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Citations sur En camping-car (105)

Mon père n'était pas un "baba-cool cradoque", mais il acceptait, il voulait que ses enfants dorment sous une tente, mangent par terre, courent dépenaillés sur les dunes, pissent dehors, se lavent un jour sur trois, ignorent les conventions, oublient d'être déférents avec leurs parents. Il professait qu'un enfant n'a pas à respecter son père et, d'ailleurs, le fait de voyager, d'être quotidiennement dépaysé, était un défi à toute autorité. Lui qui avait grandi sans père, il avait choisi de garder le meilleur de la paternité. (p. 116)
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 À certains moments de ma vie, lors de réceptions à la Sorbonne ou à l’Élysée, j’ai toujours eu une pensée pour mes quatre grands-parents artisans, pour mon arrière-grand-mère illettrée, pour les habitants du misérable shtetl de Pologne, avec ses roulottes et ses chevaux, où mon grand-père faisait de la sellerie. Quels que soient mes succès et mes échecs, je n’ai jamais oublié d’où je viens. Je viens du pays des sans-pays. Je suis avec ceux qui traînent leur passé comme une caravane. Je suis du côté des marcheurs, des rêveurs, des colporteurs, des bringuebalants. Du côté du camping-car.
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Le camping-car était explicitement non consumériste. Il était l’opposé du loisir-marchandise, le contraire des Eurodisney et des center parcs d’aujourd’hui, qui monnaient la liberté : payer pour avoir le droit de s’amuser ou de jouir d’une nature domestiquée.
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J’étais libre parce qu’il n’y avait pas de ceinture à l’arrière et que nous nous déplacions dans l’habitacle pendant les trajets
parce que je pouvais flâner dans les musées sans les visiter
parce que je pouvais rester des heures à jouer dans les vagues
j’étais libre parce qu’on campait n’importe où, sur les plages, les débarcadères, les parkings, au bout des jetées, dans les clairières
parce que mon sac de couchage était un vaisseau spatial, avec des manettes et des cadrans intégrés
j’étais libre parce qu’aucun cahier de vacance ne venait prolonger le travail scolaire de l’année
parce qu’une pression se relâchait
l’urgence était suspendue
parce qu’on changeait de destination tous les ans
parce que nos spots ne figuraient sur aucun guide de voyage
et que ça ne coûtait rien de se perdre, l’égarement n’étant qu’un autre chemin.
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Nous n’étions ni habitants du cru, ni résidents, ni visiteurs, ni touristes, plutôt des voyageurs, des oiseaux de passage. Et notre camping-car n’était ni un camion impossible à manœuvrer, ni une caravane tractée par une berline, ni une équipée sauvage de motards, ni la voiture-balai d’une randonnée sac au dos. C’était quelque chose d’indéfinissable, une sorte de décalage permanent.
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Notre bonheur ne dépendait pas des achats (on avait tout à la maison), mais de notre mise à distance de la société de consommation. Les biens n’avaient pas d’attrait, puisque nous les possédions déjà. La simplicité était devenue notre luxe. En ce sens le camping-car était postindustriel.
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Comme le disent fièrement aujourd'hui les autocollants à l'arrière des camping cars, "ce n'est pas une voiture lente, c'est une maison rapide".
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J’étais heureux parce que mon père n’était plus malheureux à l’idée que je n’étais pas heureux. J’étais heureux parce que mon père l’était, et lui était heureux parce que, acteur et témoin de notre bonheur, il constatait que nous l’étions. L’un était heureux par l’autre. Cette circularité est devenue la perfection de nos vacances et si le reste de mon enfance m’apparaît environné de brouillard, c’est en raison du même mécanisme, mais inversé…
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mes livres sont plusieurs choses à la fois, histoire, sociologie, anthropologie, enquête, récit, journal de bord, biographie, autobiographie, oraison, littérature, avec des trucs qui s'ouvrent et des trucs qui coulissent.
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Mes parents ont eu une enfance intégralement populaire. Les parents de ma mère étaient de petits artisans sans le sou, tandis que mes grands-parents paternels, ceux que je n'ai pas eus, vivaient dans des conditions encore plus précaires, lui bourrelier, elle couturière, tous deux sans travail dans le Paris troublé des années 1938 – 1943. Quant aux tuteurs de mon père, c'étaient des artisans du cuir, diplômés de de la rue, de l'établi et du syndicat ; ils ont vécu toute leur vie dans un petit deux-pièces avec W-C sur le palier, rue Saint-Maur à équidistance de la place de la République et du métro Ménilmontant. L'ascension sociale, dans notre famille, ce sont mes parents qui l'ont accomplie. A Noël, ils n'avaient pas le vingtième de ce qu'ils m'ont offert plus tard. Les matins de concours, personne ne leur a pressé le jus d'orange.
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