AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782851945365
60 pages
Fata Morgana (09/04/2001)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Voici un choix de notes récentes, analogue à ceux qu’il m’est arrivé de faire paraître, ces dernières années, à l’enseigne de la Semaison : des choses vues, autour de nous ou plus loin, des choses rêvées (plutôt de l’ordre du cauchemar), des choses lues – et que j’essaie de dire avec la plus grande immédiateté possible, comme à la source. Toutefois, ce choix-ci se distingue des précédents par une radicalité et une concentration plus grandes, comme si le “ravin” d’où... >Voir plus
Que lire après Notes du ravinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans ce cours opuscule, le grand poète Philippe Jaccottet décrit les paysages de la Drôme qu'il habite et les pensées qu'elle suscite en lui.
Il parle de l'absence, de ce vieillard qui a perdu « on compagnon de toute une vie », frappé par le cancer et ce drame lui fait naître des mots qui touche :
« Toute la misère humaine, quand on la touche du doigt, c'est comme une bête qui inspire une répulsion qu'il faut que le coeur endure et surmonte, s'il le peut. »

On y voit le Mont Ventoux avec sa « couronne de pétales de rose », une buse monter « en lentes spirales dans la lumière dure de l'avant-printemps », la pluie, aussi « froide comme du fer » ou des violettes au ras du sol : « ce n'était que cela », « rien de plus », « une sorte d'aumône, mais sans condescendance, une sorte d'offrande, mais hors rituel et sans pathétique ».
On entend le rossignol « sorti dans la brume d'avant le jour », on voit un engoulevent « dans le gris du matin, plus proche qu'il ne l'a jamais été de la maison, comme si ne pouvait plus l'effrayer quelqu'un d'aussi proche des ombres » ou un martin-pêcheur aperçu parmi les saules,

On entend aussi des mots susurrés pendant un rêve et le poète s'interroge sur ces mots « rien n'est prêt » : mais « quoi préparer » ?
« Jusqu'au bout, dénouer, même avec des mains nouées. »

Le poète cite aussi d'autres poètes et auteurs : Ramuz, l'écrivain suisse romand, Angelus Silesius traduit par Roger Munier, Emily Dickinson, Claudel, Hölderlin, Saint Jean de la Croix, Virgile, Piero Bigongiari, ou encore Max Jacob.

Pourtant, en fin de recueil, dans la partie « Après coup », le poète s'interroge « Aucun progrès, pas le plus petit pas en avant, plutôt quelques reculs, et rien que des redites ».
Le poète doute, doute de ces mots, doute de pouvoir dire ce qu'il a touché du doigt.
Et pourtant son dernier vers, entre parenthèses, est un hommage à la poésie : »Quelqu'un écrit encore pourtant sur les nuages »

Faut-il entendre la formule « avant l'embarquement pour la nuit » au sens métaphorique ? J'ai eu la chance d'interviewer Philippe Jaccottet à Grignan. Jeune femme passionnée de littérature et de poésie, je m'étais présentée toute tremblante chez lui, et il avait su m'accueillir et me rassurer, tout en me parlant des grandes traductions qu'il a faites.
Un grand souvenir pour moi.

Alors, un seul vers pour terminer :
« le rire d'un enfant, comme une grappe de groseilles rouges ».


Lien : http://versionlibreorg.blogs..
Commenter  J’apprécie          4112
Notes du ravin est un recueil extrêmement doux qui dit avec justesse la douleur de l'agonie, de la maladie, de l'absence. Philippe Jaccottet n'en transmet pas moins la fraîcheur matinale, les joies de l'enfance, l'espoir et la vie. J'ai adoré lire ce recueil et j'aime encore d'avantage y revenir pour picorer ça et là quelques aphorismes.
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
En passant devant l'une dernières fermes restées des fermes, ici tout près : le petit verger à l'abandon, les murs délabrés en bordure du chemin, le grand noyer au-dessus de la Chalerne - pourquoi tout cela me semble-t-il si "vrai", c'est-à-dire ni aménagé, ni orné, ni truqué ? Ces pierres usées, tachées, prêtes à retourner au sol d'où on les a extraites, ces très vieux arbres cassants, hirsutes, qui ne produiront plus que des fruits acerbes - et l'eau, sans jamais aucun âge.
Commenter  J’apprécie          162
[incipit]
A cinq heure et demie du soir, le jour dure. On voit au-dessus du Mont Ventoux la couronne de pétales de rose de ceux que l’Egypte nommait « les justifiés d’Osiris », si belle dans les cheveux ou entre les doigts des morts dans les portraits du Fayoum. On comprend que c’est cette couleur rose, quelquefois aussi posée sur une robe, une étoffe légère, qui, de ces portraits, sans parler des regards, vous émeut le plus. Cette touche de rose ; cet épi rose dans la main des jeunes morts.

Le soir d’hiver dépose ces couronnes dans les arbres ou sur les nuages. Avant l’embarquement pour la nuit. Ce qu’il y aurait de meilleur à emporter là-bas, de toute une vie ?
Commenter  J’apprécie          50
Un peu avant huit heures, la couleur orange, enflammée juste au-dessus de l'horizon, du ciel qui s'éclaircit et où, plus haut, luit le mince éperon de la lune. Il ne fait pas très froid.
Cela aide le corps à se démêler du sommeil, et l'esprit à se déplier.
Commenter  J’apprécie          70
Imagine quelqu’un d’enfermé dans une pièce hermétiquement close, sans issue possible, sans aucune porte ou fenêtre à fracturer, pire qu’une geôle dans un « quartier de haute sécurité » – et qui y découvrirait soudain, invisible jusqu’alors, un fauve, ou un ennemi sans pitié, ou rien qu’une ombre agressive, avançant lentement vers lui. Ce qui est radicalement sans issue, imparable, inéluctable. Tel est le combat, radicalement inégal, de l’agonie. Telle du moins elle était, puisqu’on peut désormais nous l’épargner, ou en atténuer, artificiellement, les morsures.
Commenter  J’apprécie          20
Imagine quelqu’un d’enfermé dans une pièce hermétiquement close, sans issue possible, sans aucune porte ou fenêtre à fracturer, pire qu’une geôle dans un « quartier de haute sécurité » – et qui y découvrirait soudain, invisible jusqu’alors, un fauve, ou un ennemi sans pitié, ou rien qu’une ombre agressive, avançant lentement vers lui. Ce qui est radicalement sans issue, imparable, inéluctable. Tel est le combat, radicalement inégal, de l’agonie. Telle du moins elle était, puisqu’on peut désormais nous l’épargner, ou en atténuer, artificiellement, les morsures.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Philippe Jaccottet (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Jaccottet
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous qu'on peut tout à fait lire l'Odyssée sans avoir lu l'Iliade ? Cet extraordinaire poème est l'ancêtre de tous les grands romans d'aventure et d'initiation. Et il est d'une modernité incroyable.
L'Odyssée existe dans de très nombreuses éditions, je vous recommande la traduction magnifique de Philippe Jacottet, en poche, aux éditions La Découverte.
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1210 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}