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4,11

sur 879 notes
Voici un livre éminent, simple et passionnant. Un livre qui n'est certes pas un roman, mais qui est construit comme tel. Un livre où tous les faits sont avérés bien qu'ils semblent issus de l'imagination morbide d'un maître du roman noir. Un livre dont les personnages principaux représentent avec une grande exactitude notre beau pays, la France.
Ivan Jablonka dresse un tableau complet, érudit, précis et éclairé sur l'immonde meurtre de Laetitia Perrais par Tony Meilhon en 2011. Il mène une enquête implacable, à la manière des policiers et magistrats qui ont traité cette affaire, sur tous les aspects de ce fait divers. Il montre comment ces évènements sont symptomatiques du fonctionnement de notre société envers les personnes en difficulté sociale. En plus, il témoigne de ses émotions et interrogations de chercheur. C'est tout simplement inouï, tout ce qu'on apprend à la lecture de cette oeuvre. C'est écrit avec un sens aigu de la narration et une honnêteté envers ses témoins très touchante. Un grand livre.
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La lecture de cet ouvrage est bouleversante, on n'en ressort pas indemne.
J'ai toujours été intéressée par les faits divers, comme beaucoup, il s'agit de curiosité morbide, de plaisir coupable. Ce livre nous donne une claque, comme pour nous dire qu'un fait divers, ce n'est pas seulement quelques lignes choquantes et tristes dans un journal, quelques minutes de reportage à la télévision ou un battage médiatique. Il y a derrière une souffrance atroce et une horreur sans nom, qui ne devraient pas être prises à la légère.

L'auteur rend ici un hommage poignant et puissant à Laëtitia Perrais, et à sa soeur Jessica. Jamais il ne tombe dans le voyeurisme ou le sensationnalisme. Il délivre une enquête extrêmement poussée, un compte rendu d'entretiens avec toutes les personnes impliquées, Jessica, son avocate, toutes les personnes qui ont suivie les soeurs Perrais depuis leur naissance à cette fin tragique de Laëtitia et qui on épaulé ensuite Jessica, sa conseillère, les inspecteurs de police, procureurs, etc...

Avec ce livre, il raconte l'histoire de Laëtitia et sa soeur, il retrace leur vie, leur famille, leur évolution et construction, il dévoile le déroulement des événements tragiques, les recherches, avec une vérité historique et authentique. C'est aussi un témoignage de la justice française à une époque, un portrait de la France et de son président de la République, une dénonciation de la misère sociale, éducative, affective dans laquelle vivent beaucoup d'enfants.

Quelle tristesse ! Laëtitia, 18 ans seulement mais 18 années de souffrance, de solitude, de errance. Comment est-ce possible ? Je me sens tellement chanceuse, alors que j'ai seulement deux ans de plus que Jessica, je suis de leur génération, et je suis tellement chanceuse d'avoir vécu une enfance douce et sécuritaire, dans une famille aimante et stable, encadrée, choyée. Cette histoire m'a d'autant plus touchée que j'ai aussi une soeur jumelle.

L'enchaînement implacable des événements, la gratuité de cette violence du tueur, qui ne mérite pas de nom, qui n'est qu'un monstre, la perversité des hommes et des systèmes, l'innocence de ces jeunes filles, la crudité choquante de la réalité présentée dans ces chapitres, le meurtre, l'état du cadavre, cela m'a tout simplement horrifiée, terrifiée, et j'ai eu envie de pleurer tant de fois à la lecture de certains passages !

Mais aussi tant de force ! Laëtitia était extrêmement forte et courageuse, tout comme sa soeur, une volonté de survivre et d'être heureuse qui aurait dû être exaucée. Ces deux jeunes filles méritaient le meilleur. J'espère que Jessica va bien, a pu se reconstruire, et mener une vie plus heureuse, même si marquée à tout jamais par la perte terrible de sa soeur.
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Il m'a fallu plus d'un an pour ouvrir ce livre, où tout sonnait en apparence sombre, lugubre, pour ne pas dire carrément glauque - impression renforcée par la couverture noire, avec ses quelques lettres rouges hypnotisantes, presque effrayantes. Quelques heures seulement auront suffi pour en achever la lecture, après être passé par toutes les émotions. Les nombreux éloges m'avaient rapidement incité à l'acheter mais je m'étais ensuite toujours trouvé un prétexte pour repousser le moment d'entrer dans cette histoire sordide. Or Laëtitia s'avère finalement être bien plus qu'une enquête sur un terrible "fait divers". C'est une oeuvre à part entière, passionnante, fine, empreinte d'humanité et de réflexions, au croisement du journalisme, de la sociologie, de la littérature.
C'est, aussi, une incarnation parfaite des sciences sociales, de leur utilité, de leur nécessité ; elles qui sont parfois arides sont ici rendues très concrètes. Par l'histoire, la géographie, la politique, la sociologie, l'anthropologie du quotidien, ce qui n'était qu'une "affaire" vécue par le truchement des médias et des déclarations de politiciens nauséabonds d'opportunisme, prend ici toute sa mesure et s'enracine dans des vies, des destins, des lieux, des liens, des déterminismes.
C'est, enfin, un très bel hommage à cette jeune fille, Laëtitia. "L'intérêt que nous lui portons, comme un retour en grâce, la rend à elle-même, à sa dignité et à sa liberté" écrit joliment Ivan Jablonka. J'écris cette critique pour tirer mon chapeau à ce chercheur-écrivain, pour qu'il sache que son livre restera, pas seulement dans les palmarès grâce aux prix dont il est lauréat, mais bien dans les mémoires de ceux qui l'ont lu et qui ne manqueront pas d'y repenser longtemps après l'avoir refermé.
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Une jeune femme dans l'oubli des faits divers

‘‘Ce n'est pas une simple affaire : c'est une affaire d'Etat. Mais que sait-on de Laëtitia, hormis qu'elle a été la victime d'un fait divers marquant ?''
Ivan Jablonka, historien et écrivant, dans, Laëtitia ou la fin des hommes, propose de retracer la vie de cette jeune fille décédée. de sa petite enfance vécu avec sa soeur jumelle, Jessica, il guide son lecteur tel un enquêteur, peignant une fresque ponctué de traumatisme.
Laetitia avait 18 ans, disparue dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, enlevée, violée puis tuer.
Un récit magnifique et tragique dans lequel le lecteur retrouve divers sujet lié à l'enquête tel que la protection de l'enfance.
Un documentaire choc et très enrichissant qui ne laisse pas insensible.
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Ivan Jablonka a voulu rendre hommage à Laetitia, morte à 18 ans, tuée par un ferrailleur paumé qui n'a vu en elle qu'une proie sexuelle. Il a repris son parcours de petite fille maltraitée par la vie.
Pour cela il a cherché les témoignages de ceux qui l'ont connue, ses collègues, sa famille. Il a suivi le travail des enquêteurs et de la justice. Il a également décrit le parcours de son meurtrier.
La relation de ce fait divers horrible met le doigt sur un énorme problème de notre société, le féminicide.
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"C'est ma douleur que je cultive
En frappant ces huit lettres-là
Elaeudanla Téïtéïa.." ces vers de Gainsbourg tournent dans ma tête après avoir terminé ce livre puissant, mélange d'enquête, d'essai, d'étude sociologique, d'étude politique qui redonne sa dignité à cette jeune fille de 18 ans,Laëtitia Perrais tuée par un criminel. Pour ne pas oublier que c'est un homme qui a fait cela à une femme.
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Une histoire tirée d'un fait divers. Au travers de cet simple description lapidaire, il y a bien plus que cela : un réel effort de l'auteur pour essayer de comprendre, de nous faire comprendre l'incompréhensible, qui pourtant continue de se produire, jour après jour, au gré d'autres "faits divers" tous aussi glauques et poignants dans la navrante banalité d'un certain quotidien, que ce soit en France ou ailleurs.
Ivan Jablonka a aussi le mérite de décrire quels efforts sont déployés par d'autres, parfois simples tâcherons anonymes, pour tenter de démêler le vrai du faux et faire ressortir, sous le feu cru des projecteurs, l'implacable réalité d'une âme humaine tissée de lumières et d'ombres.
Un livre à nous faire tous réfléchir, autant que nous sommes.
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L'auteur se place en historien-sociologue pour réaliser son oeuvre. Il s'est intéressé à un fait divers de 2011, la disparition d'une jeune fille, Laëtitia, près de Pornic. Il a choisi de retracer son parcours de vie, qui n'a eu de cesse de la confronter à la violence, pour s'achever à ses dix-huit ans, dans la brutalité.
L'auteur présente un travail très fouillé : il a mené l'enquête, en interrogeant directement des personnes ayant pris part à l'affaire. Il retrace la vie de Laëtitia, sa triste histoire : celle d'une jeune fille qui naît dans un contexte de violence, de placement en famille d'accueil. Ayant toujours été en contact avec des hommes brutaux, ses repères sont quelque peu floutés... Cet ouvrage permet de parler davantage de la victime, contrairement au traitement de ce genre de fait dans les journaux qui met toujours en avant le criminel.
En revanche, le texte n'est pas toujours évident à suivre. La chronologie n'est pas toujours respectée ; une bonne partie de l'oeuvre présente des chapitres assez courts alternant récit de la vie de Laëtitia et avancée de l'enquête de l'auteur...
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Avis très mitigé sur ce livre… Sur l'histoire, pas de surprises, tout le monde à entendu parler de ce fait divers tragique : le meurtre d'une jeune fille de 18 ans, Laëtitia Perray, retrouvée en plusieurs morceaux au fond d'un lac de Loire atlantique. L'affaire fait grand bruit : de rebondissements en rebondissements on découvre deux fillettes souffrants de graves carences éducatives (qui joueront un rôle certain dans le drame), un meurtrier multirécidiviste, une famille d'accueil dont le père, pédophile, exerce son emprise sur les soeurs, un père biologique violent, une mère dépressive et absente, le tout dans un milieu social très défavorisé...
Jablonka interroge les témoins pour mieux saisir ce qui a été la courte vie de Laetitia : Ballotée de parents en grands-parents, de foyers en famille d'accueil, elle n'aura connu que la violence. Une vie volée, brutale. Une mort sordide.
La surprise vient de la forme du livre : Il y a là deux livres en fait ! le premier, récit du drame, enquête et procès de Tony Meilhon. le second, biographie de Laëtitia. Les deux s'entremêlent sans vraiment se répondre ; le premier récit dépeint bien les différentes parties de l'enquête, est riche en détails sur le travail des gendarmes, des travailleurs sociaux, de la justice… On voit l'historien derrière, les parties techniques sont passionnantes. le style froid, professionnel, permet de prendre le recul nécessaire pour « digérer » l'histoire, franchement sordide. Alors pourquoi ces envolés, presque lyriques, ponctuant le portrait de Laëtitia ? Jablonka parait très en empathie, le ton manque de distance et tombe de peu dans le pathos. On voit bien qu'il essaie de ménager la chèvre et le chou, on sent sa volonté de ne blesser personne et de montrer à Jessica (la jumelle de Laëtitia) qu'il respecte son histoire. Mais cela finit par sonner un peu faux… Et on n'échappe pas à quelques poncifs ; Je vous laisse juger, p.165 : « Ai-je le droit de parler de « choix », sachant que, justement, elles n'ont pas vraiment le choix ? CLAD en primaire, SEGPA au collège, CAP au lycée : on pourrait voir dans ces acronymes l'illustration des déterminismes qui pèsent sur les enfants d'origine populaire, orientés dès le primaire, c'est-à-dire placés sur les rails de métiers sous payés, fatigants et peu considérés. » Aïe aïe aïe, le discours « mi-pitié, mi-condescendance », du cultivé professeur parisien !
(« Parigot tête de veau » doit-on se dire chez les ploucs du pays de Retz…)
Ajoutez les nombreuses louanges à l'endroit des juges, avocats, policiers qui ont suivit l'affaire. Là encore, entre admiration sincère et flagrant délit de flagornerie, j'ai eu du mal à trancher… Finalement j'aurai sans doute apprécié cette lecture sans ce tenace sentiment d'ambivalence, chaud-froid permanent qui alourdi franchement le récit. Bref, une lecture qui m'a intéressé mais beaucoup agacée.
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L'affaire Laëtitia Perrais est un atroce fait divers qui remonte à janvier 2011, dans la région de Pornic. La jeune fille de dix-huit ans, enlevée, sûrement violée, puis assassinée et démembrée, a fait la une de l'actualité durant de nombreuses semaines, soulevant une immense émotion dans le pays tout entier, ainsi que son tueur Tony Meilhon.
L'historien Ivan Jablonka revient sur cette affaire judiciaire, médiatique et politique sur laquelle il a travaillé durant deux années. Les chapitres alternent entre l'enquête judiciaire et l'enquête personnelle sur la vie de Laëtitia menée au plus près de ses proches. Car l'écrivain, au-delà du fait divers, s'est surtout attaché à raconter une vie, celle d'une jeune fille gaie, dotée d'une grande force morale et capable d'une grande résilience par rapport à ce qu'elle a vécu. Comme il l'explique très bien, il veut avant tout que Laëtitia compte pour sa vie et non pas pour sa mort.
Son récit est également étayé d'apports historiques et de réflexions sociétales. Sans aucun doute, Ivan Jablonka, qui a travaillé sur les enfants abandonnés, retirés à leurs parents, placés en famille d'accueil et parfois maltraités, maîtrise son sujet.

Mais je l'avoue d'emblée, je n'ai pas pu aller au bout de ma lecture. L'enquête judiciaire en elle-même, très détaillée, ne m'intéressait pas outre mesure. Par contre, les parties consacrées à la vie de Laëtitia – et à sa soeur jumelle Jessica – beaucoup plus.
Ivan Jablonka souhaite que le lecteur conserve une « belle » image de Laëtitia, soit. Mais à retracer sa vie, son enfance malheureuse, maltraitée, ballotée, … jusqu'à sa fin connue, je n'ai finalement ressenti qu'un immense malaise. Plus j'avançais, plus je désespérais. Peut-être que si j'avais été plus loin dans la lecture, ma vision aurait-elle changé mais j'en doute. On sait tous comment s'est terminée la vie de Laëtitia…
De plus, j'ai eu du mal dès le début à ne pas distinguer les frontières entre l'historien, l'écrivain et l'homme, très proche de la famille de Laëtitia. Comment d'ailleurs conserver toute son impartialité et son regard d'expert quand il y a autant d'empathie vis-à-vis de la victime ?

J'aime beaucoup lire des livres d'histoire et suivre l'analyse du professionnel qui reste impartiale, même sur des sujets très sensibles. Ainsi, lorsque Jean Hatzfeld interrogent victimes et bourreaux dans sa trilogie sur le génocide au Rwanda, il garde un ton neutre même s'il ne cache pas sa méfiance vis à vis des tueurs hutus. C'est normal. Il s'agit en plus d'un "événement" historique.

Par contre, "Laëtitia ou la fin des hommes" place en son centre une jeune fille que l'on suit dès le berceau. Ce roman dénonce également les violences faites aux femmes, depuis toujours. Il révèle également les récupérations politiques. En bref, il y a un mélange des genres, un mélange d'études mêlées d'émotions qui ne m'ont pas convaincue. Soit on fait un récit historique, soit on écrit sous le signe de la fiction. Mais les deux me paraissent compliqués à associer surtout dans ce genre d'affaire.

Voici donc une lecture inaboutie que je ne peux donc noter, ce qui ne m'empêche pas de reconnaître l'immense travail d'Ivan Jablonka, absolument passionné par son sujet, peut-être trop à mon goût.
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