Pour
Junji Itô, l'horreur habite les lieux et les objets les plus communs. Je poursuis l'excellente série de One Shot avec
La maison de poupées, un autre recueil de sept histoires dessinées lorsque le mangaka débuta sa carrière. Il était déjà à l'époque l'excellent architecte des histoires courtes qui ont fait son succès et surtout sa marque de fabrique. Il possède ce don fascinant pour captiver son lectorat dès les premières cases avec un style simpliste mais surtout une folie propre à lui seul. Difficile d'anticiper les situations se basant uniquement sur des pulsions de désir, c'est le point fort de l'auteur.
Ici, tous les récits ont la particularité d'êtres centrés sur un objet quelconque (une glace, une simple cigarette, un vieux vinyle) qui fera plonger les protagonistes dans une tourmente à la fois obsessionnelle et cauchemardesque. le désir matériel est le facteur commun de chaque histoire. Il marque la dégénérescence des relations sociales tout en faisant prendre à l'objet de la convoitise une dimension proprement anormale qui occulte progressivement tout le récit.
L'histoire du vieux disque est la plus aboutie selon moi, elle résume parfaitement la malédiction qui frappe toutes ces personnes face à leurs fascinations - à l'image d'une musique que l'on répète inlassablement ou d'une boucle à laquelle on ne peut réchapper - les rendant ainsi victimes de l'obsession malsaine qui causera leur destin macabre en les transformant de manière surnaturelle.
C'est certainement le recueil qui m'a le plus séduit jusqu'ici de part son approche narrative remarquablement amenée par le mangaka. Les références sont très nombreuses, on remarquera les clins d'oeils adressés à
Lovecraft (le romancier Américain aura beaucoup déteint sur sa carrière) mais aussi à
Stanley Kubrick ainsi qu'à Andersen. L'influence de ce dernier est très présente chez Itô, il se veut le conteur des histoires à frissons se concluant toujours sur une morale saisissable par son lectorat.