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EAN : 9782919300327
224 pages
Atelier des nomades (18/12/2019)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Sarita, la mère d´Arjun, pressent le malheur lorsque surgit dans le village de Rivière des Anguilles, à l´île Maurice, un enfant à six doigts. Un seul mot traverse encore les lèvres de ce garçon esseulé, frêle et muet : « Misère ». Arjun, le prodige joueur de vînâ le recueille. Tandis que la musique tisse d´étranges liens entre eux, les femmes du village dansent au rythme des convictions ancestrales et des désirs inavouables. Sur une île hantée par les spectres de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Misère, écrit par Davina Ittoo, maître de conférence à l'Open University of Mauritius, m'a plongé dans la vie quotidienne de l'île Maurice, en 1968 puis en 1988. Elle m'a surtout fait partager superstitions, rêves fous et luttes fratricides au moment de l'indépendance de l'île puis permis de retrouver ses principaux personnages vingt ans après.
Ce livre me rappelle l'excellent roman historique de Caroline Laurent, Rivage de la colère. Il se déroule à la même époque et rappelle la déportation des habitants des îles Chagos vers Maurice pour y installer une base militaire après un accord anglo-américain.
Quant à Misère, l'histoire débute dans un village proche de l'océan Indien, village nommé Rivière des Anguilles. Un jeune homme, Arjun, découvre un enfant réfugié dans les latrines de sa maison. Ce gosse ne sait dire qu'un mot : Misère !
Alors que Sarité, la mère d'Arjun, est veuve de Suraj, décédé depuis quelques années, ne veut pas de cet enfant, Arjun décide de s'en occuper. Ce gosse qu'il nomme Krishna, a un sixième doigt et cette différence ne manque pas de déclencher la haine dans le village. de plus, il est circoncis, donc musulman, dans un village pratiquant l'hindouisme. J'apprends que ses parents ont été massacrés, que sa mère a été éventrée d'un coup de sabre sous ses yeux et que, depuis, il a perdu la parole, sauf pour dire Misère.
Davina Ittoo se lance donc dans un roman assez compliqué que j'ai trouvé un peu confus. Elle montre bien tous les malheurs, toutes les violences s'abattant sur les Mauriciens lorsque le Royaume-Uni a laissé l'île devenir indépendante. Elle raconte ces luttes fratricides sur fond religieux entre hindouistes, musulmans et chrétiens.
Découverte par les navigateurs portugais puis colonie française, Mauritius s'est appelée Île de France de 1717 à 1814, moment où elle a été cédée aux Britanniques qui lui ont redonné son nom d'île Maurice, Mauritius. Elle fait partie de l'archipel des Mascareignes et donc du continent africain. Si l'hindouisme est la religion principale, l'île est multiethnique, multiconfessionnelle, multiculturelle. L'anglais est la langue officielle, le français la seconde mais les gens parlent le créole mauricien.
Ces quelques précisions sont importantes pour comprendre ce que raconte Davina Ittoo, les violences déchaînées au moment de l'indépendance. Des chants, des poèmes reviennent régulièrement dans le récit qui ne néglige aucun détail de la vie quotidienne. Avec cela, il y a immanquablement le désir, l'amour, le besoin sexuel. Arjun est l'amant d'Asha dont Vinod, le mari, sait bien qu'elle n'est pas enceinte de lui.
Peu de temps après la mort violente de Sarita, Arjun, son fils, disparaît. Personne ne sait où il est parti. Peut-être à Port-Louis, la capitale ? Complètement seul, le jeune Krishna ne peut plus rester et s'en va à son tour.
Vingt ans plus tard, toujours à Rivière des Anguilles, Vidya est une belle jeune fille, très amie avec Ouma, garçon devenu fille. Elles sont fascinées par le temple et par ces musiciens, les mêmes qui avaient mis le village en émoi vingt ans plus tôt. Heureusement, Vinod avait pris l'habitude de noter actions et pensées dans un carnet que Vidya réussit à récupérer et qui livre enfin la vérité sur ce qui s'est passé vingt ans plus tôt.
Alors, l'autrice, avant d'emmener son lecteur à Port-Louis, la capitale, le plonge au milieu des dieux de l'hindouisme en y mêlant rêves et cauchemars les plus fous.
J'avoue avoir eu un peu de mal au cours de la lecture d'un roman dense que j'ai trouvé parfois un peu embrouillé. Je reconnais que cela traduit parfaitement l'état mental des principaux personnages de Misère, ce mot traduisant bien dans quel état vit la plupart des habitants de l'île Maurice.
Misère, de Davina Ittoo faisait partie des six romans sélectionnés pour le Prix Orange du livre en Afrique et je remercie Lecteurs.com et les éditions Atelier des nomades pour cette lecture à la fois enrichissante, dépaysante et poétique.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Port-Louis était le chaudron bouillonnant de l’île, alimenté par des feux extrêmement puissants. Les administrations et les ministères s’y trouvaient. Les gens importants travaillaient dans les grandes tours de la capitale. Ceux qui évaluaient le poids de leur âme au prix de leur costard et de la montre autour de leur poignet. Les déchets s’accumulaient au bord des caniveaux. Les rats grimpaient furtivement sur des sacs de riz et de farine. Ils regardaient les passants avec de grands yeux. Ils furetaient entre les pieds et, de temps en temps, pouvaient même mordre les chevilles d’un promeneur infortuné. Il fallait alors immédiatement aller à l’hôpital car la rage sévissait encore.
(page 167)
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Ravi par le visage de cet enfant, il le regardait, ne pouvant détourner ses yeux. Comme s’il regardait dans un miroir en sachant que, pour la première fois, le reflet ne serait pas troublé par la traversée d’une ombre. Il sentait obscurément que cet enfant avait le pouvoir d’éloigner cette broyeuse impitoyable qu’on appelait la vie.
(pages 14-15)
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Les gens priaient à chaque instant, dans chaque recoin. Les chrétiens s’endimanchaient pour se rendre à la messe, pour contempler un crucifié et avaler une hostie. Les musulmans se réveillaient aux aurores à l’appel des muezzins qui proclamaient dans les haut-parleurs la grandeur du seigneur Allah. Quant aux hindous, ils pratiquaient l’immersion dans d’innombrables rituels qu’ils accomplissaient devant un nombre infini de dieux. Du matin jusqu’au soir, l’île entière priait.
(pages 81-82)
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Sa mère, Sarita, avait déjà ouvert la porte du royaume des épices, comme elle le faisait chaque matin. Au dehors, ces senteurs se heurtaient à la puanteur des fientes de poules, aux relents des crottes de chiens qui, la nuit, traversaient la cour. Elles s’étendaient comme un sari de soie sur le corps délabré d’une vieille femme. (pages 8-9)
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Suraj le coolie avait débarqué à Maurice il y avait déjà plusieurs années par une nuit orageuse. Entassés dans la cale d’un bateau, les Indiens avaient osé braver les démons de la grande traversée, des rivages de l’Inde jusqu’aux berges sauvages de l’île. Certains y avaient perdu la vie. D’autres avaient longtemps contemplé le visage osseux de la mort.
(page 18)
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