AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070402090
145 pages
Gallimard (04/03/1997)
3.76/5   85 notes
Résumé :
En écrivant Le chercheur d'or, J.M.G. Le Clézio s'était inspiré d'aventures vécues par son grand-père. Dans ce Journal, Le Clézio raconte son voyage vers l'île Rodrigues sur les traces de son grand-père et de la légende qu'il a laissée. " Ai-je vraiment cherché quelque chose ? J'ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l'aplomb des cavernes que j'ai repérées à mon arrivée dans l'Anse aux Anglais. Dans la tourelle ruinée de la Vigie ... >Voir plus
Que lire après Voyage à RodriguesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 85 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis
Ayant lu "Le chercheur d'or" il y a bien longtemps, j'ai beaucoup trop tardé à reprendre le chemin, ou plutôt le vol, comme les oiseaux, vers Rodrigues, île sur laquelle JMG vient surtout à la recherche du passé de son grand-père, de la quête de sa vie, ce trésor illusoire, et surtout de ses rêves qu'il fait partager à ses lecteurs, même s'il affirme que "les rêves ne se partagent pas".

D'abord l'écriture de pureté absolue de le Clézio emporte le lecteur dès la première page, le long de la rivière, un oeil sur les nuages, et puis tout au long du livre, c'est un éblouissement perpétuel devant un tel talent littéraire. Ceci avec les nombreuses descriptions allant quelquefois jusqu'à la personnification de la nature, des arbres, des pierres basaltiques, des oiseaux, de la mer, du soleil, du vent, chacun jouant leur rôle d'instruments superbement dirigés par le chef de l'orchestre, l'écrivain, le vrai, celui que l'on ne rencontre presque plus.

L'histoire de ce petit territoire est également contée par l'auteur, avec beaucoup de délicatesse, permettant d'écouter bien au-delà du "langage de la vallée" et d'entendre peut-être les voix presque évanouies de ces gens qui ont survécu sur l'îlot.

Et puis le temps, inexorable, la maison ou plutôt la demeure, les souvenirs, la nostalgie, l'affection pour ce grand-père inconnu mais tellement présent. Une multitude de symboles affleurent sous la plume de l'écrivain, à chacun de les saisir, de les savourer jusqu'à la délectation des dernières pages.

Là, c'est l'apothéose sur le sens de l'être, avec l'océan et les oiseaux, les traces ultimes du grand-père et des questions auxquelles il appartient à chacun de nous de donner une réponse, imprégnés que nous sortons d'une lecture magnifique par l'écriture d'un prince de la littérature.



Commenter  J’apprécie          505
Le Clézio vient sur l'île de Rodrigues à la recherche de ses origines. Il suit les traces de son grand-père, à la recherche d'un trésor de pirate. Son grand-père passera trente ans de sa vie à déchiffrer des énigmes illusoires pour trouver le trésor du pirate La Buse. C'est l'occasion pour le narrateur de nous parler de cette île, qui s'est peu à peu transformée au fils du temps. Même la nature n'est plus tout à fait la même. Les rochers se transforment imperceptiblement, les arbres poussent, grandissent puis sont déracinés par les cyclones… le temps passe. Le Clézio revient sur les origines et l'éclatement de sa famille, l'abandon de la maison familiale, maintenant transformée en musée, au milieu de l'île Maurice. C'est un livre sur l'impermanence.
Lorsque l'on arrive à Rodrigues, on a encore le sentiment d'arriver sur une île au milieu de l'océan Indien, en dehors du temps. Tout s'y est un peu arrêté. Peut-être une sorte de naïveté perdue. Un autre espace-temps !
Commenter  J’apprécie          460
Pour ceux qui ont aimé « le chercheur d'or », lecture du « voyage à Rodrigues» indispensable. Publié l'année d'après, ce petit roman/journal constitue comme une sorte de grosse apostille au précédent, tout au moins pour sa partie sur l'île de Rodrigues…

L'île de Rodrigues : la plus petite et la plus désertique des îles Mascareignes, auxquelles elle appartient tout en étant rattachée administrativement à l'île Maurice. C'est là que le grand père de l'auteur, un ancien juge banni passera trente ans à la recherche d'un hypothétique trésor de corsaires ; à noter que Maxime, le héros du « Chercheur d'or » n'y passera que quatre ans…

Descendant d'une famille de Bretons émigrés à l'île Maurice au XVIIIe siècle, Jean-Marie le Clézio nous offre un petit (156 pages) roman/journal où il est question de la recherche d'un trésor ; en fait bien plus que ce simple trésor…
Bien entendu, il ne trouvera rien dans l'Anse aux Anglais, si ce n'est bien son grand père, et par là même ses racines…

Comme dit plus haut, ce « Voyage à Rodrigues » constitue un complément indispensable au « Chercheur d'or » : on y observe un parallèle saisissant entre Maxime (le héros du « Chercheur d'or ») et Le Clézio lui-même, dans la mesure où l'un se cherche et l'autre est la recherche de ses origines… mais l'un n'est-il pas consubstantiel à l'autre ?

Bref, un récit d'une grande puissance évocatrice sur fond d'insularité ; vent, embruns, pierres, qui font la spécificité de cette île perdue. le tout porté par le style incomparable de notre dernier prix Nobel de Littérature en date…Superbe.
Commenter  J’apprécie          340
" En écrivant cette aventure, en mettant mes mots là où il a mis ses pas, il me semble que je ne fais qu'achever ce qu'il a commencé, boucler une ronde, c'est-à-dire recommencer la possibilité du secret, du mystère"
Ces quelques lignes très émouvantes résume à mon sens cette enquête prodigieuse à laquelle s'est livrée Le Clézio pour parler du trésor que son grand-père a cherché des années dans l'île de Rodrigues.
Ces mots nous transportent dans cet îlot battu par le vent, nous voyons sans peine ces oiseaux survolant la mer.
Quelle écriture, quelle poésie, une alchimie entre la terre et le ciel, le passé et l'avenir, le devenir.
Fascinant petit roman, à lire sans aucun doute.
"La fin de toutes les aventures est là, figée dans l'éternité, et Jason est sans doute le seul qui ait trouvé ce qu'il cherchait, l'or de l'immortalité"

Sublime, non ?
Commenter  J’apprécie          337
Une île en chasse une autre. J'ai quitté la minuscule Flattey de l'Islande pour une autre volcanique, Rodrigues. Autre latitude, autre mer, autre climat, mais là aussi une quête, là aussi une énigme non résolue, à la recherche d'un ancêtre jamais côtoyé. La publicité faite au nouveau roman de le Clézio m'a incité à lire un de ses nombreux écrits pour y retrouver sa plume magique. Sur le site internet de la médiathèque locale trois ouvrages semblent disponibles. Un titre m'interpelle "Voyage à Rodrigues", il est relégué au magasin, il n'est pas en rayon, ce qui signifie qu'il est peu demandé. Peut-être sera-t-il victime du désherbage annuel et bientôt mis au rebut, pour laisser place à des nouveautés plus attirantes ? Il est temps de le ressortir de son antre, de le remettre en lumière, afin de sonder l'âme d'un écrivain dont l'immensité du talent n'a d'égal que celle de l'océan.
Un récit d'une centaine de pages, à la recherche du trésor que son grand-père avait espéré trouver dans l'Anse aux Anglais, sur les rives de la rivière Roseaux. Cet ancêtre qu'il n'a pas connu, J.M.G. va tenter d'en percer le mystère sur l'île où son aïeul a échoué, dans un premier temps physiquement, car expulsé de l'île Maurice où il avait été dépouillé par ses proches. Echoué sur un bout de terre en plein Océan Indien, grand comme Belle Ile et Jersey. Dans un second temps psychologiquement, car il a échoué également dans sa quête, à la poursuite des chimères, animaux fabuleux mais monstres à différentes facettes difficiles à cerner. L'île au trésor n'a pas révélé ses secrets. Toutes les explorations maritimes, fussent-elles vécues - Bougainville, Cook, Magellan - ou imaginées - la toison d'or de Jason, la Cocos de Stevenson, la mystérieuse de Verne - procurent plus d'amertume que de thunes dans la mer. La quête du grand-père se transforme en enquête par le petit-fils, retrouvera-t-il l'âme de cet ancêtre qu'il n'a pas connu ? C'est un dilemme cornélien, "Rodrigue(s) as-tu du coeur" ? Mais le sol de cette île reste insondable, même après trente années de recherches faites par le grand-père, le secret ne sera pas révélé. J.M.G. le Clézio se devait de faire ce voyage, le roman qu'il avait écrit dans "Le chercheur d'or" n'était pas suffisant pour comprendre le sens de l'exil de son aïeul. Seules les sensations véritables éprouvées à fouler le sol, à observer les plantes et les oiseaux marins, à sentir les parfums insulaires, peuvent permettre de comprendre le passé en revivant les endroits explorés jadis. Mais un demi-siècle plus tard, le paysage a changé. Les oiseaux ont dû se réfugier sur les îlots, car les humains et les rats apportés par eux ont eu raison des espèces endémiques. La plus emblématique fait "dodo", il reste deux exclusivités, une tortue et une chauve-souris. Et les recherches faites par l'écrivain en retrouvant les mêmes points marqués de repères par son grand-père, notés par des lettres et des chiffres - 29, 33, points R, Y - restent sans réponse. Pas de point G, la jouissance n'apparaît que dans l'âme, le corps est prisonnier de ses pérégrinations futiles.
Restent les magnifiques descriptions des lieux rencontrés. J'ai mis trois jours à lire les transcriptions des paysages, une lente lecture de peur de quitter cette île, relisant plusieurs fois ces phrases lumineuses.
"Alors le paysage lui-même devient miroir, et je peux entrevoir ici, sur cette terre, sur ces pierres, dans la ligne des collines desséchées, comme le visage et l'ombre de mon grand-père, ineffaçables".
"Je vois les racines des vacoas, des tamariniers accrochés à la terre brûlante, je vois ces feuilles lisses, aiguës comme des lames, et je comprends que ce message que je cherche, qui est écrit au fond de cette vallée, ne peut me parvenir, seulement m'effleurer".
"La mer, le seul lieu du monde où l'on puisse être loin, entouré de ses propres rêves, à la fois perdu et proche de soi-même".
"Dans cette tranchée vide, quand le soleil de l'après-midi brûle mon dos et fait briller mon ombre sur le fond du ravin, jusqu'au cercle noir du puits comblé, peut-être qu'enfin je ne fais qu'un avec mon grand-père, et que nous sommes unis non par le sang ni par la mémoire, mais comme deux hommes qui auraient la même ombre".
Ironie du sort, à l'instant où je lis la dernière phrase, "Le tamarinier est déjà bien vieux, je crois qu'il ne résistera pas au prochain cyclone...", un autre cyclone, dénommé Freddy, vient de passer à 300 km au Nord de Rodrigues.
Celui-ci est monstrueux, mais il a épargné ce qui reste de vacoas, aloès et tamariniers.
Dépêchez-vous de lire ce bijou, avant qu'il ne soit plus qu'un souvenir.
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (117) Voir plus Ajouter une citation
Dans la vallée, on entend le bruit de la mer, le vent, les cris des enfants au loin, de l'autre côté des plantations de cocos. On voit le ciel, les nuages, on est libre de penser à autre chose, d'oublier. Mais ici, l'on est enfermé dans sa propre folie, tourné vers la pierre, vers le stérile, l'infranchissable. Le soleil brûle, le vent fait glisser la poussière ocre et noire vers le fond des crevasses, les herbes sèches sont une toison morte. À l'entrée du ravin, chaque fois que je me suis approché de cette faille, j'ai ressenti un frisson, cette sorte d'instinctive répulsion que me donnent les grottes. Ce n'est qu'en retrouvant les traces de l'homme qui est venu ici avant moi, en découvrant les signes qu'il a laissés, ces signes de souffrance, d'espoir, d'illusion, que je peux accepter d'entrer dans le ravin. Il me semble que je touche alors au coeur même de cette légende, au lieu le plus chargé de sens et de mystère. Il me semble qu'ici chaque parcelle de terre et de roche, chaque relief du sol, chaque blessure sur les parois de pierre ont une signification qui résonne au fond de moi. Il me semble que je suis enfin parvenu tout près de celui que je cherche, si près que j'entends le son de sa voix, le bruit de ses pas, que je sens son regard, son souffle. Dans cette tranchée vide, quand le soleil de l'après-midi brûle mon dos et fait briller mon ombre sur le fond du ravin, jusqu'au cercle noir du puits comblé, peut-être qu'enfin je ne fais qu'un avec mon grand-père, et que nous sommes unis non par le sang ni par la mémoire, mais comme deux hommes qui auraient la même ombre.
Commenter  J’apprécie          70
La mer profonde, violente, d'un bleu sombre au-delà des barrières de corail, aux vagues hautes comme des collines mouvantes que frangent les nuages d'embruns. La mer lourde et lisse des journées qui précèdent l'ouragan, sombre sous le ciel chargé de nuages, quand l'horizon est trouble et fume pareil au bord d'une cataracte. La mer presque jaune du crépuscule, en été, nappe d'huile sur laquelle passe des frissons, en cercles brefs, où s'allument les étincelles du soleil, sans aucune terre qui ferme l'espace. La mer comme le ciel, libre, immense, vide d'hommes et d'oiseaux, loin des continents, loin des souillures des fleuves, avec seulement, parfois, au hasard, des poignées d'îles jetées, si petites, si fragiles qu'il semble qu'une vague pourrait les submerger, les effacer à jamais. La mer, le seul lieu du monde où l'on puisse être loin, entouré de ses propres rêves, à la fois perdu et proche de soi-même.
Commenter  J’apprécie          71
Le langage aussi est un mystère, un secret.
Mon grand père invente une langue pour rêver plus que pour parler...
C'est une langue pour parler au temps passé, pour s'adresser aux ombres, au monde à jamais disparu, du temps où la lumière brillait si fort sur la mer des Indes, et dont seul le silence minéral de Rodrigues a su garder, par le miracle du désert, cette trace encore visible au- delà de la mort.
Commenter  J’apprécie          171
Ce ne sont là que quelques arpents, un simple creux de la terre, une rainure dans les roches volcaniques, sur cet autre rocher qu'on appelle Rodrigues. Mais c'est un lieu plein de sens et de puissance, comme si la chaleur et la lumière, au cours des âges, avaient épaissi les choses, et avaient donné aux plantes et aux hommes qui y survivent un petit peu de la force de la lave.
Commenter  J’apprécie          160
Mais à Rodrigues, la réalité est sans limite, elle envahit jusqu'à l'imaginaire, mêlée de chiffres, de calculs, de symboles, ou bien fuyant dans le vent vers l'horizon dévoreur d'oiseaux, vers la mer, vers le ciel mobile, jusqu'à la lumière du soleil et jusqu'aux feux éternels des astres.
Commenter  J’apprécie          150

Videos de J.M.G. Le Clézio (54) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
+ Lire la suite
autres livres classés : journal de voyageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (236) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur ce livre

{* *}