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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un monde où il faut trois cents ans à la terre pour tourner sur elle-même, il existe des peuples qui traversent les terres d'est en ouest pour survivre et préparer l'avenir des jeunes descendants. Parmi eux se trouve le peuple du Levant, une ethnie parcourant les terres du désert de l'Est, aux glaciers de l'Ouest. C'est la marche du Levant et concerne le royaume d'Odessa, ville mobile qui se dirige vers Polaria. Malgré son nomadisme, le royaume d'Odessa est très bien structuré, avec ses guerriers, ses guetteurs, ses ministres et ses chefs armés.

Accompagnés de chevaux tigrés et de rennes blancs, le convoi est prêt à prendre une nouvelle fois la route avec, à sa tête, Célérya.

Célérya est une jeune femme émérite qui a durement été formée depuis son enfance à survivre, à se battre et à affronter la dure loi de son peuple. Son expérience et ses compétences font d'elle un élément clé du peuple du Levant. Guidée par une étrange prophétie, elle va devoir participer à une longue épopée à travers les terres dangereuses.

Ce roman m'a été proposé et envoyé il y a quelques semaines par les éditions Albin Michel imaginaire que je remercie pour cette lecture. Vu le thème abordé, j'ai préféré attendre mes vacances pour m'y plonger pleinement et j'ai bien fait car ce livre demande beaucoup de concentration et de calme. Il s'agit d'un roman fantasy dans lequel on trouve un monde imaginaire parfaitement bien construit, une héroïne coriace à la forte personnalité et des personnages et créatures mythologiques et mystérieuses.

J'ai aimé la femme que représente Célérya, courageuse, battante, réfléchie qui vit dans un monde d'hommes et de violence. Lorsqu'elle prend la tête du convoi et guide le peuple à travers les terres, elle doit faire preuve de prudence et d'intuition. J'ai aimé ce personnage hors du temps.

Dans "La Marche du Levant", il y a de l'aventure, des batailles, et des dynasties qui survivent, d'autres qui s'éteignent.

Le voyage des lieux désertiques aux glaciers s'étend sur de nombreuses années, beaucoup d'hommes savent qu'ils ne vivront pas jusqu'à leur destination mais continuent la marche, contribuant ainsi à faire avancer le groupe au plus proche d'un meilleur destin.

Sans en dévoiler trop, sachez qu'avec cette lecture vous traverserez Syberya, Amerika et d'autres contrées. Les chapitres sont divisés en "Chants". On y parle non seulement de cette marche, mais aussi de religion, de fanatisme, des gardiens des versets et d'un Dieu nommé "Krön".

"Que resterait-il de notre civilisation sans L Arche et les Versets ?"

Une très bonne lecture que j'ai pris le temps de savourer. le monde imaginaire créé par Léafar Izen foisonne de détails, il ne faut rien rater et ouvrir cette lecture dans un moment de calme mais une fois dedans, il est difficile de quitter Célérya et les siens. La fin est particulièrement étonnante, j'ai vraiment adoré !

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Une planète où le jour dure 300 ans : la population est contrainte de se déplacer au rythme du soleil pour survivre, en cherchant les couloirs à travers les montagnes ou les mers. Ceux du Levant assistent à la fonte des glaces et au réveil de la nature tandis que ceux du Couchant fuient la nuit glacée… Et Odessa, la capitale de la Marche du Levant (lire aujourd'hui un livre qui imagine une capitale de tout un peuple en la baptisant Odessa — le roman a été publié en 2020 — provoque un pincement au coeur), poursuit sa longue route avec ses chariots tirés par des buffles, ses palais portés par des aérostats, ses guerriers et ses marchands qui vivent dans des tentes ou des baraquements. Un monde prétechnologique entouré par divers peuples, comme les Nördtzins du Nord (oui oui) qui rappellent les Vikings, les Guetteurs qui survivent dans les déserts, sans compter des hordes dangereuses. le lecteur comprend assez vite qu'il s'agit de notre Terre, le nom des territoires traversés étant très proches de ceux que nous connaissons. Dans ce monde, les fidèles de la religion des Versets attendent la réalisation de la Prophétie, qui annonce la naissance d'une enfant qui mènera son peuple vers l'Arche du Destin.

Celerya est une jeune assassine qui, après avoir fait ses preuves, est acceptée dans la Guilde des assassins. Mais cette organisation est achetée par le pouvoir d'Odessa pour manipuler ses ennemis, que ce soit à l'intérieur du Palais ou dans des contrées lointaines. Car Odessa est gouvernée par un Archiprêtre qui se vautre dans le luxe et la luxure alors que les Guetteurs survivent à peine et doivent payer un lourd tribut pour bénéficier de la protection de la capitale, qui pourtant ne manque pas de mépriser ce peuple du désert. Or les Versets affirment que l'enfant tant attendu naîtra chez eux.

Pendant ce temps, chez ces Guetteurs, une enfant est détectée puis désignée comme étant Akeyra, l'héroïne de la Prophétie censée apporter un immense espoir.

On retrouve quelques tropes de la fantasy dans ce roman : une prophétie, une société divisée en castes et en peuples très distincts, des guerriers farouches et quasi invincibles, et j'en passe. Heureusement, l'auteur a l'intelligence de présenter une prophétie « forcée », dans le sens où des personnages s'arrangent pour que la réalité corresponde à cette prophétie, dans leur propre intérêt. C'est dommage qu'il ne soit pas allé plus loin avec cette idée : j'attendais les conséquences de ce mensonge.

La plume de l'auteur et surtout son talent pour rendre vivant son univers sont notables : citons la longue pérégrination d'Odessa, le Nord et le désert, la nature qui s'éveille quand le soleil arrive, ou encore l'Armada sur les mers. C'est un grand point fort du roman. La ville d'Odessa est vivante, elle bouge — littéralement — et elle grouille. La nature évolue au rythme de ce long jour, en sortant lentement des glaces de la nuit, et des graines doivent être plantées pour devenir des arbres, bien des années plus tard, lors de l'arrivée d'Odessa. Chaque peuple a construit un mode de vie intimement lié à son environnement : ceux de la capitale, lieu de pouvoir et de commerce qui subit un nomadisme contraint, ceux du Nord glacé, ceux du désert, et ceux des mers qu'on découvre en même temps que les protagonistes.

Cette histoire était au départ prévue pour être une trilogie, remaniée pour devenir un seul roman. Peut-être est-ce l'explication de certaines actions trop rapidement brossées, voire résumées : j'ai parfois été frustrée lors de passages qui auraient mérité plus de descriptions et auraient pu animer le récit. J'ai aussi regretté que maints personnages secondaires ou tertiaires ne soient jamais nommés mais seulement désignés par leur fonction, les transformant en personnages de papier.

Pour ce qui est de la construction du récit, les trois tomes d'origine ont été changés en trois « chants », et autant le premier et le deuxième sont appréciables, autant le dernier manque singulièrement de tension dramatique — sauf lors d'un grand affrontement dans sa conclusion — alors même qu'il narre l'épopée finale de tout un peuple. Certes, pendant de ce troisième « Chant » on nous parle à tout-va de la Prophétie que tous les personnages attendent, mais ce n'est pas suffisant pour être palpitant.

Quant à l'épilogue, il est surprenant et renverse la perspective. Bien vu. Il conduit à classer ce roman en science-fiction, car si le reste du roman se place dans un monde imaginaire, ce dernier n'est pas surnaturel, sauf à considérer un long jour de 300 ans comme magique.

En conclusion : un univers imaginaire extrêmement bien décrit dans lequel on plonge avec bonheur, mais quelques défauts dans la narration. Néanmoins, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce livre : le dépaysement est au rendez-vous.

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La Terre a pris un sacré coup de vieux. Maintenant, elle tourne à la vitesse de l'escargot. Un jour y dure plusieurs mois. de même pour la nuit. Car notre bonne vieille planète met trois cents ans pour faire un tour sur elle-même : c'est le Long Jour. Les humains l'habitant ont dû s'adapter. Ils doivent migrer, faire avancer leurs habitations pour suivre le cycle de l'astre et survivre ainsi au rude climat.

Une Terre au ralenti
Une ville qui se déplace régulièrement, ça ne vous rappelle rien ? « J'avais atteint l'âge de mille kilomètres » non plus ? Si : le début du célèbre Monde inverti de Christopher Priest, où la cité du narrateur est obligée de se déplacer pour échapper à la déformation du monde. Dans La Marche du Levant, la ville d'Odessa doit avancer pour éviter les rigueurs du climat : le désert s'étend avec le soleil, tout comme les glaces reculent. Il faut rester dans la zone tempérée afin de vivre correctement. Mais il faut, pour cela, régulièrement faire tirer les demeures par de puissants animaux. Et toutes les autres peuplades sont victimes de ce changement de rythme par rapport à ce que nous connaissons de nos jours. Certaines campent dans les régions froides. D'autres vivent sur des navires qui, liés ensemble par moments, peuvent ressembler à des cités flottantes. D'autres, enfin, comme des barbares sauvages, se déplacent sous forme de hordes semant la terreur et la désolation.
Une prophètesse, une destinée
Face à cette vie difficile, les hommes ont le secours de la religion. Les Versets annoncent l'arrivée d'un prophète qui les mènera à l'arche capable de les libérer. Et c'est cette croyance, fortement implantée dans l'esprit de plusieurs individus, qui va amener à changer un équilibre, certes précaire, mais installé. Une jeune fille naît dans une tribu lointaine. Désignée, bien malgré lui par un prêtre mourant, son destin est pris en main par des croyants qui la préparent à son destin : emmener son peuple vers la liberté, vers un autre monde au climat plus favorable, à la rotation moins lente, vers cette arche aux pouvoirs magiques censée les guider. Une arche magique qui permet à un peuple de se déplacer : Stargate, es-tu là ?

Des influences en veux-tu en voilà
La Marche du Levant est truffée de références, d'emprunts, de copies, selon que vous aurez apprécié le roman ou pas. de mon côté, comme j'ai aimé me laisser bercer par l'histoire, j'ai plutôt passé une partie de ma lecture à tenter de reconnaître les oeuvres où l'imagination de Léafar Izen a trouvé sa source. Et j'ai eu du travail. Et j'en ai sans doute manqué des tonnes, car ma culture littéraire et cinématographique n'est pas suffisamment étendue. Mais cela ne m'a pas empêché d'entrer rapidement dans le récit. Tout comme le côté parfois caricatural de certains personnages ne m'a pas autrement bloqué. Même si l'Archiprêtre, par exemple, est encore un de ces hommes d'église typiques des récits de SF : avide de pouvoir, égoïste, adepte de la bonne chère et de la chair fraîche, prêt à sacrifier n'importe qui pour conserver, voire augmenter son influence (on en retrouve un exemple dans Rive droite de Pierre Bordage).

Une fin de pure SF
Difficile de ne pas parler des quelques dernières pages qui font définitivement basculer ce roman dans le giron de la SF. Car, autant le récit dans son ensemble possède nombre de caractéristiques de la fantasy (pas seulement, mais quand même beaucoup), autant l'épilogue (un peu prévisible, il faut tout de même le dire), qui explique finalement tout le système de ce monde, ancre sans hésitation La Marche du Levant dans la SF pure et dure. Mais en dire plus serait franchement malvenu : évitons de spoiler / divulgâcher !

La Marche du Levant n'est pas exempt de défauts, loin de là. Malgré tout, Léafar Izen est parvenu à m'entraîner sur sa planète moribonde, derrière des peuples décidés à ne pas se laisser vaincre par une nature devenue franchement hostile. Il a su me faire aimer ses personnages, l'assassine Célérya, la prophétesse Akeyra, et à rendre leur destin important pour moi. Il m'a fait rêver et voyager, par étapes, à travers l'espace et le temps. Et de cela, je le remercie.
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Après le mobile-home, voici le mobile-town Izen, technologie brevetée par AMI Technologies.

Tu es de nature casanière ? Tu adores ton chez toi ?
Léafar Izen a trouvé la solution pour que tu puisses tout de même partir en voyage tout en gardant tes repères : transporter tout ton écosystème avec toi !

Sur le site d'Albin Michel Imaginaire, ce roman est étiqueté Fantasy épique et Hard-SF, ce qui peut interroger. Mais après lecture, force est de constater que ce classement est - presque - le bon, même si en ce qui concerne la fantasy, nous sommes plus dans le Canada dry : cela a la couleur de la fantasy, le goût de la fantasy, mais ce n'est pas de la fantasy ! Mais avant de fuir face à l'épouvantail Hard-SF, prends le temps de lire encore deux trois lignes.
L'univers que nous propose l'auteur a une particularité : une journée dure 300 ans, ce qui a de fâcheuses incidences pour la ville d'Odessa, qui doit chaque jour suivre la course du soleil pour ne pas cuire sous son zénith. Voilà donc cette hard SF qui te fera, si tu es aussi con que moi, jouer avec tes neurones. Car l'auteur te dévoile les particularités de ce monde petit à petit, au fur et à mesure de cette marche du levant. Et là, je préfère ne pas en dire plus car c'est ce qui fait le sel de ce roman d'après moi. Même si l'idée n'est pas original (Priest et son monde inverti ou encore mon cher Robert Charles Wilson et son Vortex,...), les petites cachotteries de l'auteur m'ont donné envie d'aller toujours de l'avant pour comprendre son univers.

Ce récit alléchant fait partie du chant premier, les deux autres étant malheureusement beaucoup plus classique, prenant les chemins d'une inspiration fantasy avec prophétie et tout le toutim. Et cela est assez linéaire, même si les bonds en avant dans le temps permette de garder l'intérêt du lecteur. Qui en a grand besoin lorsqu'une révolte enflamme la ville et que le ridicule se rapproche dangereusement. Et lorsque les dauphins apparaissent, que l'ourson pointe le bout de son museau, la question de l'apparition de chatons mignons m'a beaucoup fait flippé !!!

Faut-il le lire alors ? Oui, car le début (le chant premier) et la chute valent clairement le détour. Des sujets tels que le racisme, la place de la femme y sont abordés en douceur. C'est un roman qui permet de découvrir un monde autre ( ? ) et permet de s'interroger sur l'après. le personnage de Célérya plaira aux adeptes de Benvenuto du Gagner la guerre.
Un roman qui pourra initier aux genres de l'imaginaire, ainsi qu'aux lecteurs plus avertis si ils ne veulent pas trop d'originalité, mais vivre l'aventure d'une mythologie en marche.

Trilogie à l'origine, je ne remercierai jamais assez Gilles Dumay son éditeur d'en avoir fait un one shot, même si mon côté gourmand aurait préféré plus de développement sur l'organisation de cette marche du levant.
Et comme toujours avec cet éditeur, une version numérique propre et un prix doux.
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La Lune est dite en rotation synchrone vis-à-vis de la Terre : ses périodes de rotation et de révolution sont égales, de sorte qu'elle présente toujours la même face depuis notre astre.

Imaginons que la Terre – elle-même satellite du Soleil – soit sur le point de subir pareil sort.
Quelles en seraient les conséquences ?
Une idée simple. Encore fallait-il y penser. Léafar Izen l'a fait et nous sert sur un plateau d'or et de cuir un monde fascinant, crédible, visuel et esthétique. Un monde où prophéties et luttes de pouvoir s'entremêlent pour tisser le destin des peuples qui marchent encore. Un monde, enfin, d'espaces et de liberté, de bravoure et d'espoir. Un monde façon Léafar Izen.

Mais encore ? Très concrètement, en ces temps qu'on devine vaguement lointains, la « course » du Soleil n'est plus qu'une lente marche, au point que nos jours de 24h sont devenus des « Longs Jours » et que nul ne vit assez longtemps pour voir le suivant, bien que l'espérance de vie se soit par ailleurs allongée.
La conséquence la plus visible de cette nouvelle donne astronomique est que l'hémisphère faisant face au Soleil n'est plus que sable et roches calcinées, tandis que l'hémisphère opposé se retrouve gelé sous une banquise gigantesque. Entre ces deux zones de mort, deux fenêtres d'espace vital larges de quelques longitudes à peine : le « Levant » et le « Couchant ». Chacune se décalant d'est en ouest au rythme lent de la marche du Soleil. Pour les humains comme pour les animaux, un seul mot d'ordre : marcher, nager, ou périr lentement mais sûrement !

Après lecture de ce beau pavé de 640 pages, ma première réaction est une petite déception :
- le concept est génial (quels auteurs de SFFF ne l'ont pas jalousé à sa parution ?).
- Il est original, à la fois simple et puissant par les possibilités qu'il ouvre (le seul titre approchant que je connaisse est le Monde Inverti, de Christopher Priest, avec une hypothèse et une exploitation bien plus complexes).
- le worldbuilding développé par l'auteur est fantastique, et ma foi sa plume tient la route !
Alors, pourquoi ne pas avoir tout misé dessus ? Je veux dire, un tel univers se suffisait à lui-même.
Je pense qu'il y avait matière à frapper fort, telle La Horde du Contrevent d'Alain Damiaso (qui présente bien des similitudes, au-delà du titre).
Au lieu de cela, l'auteur a choisi de plaquer sur cet univers génial tout ce qui se fait de plus classique dans une Fantasy, disons, grand public : lutte de pouvoir et intrigues en haut lieu, prophétie millénaire annonçant la libération du peuple par un enfant à naître, guerriers héroïques et guilde de voleurs…
Je peux comprendre les raisons. Dérouler des tropes qui ont fait leurs preuves et capter ainsi un large public.
Malheusement, ce remplissage ne fait pas que ternir l'idée maîtresse. Il présente également de nombreuses faiblesses.


Structurellement, l'histoire est découpée en trois parties égales appelées « chants ». Un très court épilogue assez spécial clôt le roman – j'y reviendrai. Un obscur avertissement encore plus court le précède ; n'oubliez pas d'y revenir après la fin !
Le premier chant raconte la naissance de l'enfant élue, le deuxième sa prise du pouvoir, le troisième relate son règne, jusqu'au dénouement. La prophétie comme fil conducteur.
Un découpage logique et classique aux transitions bien marquées, mais qui peut poser quelques problèmes de rythme. Ainsi, le deuxième chant est assez long à se mettre en place : après une dizaine d'années écoulées, l'héroïne Célérya tarde à retrouver ses marques et ses anciennes connaissances dans la ville d'Odessa. le troisième chant pose problème car, s'étirant sur près d'un siècle (les humains de cette époque vivent typiquement 130 ans), on voit les personnages principaux vieillir au fil des pages, ce qui est assez déstabilisant. En tout cas, le rythme relativement resserré des deux premiers chants est complètement distendu dans cette troisième partie.


J'ai dit que l'histoire relevait de la Fantasy, mais il est permis d'en douter, notamment au vu de l'épilogue. Mon point de vue est essentiellement pratique : à mon avis, le lecteur de Fantasy sera à son aise au cours de cette Marche du Levant, tandis que l'amatrice de SF risque fort d'être déçue. L'épilogue est certes sympa, mais je le vois davantage comme la cerise sur le gâteau : un ornement qui offre une nouvelle perspective, mais pas au point de chasser le ressenti de 637 pages. Cerise sur le gâteau aussi parce que, après tout, cette chute ne me semble pas essentielle. Son absence ne m'aurait pas choqué, non plus que d'autres scénarios alternatifs dont une demi-douzaine encombrent mon esprit. Et s'il apporte des réponses, il soulève également d'autres questions.

La Fantasy est signée d'entrée de jeu par le duo de personnages principaux élaborés par l'auteur.
Célérya la Voleuse Assassine et Oroverne le Guerrier-Barbare sont en effet de purs archétypes de classes de personnages issus des jeux de rôles. Tandis que le style fortement moyenâgeux de l'univers et l'intégration de batailles épiques évoquent l'Heroic-Fantasy.
De manière intéressante, le terme « classe » de personnage (comprendre « carrière »), qui fait partie du jargon des jeux de rôle, est explicitement utilisé dans le texte !
La filiation se voit aussi :
- à l'importance donnée à certaines activités typiques : équipement des personnages, montée en niveau (progression), recrutement, passages à l'auberge du coin…
- au questionnement autour de la morale, omniprésent chez Célérya.
- au rappel incessant de ce qui distingue les qualités martiales d'un assassin et d'un Guerrier-Barbare.
- au combat final d'Oroverne, formidable clin d'oeil à la capacité spécial « berserker » des barbares dans les jeux de rôle.

Une Fantasy sans magie serait bien fade. C'est pourtant le pari intéressant de Léafar Izen, du moins en apparence. Car en cherchant bien, on trouve ici et là quelques manifestations magiques, sinon surnaturelles :
- Dans le premier chant, Oroverne invoque une sorte d'esprit lors d'une séance de spiritisme à laquelle assiste Célérya.
- L'appel d'Ovoverne à ses dieux (lors de l'invocation de l'esprit ou lors de son combat final) a pour effet secondaire de consommer des années de vie.
- L'« Absenteur » possède des pouvoirs surnaturels manifestes, bien que très circonscrits.
Enfin, Célérya et Oroverne évoquent la classe de « mage » au cours d'une discussion.

Le traitement Fantasy suit une progression également intéressante : très marqué dans le premier chant, il s'estompe dans le second pour pratiquement disparaître dans le troisième.


Dans La marche du Levant, les personnages sont à l'honneur. Avec un rendu inégal, proportionnel aux paragraphes investis. La grande gagnante est donc l'héroïne Célérya, suivie déjà loin derrière par son compagnon d'armes Oroverne. Les autres personnages sont vraiment esquissés.

Célérya est la vedette de ce roman épique. Malheureusement elle se paie aussi les plus gros défauts. Avec sa double compétence, on a un personnage expert dans l'assassinat (dague, rapière, arbalète) ainsi que les multiples facettes du vol : déverrouillage, vol à la tire… Aucun problème jusqu'ici. Mais la demoiselle est par ailleurs une beauté irrésistible, ce qui fait d'elle une femme fatale. Soit, du grand classique. Là où ça ne va plus, c'est qu'on nous présente une bretteuse de premier ordre doublée d'une voleuse experte, mais concrètement chaque fois qu'elle doit s'illustrer dans ces domaines, son seul pouvoir de séduction suffit et fait mouche à tous les coups. C'est simple, je crois bien que sur l'ensemble du roman, il n'y a qu'un passage (une ligne) où on la voit personnellement mettre en oeuvre l'une de ses compétences de classe (et ironiquement, cette action ne nécessitait aucune maîtrise). Bref, une parfaite badass sur le papier mais dans les faits, une séductrice. Comme si la liste n'était pas déjà assez longue, la demoiselle est également experte dans l'art du déguisement pour se fondre dans tous les milieux. Un côté Sherlock Holmes qui aurait pu être plaisant s'il ne participait pas, comme l'aspect séduction, au torpillage de l'aspect badass.
Et ce n'est toujours pas fini : la demoiselle est également douée d'un charisme et d'une autorité hors norme puisqu'elle passe son temps à recruter et diriger des groupes de guerriers ou des milices. Là je dis : trop c'est trop ! Entre la roublarde, la bretteuse de l'ombre, la femme fatale qui se déguise et la meneuse d'hommes, il faut faire des choix. Je ne sais pas ce qu'à cherché à faire l'auteur avec ce personnage, mais s'il souhaitait donner vie au « gros bill » des jeux de rôle, c'est réussi…
Ce n'est pourtant pas ce qui m'a le plus agacé chez ce personnage central. le pire est sans doute la couche de romance qui l'encombre. Une romance toujours esquissée mais omniprésente. Dans ses rapports avec les hommes qui l'entourent (Oroverne, le riche marchand Doskyan, l'apprenti voleur Mylano), elle montre des sentiments très forts. C'est rappelé très souvent. Un sentimentalisme qui s'accorde très mal avec le personnage (une femme fatale qui s'éprend ? Une meneuse qui s'attendrit ?) . C'est d'autant plus paradoxal qu'elle n'a de cesse d'enseigner à son apprenti qu'un assassin ne doit jamais baisser sa garde sur le plan des sentiments.
Bref, dans ce roman il faut compter sur une bonne dose de sentimentalisme contre nature, mais cela on le devine dès la première scène avec cette séquence théâtrale : « Célérya n'arrêta sa course qu'au seuil des bras d'Oroverne. ».
Dernier problème avec Célérya : la fin du premier chant marque une évolution significative de son personnage, puisqu'elle renonce à sa carrière de Voleuse-Assassine. Un choix intéressant mais trop risqué à mon avis car on perd ainsi la part la plus vendeuse du personnage, et celui-ci étant déjà assez chargé, on ajoute encore de la confusion. Enfin, cette évolution génère de nombreuses contradictions par la suite.

Oroverne est un personnage assez solide, mais on n'a pas trop l'occasion de savoir ce qui se passe dans sa tête.

L'Archiprêtre est le grand méchant, bien installé au pouvoir. Son comportement vis-à-vis de son entourage le conduit logiquement petit à petit à l'isolement. Je ne l'ai pas trouvé très crédible. Un homme de pouvoir solitaire sans scrupules, mais au comportement paradoxalement enfantin parfois.

Le personnage de l'enfant élue Akeyra pose quelques problèmes. Son aspect central pour l'intrigue principale le met en concurrence avec le personnage de Célérya pour l'identification du personnage principal. Ensuite, il est difficile de s'identifier à elle car l'enfant Akeyra n'est pas loquace, et la future Akeyra régnante n'apparait qu'au troisième chant et évolue dans son caractère.


De manière générale, les personnages principaux de ce roman ont une fâcheuse tendance à s'estomper dans le troisième chant (en même temps que la touche Fantasy) :
- Célérya, devenue proche conseillère d'Akeyra, devient de plus en plus discrète à mesure qu'elle devient vieille. Une sorte de passation de premier rôle au personnage d'Akeyra, on peut dire. Toujours est-il que Célérya n'est plus l'ombre que d'elle-même, ce qui peut laisser un goût amer quand on s'est identifié à elle au fil de ses aventures.
- Si Célérya n'est plus l'ombre que d'elle-même, que dire d'Oroverne ? Sans rien dévoiler, il n'y a plus rien à attendre de ce beau personnage. Dommage car il était porteur de bien des mystères dont on ne saura jamais rien.
- le guetteur du désert Ak Bhalak est un personnage plus intéressant que les autres, car depuis le premier chant un sérieux doute plane sur ses intentions. On le soupçonne d'agir en sous-marin pour ses seuls intérêts personnels et d'avoir peu de scrupules. La clique des héros finit par s'en méfier, et nous faisons de même. Hélas, dans le troisième tome, cette intrigue prometteuse finit par être abandonnée, sans trop de justification.


En vrac, voici les autres faiblesses que j'ai relevées :

- Des aspects peu crédibles, comme Oroverne qui se balade en armure de plate sur la banquise pendant des semaines. Pour relativiser, les soucis de crédibilité ne sont pas gênants dans une Fantasy grand public comme ici, même si en en gommant les aspects surnaturels, l'auteur s'expose un peu plus. Il faut par ailleurs souligner que l'univers est globalement très cohérent et crédible.

- La Prophétie est invoquée plusieurs fois par des personnages souhaitant justifier une prise de risque. Cela donne quelque chose comme : « Ne vous inquiétez pas, il n'est écrit nulle part dans la prophétie que je doive mourir aujourd'hui. ». Une fois, ça passe. Mais c'est répété de nombreuses fois avec quelques variations, et on finit par ne plus voir que le côté artificiel d'un procédé qui permet d'évacuer à moindre coût certains problèmes.

- Des personnages parfois creux, comme les Sélénités Pourpres (un concile de sages, gardiens de la tradition du peuple de la Marche du Levant) et le Grand Invisible (le chef de la Guilde des Voleurs-Assassins). Chacun à leur façon, on les voit débattre âprement avec l'Archiprêtre lors du premier chant. En réalité, ces personnages ne sont pas plus exploités que ça. Leur fonction narrative est essentiellement de donner l'illusion d'une complexité dans un jeu de pouvoir où l'Archiprêtre règne en maître.

- Un roman sans surprises, ou presque. D'un côté, la trame principale est courue d'avance, avec la fameuse Prophétie. de l'autre, les différentes intrigues sont généralement très simples, et même parfois révélées à l'avance, comme c'est le cas avec les plans échafaudés par l'Archiprêtre ou par Brégisor et son clan de rebelles.

- Des intrigues abandonnées. La plus frustrante étant celle du peuple de Polaria, évoquée par l'Archiprêtre dès le premier chant. Bien plus tard, on apprend que ce peuple dispose d'une technologie bien plus avancée que tout ce qui est connu. Pourtant, on n'en saura pas plus. Pfuit !

- Une narration parfois trop elliptique. Les scènes de guerre en usent souvent (ex. : le combat final d'Oroverne ou la grande bataille finale) pour résumer la violence, mais au prix d'une distanciation. Les ellipses temporelles sont très nombreuses et malheureusement difficilement évitables puisque le récit s'étire sur plus d'un siècle.

- Certaines scènes qui s'enlisent et tuent le rythme, comme le deux camps qui se regardent en chiens faïence après le coup d'État.

- Mon plus gros bémol concerne le troisième chant, dont une moitié est consacrée aux rencontres entre le peuple de la Marche du Levant et le peuple voisin allant sous les Tropiques (un peuple maritime). Il s'agit avant tout de la rencontre entre deux cultures que presque tout oppose (mais soumises au même impératif de nomadisme lent. L'auteur traite ces quelque cent pages par une rupture totale de style, abandonnant la Fantasy pour mimer des Lettres Persanes et la littérature qui s'en est inspirée. Un choix très risqué pour un résultat qui m'a rebuté par sa tonalité excessivement naïve sous fond d'exotisme.



Ce que j'ai aimé :

- Il va s'en dire, le concept et le worldbuilding tout entier !
- le premier chant, et tout particulièrement l'épisode sur la banquise.
- L'épilogue.
- L'infiltration du Palais royal.
- L'Absenteur, une merveille d'originalité.
- La plume très agréable.
- le vocabulaire spécifique aux corps de métiers et aux lieux visités. L'expérience de l'auteur comme aubergiste et guide de montagne a sans doute parlé ici.
- Les tournures de phrases pour rendre l'univers féodal, sans excès.
- le travail sur les toponymes quelques noms communs, de simples variations des noms que nous connaissons.


Pour finir, quelques références :

Selon la Prophétie, l'espoir repose sur un enfant à naître – l'élu – au sein d'un peuple du désert. Une prophétie très biblique !
La suite de la Prophétie continue à puiser dans l'histoire de Moïse qui à l'âge de 80 ans, conduit son peuple à la Terre promise. C'est précisément ce que doit faire Akérya à la fin de sa vie ! Encore une référence : Après sa fuite du désert, Moïse mène une vie de berger. Cette fois-ci, c'est Célérya qui s'y colle…

La prophétie annonce aussi que l'élu est destiné à renverser le pouvoir en place en s'appuyant sur ce même peuple du désert et à régner… Dune, quoi !

Si vous avez aimé le duo féminin formé par Akérya régnante et Célérya devenue sa proche conseillère, sachez que le même existe dans L'Interdépendance, de John Scalzi, une excellente trilogie de space opera. On y voit ainsi une jeune fille qui se retrouve malgré elle impératrice, sans aucune expérience du pouvoir, assistée par une autre femme d'action qui porte le récit.
La comparaison est intéressante, car si dans les deux cas, les auteurs ont délibérément placé au pouvoir deux héroïnes, l'approche de Scalzi est profondément féministe, tandis que celle d'Izen n'en a que l'apparence : Célérya reste dominée par une logique de séduction et de sentimentalisme, tandis qu'Akéria reste fade et se repose sur son entourage (c'est Mylano qui échafaudera le plan de la bataille finale). D'autre part, la tonalité est très différente : dans l'Interdépendance, les méchants sont vraiment méchants, la fille badass est vraiment badass et a un vrai caractère fort, les intrigues de cour sont vraiment des intrigues de cour.
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La Marche du Levant de Léafar Izen fait partie des livres de la rentrée littéraire chez Albin Michel Imaginaire avec Quitter les monts d'automne de Émilie Querbalec. Les deux romans sont des oeuvres d'auteurs français. Les deux romans paraissent d'ailleurs à l'heure où Albin Michel Imaginaire fêtera ses 2 ans. L'illustration de couverture de la Marche du Levant est signée Hervé Leblan.

Dans ce roman, la Terre met 300 ans, et non plus 24 heures à tourner sur elle-même. Et 300 ans c'est long, cela donne des jours et des nuits de 150 ans environ chacun. La vie s'est établie sur la face éclairée car avec 150 ans de nuit, impossible de chauffer ou cultiver. Tout est conçu en fonction de cette situation particulière de la planète. Léafar Izen a imaginé tout un monde en partant de cette hypothèse de rotation extrêmement lente de la Terre. Odessa, la capitale de la Marche Centrale se trouve en Sibérie avec le grand froid au Nord et le désert derrière elle. Les cités sont obligées de progresser en fonction de la rotation pour éviter d'être coincées dans le froid et la nuit de très très longues années. Tout cela nécessite un travail colossal en amont, des ouvriers vont en avant de la position de la ville planter les futurs arbres nécessaires à l'expansion de la ville. Et un lourd travail de planification également pour savoir vers où aller pour les années futures.

Tout est cohérent et plaisant à imaginer pour le lecteur, même si les premières pages sont un peu confuses, le temps de tout appréhender. Les durées de vie ne sont pas les mêmes que pour nous, les humains vivant plus de 100 ans. Les lunaisons servent à comptabiliser le temps qui passe. La construction du monde proposée par l'auteur est vraiment impressionnante. À partir d'une hypothèse de changement de notre planète, il arrive à développer un monde à la fois semblable et totalement différents du notre. On retrouve des noms similaires à notre Terre et des lieux totalement fous et grandioses comme une immense ville flottante. On s'émerveille devant ces descriptions d'endroits mystérieux qui se trouvent dans les différentes Marches.

La Marche du Levant, qui au départ devait être une trilogie est un beau pavé de plus de 650 pages. Il faut dire que entre le tout début et la fin, il s'en passe du temps, toute une vie d'une des personnages principales, le temps d'accomplissement d'une prophétie. de très anciens versets ont en effet prédit l'arrivée d'une enfant destinées à devenir Reine et à unir les Marches. Tache déjà colossale, mais en plus de ça la future reine guidera son peuple vers un artefact fabuleux, L'Arche du Destin, destiné à amener les humains vers un monde où ils ne fuiront plus le soleil et la longue nuit (l'hiver vient). La prophétie précise tout de même les circonstances où tout cela doit se passer et il faut que le Terre mette 4000 lunaisons à tourner sur elle-même. Cela tombe bien puisque c'est enfin le cas.

Le roman est divisé en 3 parties appelées chants, ce qui en plus de la prophétie donne un aspect d'épopée au récit. Cela prend du temps pour qu'une enfant inconnue devienne Reine et remplace l'Archiprêtre en place, et il faut une sacré somme de manipulations, batailles, bonnes rencontres pour y arriver. Certains passages sont plus réussis que d'autres dans cette épopée comme la prise de pouvoir de Akeyra, la jeune nomade devenue Reine, le voyage vers Amerika. D'autres sont un peu plus naïfs comme le changement de vie assez soudain de Célérya, assassine professionnelle. Néanmoins, les personnages proposés par Léafar Izen sont réussis. Célérya a une belle évolution et son amitié avec Oroverne, barbare du Nord est touchante tout comme sa relation avec Akeyra dont elle deviendra la fidèle conseillère et amie.

Léafar Izen nous raconte le destin annoncée à l'avance d'une femme appelée à changer l'avenir de l'humanité. Cela est certes déjà vu, autant dans les thématiques que dans les archétypes utilisés. Cependant, la plume de l'auteur rend la lecture agréable, on voyage énormément en découvrant cette Terre modifiée, les deux héroïnes sont attachantes et marquantes. Et puis, l'épilogue arrive et remet tout en question, il explique beaucoup de choses, presque tout, et fait basculer le roman dans un autre registre. Un épilogue qui fait repenser à l'histoire qui nous a été racontée autrement.

La Marche du Levant est ainsi une lecture à la fois surprenante par certains côtés (la toute fin, le monde proposé) et convenue par d'autres (la prophétie, des archétypes déjà vus à de nombreuses reprises). C'est en tout cas, une lecture qui émerveille très souvent, qui donne envie de voyager, de réfléchir aussi à notre Terre. Et qui donne envie de découvrir de prochains romans de Léafar Izen.
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Nouvelle lecture finie ! J'ai terminé La marche du Levant de Léafar Izen, l'une des dernières parutions d'Albin Michel Imaginaire. L'univers repose sur une idée extrêmement originale que j'étais curieuse de voir de plus près. Je me suis donc lancée dans cette lecture suite à l'envoi du Directeur de collection.

Dans La Marche du Levant, une journée peut durer jusque 300 ans. Dès lors, la population à majorité nomade poursuit le lever du soleil pour tenter d'échapper à des températures extrêmes. L'auteur y construit donc un monde qui n'obéit pas aux mêmes logiques que le nôtre. Dans un premier temps, on suit une vaste ville nomade appelée Odessa. Il est assez fascinant de voir évoluer cette structure ou même le Palais local se monte et démonte comme une construction en lego en fin de journée. L'auteur parvient à créer la curiosité en donnant envie de découvrir avec plus de précision les rouages de son monde. le temps est mesuré en lunaisons. Les humains vivent plus longtemps que nous, comme si leur métabolisme était ralenti. D'autant plus que beaucoup de noms évoqués ressemblent à ceux de notre bonne vieille Terre.

L'écriture qui nous accompagne est efficace et entraînante. L'auteur a le chic pour nous attacher à l'action, alors même que le roman est tout de même assez long. L'histoire se laisse suivre et la plupart des éléments sont très fluides, malgré un aspect très linéaire par moments. le rythme a pourtant quelque chose de doucement hypnotique. L'auteur a ceci dit la bonne idée de diviser son histoire en trois parties, ce qui permet d'explorer un récit sur le long terme et de mieux saisir les changements qui s'effectuent au fil du temps. Certaines réflexions intéressantes sont amorcées. Il y a par exemple la notion du déterminisme à travers l'existence d'une Prophétie : jusqu'où le destin guide-t-il nos pas ? A partir de quand peut-on parler de prophétie auto-réalisatrice ?

Léafar Izen nous présente de nombreux personnages au fil du récit. Il parvient à en faire des figures assez attachantes. Il est cependant dommage que la protagoniste principale manque un peu de charisme. le problème de Célérya est qu'elle est trop archétypale dans son identité, surtout au début du roman. Elle est à la fois assassine, aventurière, voleuse… Mais aussi douée au combat et bien sûr très belle. Bien sûr, elle cache un coeur d'or derrière son constant cynisme. Heureusement, je n'ai pas trouvé que c'était un défaut trop important, d'autant plus qu'elle laisse sa place à Akeyra au fil du temps.

Il y a d'ailleurs d'autres personnages qui sont réussis. Même s'il est tout aussi archétypal, j'ai trouvé l'antagoniste principal, l'archiprêtre, assez jouissif dans son comportement. Vieillard acariâtre assoiffé de pouvoir mais à l'esprit aussi aiguisé qu'une lame de couteau. Oroverne le barbare est également un peu cliché… Bon aller, j'avoue, les personnages sont sympathiques et attachants mais ils correspondent tous à un lieu commun à plus ou moins importante échelle. Il est d'ailleurs dommage que certains disparaissent de manière assez discrète.

Je pense que le problème principal du roman vient du côté fantasy. La Marche du Levant tient aussi en effet de la science-fiction, et j'ai l'impression que l'auteur a tant voulu noyer cet aspect pour créer un effet de surprise (on s'en doute assez rapidement ceci dit) qu'il a grossi les traits des archétypes des récits de fantasy. La prophétie tient une place très importante. Si pendant un moment, elle offre les réflexions liées au déterminisme déjà évoquées, elle donne vers la fin à certains événements une apparence de facilité. Ce qui explique aussi d'ailleurs pourquoi beaucoup des personnages semblent un peu caricaturaux.

Il y a aussi un souci dans certains passages. J'ai l'impression que sur la fin, certains événements sont traités à la va-vite, ce qui a parfois nuit à ma compréhension de l'intrigue. du coup, on se retrouve avec des impressions paradoxales de lenteurs contemplatives et d'autres moments expédiés. Pourtant, le récit ne manque pas de moments d'éclats réjouissants. Cela s'explique sûrement car c'est un deuxième roman. Ceci dit, l'ensemble reste plutôt agréable.

La Marche du Levant est une lecture que j'ai globalement appréciée, notamment grâce à son style fluide et son intrigue au contexte fascinant. La plume efficace est entraînante et donne du caractère à des personnages pourtant souvent très stéréotypés. Les éléments empruntés à la fantasy semblent parfois un peu forcés dans le récit, et manquent de naturel dans leur imbrication et leur construction. C'est donc une lecture sympathique, dont les ficelles peuvent être un peu visibles pour les gros lecteurs de fantasy, mais perfectible.
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Premier titre de la rentrée littéraire que j'ai eu la chance de pouvoir lire grâce à l'aimable envoi d'Albin Michel Imaginaire, merci ! le titre sera disponible dans les librairies dès demain.

C'est une fois de plus la couverture, signée Hervé Leblan, qui m'a donné envie de découvrir ce titre de la collection imaginaire d'A.M. Je tiens d'ailleurs à souligner que leur titre ont toujours une esthétique soignée, qui pour ma part, me séduit énormément.

La Marche du Levant est le premier titre de Léafar Izen, ancien employé dans les sciences et l'ingénierie qui a tout quitté pour s'installer au Chili comme aubergiste et guide de montagne avant de se consacrer à l'écriture depuis environ 5 ans. Prévu au début comme une trilogie, la saga finira réunie en un seul gros pavé grâce à son travail avec Gilles Dumay, le directeur d'A.M.I., celui-là même que vous avez entre les mains. La Marche du Levant est donc le résultat d'un long travail d'écriture et de réécriture qui va se sentir tout au long de la lecture.

Entrons maintenant dans le vif du sujet. Sur une Terre où le temps est désormais très ralenti, une journée = 300 ans, nous allons suivre la naissance d'une élue, sa prise de pouvoir et l'accomplissement de sa quête, dans un univers aux consonances post-apocalyptiques où la moitié de la Terre a trop chaud pendant que l'autre à trop froid. Dans cet univers, nous allons suivre la Marche du Levant, une drôle de nation nomade dont la ville montée sur roulotes et aérostats se déplace de 300 pas chaque jour pour suivre ce soleil qui avance au ralenti, pour répondre à une prophétie au coeur de sa religion qui indique l'ouverture d'un Arche du Temps à un jour bien précis dans une centaine d'années. C'est étrangement dépaysant et pourtant furieusement familier.

Tout le récit va reposer sur ce décalage entre étrange et familier. Dès les premières pages, on se demande est-on sur un titre de science-fiction ou bien de fantasy ? Pour l'amatrice de SFFF mais pas experte que je suis, j'ai beaucoup aimé ce léger flou et j'ai donc trouvé l'univers de Léazar Izen très séduisant. J'ai eu l'impression de vivre une aventure de fantasy avec un arrière-plan de science-fiction. Tout est fait pour mélanger les codes et effacer les limites entre les genres, du moins jusqu'à l'épilogue qui apporte une réponse surprenante.

L'univers est donc le grand gagnant dans cette lecture. J'ai très vite été fascinée par l'image de cette ville roulote qui se déplace sans cesse dans un monde rude. La vie à l'intérieur y est simple et complexe à la fois. Simple quand on est qu'un habitant lambda, complexe quand on commence à s'intéresser à la politique. L'héroïne, une assassine, va très vite nous faire découvrir cela. Elle se retrouve sans le vouloir embarquée dans la prophétie de son peuple et va être un peu ballotée au gré des désirs des uns et des autres. A la tête de tout ce bazar en ville, l'Archiprêtre, sorte de dirigeant de la Marche du Levant qui fait tout reposer sur sa lecture de la religion. C'est un personnage fascinant. Peu à peu, au fil des aventures, nous allons également découvrir le mode de vie d'autres sociétés, avec en tête la fascinante Armada, nation qui elle ne circule quasiment qu'en mer avec des bateaux villes, dépendants et indépendants à la fois. C'est leurs fonctionnement et déplacements qui m'ont le plus fascinée.

Cependant comme vous pouvez le sentir en me lisant, à force de coupes et de découpes, je me suis très vite retrouvée avec une lecture certes riche et dense mais surtout fouillis. Au point que même encore, j'ai du mal à tout organiser pour vous en parler... L'histoire suit certes un schéma linéaire et connu mais tout ce qu'il y a autour et il y en a énormément l'alourdi et l'enchaîne un peu. Je pense que j'aurais peut-être préféré avoir les 3 tomes en l'état, plutôt que les bouts que j'ai eu, qui parfois s'agencent mal, parfois sont trop et parfois trop peu. C'est un résultat un peu bâtard et pas très satisfaisant, ce qui est fort dommage parce que la plume de l'auteur m'a plu, elle.

En effet, servi par la belle plume riche de Léafar Izen, l'histoire va se découper en 3 temps faciles à suivre pour tout amateur de fantasy. le premier est celui de la mise en place, on y découvre l'univers, les premiers personnages principaux, la prophétie et l'élu né. C'est un temps à la fois flou et mystique où j'ai beaucoup aimé l'ambiance de la nouveauté. le deuxième est plus énergique. C'est le temps des manigances et des passages à l'acte avec une élue qui a grandi et des gens autour d'elle qui décident qu'il est temps de commencer à accomplir la prophétie. Ce temps plus guerrier et plus politique est aussi plus classique et rappelle un peu l'oeuvre de Jaworski. Enfin, le dernier temps, mon préféré est celui de la quête tant attendue. Tout se met en branle. Cependant, le début est un peu longuet avec la lente mise en place d'alliances mais le final rattrape tout !

Si on en restait là, on pourrait vraiment se croire dans un titre de Fantasy : élu, prophétie, assassins, manigances politiques... Oui, l'auteur se sert à merveille des tropes du genre. Sauf que quand on y regarde, des élus, une prophétie, des assassins, des manigances politiques, on en trouve également dans Dune, titre culte de SF ! Alors pourquoi partir de l'idée que c'est forcément de la fantasy. Si c'est à cause du niveau technologique des personnages qui tirent leurs roulotes avec des boeufs, se battent avec des cimeterre ou naviguent sur de grosses carlingues, ça ne me suffit pas personnellement. Au contraire, quand dès les premières pages l'auteur a évoqué un monde où la rotation de la Terre a ralenti, où l'agencement de la géographie a été modifiée, où la technologie a certes régressée mais où il y a toujours des aérostats, je me suis dit que nous étions parfaitement dans de la SF post-... quelque chose, peut-être pas post-apocalyptique parce qu'il n'y a pas eu, du moins cité dans le texte, de gros événement bouleversant, mais peut-être juste une longue déchéance suite à l'évolution climatique de notre planète. Dès lors ma lecture a pris une toute autre saveur. J'ai cherché sans cesse des traces de notre Terre présente à nous dans ce que je lisais et ce fut un vrai plus très charmant, car j'avais l'impression de vraiment lire quelque chose de nouveau pour moi, qui habituellement ne suis pas forcément férue de ce type d'univers.

Du coup, le mélange SF-Fantasy a parfaitement opéré chez moi, ou plutôt la SF reprenant les tropes de la Fantasy pour imaginer et mettre en scène le classique récit d'une quête prophétique et le final m'a achevée. le seul souci, c'est que pour arriver là, il a fallu lire un texte que je trouve brouillon, avec un rythme en dent de scie et surtout des personnages qui m'ont laissée indifférente.

La grosse lacune de ce texte fut effectivement la caractérisation des personnages que j'ai trouvée bien insuffisante. On a soit des personnages qui sont des archétypes trop évidents : Célérya la femme assassin, Akeyra l'enfant de la prophétie, l'Archiprêtre le sombre politicien, Oroverne le vieux mercenaire briscard qui va s'attendrir sur l'enfant ; soit des personnages qui ne font que passer et qu'on ne retient pas... Dans l'ensemble, je ne me suis attachée à aucun, même si l'auteur a fait des tentatives pour nous attendrir avec la relation Akeyra-Oroverne, Oroverne-Célérya ou Akeyra et le prince de l'Armada. Mais ça n'a jamais pris avec moi et je les ai juste suivi parce qu'ils étaient là sans m'impliquer. Heureusement que l'univers, lui, m'a vraiment plu où cela aurait pu être rédhibitoire, même si je me demande qu'elle est la part due à l'auteur et la part due aux retouches éditoriales pour tout faire tenir en 600 pages...

La Marche du Levant fut donc une lecture étrange pour moi. Addictive sur bien des points grâce à la plume de l'auteur et à son imagination concernant l'univers qui accueille son récit et les tropes avec lesquels il joue. Mais également difficile à cause du rythme indécis, des personnages un peu trop transparents et d'une histoire sur le fond déjà lue et relue ailleurs. Je garderai tout de même un souvenir positif car vraiment j'ai aimé ce sentiment de flou et de mélange entre SF et Fantasy, et surtout j'ai adoré rêver et imaginer les lents déplacements des personnages et de leurs "villes". J'aimerais juste lire l'auteur sur un texte dont la longueur correspond à ce qu'il souhait.
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Quand Gilles Dumay, le directeur de la collection Albin Michel Imaginaire m'a envoyé en avant-première La Marche du Levant de Léafar Izen (il sortira le 2 septembre prochain), j'ai été un peu surpris. Me recommander de la Fantasy, c'est étrange. Mais Gilles connaît bien son lectorat et il a ajouté au roman ces quelques mots "c'est de la fantasy mais ce gros roman d'ingénieur et de mathématicien pourrait te plaire". Alors est-ce que cela a été suffisant pour me faire basculer du côté obscur ?

Un peu de contexte. Pour le lieu nous sommes probablement sur Terre, les noms utilisés pour désigner la géographie nous sont familiers. Pour l'époque c'est un peu plus compliqué, il n'y a aucune indication donnée. La seule information fournie est la durée du jour qui est de 300 ans ! Ce qui entraîne une vie forcément différente : les nuits sont glaciales et les journées torrides. C'est la fin du sédentarisme, il faut suivre la lente course du soleil. le nomadisme est donc la règle : le peuple du Levant s'accroche à l'aurore quand les hordes du Couchant suivent le crépuscule.

Ce roman se divise en trois parties ou plus exactement en trois chants qui nous permettront de suivre deux héroïnes, un guerrier barbare et d'accomplir une prophétie. Pas de doute nous sommes en Fantasy !

Le premier chant s'attache à la mise en place du monde : passionnant, très visuel même s'il faut un temps d'adaptation pour s'y retrouver. La visualisation est parfois compliquée : le ballet des glaces qui se forment ou fondent selon que l'on soit à l'Est ou à l'Ouest, ce soleil, horloge de la vie, qui rythme les avancées des peuples. Sans oublier les variations de latitude selon la géographie des lieux. Bref un enchantement, le tout étant très crédible. On en oublierait presque la présentation de Célérya, héroïne atypique, à laquelle on s'attache d'emblée.

Le deuxième chant donne libre court à des intrigues politiques et religieuses où la prophétie prend une place importante et où certaines batailles sont interminables. Ces batailles fort réalistes qui font le charme du genre m'ennuient profondément. C'est dans ces moments-là que le roman perd en spontanéité et en vivacité.

Heureusement le troisième et dernier chant revient aux fondamentaux du roman. Certes la quête touche à sa fin, on sait depuis le départ qu'elle sera réalisée, il n'y aura pas de surprise de ce côté-là mais Léafar Izen arrive à nous surprendre à plus d'un titre avec entre autres l'avènement de la deuxième héroïne Akeyra.

Et pour conclure, un épilogue savoureux, parfait pour moi mais qui pourrait faire grincer des dents du côté des spécialistes es Fantasy.

Voilà un roman que je n'aurais probablement pas lu si Gilles Dumay ne me l'avait pas envoyé. Et cela aurait été dommage, j'ai vraiment apprécié le voyage sur cette Terre. Evidemment quelques bémols : les batailles épiques ne m'enthousiasment guère, les prophéties ont tendance à me saouler, les personnages me semblent parfois figés dans leurs rôles. Mais heureusement La Marche du Levant ce n'est pas que ça, bien au contraire. C'est un monde unique où le temps passe différemment entraînant un tas de changements et un questionnement incessant. Parfois c'est un vrai casse-tête de visualisation à essayer de se repérer géographiquement mais c'est juste mon esprit scientifique qui veut comprendre car on peut très bien parcourir ce livre sans se poser de questions, le prendre comme un roman d'aventures et avoir autant de plaisir.

Donc La Marche du Levant est bien un roman de Fantasy qui plaira peut-être plus aux esprits cartésiens qu'aux aficionados du genre. Son côté ingénieur & géographe pourra déstabiliser certains lecteurs mais après la lecture de ce livre, quand vous regarderez le lever ou le coucher du soleil, vous ne pourrez que vous interroger sur la position du front de glace.


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Nous sommes sur Terre. Sur notre Terre. Sauf que, petit détail de rien du tout, elle met 300 ans pour tourner sur elle-même, aulieu de 24 heures.

Comme il n'y a pas d'alternance jour/nuit (enfin si mais, sur 300 ans), le temps se compte essentiellement en lunaisons. Et, visiblement, l'espérance de vie est nettement plus longue que la nôtre : une personne est considérée comme étant jeune jusqu'à presque 50 ans, et la véritable vieillesse ne débute qu'après 80 voire 100 ans. Les individus atteignent assez facilement les 120 ans.

La rotation de la Lune autour de notre chère planète n'a pas changé, de même que la rotation de la Terre autour du Soleil donc printemps, été, automne et hiver existent toujours sous nos latitudes. Par contre, eh bien, quand il fait jour ou nuit en permanence durant des décennies au même endroit, ça a tendance à rendre cet endroit pour le moins... inhospitalier. Désertique ou pris sous d'immenses glaciers, impropre à la vie pour faire court.

La vie néanmoins prospère entre l'équateur et le pôle nord, et humains comme animaux sont nomades : ils restent éparpillés entre le front de débâcle à l'ouest où il y a de quoi chasser à profusion (cependant, des glaciers qui fondent, c'est pas génial niveau sécurité : oh un torrent qui vient de se former devant nous, oh une crevasse, oh un pan de glace qui s'effondre) et le désert à l'est où les Guetteurs s'occupent des derniers arbres et du charbon avant que toute trace d'eau ne disparaisse.

Entre les deux, toute une société très organisée autour de sa survie, avec à l'avant ceux qui plantent de quoi se nourrir et se chauffer au fil de leur avancée, à l'arrière ceux qui récoltent et au centre, l'immense cité d'Odessa, qui avance de 300 pas par jour, bâtiments et palais compris. Voilà ce qu'est la Marche du Levant, dirigée depuis Odessa par un Archiprêtre dont le titre se transmet de façon héréditaire, des ministres auxiliaires et le Saint Concile, un groupe de vieillards gardiens du culte de Krön et des Versets prophétiques. À Odessa, il y a les nobles dont les habitations se concentrent autour du Maître Palais -demeure de l'Archiprêtre- et les autres.

Un peu plus au nord se trouvent les Nördtzins, indépendants mais liés néanmoins par un pacte de protection envers Odessa, et au sud des bergers dont on ne saura pas grand chose. L'ensemble de cette population voyage uniquement par les terres, contournant comme elle le peut les obstacles naturels comme l'Oural ou Atlantika par exemple. Ce qui nécessite parfois de planifier les déplacements des dizaines d'années à l'avance...

Deux autres Marches existent : celle du Tropique, peuple de marins/pêcheurs qui voyagent essentiellement par les mers/océans et se situent au sud de la Marche du Levant, et celle du Couchant, des hordes barbares qui voyagent eux avec le désert à l'ouest et la glace à l'est (donc qui sont, littéralement, de l'autre côté de la Terre). Les Hordes du Couchant ont déjà essayé d'envahir la Marche du Levant en passant par le pôle, mais ont échoué essentiellement grâce aux guerriers Nördtzins et à la redoutable armée du Levant.

En ce qui concerne la religion, le lecteur sait que la Marche du Levant vénère le culte de Krön, les Versets, que le Saint Concile existe, mais n'en apprend jamais plus. le sujet du culte et de son clergé n'est pas du tout approfondi. Pas plus que les croyances des Nördtzins ou des autres Marches.

La Guilde des voleurs et assassins, dirigée par un Grand Invisible et dont les maîtres ne connaissent pas la véritable identité les uns des autres, règne de son côté sur le crime de la Marche du Levant.

Le peuple des Guetteurs, globalement plus pieux que la moyenne, est particulièrement mal considéré voire victime de racisme : l'exposition de ces personnes au soleil du désert leur accorde un teint un peu plus bronzé.

Il est difficile de se faire une idée de la place des femmes dans les différentes sociétés mises en scène. Visiblement, elles n'ont pas trop accès au pouvoir mais ça ne dérange pas qu'une d'entre elles dirige une compagnie de soldats à un moment du récit. Et si je réfléchis à l'institution du mariage ou aux conventions sociales régissant les rapports amoureux, ce n'est jamais développé.

On sait qu'il y a des guérisseurs, des savants, des astrologiens mais sans jamais en apprendre plus sur ces différentes corporations ni l'état réel de leurs connaissances.

Et sinon, même si le récit se déroule sur Terre, on est bien dans le genre de la fantasy (avec des éléments classiques) puisque la magie, en tant que phénomène non expliqué, est présente par petites touches très légères à certains moments...
(...)
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