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Critique de Tachan


Conclure un thriller n'est pas chose aisée, je trouve qu'il est facile de tomber dans les facilités ou les fins abruptes une fois l'enquête, le mystère résolu. Heureusement après un début maladroit, Hajime Inoryu a su trouver sa voie et nous offre ici un final à la hauteur avec une belle dimension psychologique.

Série au début un peu bourrine, The Killer Inside a su s'affirmer au fil des tomes, pour devenir ce titre efficace et addictif. Après avoir découvert l'identité de LL on aurait pu croire que tout était fini, c'était mal connaître l'auteur. Celui-ci nous entraîne ensuite dans un face à face saisissant entre son héros aux multiples personnalités et nous-mêmes pour creuser jusqu'au bout du bout sa quête identitaire.

Dans une mise en scène des plus classiques, telles qu'on a pu la voir à de multiples reprises au cinéma, l'auteur se sert de la fameuse audience du tribunal pour laisser la parole à son héros afin qu'il nous assène les dernières révélation qui font mal devant une audience suspendue à ses lèvres, nous y compris. Nous voilà donc revenu à ce fameux 18 novembre, jour où tout a basculé pour Eiji. Posant ses pièces comme un joueur confirmé, Inoryu nous emmène peu à peu à réaliser la profondeur des crimes qui ont été commis aussi bien par LL que par sa copycat Kyoka. C'est un développement inattendu car reposant avant tout sur l'intériorité de son héros, une chose qu'on ne met pas assez en avant dans certains thriller.

J'ai beaucoup aimé la façon, peut-être maladroite, les spécialistes en jugeront, dont le mangaka a ainsi traité du dédoublement de la personnalité. Il explique et décortique ce qui a amené Eiji à se créer ces deux personnalités, lui-même et B1. Il met en scène également le choc traumatique qui va changer la donne et amener ces personnalités à disparaître, fusionner, s'effacer, se mélanger en partie, on ne sait pas trop, pour donner naissance à celui qui est désormais face à nous. Plus que la reconstruction d'un individu trompé depuis toujours et accusé à tort, c'est celui d'un jeune homme qui cherche avant tout son identité, qui va naître ici, ce qui est excellent. Ainsi, plus que les scènes percutantes tout de même du procès, c'est l'après qui m'a intéressée.

En effet, on montre trop peu ce que deviennent les personnages après une affaire. Même si ce fut bref, j'ai aimé qu'on découvre ensuite ce que sont devenus le nouveau Eiji et ses anciens et/ou collaborateurs. J'ai eu le sentiment que derrière un schéma assez classique de reconstruction, on assistait à quelque chose d'assez fin dans la constitution de cette nouvelle personnalité pour le héros, qui en quelque sorte débarrassé du tueur à l'intérieur de lui, renaissait. C'est assez simple, presque banal et pourtant j'ai trouvé beaucoup de force et d'intérêt à ces quelques pages, justifiant en fait tout le parcours de lecture de cette série. Pas la peine de s'attarder sur les injustices du système, on les connaît, passons plutôt du côté de ceux qui souhaite s'en sortir et en cela, ce fut lumineux. Une lumière certes pas éclatante mais une petite lumière douce qui deviendra plus chaleureuse au fur et à mesure.

Final de grande qualité d'une série qui n'a eu de cesse de me surprendre alors que je craignais tellement qu'elle verse dans le subversif pour le subversif au début. J'ai beaucoup aimé que l'auteur s'attarde sur sa dimension psychologique et nous plonge dans la tête du tueur et de sa victime de manière aussi juste que surprenante. Sur un scénario et une mise en scène de base assez classique, Hajime Inoryu a su réaliser une histoire solide, addictive et fine dans sa psychologie. Ça m'a donné envie de voir ce qu'il pourrait produire d'autre à l'avenir.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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