Quand on souffre, on veut toujours trouve un responsable et tout lui imputer.
Quand on repense à une tragédie, sans cesse, inlassablement, ce qui vous hante c'est votre incapacité à changer les événements. Vous n'êtes qu'un spectateur blessé, meurtri, au plus profond de votre chair.
En vieillissant, on croit panser ses blessures mais ce n'est pas vrai. On ne fait que tenter d'oublier. On range les mauvais moments de sa vie dans un coin de sa mémoire et on n'y touche plus. Jusqu'à ce quelque chose vienne les mettre au grand jour.
J'étais fou de penser que j'aurais pu oublier. En vérité il faut affronter le passé si on veut apaiser ses tourments.
Il y a des questions qu'on ne peut pas éviter. On sait qu'elles vont venir, on s'y prépare mais quand elles viennent, tout reste bloqué dans votre gosier. la bouche devient sèche, les souvenirs affluent dans un méli mélo qui file un vertige de tous les diables.
- Bakael : Alors ?
- Tanaween : Ils étaient bien sur nos talons, je les ai trouvés à quelques lieues d'ici.
- Bakael : Tu as discuté avec eux, que t'ont-ils révélé ?
- Tanaween : Ils ont été engagés pour nous suivre et nous éliminer à l'écart de la ville.
- Bakael : Ha oui ? Et qui est le commanditaire ?
- Tanaween : Je tentais de discutailler diplomatiquement quand l'un des deux a malencontreusement chuté dans le ravin alors que j'évitais sa dague. Quant au second, avant que je ne lui tranche la carotide, il m'a avoué qu'il s'agissait d'un ashinn qui paye bien mais dont il ignorait le nom.
- Tout change !
- Que voulez-vous dire ?
- Vous espérez vainement que les choses s'éternisent mais notre monde est en constant changement. Un jour, vos ressources s'épuiseront et ce sera la fin de cette exploitation. Ca ne sert à rien de s'attacher à ce point !
J'avais envie de lui dire à l'oreille à quel point elle comptait pour moi, lui chuchoter des mots doux mais la vie est ainsi faite qu'on remet à plus tard ce qu'on pourrait faire à l'instant même. Et plus tard, parfois, c'est jamais.