Citations sur Le chat qui mangeait de la laine (11)
— Je suis content que ce soit terminé. J’ai craint que nous ne figurions parmi les suspects.
— Notre profession est au-dessus de tout soupçon. On n’entend jamais parler d’un journaliste qui devient criminel. Les médecins tuent leur femme, les avocats tirent sur leurs associés, les banquiers vous roulent avec leurs agios, mais les journalistes vont au Club de la Presse et y noient leurs mauvais instincts.
- Je vous souhaite bonne chance avec votre nouveau magazine, mais puis-je me permettre de vous donner un petit conseil amical ?
Qwilleran regarda ce jeune homme d'un œil anxieux.
- N'appelez jamais des franges des fanfreluches !
Le journaliste retourna à son bureau en méditant sur la complexité de son nouveau métier.
- Vous autres, hommes mariés, vous vous imaginez être les seuls à avoir des problèmes. Au moins vous avez une maison. Je vais bientôt me retrouver à la rue.
- N'avez-vous encore rien en vue ?
- Je n'ai pas encore eu le temps de m'en occuper.
- Pourquoi n'en chargez-vous pas votre chat ? Donnez-lui une liste d'annonces et dites-lui de téléphoner.
Se drapant dans sa dignité, Qwilleran ne répondit pas.
Qwilleran aurait dormi jusqu'à midi, ce dimanche-là, si Koko n'en avait décidé autrement. Grimpant sur le lit avec légèreté, il effleura de ses moustaches le nez et le menton de l'homme endormi. Qwilleran souleva une paupière languissante et grogna en se rendormant:
- Va-t-en.
De nouveau, les moustaches le frôlèrent, cette fois, en des points plus sensibles, les joues et le front. Il sursauta et se redressa dans son lit. Koko bondit à terre et sortit de la pièce, satisfait.
Le journaliste l'avait recueilli six mois plus tôt, à la suite du décès du locataire du premier étage. Qwilleran le nourrissait bien, lui tenait des conversations et inventait des jeux qui plaisaient à cet animal extraordinairement intelligent. Tous les matins, Koko occupait un coin de table, assis bien droit, sa queue entourant ses pattes brunes. Dans ce rayon de soleil, ses yeux étaient d'un bleu intense et sa fourrure paraissait encore plus soyeuse.
Le chat fit le gros dos, gonfla sa queue en point d'interrogation et marcha sur les pieds du journaliste.
- Tu vas avoir une compagne de jeu. Une jolie petite siamoise qui louche un peu.
Qwilleran aurait dormi jusqu’à midi, ce dimanche-là, si Koko n’en avait décidé autrement. Grimpant sur le lit avec légèreté, il effleura de ses moustaches le nez et le menton de l’homme endormi. Qwilleran souleva une paupière languissante et grogna en se rendormant:
– Va-t-en.
De nouveau, les moustaches le frôlèrent, cette fois, en des points plus sensibles, les joues et le front. Il sursauta et se redressa dans son lit. Koko bondit à terre et sortit de la pièce, satisfait.
Jim Qwilleran préparait son petit déjeuner de célibataire, avec une expression d'ennui et de dégoût accentuée par la courbe désapprobatrice de son épaisse moustache.
Qwilleran regarda à ses pieds, tandis que le sang coulait le long de ses doigts. La corde de nylon lui sciait l'autre main. G. Verning Tait s'était pris dans cette corde et s'était écroulé par terre, mais avant de tomber, il avait eu le temps de lancer son arme.
A l'autre extrémité de la corde, Koko se débattait comme un beau diable pour se libérer et, en haut de l'armoire, la chatte siamoise crachait de frayeur.
Le même jour, une petite cérémonie eut lieu au Club de la presse, au cours de laquelle Qwilleran reçut une carte de journaliste honoraire pour son chat. Sur cette carte figurait une photo d identité de Koko, l’œil vif, les oreilles en alerte, les moustaches dressées.