Le lac d'epouvante

Des lettrines tapageuses tapissent la couverture. On annonce en couleur hémoglobine “Gore”. Je pensais avoir déjà lu un de ces livres, mais non. Je vous le dis direct, les amateurs de scènes sanguinolentes risquent d'être très déçus. Passez votre chemin, nous sommes ici dans la suggestion et non dans la contemplation. J'imagine que cette collection est à l'image de la défunte collection Fleuve Noir Anticipation, considéré comme du fantastique bas de gamme. Comme j'apprécie l'horreur fictive (et non réelle), il était tout à fait normal de me lancer cette édition.

L'histoire est basique. Un monstre se fait des gueuletons de toutes personnes qui passent autour du lac. Nous suivons un shériff qui tente bien que mal à éradiquer cette créature. Bien évidemment, il aura beau arpenter les alentours de l'étendue d'eau pendant une centaine de pages, ce ne sera que sur la fin qu'il découvrira la bête.

Les chapitres sont courts, ça se lit bien, le récit est un peu plat, on y trouve quelques longueurs au milieu. Ce qui aurait pu être une nouvelle est un court roman assez agréable. Rien de transcendant, mais j'ai tout de même passé un bon moment de lecture. John Lutz reste assez évasif sur sa créature. Est-elle fantastique ou bien un simple animal.

Un incendie ravage une station touristique. Les touristes se ruent alors vers la petite ville de Colver, habituellement peu prisée. En effet, de ce côté du lac, les abords inhospitaliers (faible niveau d'eau, herbes folles, algues, vase) n'ont rien pour attirer les pêcheurs ! Les commerçants du village se frottent les mains sauf le shérif Wintone qui pressent les ennuis. Après l'incendie, une créature, rapidement surnommé « le Broyeur » par les journalistes, massacre des gens au bord du lac.

La collection Gore comporte un certain nombre d'histoires « de grosses bêtes » qui font des ravages dans la population. « le lac d'épouvante » (« The Bonegrinder » publié initialement en 1977) est, à mon avis, l'un des meilleurs romans de ce sous-genre publiés dans cette collection. L'auteur s'intéresse à ses personnages en décrivant avec précision les drames qui traversent leurs vies. Notamment le shérif Wintone, rongé par la culpabilité, qui a perdu sa femme dans un accident de voiture. Il avait un peu bu et aucun contrôle alcootest n'a été effectué sur lui.

Suite aux récents événements qui frappent Colver, Wintone lutte pour conserver son intégrité face à la pression qu'exercent les personnes influentes du village. Il lutte aussi contre les sentiments qu'il ressent envers Sarah, l'assistante du médecin de Colver.

L'auteur ne néglige pas pour autant son histoire de monstre mais insiste sur les moments sensibles comme l'annonce à la famille de la mort de leur fils de onze au bord du lac. le suspense sur la nature de la créature est maintenu jusqu'au dénouement très réussi (entre logique et doute). Un aliment trouvé sur place permet l'identification de l'animal responsable. Cet élément est présent sur toutes les victimes sauf une (victime d'un meurtre ?).

Enfin les amateurs de gore seront comblés (dès la première victime dont le bas du corps a été comme broyé par quelque chose de griffu et lourd).

Bref, c'est un très bon roman.

Un roman assez trompeur par son titre et sa couverture fantaisiste. Point de carnage dans ce roman, mais une poignée d'attaques mortelles se déroulant autour d'un lac peu accueillant. le shérif de la localité, endeuillé par la mort brutale de sa femme survenue quelques temps auparavant, aura fort à faire entre son enquête, les rumeurs qui vont bon train et les journalistes curieux et autres chasseurs de monstres qui ne tardent pas à envahir sa petite ville.

Tout l'intérêt de ce roman repose finalement sur l'enquête assez lente pour percer le mystère de ces attaques. On est plus ici en présence d'un roman policier que d'un pur roman d'agression animale. Plaisant, sans plus.