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Alexandru Talex (Directeur de publication)
EAN : 9782070701353
264 pages
Gallimard (03/04/1984)
4.5/5   12 notes
Résumé :
Vagabond roumain, grand écrivain français, conscience généreuse, Panaït Istrati a toujours appuyé ses écrits sur l'autobiographie. Pour célébrer son centenaire, nous présentons ces pages qui reconstituent sa vie. Inédites ou publiées dans la presse de l'époque, elles sont inconnues du lecteur d'aujourd'hui.
On y trouvera une évocation de ses premiers pas dans la vie, de sa naissance en 1884 à son premier livre "Kyra Kyralina". C'est une errance, des docks de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Acquisition en 1984- Relectures régulières... dont une, en diagonale...le 29 juillet 2019

Mes rangements drastiques du Printemps s'étirant "dangereusement"et à souhait sur l'été, j'en profite pour écrire quelques lignes sur des livres,des auteurs qui ont compté... et pour lesquels je n'ai pas eu le temps de le faire [ces lectures étant très lointaines !!]. C'est le cas pourPanaït
Istrati, cet écrivain roumain, autodidacte brillant, ayant réussi à écrire ses ouvrages en français...

Nous ne pouvons qu'être reconnaissants à jamais envers l'écrivain , Romain Rolland qui a sauvé Istrati du suicide,
et l'a très fortement encouragé à écrire...

Cette publication m'est d'autant plus chère que je l'ai acquise dans des conditions peu banales...J'étais libraire depuis 3 années...et la directrice de la librairie parisienne où "j'officiais" m'avait demandé d'aider une "ancienne" de la maison, préposée "exclusive" pour sortir des rayons
les ouvrages récents à "retourner", n'ayant pas été vendus une fois, les trois premiers mois de leur publication...

J'avoue que c'est une des tâches incontournables et vitales pour une gestion "saine" d'un libraire, même si cela induit des regrets, des tristesses que tel ou tel auteur, tel ou tel livre apprécié partent "au cimetière des livres" !!!

Ce fut le cas pour ce "Pèlerin du coeur"... que je devais retourner selon les critères décrits ci-dessus... j'en étais malade... Alors même en ayant dépassé largement mon budget -livres ce mois-là... j'ai acquis ce livre très éclairant, captivant (pour tous les passionnés d'Istrati ... et pour tous les curieux), ne me résignant absolument pas à ce qu'il rejoigne les orphelins, mal-aimés, et oubliés !!

Livre des plus intimes puisqu'il ne réunit que des textes autobiographiques, regroupés en cinq sections:

1. -Autobiographie- qui résume la vie d'Istrati de sa naissance (1884) jusqu'à la veille de la parution de -Kyra Kyralina- (1924)

2.- La naissance d'un écrivain- reconstitue le parcours d'un "vagabond sans sou ni maille-, sans aucune notion de français et qui, après" quelques années de misère, de détresse et de mort", surgit un "écrivain de langue française, dont la renommée se répand à travers le monde"...

3. -Témoignages- publiés dans la presse de l'époque.

4. -Le Pèlerin du coeur- "Pages écrites en souvenir d'amis disparus et qui témoignent de son culte pour l'amitié, avec un amour digne d'une page de Montaigne "

5. -Les dernières années- de solitude, de maladie et de confiance dans sa vérité...Parmi ces pages, il y a deux documents autobiographiques de base: -"Pourquoi je me suis retiré à Braïla", où il explique l'abandon de l'Occident, et -Pages de carnet intime", écrites six mois avant sa mort. Comme le préfacier, Alexandre Talex le formule si bien: " Pages d'anthologie et testament spirituel qui résonne comme un "chant du cygne..."


Quelles drôles de coïncidences, ou de familles de pensées se dévoilent sans que nous nous en rendions vraiment compte dans l'instant de nos choix..; Je lis un roman de Gyorgy Siro, "Diavolina", autour de l'écrivain , Maxime Gorki... et ...me revient en mémoire que Panaït Istrati était surnommé le nouveau "Gorki balkanique " !!

Une publication extraordinaire au titre des plus justifiés... de cet homme talentueux, épris de justice sociale et d'empathie envers les hommes les plus défavorisés , obligés pour survivre à la soumission et au silence...

"Nul ne peut aimer l'humanité. On ne peut aimer ce qui est anonyme et ce qui vous échappe totalement. Mais on peut aimer un être humain, dix, vingt, au long de toute sa vie. On peut leur sauver la vie, au besoin, et eux peuvent sauver la vôtre. C'est cela toute l'humanité ! Je me suis brouillé avec elle en allant à sa découverte sans la trouver, en essayant de l'aimer sans le pouvoir. Aujourd'hui, à Braïla, ne courant plus après personne et ne me faisant plus un devoir de l'amour, je découvre des êtres humains sans les chercher et ils me sont sympathiques sans peine. Et , d'ailleurs, je ne vois plus que des vaincus, étant moi-même le vaincu de ma propre victoire.

(...) Seuls les vaincus sont dignes de sympathie. L'être humain devient un fauve dès qu'on lui accorde un brin de pouvoir, c'est-à-dire de l'importance. Il l'utilise, sur- le-champ, pour écraser son semblable. de sorte que j'en ai assez des hommes importants et que je me séparerai, à l'avenir, de tout ami qui deviendra important." (p. 230-231)

Une lecture bouleversante qui ne peut que provoquer la relecture de cet écrivain- humaniste- autodidacte... qui se retrouva calomnié, abandonné, critiqué de quasiment tous... car, entres autres "fautes", il fut un des premiers à faire une critique lucide, et clairvoyante, mais dérangeante... du régime communiste russe...

"J'épuiserai ma vie tel qu'on le voit, je mourrai penché inutilement sur cette feuille de papier, mais je dirai sans cesse que l'art est plus fort que la vie, plus précieux que de "beaux enfants", qu'une femme qui aimerait "sans réserve"; il est plus fort même que cette nature splendide qui n'a pas de splendeur pour les yeux dépourvus d'art.
Sans art, le monde n'existerait pas, il ne pourrait pas respirer." (p. 113)
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
30 avril [1921]
Capitalisme !… Argent !…… Humanité égoïste d'aujourd'hui !… Je te maudis de toute la force de mon être et je maudis aussi ma nature ingrate, laquelle, au lieu de diriger l'impétuosité de mes sentiments dans la direction de luttes sociales, faire de moi un batailleur journalier, un journaliste puissant, un orateur qui bouleverse les foules, un militant, un manieur de cette pioche foudroyante qui frappe incessamment la base de cette société absurde, m'a dirigé dans la voie stérile du penseur qui s'arrête à toutes les tares du caractère humain, qui voit trop près ou trop loin et qui épuise son énergie dans les spéculations sentimentales idiotes, dans les rêveries plaintives, quand le temps est de serrer les dents et de frapper pour démolir. (Je maudis encore cette circonstance qui, au lieu de me permettre d'écrire dans ma propre langue, qui m'est familière, m'a banni à mille lieues de mon pays et me force de prendre le temps dans des recherches de dictionnaire, pour la stupide raison que dans tel endroit il faut deux l, deux m, deux n, et qu'un seul n'est pas suffisant. Mais, au risque de paraître ridicule, je m'accroche à cette langue que j'aime et que je veux connaître.)
Pages 111–112.
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Je me rappelle que dès ma plus fragile adolescence, à l'âge de 15-16 ans, quand j'ai quitté la lecture de romans sensationnels et ouvert les yeux sur le beau domaine de la vraie littérature, je me demandais, après chaque lecture qui me plaisait : l'auteur est-il un homme bon ? Et plus tard, quand je découvris la littérature biographique, je me jetai avec avidité sur les vies de grands hommes, mais j'avais toujours le regret de constater que rarement on touchait à la question qui m'intéressait le plus, à l'humanité intime de l'écrivain, de l'artiste.
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Est-ce l'approche d'un événement, qui fait naître son désir, ou c'est le désir qui provoque l'événement ? Je ne sais. Il se peut aussi que ce ne soit ni l'un ni l'autre, mais tout simplement des faits qui se produisent dans la vie des hommes comme les nuages dans le ciel.
Toujours est-il que Braïla fut la première ville dans l'histoire moderne de la Roumanie, qui connût ce déplaisant sursaut dont notre estomac est victime lorsqu'il nous arrive d'avaler des morceaux indigestes. Et Braïla ouvrière venait justement d'avaler quelques morceaux comme elle n'en avait jamais vu, depuis qu'elle existe.
(p. 53)
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La « Roumanie littéraire » et la Société des Gens de Lettres roumaines se sont décidées à réparer une injustice, en me faisant ressusciter. Pour le lecteur roumain.
Je remercie l'une et l'autre, ainsi que les confrères, que je connais pour la plupart par leurs écrits. Ceux qui ont bien voulu avoir pour moi de bonnes pensées.
Et maintenant ? Quelle est la suite de ce geste spontané ? Puisqu'il faut une suite. Autrement j'ai l'impression qu'au jour où est parue « La Page » qu'on m'a dédiée, ce n'était pas seulement Jean Bart*, mais moi aussi qui étions morts. Le même jour sur lui et sur moi on n'exprimait que de bonnes pensées, avec photo, sur deux colonnes.
Mais malheureusement je ne suis pas encore mort. Et il ne serait pas poli de me taire, comme est obligé de le faire le doux chantre des horizons marins.
* Jean Bart : pseudonyme littéraire de Eugen Botez, ancien officier de marine et auteur d'une remarquable œuvre littéraire. (Note de l'auteur)
(p. 233)
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Hors du monde, dans le monde.

J'épuiserai ma vie tel qu'on le voit, je mourrai penché inutilement sur cette feuille de papier, mais je dirai sans cesse que l'art est plus fort que la vie, plus précieux que de "beaux enfants", qu'une femme qui aimerait "sans réserve"; il est plus fort même que cette nature splendide qui n'a pas de splendeur pour les yeux dépourvus d'art.
Sans art, le monde n'existerait pas, il ne pourrait pas respirer. (p. 113)
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