AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de thedoc


Charmée, séduite, émue, encore et toujours. Décidément, JMG le Clézio a un seul défaut à mes yeux : avant de le lire, je sais déjà que sa plume va encore m'envoûter.

Cette fois-ci, c'est en compagnie d'Ethel que l'auteur nous emporte dans un récit largement inspiré de son histoire familiale.
Début des années 1930, à Paris, Ethel a 10 ans. Issue d'une famille aristocratique mauricienne, la petite-fille est l'enfant unique d'un couple en désamour, Alexandre et Justine. Son enfance, marquée par les disputes de ses parents, est adoucie par la présence d'un grand oncle original et affectueux et d'une amitié passionnelle avec une jeune fille désargentée de la noblesse russe. Mais le monde d'Ethel est peu à peu balayé par la tension environnante qui monte dans le monde et dans les conversations des adultes au sein du foyer familial. La guerre approche et avec elle, la fin des illusions des parents de la jeune fille qui jette sur ce monde un regard bien plus lucide et grave que celui des adultes.

"Ritournelle de la faim", cette faim qui revient toujours. Celle qu'a connue Le Clézio enfant, celle de sa mère qu'il nous raconte dans ce roman à travers le personnage d'Ethel. Ethel, héroïne de son époque à 20 ans, lorsqu'elle fuit devant l'ennemi, devant la barbarie, emportant sous son aile ses parents désemparés .
Ethel, forte de sa jeunesse et impressionnante de maturité, est de ces héroïnes qui du jour au lendemain ont tiré un trait sur un passé doré et définitivement fini pour affronter la chute, puis le silence. Des revirements cruciaux qu'elle vit en toute évidence.
Ethel est une résistante dans sa façon de penser face aux nantis et escrocs antisémites qui parasitent le salon de ses parents, une combattante lorsqu'elle conduit ces derniers de refuge en refuge.

La beauté des mots simples de le Clézio n'est jamais aussi prégnante que lorsqu'il parle d'une époque où l'humanité fait défaut. Cette humanité, il sait nous la dépeindre dans ses personnages ordinaires et solaires à la fois.
Il y a aussi, comme toujours, l'hommage à ceux qui souffrent, à ceux qui ne sont plus là, ceux disparus un jour de juillet 1942 dans les gradins du Vel d'Hiv. Le Clézio reste définitivement le chantre des opprimés et sait raviver la mémoire de ceux qui ont péri sous le joug d'une barbarie sans nom. C'est aussi dans la mesquinerie la plus ordinaire qu'il décèle le danger à venir.

J'ai également aimé retrouver les références de l'histoire familiale de le Clézio comme on croise un parent que l'on n'a pas vu depuis longtemps. L'île Maurice, Nice, Alexandre, Alma, .... tout autant de noms de lieux et de personnes qui nous renvoient vers les différents romans de l'auteur.

"Ritournelle de la faim"est paru en octobre 2008. Quelques jours plus tard, Le Clézio recevait le Prix Nobel. Une évidence.
Commenter  J’apprécie          253



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}