Bizarrerie pour ce cinquième roman de la série : Qwilleran a toujours le même âge, l'histoire se situe dans la continuité de la précédente,
le chat qui voyait rouge, et pourtant, nous voici catapultés des années soixante aux années 80 ! le fait est que l'auteur, après avoir écrit les trois premiers opus, s'était interrompue pendant une vingtaine d'années ; il était donc, j'imagine, plus simple pour elle d'utiliser l'époque contemporaine pour lui servir de décor. Nous passerons sur cette petite fantaisie que nous qualifierons de licence poétique, d'autant qu'
Agatha Christie ne s'était pas gênée, en son temps, pour faire pire.
Ici, Qwilleran se rend dans le comté de Moose, qui deviendra fameux par la suite, pour prendre des vacances bien méritées auprès d'une vieille amie de sa mère. Mais bien entendu, comme par fait exprès, il sera confronté, même dans ce cadre apparemment idyllique, aux crimes les plus abjects.
Bon, on commence forcément à se dire que les ficelles sont un peu grossières : où que passe notre journaliste, des crimes ont lieu, et, comme d'habitude, il n'est pas fichu de démêler le vrai du faux sans l'intervention de ses chats. En revanche, la difficulté que va connaître l'homme de la ville à s'acclimater à la campagne donne lieu à quelques traits d'humour assez bien vus. Dommage, peut-être, que cette veine n'ait pas été davantage exploitée.
La particularité de ce roman, qui sera un tournant dans l'histoire de Qwilleran, c'est la tristesse qu'elle distille, à travers un personnage de criminel attachant et plus sympathique que sa victime. C'est un des rares moments de la série à l'atmosphère aussi mélancolique. Pour le reste, on retrouve ses petites habitudes : on n'est surpris ni dans un sens ni dans l'autre.