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Citations sur La Guerre (13)

Au fond, c'est ça que je voulais te demander, est-ce que tu crois que c'est possible? Est-ce que tu crois que c'est possible d'arriver à ne pas s'exprimer? Peut-être que quoi qu'on fasse, on cherche toujours ça, à être SOI, à faire mal aux autres, à dominer le monde. Même si on ne dit rien, on dit quelque chose.
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Dans la ville déserte, où les hommes et les femmes sont cachés, tout à coup naît la déflagration immense. Un volcan ouvre sa gueule au centre du port, dresse dans l'air sa colonne de flammes sans couleur. Les pavés volent très haut et retombent en défonçant les toits des maisons. Les fenêtres explosent. Les planchers ondulent sous les pieds, les tympans sont crevés par le poids soudain libéré. Et le bruit arrive en couchant tout sur la terre, le cyclone du bruit, qui survole la ville pareil à une ombre gigantesque, qui vient droit vers la jeune fille, qui va l'ensevelir, la réduire en poudre.
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Je vois venir la tempête de luxe et de beauté. Je suis à l'intérieur de la tempête, et le vent m'emporte. Je sais seulement ce qui est en train d'arriver. Je ne l'ai pas deviné. Je ne l'ai pas rêvé.
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La guerre a commencé… Personne ne sait plus où, ni comment, mais c'est ainsi. Elle est derrière la tête, aujourd'hui, elle a ouvert sa bouche derrière la tête et elle souffle. La guerre des crimes et des insultes, la furie des regards, l'explosion de la pensée des cerveaux. Elle est là, ouverte sur le monde, elle le couvre de son réseau de fils électriques. Chaque seconde, elle progresse, elle arrache quelque chose et le réduit en cendres. Tout lui est bon pour frapper. Elle a des quantités de crocs, d'ongles et de becs. Personne ne restera debout jusqu'à la fin. Personne ne sera épargné. C'est cela, c'est l'oeil de la vérité. […]
La guerre a levé son vent qui va tout détruire. [...]
(p. 7, 8)
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On ne pouvait pas aimer cela. On pouvait aimer l'ombre, ou le soleil, ou les arbres aux feuilles mobiles. Mais on ne pouvait pas aimer ces montagnes. On pouvait parler de l'eau, du silence, des galets ronds sur les plages. Mais on ne pouvait pas parler de ces montagnes. On était sous elles, éternellement sous elles, minuscule moteur de chair qui se déplaçait au pied de ces masses calmes. La mort rôdait autour des grands immeubles, mais elle ne pouvait pas y entrer. Car c'était leur rôle d'être inexpugnables, et de repousser le temps avec leurs flancs gigantesques.
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Il y a trop de choses, je vous dis, et le peuple fatigué s’épuise. Il y a trop de richesses, de clarté, de musique ; il y a trop de mots, d’adjectifs, d’adverbes et de participes. Il y a trop de mouvement.
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"Il y a tant de mots qui résonnent, partout, tant de mots dieux et de mots démons, sur les murs, sur les pages des journaux, gravés sur les portes des latrines. Ils ne cherchent pas à communiquer. Ils ne disent rien. Ils veulent seulement bondir sur moi, m'écraser, me frapper à la tête et à la gorge. Ce sont les mots de la guerre, qui viennent pleins de colère pour vaincre le monde. Ils jaillissent du fond des vitrines, avec leurs éclairs bleuâtres, BRANDT, Chemical Co, WINSTON, SALEM, Frill, Airborne, UNITED FRUIT. Ils jaillissent et blessent avec leurs dards acérés, ils électrocutent. Monsieur X, je vois toutes ces armes, partout, sans pitié, qui traversent l'air. Peut-être que les mots vont m'abattre, un de ces jours. Peut-être qu'ils vont me frapper dans le dos, pendant que je marcherai le long d'un mur, peut-être qu'ils vont scier ma nuque et broyer ma colonne vertébrale. Ou bien peut-être qu'ils viendront face à moi, et qu'ils m'aveugleront avec un seul éclair de leur lampe au magnésium."
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"C'est tellement douloureux de vouloir s'affirmer. Quand je vois les autres qui veulent, j'ai tellement mal pour eux."
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"Elle dansait. Le temps était lent, l'air profond, il n'y avait pas de vent, pas de terre, pas de soleil. Elle bougeait ses hanches, ses épaules, elle serrait ses coudes contre ses flancs. Dans sa tête, il n'y avait rien du tout. Cela se passait beaucoup plus bas, quelque part vers le plexus solaire, comme s'il y avait eu un nouvel organe, un cœur lourd, un animal vivant dans ses entrailles qui se dilatait et se recroquevillait. Elle dansait autour de sa colonne vertébrale, et l'axe invisible allait du plafond jusqu'au centre de la terre. Elle tournait sur elle-même, très vite, ses jambes se déplaçant sur le sol fluorescent. C'était un mouvement comparable à celui des planètes et des étoiles, un simple mouvement en spirale qui descendait le puits de la musique."
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"Ou bien il doit y avoir un mot, un vrai mot, qui à lui seul ferait éclater toutes ces gangues. Pas un mot intelligent, ni un mot d'amour, mais un mot quelconque , qui exploserait dans la chair à la manière d'une balle-obus dans le crâne d'un rhinocéros. Un mot, un seul mot. Mais j'ai beau le chercher, je ne le trouve pas. Un mot dans le genre de, JAGUAR, OM, ZINC, ou bien VERITE. Il y a sûrement un mot pour arrêter la guerre. Mais lequel ?"
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