AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 879 notes
Laëtitia, prénom d'origine latine dont l'étymologie signifie la joie... La Laëtitia du titre d'Ivan Jablonka, Laëtitia Perrais, n'a hélas pas pu bénéficier de l'espoir porté dans son prénom.

Elle et sa jumelle naissent dans une famille chaotique et destructurée de la région nantaise. S'ensuivent foyers et familles d'accueil. Pour finir assassinée en 2011 à seulement 18 ans. L'affaire fait grand bruit en France et Nicolas Sarkozy prononce de virulents discours contre l'ignominie commise sur cette pauvre gamine.

Ivan Jablonka s'appuie sur divers témoignages et sources pour reconstituer le drame mais également le parcours des deux soeurs. Plus on avance et plus on découvre, atterré, la cruauté qui prédomine leur courte existence. du fait divers et de la biographie de Laëtitia, l'auteur élargit son angle d'approche, englobe le traitement médiatique et politique de l'affaire. On apprend ainsi ce qui fait un "bon fait divers" pour les médias. Un rien cynique mais réaliste. Dans un chapitre très marquant intitulé "Faits divers et faits démocratiques", il démont(r)e par ailleurs le processus de récupération politique de ce meurtre et des éléments révélés par l'enquête (notamment le comportement du père d'accueil).

Ivan Jablonka mêle ici approche journalistique, historienne et sociale, ce qui semble être sa patte au vu de ses autres titres. En ressort la triste et trop courte vie d'une jeune fille née sous une étoile rancunière, narrée avec sérieux et empathie mais sans le côté voyeurisme où un tel sujet pourrait conduire. D'ailleurs il suffit de regarder le livre lui-même: titre et couverture sobres et concis, absolument rien de racoleur dans son extérieur. Pas plus qu'à l'intérieur.

J'ai apprécié la méthode et le style de l'auteur. Il signe avec Laëtitia un travail remarquable. La lecture de son ouvrage n'en reste pas moins difficile et douloureuse, tout en donnant de quoi réfléchir, sur la médiatisation entre autre.
Commenter  J’apprécie          280
Laëtitia Perrais, 19 ans, disparaît une nuit de janvier 2011, dans un petit village de Loire-Atlantique. Très vite, les soupçons s'orientent sur un enlèvement et une séquestration. Un trentenaire est soupçonné, Tony Meilhon, condamné à plusieurs reprises pour des braquages et divers délits. Si Meilhon reconnaît avoir heurté le scooter de la jeune fille avec qui il avait eu une relation sexuelle, il nie l'avoir tuée volontairement. La découverte du corps de Laëtitia, la sauvagerie extrême avec laquelle elle a été mise à mort avant que ses membres soient retrouvés éparpillés en plusieurs endroits prouvent que Meilhon, drogué et alcoolique, s'est déchaîné littéralement sur la jeune fille. Ce fait divers horrible fait la une des journaux ; les pouvoirs politiques accusent la Justice d'avoir mal fait son travail en laissant sans surveillance Meilhon alors qu'il était en train de devenir ultra violent. C'est alors que l'on découvre que Laëtitia et sa soeur jumelle Jessica, placées en famille d'accueil, auraient été victimes de violences sexuelles au sein de leur propre foyer d'accueil.

J'avais repéré ce récit il y a quelque temps déjà et j'ai eu l'occasion de l'acheter tout récemment.
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui prend aux tripes, d'ailleurs j'ai lu rapidement ce livre, notamment la première partie sur l'enlèvement et la découverte du corps de Laëtitia. Une fois commencé, j'ai eu du mal à m'arrêter dans ma lecture. J'ai trouvé un peu moins intéressantes les parties consacrées au fonctionnement de la Justice ou à la médiatisation de l'affaire par Nicolas Sarkozy.
Le style d'I. Jablonka est clair, facile à lire et agréable, il écrit vraiment bien et est très accessible. Des détails ont bien sûr donnés sur le corps mutilé de la jeune fille mais sans exhibitionnisme ni voyeurisme, l'auteur réussit à être précis mais en gardant un immense respect pour la défunte.
Il y a un travail de recherche pointu fait sur les violences faites aux femmes, les enfants placés en familles d'accueil, la Justice.
Ce récit m'adonné envie de (re)voir les émissions consacrées à cette affaire criminelle, je pense que je vais y consacrer un peu de temps. j'ai déjà fait quelques recherche sur Google pour me rappeler du visage de Laëtitia et de son meurtrier.
Laëtitia, nous ne t'oublierons pas.
Commenter  J’apprécie          274
Voilà un livre que je m'étais promis de ne pas lire : du voyeurisme, selon moi, dont le seul intérêt était commercial, pour l'auteur.

Or, ce livre s'est trouvé entre mes mains, et j'ai ouvert les premières pages. Je n'ai plus pu décrocher.

Ivan Jablonka, l'auteur, universitaire en sciences humaines, explique son projet : Laëtitia n'est connue que comme un nom de victime, qui apparaît sur la notice Wikipédia de son meurtrier. Ce livre est une enquête biographique sur sa vie et a pour but de lui redonner une identité, autre que celle de victime.
De plus, ce "fait-divers" a, à l'époque, eu des retentissements politiques (exploitation par Sarkozy), juridiques (les magistrats de Nantes se sont mis en grève), médiatiques et sociétales (le père de la famille d'accueil qui hébergeait Laetitia a par la suite été accusé d'agressions sexuelles).

Cette enquête, car c'en est une, nous tend un miroir forcément laid mais extrêmement précis de notre société contemporaine : comment certains enfants, dans des familles fragilisées, deviennent victimes désignées ou bourreaux. Comment fonctionne l'Aide sociale à l'enfance. Comment les économies dans les secteurs sociaux et juridiques ne permettent pas à des personnels compétents de faire correctement leur travail. Pourquoi les médias s'intéressent à certaines affaires et comment travaillent les journalistes. Comment fonctionne une enquête de police et quelles sont les relations de celle-ci avec la Justice.

Ivan Jablonka a interrogé les proches de Laëtitia, depuis sa petite enfance, famille, amis, collègues. Il dresse le portrait d'une jeune fille vivante. Il a enquêté auprès de tous les services qui ont été mêlés à sa destinée.

C'est réellement intéressant, car au-delà du destin individuel, forcément tragique, ce livre parle de notre pays et de notre société contemporaine. le lire, c'est mieux les comprendre aussi.

Laissez vos préjugés de côté : Laëtitia n'est pas un croisement de Paris-Match et de Faites entrer l'accusé. C'est un ouvrage très fouillé et de surcroît très bien écrit (l'auteur parvient à introduire une dimension poétique dans les passages les plus dramatiques), c'est un miroir qui nous est tendu sur notre société.

A conseiller, vraiment.
Commenter  J’apprécie          260
Laetitia
Ivan Jablonka
Mise au défi de lire un livre traitant d'un fait divers mon choix s'est porté sur Laetitia d'Ivan Jablonka, un essai récompensé par de nombreux prix entre autres le Médicis général 2016..Je savais d'avance que ce genre de lecture ne me convenait pas , ce que je n'imaginais pas c'est la souffrance que je me suis imposée. Je dis bien souffrance je ne vois pas d'autre qualificatif.
Bien sur le travail réalisé par Ivan Jablonka n'est en rien responsable , encore bien moins , bien entendu, le parcours de vie de Laetitia Perrais. Une vie bien trop courte et si lourde .... Non cela ne tient qu'à moi . Je suis devenue "allergique" à la couverture médiatique de tous les faits divers quel qu'ils soient. En général elle s'accompagne d'une logorrhée verbale insipide et redondante et d'une persécution inépuisable des familles , témoins et intervenants. Voilà je l'ai dit, j'assume mes propos. Je garde intacte ma compassion pour les malheureuses victimes et leurs proches .
Une dernière pensée pour Laetitia ...
Commenter  J’apprécie          251
J'ai repéré ce livre depuis sa sortie et j'avais vu une interview de l'auteur qui m'avait intéressé. J'ai donc enfin pris le temps de lire cet ouvrage et hasard complet du calendrier j'ai commencé ma lecture le soir même ou Faites entrer l'accusé traitait de cette affaire.

Je ne me rappelais pas beaucoup de cette affaire cependant quand j'ai vu le nom du meurtrier cela m'a rappelé un petit peu cette affaire, triste réalité ou on se rappelle plus du nom des coupables que de celui des victimes.

Ivan Jablonka a suivi le parcours de Laëtitia, au travers notamment les récits de sa soeur jumelle, de l'avocate chargée de l'affaire, des parents biologiques de Laëtitia, de sa famille adoptive. de la portée politique de l'affaire avec Nicolas Sarkozy, de la grève des magistrats qui va s'en suivre.

Le récit est juste sans être larmoyante mais vraiment éprouvant car la vie de la jeune Laëtitia a été chaotique du début à la fin.

Commenter  J’apprécie          240
Vie martyrisée.

Laëtitia Perrais avait dix-huit ans la nuit du 18 au 19 janvier 2011 quand elle fût assassinée. Ce fait divers est devenu une affaire d'État après que Nicolas Sarkozy ait accusé les magistrats d'avoir laissé le coupable sans suivi. Suite à cette affaire, Ivan Jablonka a décidé d'écrire l'histoire de Laëtitia.

Excellente lecture. Ce livre ne se veut pas uniquement une reconstitution d'une affaire criminelle, il est également un essai historique et sociologique. C'est réussi, Jabonka parvient à parfaitement concilier ces trois aspects. Les chapitres alternent entre la vie de Laëtitia et le déroulement de l'affaire.

L'auteur part d'un terrible postulat: Laëtitia est née dans la violence, c'est pourquoi elle est morte dans la violence. En effet, sa vie ne sera qu'un mélange de maltraitance parentale et d'errance. Elle trouvera une relative stabilité dans une famille d'accueil qui se révélera également toxique. Au final, différentes figures masculine (le père, le "père d'accueil", le meurtrier) violenteront Laëtitia durant sa courte vie.

Malgré cette vie chaotique l'auteur réussit à rendre à Laëtitia sa dignité. Elle redevient par sa plume un être humain, avec certes ses peines et sa fin tragique, mais aussi ses joies et son évolution vers la lumière. J'ai été d'autant plus impressionnée qu'il ne tombe ni dans la condescendance, ni le misérabilisme. Non, Jablonka raconte tout simplement qui était Laëtitia avec respect.

Au final, un excellent livre qui apporte un questionnement intéressant sur les faits divers.
Commenter  J’apprécie          222
Sur quelle planète pouvais-je être en cet hiver 2011 pour ne pas me rappeler ce drame ? Rien, pas le moindre souvenir d'une photo exposée dans un journal télévisé, ni de la polémique déclenchée par Mr Sarkozy entraînant la grève des magistrats. Ce livre aurait été un roman, j'aurais pu dire que l'auteur en faisait trop dans le sordide et le misérabilisme. Malheureusement, rien n'est plus vrai que ce fait divers dont Ivan Jablonka se fait l'historien.

Me voilà totalement partagée à la fin de cette lecture. Si j'ai compris dans un premier temps, l'hommage que voulait rendre l'auteur à Laëtitia, cette jeune fille victime tout au long de sa courte vie de la loi des hommes et morte en femme libre parce qu'elle avait dit non, si j'ai été totalement émue par son destin et par celui de sa soeur, j'ai moins aimé la façon dont il a été fait. Devant l'étalage de tous ces détails sordides et redondants, j'ai eu l'impression de me complaire dans une espèce de voyeurisme vis à vis du malheur d'autrui, comme si je lisais cette "fameuse" presse spécialisée dans le fait divers glauque. J'ai déploré le manque de chronologie qui entraîne toutes les répétitions. Je n'ai pas aimé non plus l'impression laissée, malgré lui sans doute, par l'auteur parisien et cultivé qui parle d'une province "barbare".
J'accorde un 12/20 à ce livre dont le plus réussi est, à mes yeux, la couverture noire avec "Laëtitia" écrit en rouge, comme une épitaphe sur une stèle funéraire.
Commenter  J’apprécie          220

Laëtitia Perrais, 18 ans, a été enlevée et assassinée en février 2011 dans la région nantaise.
Sa disparition, l'enquête puis le procès de celui qui a été condamné ont fait l'objet du fait divers le plus médiatisé du début du XXIème siècle.
Yvan Jablonka, écrivain-historien, décide en 2014 d'écrire un livre sur cette affaire afin de donner une humanité à la jeune femme et de comprendre les ressorts politiques, juridiques et médiatiques qui ont émaillé cette enquête.
La construction permet de lire ce récit comme un thriller puisque les différents éléments qui le composent sont progressivement abordés en alternance avec la recherche du corps qui a duré environ 2 semaines.
Ce récit est très didactique. Il explique au lecteur le fonctionnement des institutions judiciaires qui sont alors remises en cause par le Président de la République, Nicolas Sarkozy. Les accusations de celui-ci entraîneront une des plus importantes grèves de la magistrature et sont à l'image de l'utilisation des faits divers par le Président tout au long de son mandat.
Par ailleurs, l'auteur détaille tous les critères de l'affaire qui en font un fait divers « rentable » : la beauté de la jeune fille, son statut d'enfant martyrisée et placée en famille d'accueil, le contexte général au moment de la survenue des faits.
Enfin, l'auteur relève le défi de rendre vivante la victime. A travers le récit de son existence parsemée de violence et de mépris, il dresse un portrait tout en subtilité de cette jeune fille que le lecteur arrive très vite à visualiser.
Un docu-fiction passionnant qui place le fait divers dans la littérature, tout comme l'avait fait Truman Capote avec de sang froid
Commenter  J’apprécie          220
D'abord j'ai eu du mal. Et quand on lit la bibliographie, plutôt étoffée, il est difficile de ne pas se demander: "Tout ça pour ça ?" Jablonka rappelle le déroulé des faits -plus précis que dans mes souvenirs; bien sûr, c'est important la vérité, mais je suis pas jurée, cette vérité là m'indiffère. Il nous remet en tête l'affreuse compassion de Sarkozy, sa propension inouïe à dresser les Français les uns contre les autres -je m'en souvenais d'ailleurs très bien. Alors c'est quoi sa valeur ajoutée, au prof de sciences sociales ? Que va-t-il m'apprendre? Que c'est difficile de s'en sortir quand on a mal commencé dans l'existence? Ah ah ah. C'est bon, je suis au courant, j'ai lu Zola et je sais bien que Gervaise va dégringoler plus vite qu'elle n'a réussi à ouvrir sa blanchisserie.
Mais pourquoi, pourquoi, me suis-je dit, pourquoi ne pas avoir ecrit un roman qui donnerait de la chair aux personnages, et quitte à faire des hypothèses sur les raisons pour lesquelles Laetitia a suivi Tony Meilhon, autant assumer la fiction.
D'ailleurs, on sent bien que Jablonka hésite , consciemment ou pas. Tiens, l'organisation du livre: chapitres alternés, vie de Laetitia, mort de Laetitia, procès, passé proche, passé lointain: à quoi rime ce saucissonnage temporel, si ce n'est à nous renvoyer à la montée du suspens chère au genre du thriller ?
Il m'a donc fallu attendre les cent dernières pages pour être vraiment emportée par le texte. Une bonne moitié du récit me paraît clairement de trop, entre affèteries et évidences. Mais c'est comme si l'auteur en avait eu besoin de ces pages en trop, pour se lancer dans ce récit de mort et d'auto-culpabilisation, comme s'il lui avait fallu des détours avant de se colleter au grand mystère.
Mystère de la mort, de la souffrance, mystère aussi de la résilience et du deuil portés par tous les professionnels de la justice, par les travailleurs sociaux, qui côtoient sans cesse la barbarie et vivent quand même. Jablonka est un universitaire, et on sent bien qu'il se demande à quoi il sert, lui. Et puis il est un homme et devant le gâchis engendré par tous ces mecs qui frappent, cognent, violent, gueulent, insultent, il se sent mal.
Les dernières pages m'ont vraiment émue. Mais elles ne m'ont pas bouleversée comme j'ai pu l'être en lisant "D'autres vies que la mienne ". Et surtout je conteste cette vision de l'homme. Qui n'est brutal et violent que parce qu'il a généralement la force physique de l'être. Mais qu'on lui en donne le pouvoir et la femme aussi peut se faire monstre (d'avoir laissé mourir des mineurs n'a pas empêché Madame Thatcher de dormir,non?)
D'ailleurs, à ce propos, moi, dimanche, j'irai voter.
Commenter  J’apprécie          203
Ayant lu il y a fort longtemps l'histoire du pull-over rouge, je me suis plongé dans l'histoire de Laetitia avec le e dans l'a... de serge.
Et bien ce récit m'a capté par sa richesse d'informations nombreuses et variées pour reconstituer l'histoire le parcours et la vie de Laetitia
Beau récit précis et complet de ce fait divers comme il en existe encore toujours.
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (1762) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}