacun d'entre nous. Quelque chose d'unique, qu'il est impossible de transférer. Mais il n'existe rien de tel, nous le savons à présent. Vous le savez ».

La lecture de ce livre est très agréable. Si le scénario proprement basé sur la science-fiction est un peu simpliste, nous comprenons vite que cet angle futuriste n'est qu'un vernis pour permettre à l'auteur, à l'aube de cette vague déferlante de l'IA, de s'interroger sur notre part d'humanité. Les questions soulevées m'ont interpellée et le fait de se placer du point de vue du robot m'a passionnée. Je me suis réellement attachée à Klara, grâce, sans aucun doute, à la délicatesse distillée par Kazuo Ishiguro, au ton juste qu'il lui a prêté. A la grâce qu'il a su lui insuffler.
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Pas d'ancrage temporel pour ce roman de science-fiction, situé dans un futur indéterminé. On se déplace encore en voiture que l'on pilote, les oblongs sont l'équivalent de nos téléphones mobiles et l'intelligence artificielle ne fascine plus personne : elle existe, et on est en droit d'y recourir.

C'est Klara qui parle, une adolescente en quête d'une amie réelle, alors qu'elle est le fruit d'une conception technique aboutie. Josie la repère dans la vitrine, et souhaite de tout son coeur acquérir l'Amie Artificielle qui la soutiendra dans ses moments de faiblesse. On l'apprend rapidement, Josie est gravement malade.

Si l'histoire débute à la façon d'un roman jeunesse, on n'en reste pas là. C'est peu à peu que l'auteur, par petites touches, développe un récit complexe, bien au delà d'un débat autour de l'intelligence artificielle. C'est de la vie, de ses limites et de ce que la technologie peut apporter pour compenser la perte, qu'il s'agit.

L'environnement est décrit à l'aune de ce que perçoit Klara, avec des paysages pixelisés avant d'apparaitre compréhensibles, au gré de ses performances techniques et de l'énergie dont elle dispose.
Est-elle conçue pour ce culte inconditionnel du Soleil, sorte de Dieu bienfaisant, source d'une énergie indispensable mais aussi objet de prières importantes ?

On comprend aussi qu'une terrible forme de sélection sociale décide du destin de chaque individu. L'humain utilise les progrès pour le meilleur et pour le pire.

Le roman démarre lentement, mais à petites touches on perçoit les enjeux ce cette histoire et ce personnage artificiel est malgré cela émouvant, et pose la question fondamentale : qu'est-ce qu'être humain ?

Belle découverte de cet auteur, Prix Nobel de littérature en 2017.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Il faut parfois persévérer avec un auteur pour réussir à rentrer dans son univers, pour l'accepter tel qu'il est, pour accueillir avec bienveillance l'invitation qu'il nous adresse, nous les lecteurs, à y pénétrer. C'est l'expérience que j'ai pu vivre avec Kazuo Ishiguro, après Auprès de moi toujours, en découvrant Klara et le soleil.

On a tendance à dire que l'Académie Nobel est très conservatrice et qu'elle refuse de couronner des genres considérés comme mineurs, tels le polar ou les littératures de l'imaginaire. Pourtant, quand on lit Ishiguro, Nobel 2017, (en tout cas dans ces deux livres), on peut se dire que c'est bien un auteur de science-fiction qui est couronné. Ishiguro s'interroge sur la technologie récente et ce que ses progrès permettront. Alors que la génétique était au centre d'Auprès de moi toujours, c'est bien l'intelligence artificielle qui est ici au coeur du livre. Klara est une Amie Artificielle, et nous le savons dès le début du roman. L'aura de mystère qui planait sur Kath, Ruth et Tommy dans Auprès de moi toujours est ici directement explicitée. Et pourtant, c'est bien l'incertitude et le mystère qui me semblent être les caractéristiques de l'univers de l'auteur. On ne sait jamais vraiment où ni quand se déroule le récit. Beaucoup d'éléments de cette nouvelle société sont clarifiés très progressivement et rien n'est totalement sûr. Qu'est-ce qui fait que certains jeunes sont "relevés "et d'autres non... et tout simplement qu'est-ce que c'est qu'être relevé ? Pourquoi certains humains semblent avoir quitté leur travail, l'ont-ils fait de leur plain gré ou ont-ils été remplacés ? A plusieurs moments du récit, on se dit qu'on a compris mais l'auteur semble prendre un malin plaisir à ne jamais totalement nous placer en état de certitude complète.

Comme souvent dans les littératures de ce genre, en venant explorer le thème de l'intelligence artificielle, c'est bien notre humanité qui est interrogée en miroir, ce qui fait sa spécificité. Est-il complètement illusoire de croire que l'humain est irremplaçable, inimitable ? Ishiguro pose ses questions éternelles de la SF mais il le fait dans un style très recherché, ce style qui lui a sans doute permis d'accéder au Graal du Nobel. Il mène une recherche constante pour tenter de saisir au plus près la représentation de notre monde que peuvent avoir ces intelligences artificielles. En mélangeant technologie et magie, il brouille les frontières et nous fait nous questionner sur ce que nous attendons de la science : des certitudes ou encore plus de féérie dans un monde désabusé.
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Autant le dire d'emblée, je suis fan de Kazuo Ishiguro ! J'ai adoré tous ses livres (mon préféré est "l'inconsolé, si si) alors il n'y a aucune surprise concernant son dernier titre, "Klara et le soleil", j'ai ADORÉ !

Pour ceux qui connaissent l'oeuvre de Kazuo Ishiguro, "Klara et le soleil" est dans la même veine que "Auprès de moi toujours".

L'action se déroule dans un futur pas si lointain, peut-être une petite cinquantaine d'années, où l'avancée sur l'intelligence artificielle et la robotique a conduit à une certaine obsolescence de l'humain... et ce sont les enfants qui paient le prix fort de cette modernité.

Pendant ma lecture de "Klara et le soleil", j'ai constamment pensé à Isaac Asimov et son cycle des robots !

On est bien d'accord, l'écriture de Kazuo Ishiguro qui est tout en finesse, en sous-entendu et en non-dit n'a rien à voir avec celle d'Asimov (quoique que ?). Mais les 3 lois de la robotique énoncées par Asimov sont présentes dans tout le livre :

          "Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger"

          "Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi"

          "Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi"

Bon, il y a aussi la loi zéro... mais c'est inutile d'en parler ici !

Klara, la narratrice du roman, est un robot destiné à tenir compagnie aux enfants (un tamagotchi super évolué).

C'est une amie artificielle selon les termes de Kazuo Ishiguro... Je ne sais pas vous, mais moi ça me fait froid dans le dos car ça laisse imaginer toute l'étendue de la solitude dans laquelle les enfants se trouvent...

Mais comme un robot ne peut rester passif (1ère loi de la robotique), Klara laisse "traîner ses oreilles" et rapporte les brides de conversations qu'elle surprend mais ne comprend pas forcément. Elle est très intelligente mais très naïve également, ce qui la rend très attachante. Elle n'hésite pas pas à prendre des initiatives en cas de besoin (2ème loi de la robotique) mais sans mettre sa propre existence trop en danger (3ème loi de la robotique). Jusqu'à ce qu'arrive sa propre obsolescence...

Dans "Klara et le soleil", rien n'est dit clairement Kazuo Ishiguro demande à son.sa lecteur.rice de faire marcher son cerveau... il ne nous prend pas pour des idiots comme les politiciens le font et c'est ce que j'apprécie le plus avec lui.


Klara et le soleil, de Kazuo Ishiguro
Traduit par l'excellente Anne Rabinovitch
Éditions Gallimard
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J'ai été fascinée par ce roman d'anticipation, comme j'ai pu l'être par " La ballade de Lila K" de Blandine le Callet. Pourtant, ce n'est pas du tout un genre littéraire qui m'attire. Mais l'auteur, dont j'ai apprécié, dans un autre style, " Les vestiges du jour" et " Quand nous étions orphelins", me plait.

Klara est une AA , comprenez une amie artificielle, bref un robot, qui se destine à tenir compagnie à un enfant ou un adolescent. C'est elle la narratrice. Observatrice, désireuse de comprendre les humains, depuis la vitrine du magasin où elle est exposée, attendant comme un jouet d'être achetée, elle jette un regard curieux et perspicace sur son environnement. La gérante a bien compris qu'elle était spéciale, plus intelligente que les autres robots, plus en empathie que les nouveaux modèles, les B3.

Quand Josie, une toute jeune fille,porte son dévolu sur elle, Klara est heureuse et prête à se montrer la plus efficace possible. Des soucis, des obstacles l'attendent, notamment l'étrange maladie dont souffre Josie...

Je m'attendais à vite m'ennuyer car je me disais que donner le point de vue d'un robot allait être limité et répétitif. Eh bien, pas du tout. Il faut dire que Klara, malgré ses phrases convenues, comme récitées, et cette façon de créer une distance avec ses interlocuteurs en s'adressant à eux à la 3ème personne, a une approche intéressante des êtres. Elle est touchante aussi dans sa volonté d'aider Josie, coûte que coûte.

Je me suis attachée à son destin, lié aux nutriments du soleil ( d'oû le titre) , j'ai découvert un futur proche énigmatique, froid et inquiétant.Tout est suggéré, et le lecteur peut faire vagabonder à son gré son imagination. Un livre tres attractif, original. A découvrir!
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critiques presse (6)
Telerama
11 juillet 2023
Pour venir au secours d’un monde dévasté par la catastrophe écologique et par la pandémie, le récipiendaire du Prix Nobel de littérature 2017 publie un roman futuriste appliqué.
Lire la critique sur le site : Telerama
NonFiction
23 février 2023
Le Prix Nobel 2017 donne la parole à une AA, Amie Artificielle, conçue pour s’occuper d’un enfant, et s’interroge sur notre humanité irremplaçable.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Telerama
20 février 2023
Klara est l’une de ces créatures, en attente de mission, posée dans la vitrine d’un magasin, sous la houlette sévère de Gérante, dont le nom indique la fonction, mais pas la composition. Est-elle humaine ou mécanique ? Le doute planera indéfiniment, comme pour chaque personnage, jusqu’aux oiseaux dans le ciel, machines volantes plus vraies que nature.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
15 octobre 2021
Une adolescente malade et sa mère. Une « amie artificielle » qui veille sur elles et s’éveille au monde qui l’entoure. Le nouveau livre du grand romancier, Prix Nobel de littérature 2017, est une inoubliable expérience de lecture.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
13 septembre 2021
Dans ce conte futuriste qui n’est ni une utopie ni une dystopie, l’écrivain examine en fin de compte notre appréhension de la solitude, l’unicité de l’individu, l’importance que l’on accorde à la vie sociale, la perte, la foi. Et pose avec délicatesse un regard extérieur sur notre société qui invite, peut-être trop doucement, à la réflexion.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
13 septembre 2021
Par la voix d’une androïde achetée pour tenir compagnie à une fillette malade, Kazuo Ishiguro parle avec un romantisme pudique d’attachements interdits, de sacrifice et de retrouvailles.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Nous parvînmes à nous extraire de la foule du théâtre, M. Vance nous guidant vers le restaurant, et Miss Helen se hâta de le rejoindre pour marcher à côté de lui. Rick et moi suivions les adultes quelques pas en arrière, et retrouvant l’espace et l’air frais, je pus m’orienter de nouveau. Lorsque je me retournai, je fus surprise de constater qu’à part la grappe de gens serrés autour du réverbère, la rue était calme et obscure. À mesure que nous nous éloignions, cette foule – dont j’avais fait partie un instant plus tôt – m’apparut comme l’une de ces nuées d’insectes que j’avais vues au-dessus du champ, planant dans le ciel, chaque bestiole virevoltant dans tous les sens pour changer de position et en choisir une meilleure, mais ne s’égarant jamais au-delà de la limite définie par la forme de son groupe. J’aperçus Josie un peu en retrait de la foule, me saluant de la main d’un air perplexe, et la mère debout derrière elle, une main posée sur chacune des épaules de sa fille, le regard vide.

We emerged from the theater crowd, Mr Vance leading the way towards the diner, Miss Helen hurrying to walk alongside him. Rick and I followed the adults a few steps behind, and as the emptiness and cool air moved in around us, I felt my orientation returning. When I looked back, I was surprised to see how dark and quiet the street actually was, aside from the single dense cluster of people around the streetlight. In fact, as we moved ever further away, this crowd – of which I’d so recently been a part – appeared like one of those insect clouds I’d seen in the evening field, hovering against the sky, each creature within it busily changing position, anxious to find a better one, but never straying beyond the boundary of the shape they made together. I saw Josie, waving with a puzzled expression from the crowd’s edge, and the Mother, standing behind her, a hand on each of Josie’s shoulders, watching us with empty eyes.
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Le problème, Chrissie, c’est que vous êtes comme moi. Nous sommes tous les deux des êtres sensibles. Nous ne pouvons pas nous en empêcher. Notre génération reste attachée aux sentiments d’avant. Une partie de nous-mêmes refuse de lâcher. C’est la partie qui s’obstine à croire qu’il y a quelque chose d’inatteignable au fond de chacun d’entre nous. Quelque chose d’unique, qu’il est impossible de transférer. Mais il n’existe rien de tel, nous le savons à présent. Vous le savez. Pour les gens de notre âge, c’est difficile de l’accepter. Nous devons lâcher prise, Chrissie. Il n’y a rien ici. Rien à l’intérieur de Josie que les Klara de ce monde ne soient capables de continuer. La seconde Josie ne sera pas une copie. Elle sera exactement la même et vous aurez le droit de l’aimer autant que vous aimez Josie aujourd’hui. Ce n’est pas de foi dont vous avez besoin. Mais de rationalité. J’ai dû le faire, c’était dur, mais à présent ça fonctionne très bien pour moi. Et ce sera pareil pour vous.
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Je soupçonne qu’au fond il a raison. Que ce qu’il prétend est vrai. Que la science a désormais prouvé sans conteste que ma fille n’a rien de si exceptionnel, rien que les outils modernes ne puissent creuser, copier, transférer. Que les gens ont vécu ensemble tout ce temps, des siècles entiers, qu’ils se sont aimés et haïs, sur une base totalement erronée. Une sorte de superstition que nous avons entretenue faute de mieux.
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Ce furent donc des leçons utiles pour moi. Non seulement, j'avais découvert que les "changements" faisaient partie de Josie, et que je devais apprendre à m'y adapter, mais je commençais à comprendre que ce trait de caractère ne lui était pas propre ; car les gens ressentaient souvent le besoin de présenter aux passants un aspect particulier de leur personne - comme dans une vitrine de magasin - et il ne fallait pas prendre cela trop au sérieux une fois qu'ils étaient redevenus eux-mêmes.
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Quand Rosa et moi étions neuves, on nous avait placées au milieu de la boutique, à côté de la table des magazines, ce qui nous permettait de voir la moitié de la vitrine. Et donc d’observer la rue – les employés de bureau au pas pressé, les taxis, les coureurs, les touristes, l’Homme Mendiant et son chien...

(incipit)
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Vidéo de Kazuo Ishiguro
Découvrez "Klara et le Soleil" : le premier roman de Kazuo Ishiguro après son prix Nobel de littérature en 2017. L'Académie suédoise avait salué "la puissante force émotionnelle" des romans de l'écrivain.
Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Klara est dotée d'un extraordinaire talent d'observation, et derrière la vitrine du magasin où elle se trouve, elle profite des rayons bienfaisants du Soleil et étudie le comportement des passants, ceux qui s'attardent pour jeter un coup d'oeil depuis la rue ou qui poursuivent leur chemin sans s'arrêter. Elle nourrit l'espoir qu'un jour quelqu'un entre et vienne la choisir. Lorsque l'occasion se présente enfin, Klara est toutefois mise en garde : mieux vaut ne pas accorder trop de crédit aux promesses des humains... Après l'obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d'oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d'amitié, d'éthique, d'altruisme et de ce qu'être humain signifie, pose une question à l'évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ?
Découvrir le roman : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Klara-et-le-Soleil
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