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Critique de gouelan


Mataké vit dans une famille misérable au début du 20e siècle en Roumanie, au bord d'un affluent du Danube. Il part avec son père vendre du poisson dans le Baragan, c'est le début d'une nouvelle errance.

La route est longue, monotone, et si peu semée d'espoir. Pourtant, le jeune garçon rêve de courses folles dans la gueule du Baragan, pourchassant les chardons épineux que le Crivatz bouscule avec rage.

Ces chardons que les enfants affamés poursuivent jusqu'à épuisement, « avec un grain de malice dans la caboche », ce sont leurs espoirs d'un avenir meilleur, l'envie d'aller de par le monde, de quitter cette misère qui leur colle à la peau, même si pour cela ils doivent quitter leur famille.

Quand un enfant de neuf ans, comme Mataké, pose son regard sur le Baragan et ses chardons arrachés par le Crivatz, il n'y voit que beauté. Et c'est vrai que c'est d'une beauté rude, lorsque cela est conté avec les mots de Panaït Istrati. Des mots concis, rudes, piqués de poésie, comme des mots-chardons, des mots-Crivatz, évoquant des images rugueuses, salées et splendides à la fois, pour décrire le vent, la terre, le soleil, le ciel, et les hommes.

Mais ce Baragan, c'est aussi l'image de la Roumanie, dont les paysans sont écrasés par les popes, les maires et les boyards. Des « pauvres collés à la terre » qui finiront par crier leur révolte en 1907, pour demander justice, pour extirper ces chardons vénéneux, ces bourreaux, qui empoisonnent leurs vies, pour faire cesser ce Crivatz, ce servage, qui les empêche de respirer et d'avancer.
Ils sentiront les piquants pénétrer leur corps, car la révolte sera violemment réprimée, faisant onze mille morts.

Une écriture à découvrir, un roman puissant qui raconte cette révolte sanglante, cette vie de paysans misérables, d'enfants sans avenir, mais aussi les légendes des paysans roumains, qui s'inventent des histoires pour rêver et rester debout, comme ce petit Mataké rêvant de dompter les chardons du Baragan, ou de saisir ce fleuve de vent qu'est le Crivatz, de voler avec lui.
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