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Critique de Zakuro


J'avais repéré la parution très récente du roman « les yeux du Rigel » qui est le 3ième volet de la trilogie de Roy Jacobsen, un auteur norvégien que je ne connaissais pas.
J'ai donc lu  Les invisibles traduit par Alain Gnaedig, puis  la mer blanche  et  les yeux du Rigel  à la suite sans interruption et avec un immense bonheur car c'est une lecture qui m'a complètement transportée.

J'ai vécu une page d'histoire particulièrement émouvante en suivant pas à pas le quotidien d'une famille de pêcheurs sur l'île Barrøy tout au nord de la Norvège, dans l'archipel dit aux milles îles qui porte le nom des familles qui y vivent.

La famille Barrøy où Hans est le chef de famille est au complet en ce début du 20 ième siècle. Les saisons rythment de manière immuable le dur labeur de la pêche et des fenaisons, le maillage des filets, le ramassage de la tourbe. Les scènes des travaux et besognes sont décrites de manière détaillée et respectueuse d'un savoir faire ancestral qui se transmet de génération en génération. le rythme est lent mais toujours en mouvement comme la mer.


Sur l'île, les enfants naissent, ont à peine le temps de grandir pour travailler durement dans cet horizon sans limite dont ils ne voudraient pourtant aucun autre . Dans la famille de Hans Barrøy le travail se fait en silence mais avec le bruit incessant du vent et les cris des oiseaux. Alors quand la brume descend et le silence se fait, ils peinent à laisser leurs outils pour faire place à leurs pensées.
Les sentiments sont tus mais le corps et l'esprit sont naturellement offerts au vent comme la petite Ingrid qui préfère de loin son île aux bancs de l'école qui lui a défait son sourire. Les élans tristes ou passionnés sont contenus quitte à ce qu'ils déferlent un jour puissamment sans aucune digue pour les retenir.

Quelle magnifique écriture façonnée comme une pierre précieuse ! Poétique, réaliste, elle m'a poinçonné le coeur. Je me suis raccrochée à ce radeau de petits bonheurs solidaires qui navigue sur l'eau malgré la violence des éléments et les blessures de l'existence. Je me suis profondément attachée aux membres de la famille Barrøy qui ne font qu'un avec la mer. Indomptables et fiers, femmes et hommes sont attachés à leur bout de terre lointain.

La maison sur l'île est un havre de douceur, côté sud ou côté nord qui ont leur préférence selon les saisons . Roy Jacobsen a des yeux de divin en faisant voir et toucher la belle vaisselle polonaise, la nappe aux minuscules fleurs rouges et jaunes reliées par des sarments verts. Tout est beau et simple. Et pourtant le regard n'est jamais le même ni les couleurs de l'horizon.
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