AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 307 notes
5
15 avis
4
13 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une belle surprise ce roman qui retrace avec force la route de Rico, un sdf parmi tant d'autres, les origines de sa déroute, ses rencontres, ses débrouilles, ses amitiés et ses amours, la dignité qu'il tente de conserver.
C'est un récit tellement réaliste que l'on pourrait penser que l'auteur a passé quelques temps avec Rico, Titi et les autres avant d'écrire cette fiction. C'est touchant, c'est écrit simplement, c'est beau et triste en même temps.
L'auteur parvient à ouvrir les yeux de son lecteur sur ce monde invisible, et il y parvient avec brio, c'est une franche réussite de ce point de vue. J'ai apprécié le chemin parcouru vers le soleil des mourants qui se mêle au cheminement personnel induit par cette lecture.


Commenter  J’apprécie          4916
Des fois, je me mettrais bien volontiers des claques.

Qu'est ce qui a bien pu me passer par la tête le jour où j'ai acheté "Le Soleil des Mourants" franchement? Et quelle idée de le lire?
Certes, j'ai adoré la trilogie des (mes)aventures de Fabio Montale et la plume si particulière de Jean-Claude Izzo, son mélange de noirceur et de lumière, de romantisme et du réalisme le plus désespéré… Sa poésie et son amertume.
M'enfin… J'aurais aussi pu m'abstenir.

Mais non. C'est à croire que j'aime souffrir; que j'aime avoir mal. Que 2020 ne me suffit pas avec son ciel noir, lourd et en forme de chape de plombe.
Quelle crétine. Des gifles, je vous dis!

C'est ce titre aussi, que je trouve tellement beau: "Le Soleil des Mourants" et les avis enthousiastes suscités par le roman qui m'ont eue. Ce n'est pas de ma faute… Ou si peu.

Voilà qui m'apprendra, tiens. Plus jamais. Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.

"Le Soleil des Mourants" est l'un des livres les plus noirs, les plus tristes qu'il m'ait été donné de lire.
C'est aussi un roman d'une beauté à couper le souffle et d'une humanité profonde, poignante.
Un roman bouleversant qui m'a fait passer de la compassion à la colère et de la tristesse à l'envie de tout casser. Certes, le fait est que je suis une madeleine ascendant cascade, mais là… C'est au-delà du chagrin de roman et des larmes romanesques et cinématographiques. Ce sont des larmes à verser sur le monde et la société, et sur notre petit confort qui nous fait fermer les yeux parce que c'est moins douloureux comme ça.

Rico a tout perdu: sa femme, son fils, son travail, sa maison et s'est réfugié dans l'alcool. L'engrenage, l'effet domino qui l'a jeté à la rue. Dans cet enfer, il n'est pas seul, pas vraiment: il a rencontré Titi.
Titi, c'est le frère de galère, celui qui ne le lâche pas -quand tous ses amis d'avant, eux, lui ont tourné le dos quand sa vie a pris l'eau-, celui qui lui raconte les romans qu'il a lu autrefois, celui qui lui permet de tenir, même quand il fait froid et qu'il faut faire la manche sous le regard arrogant et dégouté des passants. Sauf que la mort, cette garce, elle a fini par prendre Titi aussi, sous un banc de la station de Ménilmontant. C'en est trop pour Rico: il n'en peut plus de Paris et de sa vie alors il décide de prendre le large. Avant de crever, il voudrait revoir Marseille, le soleil et la mer et Léa, son premier amour. Son grand amour, celui de ses vingt ans et des verbes qu'on conjugue au futur et à la première personne du pluriel. Celui qui devait durer toujours.
Il en croisera sur son chemin des compagnons de galère. Des paumés, des oubliés, presque des indésirables: Félix qui parle à peine et surtout pas de ce qui compte; Mirjana jeune bosniaque qui se prostitue en attendant un mieux qui ne viendra jamais et qui ne dort pas la nuit parce qu'elle revoit sans cesse le visage de ceux qui ont tué ses parents; Abdou qui voudrait oublier Alger mais pas Zineb et qui ne rêve que de serrer un ours en peluche dans ses bras d'enfant trop vite grandi.

"Le Soleil des Mourants" est un roman court mais intense, percutant et nécessaire. Un uppercut dans la tête et le ventre qui fait mal à en crever.
Jean-Claude Izzo raconte avec beaucoup de tendresse, de sensibilité et d'émotion ces hommes et ces femmes, sans aucun jugement. Leur descente aux enfers nous est dépeinte sans concession, comme si Izzo voulait -à raison- nous bousculer, nous ouvrir les yeux en même temps qu'il fustige notre société qui laisse les faibles et les paumés au bord de la route.

J'ai eu tellement mal en lisant! Tellement de colère aussi, parce que je ne vaux pas mieux que beaucoup de bien-pensants. Combien de fois ai-je feint de ne pas voir un homme ou une femme faisant la manche dans le métro parce que c'est plus simple, moins douloureux? Est-ce qu'il ne m'est jamais arrivé de changer de banc dans un parc parce que je n'étais pas sereine à cause de cet homme à côté de moi avec son pack de six? J'ai eu honte parfois en lisant.
Mais les livres servent aussi à ça, non? A nous émouvoir, nous tordre le ventre et à nous réveiller: Izzo l'avait bien compris et son soleil des mourants remplit sa mission. On ne changera pas le monde, mais grâce à lui on n'oubliera pas, on n'oubliera plus les blessures au coeur et l'histoire cachées derrière ceux qu'on préférait ignorer et abandonner derrière un sigle bien politiquement correct.
On ne fermera pas les yeux, on les ouvrira plutôt et on sourira. L'humanité tient parfois dans un sourire, comme elle tient dans ce roman magnifique et dans la lumière des dernières pages, dans la tendresse qui unit Rico et Abdou, dans cet amour filial qui panse un peu leurs plaies.

Mais quand même, Jean-Claude Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.
Ou ça le sera quand j'aurai lu "Les Marins Perdus"...
Je n'ai pas fini de souffrir moi...
Commenter  J’apprécie          222
Pourquoi ce livre ? Un challenge organisé par Calypso. Un mot est choisi et les participants sélectionnent et lisent un roman ou autre avec ce mot dans le titre. Pour cette session, le Soleil était à l'honneur. Après une petite recherche à la médiathèque, ce livre m'interpelle : le soleil des mourants. Je ne connais pas son auteur mais qu'à cela ne tienne, je pars à la découverte...

Petit roman de 250 pages, il se lit très rapidement. On s'imprègne des premiers mots et nous voilà embarqués dans la vie ratée, gâchée de Rico. Cet homme avait tout pour être heureux mais un jour sa vie bascule. Sa femme le quitte et lui commence à boire. C'est l'inévitable descente aux enfers. Il perd son travail, ses amis et se retrouve vite à la rue. Il rejoint les nombreuses âmes errantes des rues de Paris.
La galère et la misère sont son lot quotidien. Les pauvres hères qu'il côtoie sont aujourd'hui tout ce qui lui reste. Jusqu'au jour où Titi, son meilleur pote de galère meurt dans le métro dans l'indifférence la plus totale.
Rico se raccroche donc au souvenir le plus heureux qu'il ait, son amour de jeunesse. Marseille et la belle Léa qui a fait battre son coeur. Il se dit, comme dans la chanson d'Aznavour, que la misère serait moins pénible au soleil. Il se trompe, la misère est la même où que l'on aille.
L'histoire de Rico nous est raconté par un jeune galérien rencontré à Marseille qui se prend d'affection pour cet homme qui n'est plus que l'ombre de lui-même.
Jean-Claude Izzo parle dans ce roman de la vie difficile et cruelle des SDF qui vivent dans la rue. Il explique par le biais des différents personnages, comment l'indifférence et le mépris des gens dits "normaux" sont pesants. Cette misère leur fait peur car personne n'est à l'abri. On peut tout perdre du jour au lendemain. Il est difficile, voir impossible, de remonter à la surface. Personne ne va venir à votre secours. de plus, la vie dans la rue est une roulette russe. C'est chacun pour soi. La misère ne se partage pas. Les dangers sont nombreux et la lutte est violente. La dignité est le dernier crampon qui les retient. Une fois perdue, la fin est inévitable.
Ces hommes et ces femmes, vous les croisez tous les jours dans les rues. Votre regard, votre main tendue sont le seul espoir qu'ils leur restent. Ne les jugez pas trop facilement, vous pourriez être à leur place un jour.
Le texte est écrit dans un style très simple, beaucoup de dialogues, et une écriture très parlée. Pas de grands discours sur la misère du monde, ni coup de gueule, et encore moins d'appel à l'injustice mais juste l'histoire d'un homme qui glisse, glisse, glisse pour un jour se noyer. Et le soleil ne sera pas la bouée de sauvetage qu'il espérait...

J'ai donc fait une très belle découverte avec ce roman. L'écriture est très agréable, le sujet est traité avec beaucoup d'intelligence et les personnages sont tous très attachants.

Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
Commenter  J’apprécie          130
Le Soleil des mourants paru en 1999 est le dernier livre de J.C. Izzo décédé en 2000. Ce n'est pas un roman policier comme la Trilogie de Fabio Montale.

Ce roman s'attache à des hommes et ces femmes SDF : Titi, trouvé mort de froid dans le métro parisien, Rico, son copain, veut fuir le froid et retrouver le soleil et ses souvenirs heureux à Marseille, Marjana, la bosniaque a vu sa famille massacrée par un ami de la famille et vit sous la menace de son passeur/mac et, enfin, Abdou, jeune mineur algérien orphelin des violences du FIS, déjà toxico.


Roman empathique. On suit les galères de Rico qui veut rejoindre Marseille et le soleil. Rico a été un cadre commercial à Rennes, il a vécu une existence bourgeoise, est père de famille et tout s'est écroulé à son divorce. A Avignon, il partage quelques temps un abri avec Marjana, la bosniaque, survivante d'un massacre, déjà fantôme….

Je te l'ai expliqué, Rico, je suis comme si j'étais morte. Toi, je ne sais pas où tu es mort. Ni quand. Mais tu es
comme moi, ça, je le sais. On se trimballe avec nos vieilles peaux. Nous ne sommes plus que des emballages
vides.

A l'arrivée à Marseille, Izzo promène son héros dans le décor familier du port, du Vieux Port et du Panier.

Place des Moulins, dans le Panier – le vieux quartier, proche du port –, Rico découvrit que Marseille était une ville de collines. Léa lui avait fait grimper les marches de la montée des Accoules. – C'est seulement en marchant, en flânant, que l'on peut prendre conscience qu'ici on n'arrête pas de monter, de descendre, de remonter.

Ces ruelles aux noms chantants, et qui l'émerveillaient : rue du Refuge, rue de Lorette, rue des Pistoles, rue du
Petit-Puits… Place de Lenche, un orage violent les surprit, et ils se replièrent chez Léa.

Est-ce que la misère serait moins dure au soleil?




Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          110
Lorsque Léa, son grand amour, le quitte, Rico n'est plus que l'ombre de lui-même. C'est désormais en fantôme qu'il avance dans la vie. Il se retrouve subitement au pied du mur, au sens propre du terme.
De cadre bien intégré dans la société il passe au statut de SDF. On va suivre sa triste trajectoire de Paris à Marseille, ville qui constituera la fin de son périple et de son calvaire. N'est-il pas dit dans la chanson que "La misère est moins pénible au soleil."
L'histoire de ce personnage m'avait profondément émue lors de sa lecture. On ne peut s'empêcher de s'identifier à la trajectoire de Rico que beaucoup connaissent à l'heure actuelle, malheureusement, à cause de l'impératif de la course au "toujours plus"
car on est bien est confronté dans ce livre à l'antithèse entre l'injonction de l'adaptation au social et au capitalisme et la fragilité de l'individu.
Commenter  J’apprécie          100
Je n'avais lu de cet auteur que la Trilogie marseillaise, mettant en scène le célèbre Fabio Montale, du roman policier donc.
Avec le Soleil des Mourants, j'ai pénétré plus avant dans Marseille, mais surtout dans le monde de la rue, de la grande précarité, de la survie, de la débrouille. le point commun entre ces deux types d'ouvrages? La plume poétique de Jean-Claude Izzo, aujourdhui disparu. Heureusement qu'il nous reste ses livres. Né à Marseille, il savait mettre en valeur et rendre beau ce qui, à première vue, ne l'est pas.
Le titre interroge et semble antinomique: le soleil, c'est la vie,non? Alors comment peut-il être associé aux mourants? Vous le saurez en suivant pas à pas Rico, le sans domicile fixe alors que rien ne l'y prédestinait. Il nous fait découvrir tous ceux qui ont échoué dans la rue suite à la perte de leur emploi, ou bien parce qu'ils sont migrants, jeunes ou vieux, qui tentent de survivre comme ils peuvent, et qui, comme lui, ne trouvent plus l'énergie pour résister et noient leur échec dans l'alcool, la drogue, la prostitution, le vol... Mais ils font aussi parfois de belles rencontres.
Jean-Claude Izzo ne fait pas l'éloge des Sans Domicile Fixe, il montre simplement qu'ils sont des humains, comme vous et moi, et n'ont que rarement fait ce choix de vie. Je vous invite à découvrir ce roman émouvant.
Commenter  J’apprécie          92
Adoré la première partie, la seconde, nettement plus courte m'a moins plu car je n'ai pas eu l'impression que Izzo savait où il allait. Une fois son personnage arrivé à Marseille.
Mais le ton est touchant, c'est fort, dur, le sans-abrisme est une honte pour nos sociétés. Les symptômes les plus insupportables de nos sociétés malades.
Et c'est aussi un livre d'amours : éperdu, perdu, volé, arraché, détruit.
Commenter  J’apprécie          70
Un livre qui plombe un peu l'esprit. L'histoire d'un sans-abri qui va de déception en déception, qui a tout perdu, qui ne veut pas faire la manche mais qui n'a pas pas vraiment le choix...difficile de garder espoir dans ces conditions de misère.
Heureusement qu'il existe une certaine solidarité entre eux, parce que oui c'est un fait ces gens là sont "invisibles" aux yeux de la société qui les a rejeté.
Je trouve que le livre rend un bel hommage à ces personnes dans leur combat quotidien. Et l'on se rend compte que la descente aux enfers peut arriver à tout le monde.

L'auteur s'est inspiré de faits réels.
Commenter  J’apprécie          71
Le soleil des mourants, c'est la (très triste) histoire d'un homme qui a tout pour être heureux et dont la vie va basculer presque du jour au lendemain : Ricco est devenu un clodo parmi tant d'autres. Izzo nous plonge dans le quotidien des SDF : souffrance, violence, détresse, alcool... bien mieux que n'importe quel documentaire sur le sujet. Les personnages, même s'ils sont tous pathétiques et au bout du rouleau, arrivent pourtant à faire sourire. le récit, très bien construit, est poignant du début à la fin : lecture déconseillée en période de cafard...
En résumé : un excellent livre.
Commenter  J’apprécie          50
Très beau roman.
Même au soleil, la vie et la mort ne ne sont pas forcément plus belles.
Même après avoir refermé le livre, on repense à Rico. Ce personnage si attachant.
A lire
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (654) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3623 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}