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EAN : 9788408119142
496 pages
Booket (08/10/2013)
4.32/5   560 notes
Résumé :
A quatorze ans, Dita est une des nombreuses victimes du régime nazi. Avec ses parents, elle est arrachée au ghetto de Terezín, à Prague, pour être enfermée dans le camp d'Auschwitz. Là, elle tente malgré l'horreur de trouver un semblant de normalité. Quand Fredy Hirsch, un éducateur juif, lui propose de conserver les huit précieux volumes que les prisonniers ont réussi à dissimuler aux gardiens du camp, elle accepte.
Au péril de sa vie, Dita cache et protège ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (156) Voir plus Ajouter une critique
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Auschwitz !?! Encore ? Et oui, un ouvrage écrit par un auteur espagnol sur la toute jeune juive tchèque, Dita Polachova, qui, à 14 ans, a réussi l'incroyable exploit de faire circuler 8 (huit) livres à un endroit où les livres étaient rigoureusement et absolument interdits.

Antonio Iturbe, l'auteur populaire auprès de la jeunesse avec les aventures de son fameux Inspecteur Petit et son assistant chinois Chan San Peur, est un journaliste, né à Saragosse en 1967, qui a publié d'autres ouvrages pas spécialement destinés à nos tout petits. Il est l'auteur de "La bibliothécaire d'Auschwitz" qui constitue un récit particulièrement émouvant et véridique et qui illustre, à sa manière extrême, comment des livres peuvent signifier un secours à des moments horribles et atroces.

Le livre est sorti en Espagne en 2012 et a été traduit en plusieurs langues, mais pas encore en Français. Peut-être que la maison d'édition Hachette s'en chargera, qui a publié les enquêtes des inspecteurs Petit et Shan ?

Dita Polachova, dans le livre appelée Edita Adlerova ou Dita Dorachova, est née à Prague en 1929. Neuf ans après sa naissance la Tchécoslovaquie a été occupée par l'Allemagne nazie. À 12 ans, notre petite Dita a été envoyée, avec ses parents, au camp de concentration de Theresienstadt, l'actuelle petite ville de Terezin à une bonne soixantaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale tchèque.

Sur la vie au camp "modèle" SS existe un témoignage absolument unique écrit par l'historienne américaine, Ruth Schwertfeger, qui a visité ce sinistre endroit en 1987 et a été si choquée de l'absence d'un véritable mémorial, qu'une fois rentrée à son université du Wisconsin aux États-Unis, elle a publié, l'année suivante, un ouvrage "Women of Theresienstadt" comme son propre hommage aux prisonnières du camp. Il s'agit d'un exquis petit recueil de poésies et extraits de journal intime écrits par des pauvres victimes.

Longtemps la petite Dita n'y est pas restée, car en 1943, les fritz l'ont déménagé à Auschwitz, encore pire. L'année après, elle a été à nouveau déménagée, cette fois-ci au camp de Bergen-Belsen, où le 15 avril 1945, comme Simone Veil, elle a été libérée par les troupes britanniques.

À Auschwitz il y avait un jeune homme de 27 ans Alfred "Fredy" Hirsch, né à Aix-la-Chapelle en 1916, qui a joué sa vie en ouvrant à l'intérieur du bloc 31, où étaient enfermés à peu près 500 enfants, une école clandestine. C'est lui qui a demandé à notre petite Dita d'assumer la responsabilité des 8 livres qu'il gardait caché sous une planche du sol, tout en indiquant le danger de passer directement à la chambre à gaz si elle fut découverte. La gamine, à partir de ce jour, ne devient pas seulement bibliothécaire mais aussi réparatrice des 8 bouquins fort abîmés et aux pages manquantes.

Mais quels peuvent bien être ces livres pour laquelle notre petite héroïne a risqué sa vie ? Je ne vais pas mettre votre patience de grands lecteurs plus longtemps à l'épreuve. Il y avait : 1) un atlas très endommagé, 2) un ouvrage de géométrie élémentaire, 3) une grammaire russe (avec des drôles de lettres, elle trouvait), 4) "Une brève histoire du monde " de H.G.Wells, 5) "Introduction à la psychanalyse" de Sigmund Freud, 6) un roman français dont elle ne comprend pas le titre, 7) un roman russe sans page de couverture et 8) "Le brave soldat Chvéïk" de Jaroslav Hašek.

Elle est très fière lorsque le vieil original Morgenstern, un des enseignants clandestins, s'adresse à elle, en inclinant respectueusement la tête, et en l'appelant "Mademoiselle la bibliothécaire" , en spécifiant que les livres savent tout. Son collègue, le grincheux Lichtenstein, estime que toute cette idée de bibliothèque là-bas est de la folie, mais s'interroge à haute voix : "que n'est pas folie ici ? "

Dita est toujours très contente de récupérer en fin de matinée ou de journée ses bouquins et les inspecte attentivement pour, le cas échéant, réparer de nouveaux dommages. Son assistant le jeune intellectuel Ota Keller trouve qu'elle ne peut présenter les livres de Wells et Freud l'un à côté de l'autre, parce qu'ils sont trop différents.

Dans l'école clandestine du bloc 31, il y a quelques prisonniers qui peuvent citer de mémoire pratiquement des livres entiers, comme mademoiselle Magda l'oeuvre de Selma Lagerlöf "Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède", que même le petit Gabriel qui ne tient normalement pas une seconde en place, écoute patiemment, la bouche ouverte.

Madame Lubbervel s'énerve, lorsque à cause du grand bruit qu'entraîne l'arrivée d'une nouvelle cargaison de malheureux à Auschwitz et l'envoi d'un bon nombre d'entre eux directement du train aux "douches", elle n'arrive pas à expliquer à ces petites élèves, qui commencent à chuchoter entre elles, la différence entre un climat continental et océanique.

Je ne vais pas multiplier les incidences de la mini-bibliothèque de Fredy et Dita sur la vie des résidents de cet univers concentrationnaire, que je vous laisse découvrir.

Je vous signale juste que Fredy a été brûlé au crématorium de Birkenau, le 8 mars 1944. Il avait 28 ans !
Dans son film "Shoah" de 1985, Jacques Lanzmann mentionne cet incroyable héros et plus récemment, en 2016, il a fait l'objet d'un documentaire "Heaven (paradis, ciel) in Auschwitz".

Dita s'est mariée en 1947 avec l'écrivain tchèque Ota Kraus (1921-2000), rencontré à Auschwitz, et vit actuellement, à 90 ans, à Netanya en Israël, entourée de ses fils Peter-Martin et Ronny et de sa fille Michaela.

En fin de volume, il y a une petite liste des personnages principaux, parmi lesquels figurent Rudolf Höss, chef et Josef Mengele, médecin du camp.

L'ouvrage d'Antonio Iturbe m'a énormément plu et j'ai été fasciné de lire ce que des livres peuvent représenter à des gens, certains touts petits, qui n'ont plus rien, même pas de lendemains assurés. C'est une épatante histoire de courage et d'humanité dans un des pires endroits que notre monde a jamais connu. Ou comme Sandrine, "Biblioroz" sur Babelio, l'a si merveilleusement formulé : "Heureusement qu'au plus profond de la noirceur des lueurs humaines scintillent".
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Dans un monde idéal, ce roman ne serait qu'une terrifiante dystopie. Rien de ce qu'il raconte n'aurait existé. le lecteur tremblerait seulement d'effroi en se disant qu'heureusement, la vie est belle…

La vie est belle. Comme ce film que j'aime tant et qu'on retrouve un peu dans ce roman dans sa façon de mettre un peu de lumière dans un ignoble chaos.

L'inhumanité est bel et bien là. Elle a existé, elle peut surgir à tout moment de notre bêtise collective… Si nous ne prenons pas garde.

Au beau milieu de l'horreur, une petite fille se bat, avec toute la force de son innocence et de son insolence pour faire vivre les livres. Huit livres qui ont échappé à la destruction. La jeune Dita se bat, sans même le savoir, pour un monde meilleur. Son histoire, c'est celle du courage, de la ténacité, du feu sacré d'une enfant qui n'en est plus vraiment une.

Elle se fait passeuse de livres, protectrice de l'espoir et il faut savoir que Dita, Dita Polachova de son vrai nom, est encore en vie et l'auteur s'est longtemps entretenu avec elle pour écrire ce roman. Cela donne à son récit un véritable souffle de vérité. Entre sourires sincères et larmes horrifiées.

Il est question d'humanité, oui, qui derrière un sujet difficile, raconte des destins extraordinaires. Il est question de livres qui « sauvent » et offrent comme une porte de sortie.

Cette histoire mérite un peu de lumière tant elle offre une vision, un regard sur ce qu'on n'ose pas regarder en face. Loin des prix littéraires et des modes, forcément bouleversant, il offre aussi de sa belle lumière et montre à quel point l'homme reste Homme, même dans les pires conditions.
On ne se lance pas au hasard dans une telle lecture et pourtant, elle reste un devoir de mémoire, pour ne jamais, jamais fermer les yeux ou oublier que nous avons pu en arriver là.

Car cette étoile jaune, ce triangle rose, ces marquage infernaux, auraient pu être épinglés à notre veste.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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L'écriture d'Antonio Iturbe est magique car elle impose des lentilles au lecteur, le plaçant face à un miroir déformant qui parfois le fait converger très près des descriptions insupportables de la réalité du camp d'Auschwitz-Birkenau et qui d'autres fois l'éloignent volontairement.
La bibliothécaire d'Auschwitz est en résonnance avec nos vies car l'auteur espagnol se sert de sa sensibilité de conteur pour incarner les portraits de ses personnages.

Des pages, des mots, des métaphores, des digressions sur des oeuvres-clés de la littérature pour raconter l'irracontable, une poignée de pages pour raconter l'opération criminelle la plus abjecte de l'Histoire.
Des jeux de mots, de l'ironie, de la compassion, pour faire connaître le destin de ces héros sans cape, de ces êtres humains qui ont eu la force et la chance de réchapper de l'Enfer.

Et pour taper fort, Antonio Iturbe tape fort. le lecteur se retrouve parfois au bord de l'asphyxie, avec l'envie de sortir dans la rue pour hurler de douleur face à tant d'horreur.
La bibliothécaire d'Auschwitz a risqué sa vie pour faire perdurer la magie des mots pendant l'Holocauste, l'auteur nous livre une oeuvre d'une grande humanité.

Pour ne jamais oublier !


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Un ouvrage qui a emporté littéralement la lectrice boulimique que je suis… Un einième texte qui nous parle du Courage et des Livres, outil magique de rebellion et de résilience… au milieu de toute barbarie, quelle que soit son nom !

« Ces engins, tellement dangereux que leur possession justifie la peine maximale, ne tirent pas de projectile et ne sont pas non plus des objets pointus, coupants ou contodants. Ce que les implacables soldats du Reich redoutent tant, ce ne sont que des livres: de vieux ouvrages sans les reliure, aux pages arrachées et presque en lambeaux. Mais les nazis les traquent, les chassent et les bannissent d'une façon qui tourne à l'obsession. Au cours de l'histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu'ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n'importe quelle autre couleur de peau, qu'ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont très dangereux , ils font réfléchir. “(p.14)

Une curiosité vivement “titillée”par cette “Bibliothécaire d'Auschwitz », Tina Kraus, qui a réellement existé, et avec laquelle le journaliste-romancier, Antonio G. Iturbe s'est entretenu longuement….

Une couverture sobre , fortement explicite…Ce sont, bien sûr, en apercevant ce vieux livre tenu par les mains d'une petite fille, assise sagement, on l'imagine très captivée par sa lecture, lui faisant oublier l'étoile « infamante »… (dont on ne voit pas le visage… mais on aperçoit un bout de l'étoile jaune) qui ont attiré en premier mon regard, pendant une flânerie dans une de mes librairies attitrées [ « Caractères « / Issy-les- Moulineaux ] !...

Une très belle oeuvre émouvante et grandement inspirante, au style fluide et poétique. ..
« Fredy Hirsch l'observait en silence, réjoui par son regard fasciné et sa bouche ouverte tandis qu'elle feuilletait l'atlas. s'il avait eu encore un doute quant à la responsabilité qu'il confiait à cette petite Tchèque, il s'était dissipé en cet instant. Il avait su qu'Edita s'occuperait soigneusement de la bibliothèque. Elle avait ce lien qui unit certaines personnes aux livres. Une complicité que lui-même ne possédait pas, trop actif pour se laisser absorber par les lignes imprimées sur du papier. Freddy préférait l'action, l'exercice, les chansons, les discours...Mais il avait compris que Dita avait cette empathie qui fait que, pour certaines personnes, et pour elles seules, une poignée de pages se transforme en un monde entier. « (p. 45)

Dita, toute petite, est arrachée à une vie de famille aimante, vivant à Prague… d'exclusions en exclusions de plus en plus violentes envers les juifs, Dita vivra avec ses parents au ghetto de Terezin, à Prague, pour être emportée , ensuite, dans l'horreur du camp d'Auschwitz…en 1942 !

Dans ce dernier, il y a , curieusement, un espace réservé aux enfants [ avec aussi omniprésent, le redoutable médecin Mengele] sollicité et induit par Fredy Hirsch, un éducateur juif. Ce dernier la remarquera, et demandera à l'adolescente de prendre soin de la très modeste bibliothèque, constitué de huit livres, sauvés de la destruction, que les prisonniers ont réussi à dissimuler aux gardiens du camp. Dita, même terrifiée, s'acquittera de cette responsabilité avec beaucoup de sérieux et de courage…

Le récit nous fait nous attacher irrésistiblement à cette très jeune fille, forte d'une détermination peu banale , au quotidien du camp, avec moult personnages attachants, qui résistent chacun à leur façon… et puis , ceux pour qui la survie a des visages honteux , simplent lâches [comme ceux qui dénonceraient, pour une soupe! ]


Livre d'autant plus incroyable qu'il a été rédigé par un écrivain-journaliste espagnol …offrant en détails l'histoire allemande, ainsi que la grande Histoire et celle des individus, broyés, massacrés par le régime nazi…

En passant, un sentiment de reconnaissance pour la traductrice… même si je ne connais pas l'espagnol, nous lisons ce texte, sans imaginer qu'il a fallu un travail supplémentaire sur une autre langue pour que ce roman fort documenté, arrive jusqu'à nous…Le style, la forme , fluides, semblent aller de soi…

Cet ouvrage m'aura fait connaître cette très jeune « bibliothécaire », Tina, qui restera aussi courageuse toute son existence, et à travers sa jeunesse massacrée, sa passion et son extrême volonté à protéger et transmettre les livres, dans le bloc des enfants d'Auschwitz , sa rencontre unique, exceptionnelle avec le chef du camp des enfants, Freddy Hirsch, personnalité extraordinaire , sur lequel j'ai été faire quelques recherches complémentaires...

Personne ayant existé, au parcours aussi flamboyant, courageux que tragiquement court !
Merci à Antonio Iturbe d'avoir mis en lumière cet homme… et sa vaillante et précoce bibliothécaire, Dita…belles personnes que nous suivons avec autant d'admiration, de tendresse que de frayeur… tant leur vie quotidienne au camp, peut basculer d'une seconde à l'autre !
@Soazic Boucard @

***[Voir lien ***https://fr.qwe.wiki/wiki/Fredy_Hirsch ]

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Comme souvent quand une lecture m'a particulièrement touchée, il m'a fallu prendre un peu de recul avant de tenter d'exprimer mon ressenti à la suite de celle-ci. "La bibliothécaire d'Auschwitz" n'est pas un roman, une histoire, dont on ressort intact et pareil qu'avant. Ce n'est pas ma première incursion dans l'univers terrible d'Auschwitz et de la période qui s'y rattache, mais elle avait ceci de particulier que Dita, l'héroïne, n'est pas un simple personnage : elle a bel et bien existé, traversé les épreuves relatées, et vit toujours entre Israël et Prague, sa ville d'origine où elle continue d'effectuer des pèlerinages réguliers.

Il s'agit davantage d'un récit de vie un peu romancé, celui d'une adolescence à l'heure où les bottes nazies commencent à piétiner l'Europe et où les familles juives sont peu à peu contraintes à déménager dans des quartiers précis, puis comme c'est le cas à Prague dans des ghettos où la liberté sera de plus en plus restreinte. La jeune Dita va vivre cette dégringolade sociale en quelques mois, passant d'un bel appartement lumineux et moderne au ghetto de Terezin, qui n'est pourtant que l'antichambre d'un enfer bien plus redoutable : le tristement célèbre camp d'Auschwitz-Birkenau, où elle sera déportée avec sa famille en décembre 1943. Et encore, dans leur malheur ils auront la "chance" d'être affectés au camp familial, ce leurre mis en place pour berner la Croix-Rouge lorsqu'elle viendra inspecter les lieux, ne soupçonnant pas qu'à quelques mètres à peine aucun enfant ne survit plus de quelques heures...

Et c'est là, au sein du camp, dans le bloc 31 précisément, que la vie de Dita va prendre un tournant grâce à Fredy Hirsch (héros bien réel lui aussi) qui va lui confier la tâche prestigieuse mais aussi terriblement périlleuse de gérer la "bibliothèque" clandestine constituée de huit livres introduits ici au prix du danger, les livres étant absolument bannis par les SS, puisque la connaissance est infiniment plus dangereuse que bien des armes.
Le bloc 31 est en apparence une simple garderie destinée à occuper les enfants par des chants et des pantomines inoffensives, mais en réalité il abrite une école secrète dont les adultes responsables ne perdent pas une occasion d'instruire les jeunes. Et ces quelques pauvres recueils, un atlas, un manuel de géométrie, une grammaire russe, un traité de psychanalyse de freud et 2-3 romans sont un véritable trésor que Dita va s'employer à préserver et à maintenir en état à tout prix, alors même qu'elle se sait surveillée par l'ogre Mengele.

J'ai tremblé pour elle à maintes reprises, je l'ai suivie émerveillée dans sa lecture de "Le brave soldat Chvéïk" de Jaroslav Hašek, un livre jugé "subversif" qu'elle découvrira cachée dans des latrines puantes. J'ai fait connaissance avec les autres figures du camp, parfois amies, parfois disposées à trahir les leurs pour quelques morceaux de pain, j'ai découvert les tractations incessantes pour des crayons, une place sur une paillasse, un peu de couture, ou d'autres "faveurs" plus ou moins avouables. L'angoisse, aussi, sachant qu'au bout de six mois, l'avenir des habitants du camp familial va basculer on ne sait vers quoi... J'ai vécu des moments lumineux, parce que même quand tout paraît sombre, certains gardent comme Dita la capacité à emmagasiner des petits bonheurs, ou de faire ressurgir un "album photo", intime et immatériel, rempli de souvenirs des jours heureux.
Et puis, j'ai réalisé qu'il y avait encore pire après Auschwitz, jusqu'à l'arrivée des alliés...

Je ressors bien entendue bouleversée de ma lecture, mais surtout admirative de la résilience dont les survivants ont fait preuve (j'en ai d'ailleurs été témoin direct, avec ce que mon grand-père m'a raconté de ces années-là, et aussi au travers d'une rencontre avec Ginette Kolinka il y a quelques années). Il faut absolument que les générations d'après la mienne continuent à être informées de ce qui s'est passé dans les camps, même si cela va devenir bien plus difficile très prochainement, puisque les survivants ne sont maintenant plus qu'une poignée. Nous constatons actuellement la "faculté" d'oubli de l'humain, avec les conflits en cours, c'est comme si l'histoire n'avait apporté aucune leçon. Je l'avoue humblement, j'ai peur de la décennie à venir, je me sens de plus en plus pessimiste quant à la capacité de nos dirigeants à éviter de retomber dans l'escalade et les erreurs déjà commises par le passé. Je veux croire en la jeunesse cependant, et j'espère qu'elle sera en capacité de rectifier le tir quand elle parviendra aux manettes, parce qu'il y a du pain sur la planche... En attendant, nous pouvons toujours lire et relire des ouvrages comme "La bibliothécaire d'Auschwitz", tant qu'ils ne seront pas censurés.
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critiques presse (1)
ActuaBD
19 septembre 2022
Cet album est [...] un bel outil de transmission qui valorise la défense de la culture aux marches de la mort. Sans doute, mais l’approche esthétique nous semble problématique.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (268) Voir plus Ajouter une citation
Ces engins, tellement dangereux que leur possession justifie la peine maximale, ne tirent pas de projectile et ne sont pas non plus des objets pointus, coupants ou contodants. Ce que les implacables soldats du Reich redoutent tant, ce ne sont que des livres: de vieux ouvrages sans les reliure, aux pages arrachées et presque en lambeaux. Mais les nazis les traquent, les chassent et les bannissent d'une façon qui tourne à l'obsession. Au cours de l'histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu'ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n'importe quelle autre couleur de peau, qu'ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont très dangereux , ils font réfléchir. (p.14)
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Au cours de l’Histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu’ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n’importe quelle autre couleur de peau, qu’ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont très dangereux, ils font réfléchir.
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Certains ne partageront peut-être pas cette fascination pour le fait qu'une poignée de personnes aient joué leur vie afin de garder ouverte une école secrète et une bibliothèque clandestine à Auschwitz Birkenau . Certains penseront peut-être qu'il s'agit d'un acte de bravoure inutile dans un camp d'extermination , où il y a d'autres préoccupations plus impérieuses : les livres ne soignent pas les malades et ils ne peuvent pas non plus être utilisés comme des armes pour renverser une armée de bourreaux , ils ne remplissent pas l'estomac et n'étanchent pas la soif . C'est vrai : la culture n'est pas nécessaire à la survie de l'homme , seuls le sont le pain et l'eau . Mais si l'homme peut survivre en ayant du pain à manger et de l'eau à boire , quand il n'a que cela , c'est l'humanité tout entière qui s'éteint . Si l'homme n'est pas ému par la beauté , s'il ne ferme pas les yeux pour mettre en marche les mécanisme de son imagination , s'il n'est pas capable de se poser des questions et d'entrevoir les limites de son ignorance , c'est un homme ou c'est une femme , mais ce n'est pas une personne ; rien ne le distingue d'un saumon , d'un zèbre ou d'un bœuf musqué .
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Elle a du mal à comprendre ce que l'auteur veut raconter. Ce soldat loufoque répond d'une façon si minutieuse et détaillée aux questions et indications de ses supérieurs que les réponses traînent en longueur, s'éternisent, se ramifient en digressions et en petites histoires de parents ou de voisins que le soldat, avec tout le sérieux du monde, introduit dans son raisonnement de la manière la plus absurde [...].
Et Dita se surprend à lâcher un ricanement [...]. Elle se réprimande aussitôt. Comment un personnage aussi stupide peut-il la faire rire ? Elle se demande même un instant s'il est permis de rire après tout ce qu'il s'est passé, avec tout ce qu'il continue de se passer. Comment peut-on rire quand il y a des êtres chers qui meurent ?
Elle songe un instant à Hirsch, qui a ce perpétuel sourire énigmatique. Et elle a soudain une révélation : le sourire de Hirsch est sa victoire. Son sourire dit à celui qu'il a en face de lui : je suis plus fort que toi. Dans un endroit comme Auschwitz où tout est conçu pour faire pleurer, le rire est un acte de rébellion.
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"Peu importe combien d'écoles les nazis fermeront. À chaque fois qu'une personne s'arrêtera dans un coin pour raconter quelque chose et que des enfants s'assiéront autour pour écouter, une école aura été fondée".
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