45e jour. C'est le septième sabbat de mon année biblique. Enfin, à vrai dire, c'est le lendemain du septième sabbat. Je n'ai pas pu taper cette entrée le jour même parce que la Bible m'interdit de travailler. (Un ami m'a fait remarquer que même observer le sabbat, ça revenait à le rompre, puisque mon travail consistait à me conformer à la Bible. J'en ai eu mal au crâne pendant deux heures.)
Jérusalem, c'est les îles Galápagos de la religion – tu ne peux pas ouvrir les yeux sans tomber sur une créature exotique.
Il faut peut-être que j'arrête de fétichiser l'individualisme. Ce serait une bonne chose à faire ; d'ailleurs, l'individualisme radical est sur le déclin. À mon avis, le monde va évoluer dans le sens de Wikipédia. Tout va devenir collaboratif. Mon prochain livre comptera deux cent cinquante-huit coauteurs.
Mais je soupçonnais presque tout le monde d'avoir le littéralisme sélectif. Les gens exhumaient les passages qui correspondaient le mieux à leurs convictions, qu'elles soient de droite ou de gauche. Pas moi. Non sans une certaine naïveté, je pensais éplucher les couches d'interprétation qui recouvrent les Écritures pour mettre à nu la Bible véritable. Je serais l'intégriste suprême. Je ne reculerais devant rien.
Pour le contexte : j'ai grandi à New-York au sein d'une famille tout ce qu'il y a de plus laïque.Officiellement, je suis juif, mais je le suis à peu près autant que le Bistro Romain est un restaurant italien.C'est-à-dire : pas tellement.Je n'ai pas fréquenté d'école hébraïque, pas mangé de pain azyme.Le seul rite vaguement juif auquel ma famille ait jamais sacrifié, c'est ce paradoxe classique de l'assimilation : une étoile de David au sommet de l'arbre de Noël.
213ème jour. Je déteste cette coutume insensée, pathogène de la poignée de main. Et le projet Bible - avec ses nombreuses lois sur la pureté- m'a fourni un excellent prétexte pour éviter de serrer la main aux femmes. Or voilà que je découvre une chose magnifique: je peux étendre ma prohibition au reste de la population.
Empreint de respect autant que d'irrévérence, le voyage spirituel qui découle de cette expérience et des rencontres qui la jalonnent est à la fois drôle et profond, personnel et universel. Que vous soyez croyant, agnostique ou athée, il pourrait bien changer votre regard sur le livre le plus influent de l'Histoire.
Mais-minute- ai-je seulement le droit d'utiliser mon ordinateur ? Comme vous l'aurez deviné, la Bible n'aborde pas spécifiquement le problème, j'avance donc un oui prudent.A l'occasion, je pourrai toujours prendre un moment pour essayer les tablettes de pierre.