Les enquêtes de l'inspecteur Higgins, tome 18 : Le crime du sphinx

À vingt-huit ans, elle rayonnait de jeunesse, consciente de son charme ; ses jambes interminables lui conféraient l’allure d’un top model, sa démarche déclenchait la convoitise des mâles et sa blondeur les rêves des romantiques.
Se sentir admirée lui donnait la force des prédatrices ; détestant qu’on la contrariât, elle s’imposait avec un dynamisme inépuisable. Conquérir, conquérir encore… C’était son carburant.

La science croit toujours avoir raison, et que d’erreurs tragiques ont été commises en son nom ! On nous exhibe des preuves définitives et, bien des années après, on regrette de s’être fourvoyé… Mais les dégâts sont irréparables.

Mozart est venu d’un autre monde pour nous aider à supporter le nôtre ; en l’écoutant, on forme sa sensibilité à ce qui est juste.

L’ADN, l’ADN… Naguère, on ne jurait que par l’arsenic, et la science a causé des dizaines d’erreurs judiciaires ! L’ADN, c’est la dernière mode et, comme d’habitude, les experts se prétendent infaillibles et envoient des innocents derrière les barreaux ! Demain, on appliquera une nouvelle technique et on contestera les résultats d’aujourd’hui !

Le triomphe d’aujourd’hui peut devenir la défaite de demain si l’on se repose sur ses lauriers ; et ce n’est pas mon genre ! Chaque semaine, je réunis mon équipe de spécialistes et j’examine leurs résultats ; et je confesse que ça chauffe souvent ! L’ingénieur qui s’endort et tente de se justifier, je le vire ; et je passe une bonne partie de mon temps à recruter de jeunes scientifiques aux idées révolutionnaires ou farfelues. À l’épreuve des faits et de la production industrielle, je trie !

– Higgins ! Je vous croyais à la retraite.
– Parfois, le devoir vous arrache à la quiétude.

Pour Higgins, un assassin était un assassin, et son devoir consistait à l’identifier en établissant la vérité, quelle qu’elle fût, de manière à offrir la paix à l’âme de la victime. Ne perdant que très exceptionnellement son calme, l’ex-inspecteur-chef gardait sa ligne de conduite où des valeurs périmées, telles l’amitié, la loyauté et la rectitude, occupaient le premier rang.