La terre est belle ?...Mais non, c'est un mensonge !... Toute la beauté vient de notre cœur, tant que ce cœur est plein de joie. Le jour où cette joie s'envole, la terre n'est plus qu'un cimetière.
Lorsqu'on voit un homme estropié d'une jambe, ou d'un bras, personne ne lui jette l'opprobe, chacun a de la pitié ; mais tout le monde recule, personne n'éprouve de pitié devant un estropié de l'âme !... Et pourtant c'est le pillier même de la vie qui lui manque. Il me manquait.
Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien !
La bonté d'un seul homme est plus puissante que la méchanceté de mille.
Et cet or qui alourdissait ma culotte, ni ces bagues précieuses qui paraient tous mes doigts, ni cette montre princière ne surent me donner un conseil, une consolation.
Dans les grandes détresses qui frappent les cœurs émotifs, ils s'habituent difficilement à l'idée que le malheur a eu lieu, et qu'il n'y a plus rien à faire.
Et cette femme qui était faite pour être caressée et embrassée, était battue jusqu'au sang.
Cependant, si mon père ne lui prodiguait pas les caresses, ses amants la dédommageaient brillamment ; et je n'ai jamais su si, à l'origine, ce fut ma mère qui commença à tromper son mari et se fit battre, ou si ce fut mon père qui commença à maltraiter sa femme et se fit tromper.
Il y a partout des égarés, mais l'intelligence fait tomber les barrières même lorsqu'elle est habillée d'un uniforme militaire.
Mais nous découvrions maintenant qu'il y avait un "dehors", et que ce dehors, riche en lumière, embaumé de parfums sauvages, était bien plus beau que de courir derrière un papillon, de caresser une sauterelle verte, d'attraper de gros bourdons cornus, d'entendre les oiseaux chanter sur leur vaste empire, le grillon invisible à la tombée de la nuit croiser son cri-cri avec le lointain chalumeau du berger, l'abeille sortir à reculons d'une fleur, les pattes saupoudrées de pollen. Et surtout, nous n'avions aucune idée de la volupté que le coeur éprouve, quand le corps se baigne dans les caresses du vent qui souffle sur un champ d'été.
Si j'étais une alouette,
Comme elle je foncerais dans l'azur ;
Mais je ne descendrais plus sur la terre,
Où les hommes sèment le blé,
Où les hommes fauchent le blé,
Où l'on sème et l'on fauche sans savoir pourquoi...