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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quel livre déroutant à lire, à nouveau pioché dans le catalogue des nouveautés Rivages noirs : un Shirley Jackson inédit en France - au titre étrange et exécutoire - dont l'histoire s'inspire d'un fait-divers.

Une fois le livre refermé, je ne sais toujours pas dire ce qui m'a le plus convaincu. Ai-je lu l'un des plus grands livres de fiction écrit sur le refoulement, au sens psychanalytique du terme ? Ou ai-je eu entre les mains un livre prodigieusement en avance sur son époque, qui ne cesse de dénoncer le sort réservé aux femmes depuis leur plus jeune âge au sein des sociétés patriarcales ? Un peu des deux, sans doute.
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Dans la famille Waite, je demande le père Arnold Waite, écrivain d'un unique livre, imbu de sa personne, régnant en maître absolu sur son foyer. Il faut voir les lettres qu'il écrit à sa fille à l'université, c'est pompeux et autocentré. Je demande la mère Mrs Waite, créature soumise et geignarde surtout lorsqu'elle a un coup dans le nez. Je demande le frère, Bud sachant passer inaperçu et enfin je demande la fille Nathalie, dix-sept ans en plein questionnement sur ce qu'est la vie. L'entrée à l'université de Nathalie va être le lieu de rencontres, d'expériences qui vont générer une lente montée en tension de la situation de la jeune femme. On sent venir un dénouement qui ne peut être que mélodramatique.
L'auteure explore la difficulté qu'il y a de passer de l'adolescence à l'âge adulte, laisser derrière soi l'enfance pour découvrir les tourments de la féminité rien de moins pour cette jeune fille esseulée. On découvre une histoire étrange où l'on n'a pas l'impression d'avancer tout se délite. le monde est-il si cauchemardesque qu'il semble impossible d'y survivre. Au final ce livre nous laisse avec nos questions sans réponses face aux épreuves qui s'abattent sur Nathalie. On n'en saura pas plus, c'est à nous de décider des réponses qu'on imagine et c'est plus que ce que je peux donner dans ma lecture avant de tomber dans l'agacement.
Il y a trois parties distinctes dans le récit, toutes apportent un éclairage et une émotion particulière, malheureusement on est soumis aux incessantes ruminations de Nathalie qui viennent brouiller intentionnellement le message. Nathalie ne sait absolument pas qui elle est, à ses côtés on est témoin de son esprit profondément dérangé lorsqu'une voix lui parle intérieurement. Seule la troisième partie m'a véritablement touchée mais en dire plus est impossible. Un livre trop dérangeant pour moi, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Après avoir découvert Shirley Jackson avec ses deux derniers romans, La maison hantée et Nous avons toujours vécu au château, j'étais très enthousiaste de lire un de ses premiers romans, traduit en français 70 ans après sa parution originale.

Hangsaman est un titre mystérieux et l'ouvrage l'est tout autant. À 17 ans, Natalie vit au sein d'un cocon familial étouffant sous le regard d'un père protecteur et dominateur. Pour contrer la morosité ambiante, l'adolescente scénarise des vies parallèles dans sa tête et sur papier. Lorsqu'elle intègre une université pour jeunes filles où elle peine à faire sa place, la frontière entre l'échappatoire imaginaire et le trouble de la personnalité multiple devient de plus en plus poreuse.

Jackson dénonce l'aliénation des femmes, en se moquant des travers de la société patriarcale de son époque. Sa plume peut aujourd'hui paraître surannée, mais elle participe à l'atmosphère rétro. J'ai adoré certains passages, notamment ceux avec la mère de Natalie et ceux avec l'ancienne étudiante et jeune épouse d'un professeur, qui toutes les deux tombées dans le piège du mariage tentent maladroitement de mettre en garde Natalie. Globalement, j'ai aimé la proposition, même si l'évolution de l'intrigue, en particulier dans la dernière partie, m'a semblé moins aboutie que dans les autres romans de l'autrice que j'ai pu lire.
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Critique parue dans le Bifrost n°105

À la vue de la couverture de ce roman inédit en français de Shirley Jackson, difficile de ne pas penser à celle du Bifrost 99, consacré à l'autrice de la Maison hantée. L'auteur en est le même, Miles Hyman, son petit-fils, également auteur d'une version illustrée de la fameuse nouvelle « La Loterie ».

Hangsaman raconte l'histoire de Natalie Waite, dix-sept ans, sur le point de rejoindre l'université et présentée comme ayant un rapport au monde « différent. » Son père, écrivain, autoritaire et peu prolifique, lui impose d'incessants exercices d'écriture. Il y a également son frère et sa mère, constamment inquiète. Celle-ci reste au second plan la majorité du temps. Suite au départ de Nathalie de la maison, nous la suivons dans la découverte de la vie d'étudiante.

Hangsaman est une plongée, tantôt amusante, tantôt effrayante, dans la psyché d'une jeune femme habituée à inventer des mondes. La narration nous livre ses pensées, avec toutes les digressions imaginables, mais également avec tous les non-dits. Il faut s'habituer à bien différencier ce qui se dit entre guillemets ou derrière un tiret, et ce qui est intégré à la narration. Mais l'affaire n'est pas aussi simple, et rien n'est jamais sûr dans ce roman. Un événement traumatique est violemment imposé à Natalie dans le début de l'histoire. Point de départ de ses divergences ? A priori non, mais faut-il se fier à son rapport au temps ? Qu'arrive-t-il réellement à Natalie ? Qui est-elle vraiment ? Est-elle vraiment ? le vrai : tout un programme dans l'esprit de l'étudiante. Où est le réel ? Une question pour elle, mais tout autant pour nous…

La relation fille-père, puis fille-père de substitution est au coeur du roman. Natalie, une fois à l'université fréquente de rares autres jeunes femmes, mais la superficialité reste de mise, jusqu'au dernier tiers. Shirley Jackson croque ainsi avec mordant l'hypocrisie. Celle de la famille, celle des « amis », celle du milieu universitaire. le malaise des faux-semblants, omniprésents dans la majorité des interactions de Natalie, est encore plus déstabilisant quand on le vit au travers d'une des protagonistes. L'enfer des autres, de leurs regards, de leurs opinions, de leurs ricanements mais aussi de leurs envies de parler, de leurs attentions, de leur simple présence.

Shirley Jackson tisse sa toile et nous laisse nous dépêtrer au sein de son labyrinthe, tout en faisant régulièrement miroiter une sortie. Pour autant, Hangsaman n'est pas franchement un roman de genre. Il y a bien des choses étranges qui peuplent ses pages, une ombre entraînante ou un arbre prenant des nouvelles, mais pas assez pour pleinement l'ancrer dans le fantastique. La lecture s'avère exigeante si l'on veut à tout prix comprendre l'enchaînement logique des faits, plaisante si l'on se détache d'aussi basses considérations que la compréhension. Car la plume de Shirley Jackson est riche et peu avare en images savoureuses et descriptions piquantes. À savourer donc, si vous aimez avancer dans le brouillard.
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Bon ou pas bon ?
Par certains côtés, bien moins abouti que Nous avons toujours vécu au château qu'elle écrira dix ans plus tard, bien moins sec et enlevé que La Loterie, la nouvelle qui l'a rendue célèbre, Hangsaman nous laisse un goût étrange en bouche.

Pourtant, tous les ingrédients de ces deux oeuvres majeures sont là, en germe, expérimentés, mitonnés, triturés, caressés à rebrousse-poils...

Mais il manque quelque chose, de la tenue, de la suite, le contrôle de la narration. Trop de longueurs, une satire du milieu universitaire - certes amusante, mais datée - qui empêche d'aller vers l'universel.

Cependant l'ambition du roman est immense et le moins qu'on puise dire c'est que Shirley respecte son lecteur, ne le prend pas pour un imbécile. Jamais elle n'appuie le trait, jamais elle ne se perd en explications. Elle nous laisse tirer les conclusions, deviner le mal-être, ressentir le trauma.

Surtout, certaines scènes sont particulièrement bien troussées, on y trouve déjà la patte inimitable de l'autrice qui joue avec brio de l'étrangeté des âmes et de la sourde angoisse du quotidien. La scène de beuverie chez Lizzie, le trouble homosexuelle quand elle doit coucher cette dernière ivre morte, le caractère manipulateur et en même temps fort médiocre du père (et du professeur), la mystérieuse rencontre avec une kleptomane dont on ne sait si elle est notre protagoniste ou une autre... Quelques passages de ce roman sont parmi les plus étrangement inquiétants qui m'aient été donné de lire.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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