C'est le premier tome d'une saga de cinq albums et il déchire déjà par son scénario et ses planches. 78 pages qui vous prennent du début à la fin, sans aucun temps mort avec tous les éléments nécessaires à une aventure spatiale comme on les aime : Réveil dans un vaisseau spatial, découverte d'une nouvelle planète, rencontre du troisième type, rivalité avec la hiérarchie militaire, complot fomenté par des scientifiques, IA et scènes de bataille à la Star Wars.
Le scénario de
Jean-Luc Istin est une merveille de précision. Il nous entraîne dans son histoire avec brio. La Terre se meurt et l'humanité est condamnée à la quitter. Cinq flottes sont constituées et envoyées vers cinq exo-planètes. le premier ouvrage nous présente l'arrivée du navire amiral « Fafnir » à proximité de l'exo-planète de glace Islandia en vue de sa colonisation.
« Technologiquement, les photos prises par le drone-sonde nous montrent une absence de technologie moderne et un mode de vie archaïque. Anatomiquement, ce sont des bipèdes tout comme nous et ce sont, pour ce que nous savons, les seuls êtres organisés en société de la planète. La faune, quant à elle, est limitée par le froid mais comme vous pouvez le constater il y a des animaux semblables à des mammifères et à des rongeurs.»
La principale héroïne de l'aventure est l'Oberlieutenant Kirsten Konig. Cette une femme qui ne peut compter que sur elle-même car elle évolue dans un environnement militaire aux consonances proches du IIIe Reich (Uchronie?) Elle va être la première à débarquer avec son commando sur la nouvelle planète. Elle devra se battre contre une hiérarchie macho, tout en essayant de préserver les aliens qui vivent sur Islandia.
« le soir venu, nous avons installé notre camp. L'idée était d'étudier la réaction des autochtones à notre présence sur une petite durée. Les Islandiens nous ont conviés à un banquet en notre honneur. J'ai commencé à baragouiner avec Atzeb. C'est ainsi que se nommait le chef du village. Nos échanges tenaient plus du Tarzan et Jane faisant connaissance sous l'oeil attentif de Cheeta, ou plutôt de son épouse, Aloïe.»
Les dessins de
Zivorad Radivojevic et les couleurs d'
Eber Evangelista sont dans le summum de la qualité bédéesque que l'on recherche aujourd'hui, avec de véritables doubles pages qui nous permettent de coller à l'histoire. La planète Islandia est admirablement rendue. Les personnages sont superbement dessinés et reconnaissables immédiatement. On a ainsi le plaisir de pouvoir lire tout en regardant les planches, un privilège devenu rare de nos jours dans la bande dessinée. On le doit à ces deux nouveaux arrivés dans le métier. Et il faudra à l'avenir les suivre de près.
Une belle découverte que cette BD qui va satisfaire aussi bien les amateurs que les néophytes. On pourra pourtant mettre un bémol, les raccourcis narratifs qui sont rendu nécessaires par un récit limité à un tome (chaque tome à venir étant indépendant les uns des autres). Mais cela reste malgré tout pour moi un coup de coeur de l'année et je suis déjà prêt pour une nouvelle aventure avec le tome 2.
«Les Islandiens n'étaient pas sujets à nos différends. Chez eux régnait l'harmonie. Une harmonie avec leur terre et ce qu'il y avait en dessous. Comment envisager qu'un peuple puisse devenir aussi pacifique ? Peut-être, tout simplement parce qu'il aimait ses enfants.»