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EAN : 9781091896185
Editions Sillage (16/01/2014)
4.28/5   9 notes
Résumé :
À l'âge de 14 ans, Panaït Istrati, orphelin de père, est contraint de s'employer comme apprenti dans les docks de Braïla, sa ville natale, en Roumanie. Il y découvre l'égoïsme et la froideur de la classe dirigeante, mais aussi la férocité des travailleurs les uns envers les autres. Écrit à l'époque de la grande désillusion que vécut Istrati après avoir visité l'URSS à la fin des années 20, Dans les docks de Braïla évoque l'espoir d un changement, mais fait aussi le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mille Mercis aux éditions Sillage d'avoir réédité ce court texte autobiographique de l'écrivain roumain, Panaït Istrati, que j'ai lu il y a bien longtemps dans "Le Pélerin du coeur" (Gallimard)

Un écrivain entier, rempli de révolte et de colère contre la pauvreté, la misère, les indignités faites aux hommes dans des emplois subalternes, épuisants, et sous-payés. Je ne peux m'empêcher de songer très fort au texte bouleversant et "tonitruant" de London, "Le peuple d'en-bas"...

Istrati, dit , raconte, le monde très dur des docks, des ouvriers entre eux, des petits-chefs, de l'épuisement des hommes qu'on traite comme des bêtes de somme.... Je ne commenterai pas plus ce texte "coup de poing"... qui garde son actualité, celle de l'exigence universelle de tout individu: "la dignité de l'homme, respecté dans son travail"...

Je ne peux achever cette brève note de lecture que par ce "cri" de Panaït Istrati: "J'étais avide de justice et j'aurais volontiers donné la moitié de ma vie, non pas pour détruire les élévateurs, mais pour qu'on les mît au service de tout le monde. Cet élan, qui a toujours brûlé ma poirtine, ne venait pas de ce que j'appartenais à la classe miséreuse ou que j'aurais tant connu la souffrance. Non. Cela, généralement, n'est vrai que jusqu'à un point, car la justice, la commisération, la générosité ne sont le monopole d'aucune classe. Comparée aux enfances que j'avais sous les yeux, je pourrais même dire que la mienne avait été gâtée: le pain, la tasse de lait, le lit propre et la parole tendre ne m'ont jamais manqué.
Mais je crois que l'ère de justice terrestre sera arrivée le jour où la majorité des hommes s'intéressera au sort de celui qui souffre. Et moi, je me sentais de l'infime minorité qui s'y intéressait déjà, voilà tout" (p.50-51)
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La surprise est de taille. Ayant depuis quelque temps terminé les trois cycles (en douze romans assez brefs) de la saga Adrien Zograffi, le double de Panaït ISTRATI, jamais je n'aurais imaginé le « revoir » un jour autrement qu'en relecture (que dans le futur je m'autoriserai). Et pourtant…

Ecrit en juin 1929, c'est-à-dire vers la fin de l'élaboration du deuxième cycle de la saga, cycle intitulé « La jeunesse d'Adrien Zograffi », mais aussi en même temps que la difficile rédaction du texte qui va voir basculer le destin d'ISTRATI, « Vers l'autre flamme », cette charge héroïque et brutale contre ce régime soviétique qu'il idéalisait mais qu'il venait alors de visiter durant une année et demie , lui ayant laissé un vrai goût d'amertume et de révolte.

« Dans les docks de Braïla » est une autre des aventures de Adrien Zograffi, sans pour autant appartenir à la précieuse série. Pourquoi ? Je n'ai pas la réponse. On pourrait croire que comme le jeune Adrien n'est pas très présent dans ce que l'on pourrait identifier comme une longue nouvelle, il eut été maladroit de l'intégrer au reste. Mais ceci ne tient pas, car « Mes départs », que d'ailleurs ISTRATI allait bientôt écrire, et qui est le troisième volet du deuxième cycle, n'intègre tout simplement pas Adrien dans son récit car c'est ISTRATI qui s'y met lui-même en scène, pour ce qui est peut-être le moins romancé de tous les tomes.

Quoi qu'il en soit, « Dans les docks de Braïla » peut se lire comme une autre aventure d'Adrien, dans un style et une atmosphère comparables aux autres volumes. Ici, en 1898, une vache enceinte, celle de la mère d'Adrien, est malade et va être euthanasiée par un vétérinaire ivrogne. C'est le point de départ d'une histoire plus ample. Adrien travaille alors aux docks de la ville de Braïla en Roumanie, il n'a que 14 ans, mais il est déjà révulsé par la misère, les comportements outranciers du patronat et la soumission des prolétaires, il sent déjà naître en lui cet esprit de contestation, de lutte et de fraternité, pendant qu'un adventiste vient s'installer dans le voisinage.

Comme dans tous les récits d'Adrien Zograffi, les scènes courtes fourmillent d'anecdotes drôles ou tragiques (ici sont relatés par exemple des jeux cruels dirigés contre les animaux), se succèdent sans répit. Nous passons du rire à l'épouvante, mais toujours dans un climat de profond humanisme. Soudain se déclenche une grève dénonçant l'arrivée de machines élévatrices dans le port de la ville roumaine. Elle ne va pas tarder à prendre de l'ampleur et à devenir incontrôlable. C'est ici qu'il me faut intervenir.

En 1932 commence le troisième et dernier cycle de la série, qui a pour nom « La vie d'Adrien Zograffi », sans conteste le plus sombre, le plus désenchanté, puisque faisant suite au retour de l'auteur d'U.R.S.S. Il s'ouvre sur le titre « La maison Thüringer », le plus balzacien des romans de ISTRATI. Dans ce roman est mise en scène une immense grève réprimée. Ce sont à peu près les mêmes images qu'il a en fait déjà dépeintes dans « Dans les docks de Braïla », trois ans plus tôt, qui peut donc être lu en partie comme une première version non aboutie, une sorte de brouillon de « La maison Thüringer », et c'est peut-être pourquoi (avançons nos théories en toute impunité !) il n'est pas apparu dans le cycle, considéré comme une sorte de doublon.

« Un mur, ce n'est qu'un mur, deux murs font une rue et une rue n'aboutit généralement qu'à d'autres murs, voilà l'espace que connaît l'ouvrier et qu'il méprise, avec raison ». ISTRAI s'indigne contre les conditions de travail de ceux qu'il considère comme ses égaux, ses frères de lutte, même s'ils l'agacent parfois par une certaine apathie. Comme à son habitude, ISTRATI attaque, ne tergiverse pas, son sang ne fait qu'un tour, c'est un homme entier fait d'acier trempé. Après avoir été présent sur plusieurs recueils de l'auteur, ce texte court est sorti seul en 2014 (réédité en janvier 2022) chez Sillage, cet éditeur qui décidément choisit souvent de grands textes du domaine public. Comme évoqué au début de cette bafouille, il fut pour moi une surprise ainsi qu'une grande joie de recroiser le visage et l'environnement de ce cher Adrien Zograffi.

« Mais je crois que l'ère de justice terrestre sera arrivée le jour où la majorité des hommes s'intéressera au sort de celui qui souffre ».

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Dans ce court texte autobiographique Istrati raconte l'année de ses quatorze ans où il découvre le monde ouvrier. Il est contraint de s'engager dans une usine située dans les docks de sa ville natale Braïla. En effet, sa mère vient de perdre la seul source de revenus du foyer...une vache.
Le jeune adolescent déjà lucide, constate rapidement que les docks n'ont rien d'une grande famille unie et solidaire . Les coups bas, les blagues de mauvais goûts et les humiliations de la part des travailleurs plus âgés rythment les journées de travail. Les petits chefs sont lunatiques parfois même sadiques. Istrati profite de cette expérience pour élaborer une théorie. Il oppose le monde ouvrier symbolisé par la ville au monde paysan de la campagne d'où il est originaire, pour lui le labeur est le même mais les paysans ont la chance de communier quotidiennement avec la nature et le ciel. Il porte un regard critique sur les ouvriers oisifs, roublards et parfois sadique, il se moque de leur ignorance crasse et de leurs manières arriérées et rustres . Mais il sent fatalement qu'il appartiendra à ce monde pour toujours et ne se trompe pas d'ennemie. Lorsque la révolte ouvrière gronde, que le patronat menasse les emplois, il est le premier à venir grossir les rangs des grévistes au péril de sa vie pour s'opposer à l'installation de machines qui videraient les usines de leurs mains d'oeuvre.
Istrati avec "Dans les Docks de Braïla" nous livre un roman social, violent, lucide et important qui témoigne habilement sans manichéisme sans populisme d'une époque charnière où l'ouvrier déjà accablé et miséreux va pour la première fois craindre pour son emploi, pour sa vie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
N'empêche, ma mère en bavait. Et comme j'étais, ce soir-là, en proie à de tristes pressentiments, je me disais que si nous perdions notre vache, la seule façon de remonter ma mère, c'était de lui faire la joie de m'engager aux docks, y rester quatre ans, en sortir "mécanicien" et toucher à un avenir de quatre-vingt-dix francs par mois, date à laquelle une épouse et sa prodigieuse fécondité vous attendent au tournant pour vous couvrir de baisers, de dettes et de merde. (p. 9)
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Mais un jour que je me trouvais chez "Monsieur l'Administrateur", celui-ci daigna me questionner sur ce que j'allais "devenir", et aussitôt ma mère vint lui raconter, du fond de ses entrailles, combien nous étions misérables- ce qui me fit de la peine, car on ne doit pas être à ce point sincère avec les égoïstes. (p.8)
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Le paysan fait le blé et l'apporte à la ville, qui le dévore sans lui laisser dans les mains de quoi s'acheter une chemise. Or la ville, c'est l'ouvrier. C'est donc lui qui doit être le responsable, la conscience qui régularise la vie de tout le pays. (p.40)
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Je suis né de ces paysans-là et j'ai passé mon enfance au milieu d'eux, voilà d'où vient que je n'aime pas la légèreté de l'ouvrier des villes. Celui qui est né sans ciel et a grandi sans espace, à moins d'avoir de l'hérédité, ne peut approfondir l'abîme de l'existence. (p.39)
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Certes, le matérialisme humain fournit autant de côtés à notre définition, mais, tout compte fait, je crois que l'homme naît idéaliste. Où l'ignominie l'emporte, c'est quand toutes les forces du "progrès social" s'appliquent à tuer dans l'oeuf ce ressort fragile qui est notre élan vers le sublime, au lieu d'aider à son développement. (p.28)
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