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La Trilogie de béton tome 3 sur 4

Robert Louit (Autre)
EAN : 9782702100967
232 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
3.73/5   96 notes
Résumé :
Dernier cri du modernisme, l'I.G.H., l'Immeuble de Grande Hauteur, se retrouve sous toutes les latitudes mais cette véritable « ville verticale » capable de se suffire à elle-même est-elle bien comme le proclament les urbanistes la solution miracle au problème de l'habitat ? Est-ce ce que souhaitent les utilisateurs ? Le docteur Robert Laing s'en est laissé persuader après son divorce et s'est installé à trois kilomètres de Londres dans la première tour achevée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est en me baladant sur Allociné, il y a quelques mois que j'ai appris l'existence du film High Rise (titre original du roman IGH) qui sortira au mois d'avril au cinéma. En lisant le synopsis, j'ai trouvé l'idée intéressante et je me suis donc mise en quête de lire le roman.

IGH est le sigle pour Immeuble de Grande Hauteur (High Rise en anglais) et fait référence à un nouvel ensemble urbain qui émerge de terre dans les années 70, dans la banlieue proche de Londres. le prix élevé des appartements réserve cet immeuble à une certaine élite sociale : les premiers niveaux sont donc réservés aux plus "modestes", (le producteur de télévision Wilder vit au deuxième étage avec sa femme et ses deux enfants) et plus, on s'élève dans les étages, plus on grimpe dans la hiérarchie sociale (le Docteur Laing habite au vingt-cinquième) jusqu'à atteindre le sommet au quarantième avec la crème de la crème, l'architecte et créateur de cet univers, Royal. L'IGH est moderne, d'un certain standing et intègre tous les équipements et électro-ménagers dernier cri des années 70. Mais ce paisible paradis ne va pas tarder à verser dans le chaos lorsque les premiers problèmes apparaissent : panne d'électricité, de la climatisation ou d'ascenseur, vide-ordure qui se bouchent, cristallisant ainsi tous les non-dit, les frustrations et les rivalités entre les habitants des différents étages...

La citation "L'homme est un loup pour l'homme" trouve un écho très particulier dans ce roman de science-fiction qui se veut profondément pessimiste, cru, violent et sombre. IGH est court (à peine 200 pages) mais oppressant car il se développe dans un huis-clos malsain : à chaque palier franchi dans l'escalade de la violence, le lecteur se demande si l'auteur peut encore dépasser la frontière de l'horreur et malheureusement, la réponse est toujours positive.

Néanmoins, IGH est aussi un roman que je qualifierais presque de philosophique car il pousse son lecteur à réfléchir sur les notions de progrès, de société et sur la nature humaine.
Ballard souhaite ainsi démontrer que le progrès aurait atteint son point culminant avec l'érection de l'IGH. Franchir cette barrière n'aurait donc que pour seul conséquence la déchéance de l'Homme et le retour à une vie primaire et à ses plus bas instincts dont les seuls leitmotiv ne seraient plus que la recherche du sexe, de la sécurité et de la nourriture pour la perpétuation de l'espèce. Exit la solidarité, la compassion, la recherche du beau et du bonheur, seule les lois du plus fort et de l'instinct de survie ont cours dans cette nouvelle société coupée des conventions sociales de notre civilisation.

IGH est un roman intéressant et bien écrit mais réservé à un public averti. Pour ma part, il m'a mise plusieurs fois mal à l'aise et m'a beaucoup fait penser à American Psycho d'Ellis. de là, à aller voir l'adaptation au cinéma, je ne pense pas que je franchirai le pas, même dans deux mois.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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«Plus tard, installé sur son balcon pour manger le chien, le Dr Robert Laing réfléchit aux événements insolites qui s'étaient déroulés à l'intérieur de la gigantesque tour d'habitation au cours des trois derniers mois.»

Ce court roman de 1975, troisième partie de la trilogie de béton, s'est emparé de moi dès sa première phrase. L'IGH, immeuble de grande hauteur, dominant et isolé dans une banlieue de Londres en pleine recomposition, est le héros de béton mais qui semble de chair, de ce récit glaçant, de cette allégorie visionnaire.

La conception luxueuse de l'immeuble et ses équipements multiples (piscines, école, centre commercial…) ont été conçus pour permettre à ses occupants de vivre en autarcie. Juste au moment où les mille appartements de l'IGH finissent de se remplir, mesquineries et jalousies commencent à éclore, semblant initialement être les conséquences inhérentes à toute vie humaine en communauté. Panne d'électricité, cadavre de lévrier retrouvé dans la piscine ; une menace palpable mais diffuse dégénère rapidement en hostilités ouvertes de plus en plus virulentes.

Dans cette entité gigantesque de béton, qui semble se détacher du monde extérieur, une façade de train-train quotidien, puis pendant la nuit les fêtes, le sexe et l'ivresse se juxtaposent avec les violences croissantes, l'abandon des règles sociales, et la sauvagerie. Les habitants s'organisent en clans par étages, répliquant dans la tour les «vieilles» divisions sociales ; ils abandonnent leur confort, surtout préoccupés de ne pas trahir à l'extérieur la situation dans la tour.

Métaphore saisissante d'un retour aux cavernes dans une modernité qui n'a plus rien à offrir, de la radicalisation de mouvements politiques extrêmes alors que la pensée politique et l'idéologie se vident de leur contenu, puissant miroir de la fin du progrès et de cette illusion d'une libération de l'homme par un progrès pervers, I.G.H. reste une lecture hallucinante et nécessaire.
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Banlieue de Londres, milieu des années 1970. Un professeur d'Université s'installe avec réticence dans un nouvel immeuble de quarante étage - IGH pour Immeuble de Grande Hauteur - comble du luxe et de la modernité. Ici, les étages sont répartis en fonction de la catégorie sociale des habitants. En bas se situent des employés de la télévision, puis des petits producteurs. Au milieu de la construction, les professions libérales et les professeurs. Tout en haut, les vedettes de cinéma, les docteurs et surtout, l'architecte des lieux, le mystérieux Royal. le climat est délétère entre les différentes strates de l'IGH qui devient le théâtre de meurtre de chiens et de sabotages. Les incidents techniques se multiplient, les locataires des étages inférieurs condamnent les ascenseurs et tentent d'assaillir les étages supérieurs. L'immeuble devient un enfer insalubre où s'entassent poubelles et immondices. Les couloirs se transforment en terrains de chasse dangereux. C'est la guerre de tous contre tous.

IGH est une critique acerbe du nouveau mode de vie vertical et de la société de consommation. Dans les centres urbains le statut social est directement lié à l'emplacement de l'habitat. Et même au sein d'un quartier résidentiel ou d'un immeuble, des différences de situation trahissent ces discriminations sociales : l'ensoleillement, les places de parking, la proximité d'une infrastructure comme un jardin ou une piscine. C'est exactement le cas dans l'Immeuble de Grande Hauteur, où les habitants des étages supérieurs bénéficient des places de stationnement les plus proches. L'oeuvre dénonce également les délires d'urbanistes mégalos qui prétendent révolutionner le mode de vie de la population.
Troisième et dernier volume de la trilogie de béton, on retrouve l'aversion de Ballard pour la modernité, les cages de verre et d'acier avec vu sur la ville, sur d'autres immeubles, sur les bretelles d'autoroutes et échangeurs dans lesquels foncent les voitures en direction de bureaux sinistres. Comme dans les deux tomes précédents, on retrouve ce désir de l'auteur de retourner à un Etat de Nature, où l'Homme, mû par des pulsions instinctives, se défait des conventions sociales, retrouve sa sauvagerie dans une odeur de crasse et de fluides corporels, ne pensant qu'à assouvir les besoins élémentaires , manger dormir et forniquer.
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Satire sociale à la fois intelligente et complexe sur le matérialisme dans la société de consommation alors à son apogée dans les années 70, dérivant rapidement hors de contrôle, ce roman qui s'appelle au départ I.G.H. (Immeuble de Grande Hauteur) faisant partie d'un triptyque appelé La Trilogie de Béton., multipliait les personnages et les points de vue de résidants d'un luxueux et moderne gratte-ciel qui vivent des règles sociales prédéfinies et totalement restrictives.

Hélas, cette peinture sans concession d'un monde à la dérive frappe par son ambition et sa maitrise formelle, mais déçoit dans sa narration et sa conduite du récit et parait 40 ans après sa publication un poil datée…
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dernier opus de la Trilogie de Béton et qui continu sur la voie de la critique de la société moderne. Après Crash! abordant les déviances sexuelles et L'Île de Béton sur celui de notre place et impact dans la société, IGH nous amène dans le monde de la lutte des classes et la hiérarchie sociale.

J.G. Ballard nous le présente dans le concept d'une tour d'habitation de 40 étages et de mille appartements. le roman débute alors que le deux millième et dernier habitant arrive dans la tour. Celle-ci offre une multitude de services: épicerie, piscine, restaurant, boutique, magasin d'alcool et même une école primaire, faisant en sorte qu'on peut presque y vivre sans avoir à sortir. Les premiers étages sont occupés par les plus "pauvres" et les jeunes familles et plus on monte les étages, plus le rang social augmente. Les derniers étages sont le repaires des biens nantis, célébrités et riches célibataires ainsi que Royal, l'architecte de la tour qui occupe le quarantième étage.

Rapidement, les gens s'associent à leurs semblables, des regroupements de trois ou quatre étages se forment pour assurer leur sécurité et règles locales et bien entendu, les locataires des premiers étages vont en pâtir. Les enfants se voient restreint à la piscine, des milices citoyennes interdisent l'accès à certains étages huppés et la discorde s'installe. Une panne d'électricité part le bal et tout dégénèrera rapidement. Mis à part l'architecte, on suit les activités de la tour par Wilder, journaliste du troisième étage qui tentera d'accéder au dernier étage à ses risques et périls par envie et jalousie envers ses occupants et Laing, médecin de 30 ans habitant au vingt-cinquième qui n'a pas de parti pris et qui assistera à la déchéance des lieux malgré que rien ne l'empêche de quitter. Les déchets s'accumulent, les ascenseurs sont réquisitionnés, les cages d'escaliers bloquées, les gens se cloîtrent chez eux, les plus aventureux se font passer à tabac bref, c'est l'anarchie.

La satire est poussée au maximum mais n'en suis pas vraiment surpris en étant à mon troisième roman de l'auteur en quelques jours. le concept de classe sociale et de hiérarchie est vieux comme le monde mais ici, c'est l'absence de balises et de règles établies qui prend le dessus. C'est le retour de l'instinct animal et la loi du plus fort, les chefs auto-proclamés et la survie en environnement hostile. Étonnamment, personne ne quitte la tour ou va chercher des renforts. C'est un combat entre et seulement pour les occupants, parsemé d'une sorte de voyeurisme malsain et de masochisme.

Encore une fois, une lecture qui m'a plus ou moins accrochée. Malgré un concept très intéressant et bien figuré, la sauce est rapidement étirée et la deuxième moitié m'a parue bien longue. Bien content tout de même de l'avoir lu car c'est une belle réflexion sur notre façon de vivre.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Malgré toutes ses réticences, il (Docteur Robert Laing) lui fallait bien à présent reconnaître une évidence qu'il avait toujours cherché à se dissimuler : les six derniers mois n'avaient été qu'une période de querelles inscessantes entre ses voisins, un enchainement de futiles chamailleries au sujet du mauvais fonctionnement des ascenseurs ou de la climatisation, des inexplicables pannes d'électricité, du bruit, des luttes pour les places de parking ; en somme, de tout le catalogue des nuisances banales que les architectes étaient justement censés avoir éliminées de ces coûteuses habitations. Les antagonistes sous-jacents entre occupants étaient remarquablement vifs, atténués seulement en partie par le ton urbain qui était de mise dans l'immeuble et par le besoin évident de faire de l'ensemble du projet, une réussite." (p. 14-15)
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"Le délabrement de la tour constituait un modèle du monde vers lequel les entrainait l'avenir : un paysage au-delà de la technologie , où chaque chose tombait en ruine, ou bien de façon plus ambiguë, participait à des combinaisons inattendues et pourtant plus riches de sens. Laing réfléchit sur ce point - parfois, il lui semblait difficile de ne pas croire qu'ils vivaient dans un futur qui était déjà arrivé et avait épuisé ses possibilités." (p.171)
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Les troubles récents avaient impitoyablement mis au jour son énorme sentiment d'insécurité, et aussi ses vieille incertitudes nourries par ceux de sa classe au sujet du maintien de leur position dans le monde. A l'époque de leur rencontre, l'absolue confiance en soi qu'Anne manifestait dans son comportement ne semblait pas pouvoir faire l'objet d'un doute. Or, Royal s'était trompé du tout au tout : Anne avait besoin à chaque instant qu'on la rassurât sur sa situation au sommet de l'échelle. En comparaison, les gens qui vivaient autour d'elle et avaient conquis leur position grâce à leurs talents paraissaient des modèles de tranquille assurance.
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- Ce serait une erreur de croire que nous sommes tous en train de revenir à un état d'innocence primitive. Le modèle, dans notre cas, c'est moins le noble sauvage que le petit moi post-freudien, lequel n'a rien d'innocent, traumatisé qu'il est par son apprentissage de la propreté fait en douceur, la nourriture au sein pratiquée avec avidité et l'affection parentale - de toute évidence un mélange beaucoup plus explosif que ce que nos aïeux victoriens pouvaient avoir à affronter. Tous nos voisins ont eu une enfance heureuse, et pourtant ils se sentent coupables. Peut-être sont-ils furieux de n'avoir jamais eu la chance de devenir pervers...
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"La piscine du dixième étage demeura vide, en partie, se dit Laing, parce que les gens devaient considérer que l'eau avait été contaminée par le cadavre du lévrier. Un miasme presque palpable s'était amassé au-dessus de la surface étale, comme si l'esprit de la bête morte attirait à lui toutes les puissances du châtiment et de la juste vengeance présentes dans l'immeuble." (p. 19)
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Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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