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Farouk Mardam-Bey (Autre)Richard Jacquemond (Traducteur)
EAN : 9782330149406
288 pages
Actes Sud (14/04/2021)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Une jeune écrivaine égyptienne, Enayat El-Zayyat, s’est donné la mort en 1963, et personne ne se rappelle plus de son seul et unique roman, «L’Amour et le Silence», publié en 1967. Plus de quarante ans plus tard, Iman Mersal l’a lu et, intriguée par le suicide de son auteure, a mené une longue et minutieuse enquête pour reconstituer son histoire. Un livre inclassable, entre la biographie, l’enquête historique et journalistique ou encore l’essai, superbement écrit pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je termine l'année sur ce beau livre d'Iman Mersal.
C'est l'histoire d'une quête et d'une rencontre par-delà le temps. L'auteure s'est mise sur la piste d'Enayat Zayyat, une écrivaine égyptienne, morte à 26 ans le 3 janvier 1963. Dans quelques jours, il y aura soixante ans.
Les raisons de la quête ne sont pas explicites. Elles semblent venir du trouble causé par la lecture de l'unique roman d'Enayat, L'amour et le silence. Cela cadre bien avec le refus de l'auteure d'écrire une biographie. C'est bien plutôt le récit de ses recherches qu'elle nous livre, avec ses déceptions, ses impasses, ses fausses pistes, mais aussi ses découvertes et ses révélations. Il en ressort un portrait fragmentaire dont elle ne cherche pas à combler les manques. Au contraire, elle tente de leur donner un sens.
Pour arriver à cela, elle entremêle plusieurs approches.
Cela commence par la généalogie bien sûr, difficile à établir, et qui montre l'effacement d'Enayat (la photo de couverture est floue).
Puis viennent les rencontres avec les personnes qu'elle a connues, de sa famille, de ses amis, de ses voisins. Une personnalité ressort: Nadia Lutfi, vedette du cinéma égyptien des années 1960 et meilleure amie d'Enayat.
A travers les personnalités se dessine une géographie de la trace ténue laissée par Enayat dans différents quartiers du Caire: Bab El Louk, Dokki, Zamalek, l'école allemande, l'Institut allemand où elle a travaillé, mais aussi la clinique psychiatrique où elle a été soignée. Et finalement, la recherche de la tombe dans le cimetière des Mamelouks.
L'époque est celle de la révolution de Gamal Abdel Nasser, entre essor économique, modernité, nationalisme et autoritarisme. La condition des femmes évolue vite mais avec de nombreux contrastes.
Et bien sûr, il y a l'écriture, le roman, les nouvelles, le journal dont il ne reste que quelques bribes. L'on suit les méandres de la publication du roman, finalement édité à titre posthume quatre ans après la mort de l'auteure.
Par le prisme de cette enquête, nous apercevons quelques pans de l'histoire de l'Égypte aux 19e et 20e siècles. Et des réflexions sur le nationalisme nassérien, sur les thèmes littéraires "obligatoires" dans ce contexte. Le
rapport à l'archive est aussi évoqué, et les dédales de la bureaucratie.
Le livre d'Iman Mersal a donc le double mérite de nous faire entrevoir une personnalité touchante et singulière et de nous introduire dans la société égyptienne.
Et finalement elle expose subtilement un moment de sa propre histoire d'auteure.
Je la rapprocherais volontiers du dernier livre celle que Michela Marzano raconte dans son dernier livre: Mon nom est sans mémoire. Deux de mes lectures marquantes de 2022.
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Une jeune écrivaine égyptienne, Enayat Zayyat, s'est donné la mort en 1963, et personne ne se rappelle plus de son seul et unique roman, L'Amour et le Silence, publié en 1967. La lecture de ce livre, qui avait été refusé par les éditeurs de son vivant, a incité Iman Mersal, poétesse égyptienne installée au Canada, a en savoir plus sur son autrice par le biais d'une enquête au long cours qui a débouché sur la publication de Sur les traces d'Enayat Zayyat. Ce n'est pas une biographie mais un livre un peu à la manière d'un Emmanuel Carrère ou d'un Javier Cercas, qui ressemble en définitive à un puzzle auquel il manquera toujours quelques pièces, notamment une principale concernant les raisons du suicide de cette femme de 26 ans, mère et séparée de son mari après un long et douloureux processus. Partie de rien, ou presque, Iman Mersal remonte le temps en recueillant toutes sortes d'écrits au sujet de son héroïne et de témoignages, en particulier de sa meilleure amie, la célèbre actrice Nadia Lutfi. A mesure que le portrait d'Enayat se précise, jusqu'à un certain point, c'est aussi une époque qui reprend vie, aux alentours de 1960 dans l'Égypte de Nasser dans une société prétendument "libérée" mais où la place des femmes dans l'art et plus largement dans la société obéit plus que jamais à des lois patriarcales. le livre est souvent passionnant pour ses aspects sociologique et "policier" mais il est aussi riche de digressions qui parleront plus difficilement aux profanes en matière d'histoire et d'organisation sociale de l'Égypte. Et puis, finalement, Sur les traces d'Enayat Zayyat donne très envie de lire L'amour et le silence, oeuvre posthume et unique d'une inconnue qui ne l'est plus, désormais.
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Qui était Enayat Zayyat ? de cette autrice égyptienne, la poétesse et universitaire Iman Mersal ne connaissait que son unique roman « L'amour et le Silence », publié en 1967, quatre ans après sa mort. Touchée par son écriture sensible, Iman Mersal souhaite en savoir plus sur cette jeune femme et comprendre pourquoi elle s'est donné la mort à seulement vingt-six ans. À l'aide de témoignages de proches et d'amies d'Enayat, dont l'actrice Nadia Lutfi, d'archives publiques et privées ou de journaux intimes, l'autrice mène cette enquête pendant plusieurs années. Petit à petit, nous découvrons l'histoire d'Enayat, son enfance et son éducation à l'école allemande, son mariage malheureux, et ses aspirations d'écriture.
Plus qu'une biographie, c'est l'histoire d'une recherche patiente et minutieuse, au fil des sources, pour reconstituer la vie d'une femme. Iman Mersal nous fait parcourir les rues du Caire, à la recherche d'une place, d'une tombe ou d'un centre d'archives, et nous plonge dans la vie politique, sociale et culturelle de l'Egypte des années 1950 et 60. L'autrice parvient parfaitement à réhabiliter la vie et l'oeuvre de sa consoeur et il est souvent touchant de voir, au fil des pages, des photos de la jeune Enayat, souriante.
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J'ai suivi Iman Mersal 'Sur les traces d'Enayat Zayyat'.
I. Mersal est autrice, poète née au Caire universitaire au Canada. Chez un bouquiniste elle découvre par hasard 'L'Amour et le Silence' seul roman d'Enayat Zayyat, autrice qu'elle ne connaissait pas jusqu'alors. Elle va alors partir "sur les traces" de cette jeune autrice dont le seul roman aura été publié à titre posthume. Cette "enquete" nous plonge dans le contexte politique et le milieu littéraire des années 50/60 en Egytpe. Je vais reprendre la lecture pour noter -et creuser- les nombreuses références à des autrices féministes qui ont éveillé ma curiosité.
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Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
Cette nuit-là, elle nous a dit qu'elle voulait divorcer. Elle n'a rien voulu entendre. Elle était déterminée et révolutionnaire. On était toutes révolutionnaires, c'était une période de transition. Enayat et moi nous étions nos propres leaders, nous savions que le changement social qui se produisait alors, ce n'était pas une plaisanterie, que notre génération était capable de faire ce qu'elle voulait.
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... la voix discrète d'Enayat, qui ne s'adresse pas au grand public, cette voix mystérieuse, dépressive, répétitive, sans aucune confiance en elle, semblable à une plainte qui cherche à se faire entendre derrière un mur, cette voix qui n'a pas trouvé le chemin de la poésie qui l'aurait peut-être sauvée de la mort ...
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Qu’une femme se donne la mort – une femme jeune, qui avait un fils, un père,
une amie – pour un livre était une véritable tragédie,mais c’était une tragédie fascinante. Je me la représentais aux prises avec la grammaire arabe, essayant de mettre tout ce qu’elle voulait dire dans un roman, refusant de le publier à compte d’auteur. Elle ressemblait à son
héroïne Nagla, mais la quête d’identité de Nagla dans le travail, l’amour et la conscience politique s’était achevée dans l’espoir, avec la révolution de Juillet et les chars dans les rues où “l’aube commençait à se lever”, tandis que la quête artistique d’Enayat s’était achevée dans le désespoir ; Dar al-Qawmiyya, une des créations de la révolution de Juillet dans le domaine culturel, l’avait rejetée. Je me représentais Enayat en héroïne de son théâtre intime ; l’écriture était son identité, sa seule voie dans la quête de sens : le refus du roman équivalait à mettre en cause cette identité, à anéantir ce sens.Je me demandai si Mansour avait ressenti quelque culpabilité. Mais après tout, elle ne lui avait pas donné son roman une fois achevé, pas plus qu’elle ne lui avait demandé son aide pour le publier ni n’avait eu recours à lui quand Dar al-Qawmiyya l’avait refusé. Elle avait donc décidé de se passer de ses services.
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Tout n’était pas noir pour autant. Les malades étaient correctement nourris, et les infirmiers toujours de bonne humeur – il est vrai qu’aucune loi n’établissait leur responsabilité en cas de décès accidentel ou de grossesse
illégitime. En somme, Warnock transforma tout en quelque vingt-six ans ; il commença par faire appel à quinze Égyptiens de l’hôpital militaire et fixer de nombreuses règles, y compris pour sanctionner les infirmiers
en cas de négligence ; il fit engager une sage-femme pour aider les aliénées victimes de grossesses non désirées ;il interdit aux patients les sorties en vue de solliciter la
bénédiction des saints, car ils en profitaient pour fuguer ou commettre des actes indécents sur la voie publique.
Il fit construire une aile pour les femmes à la place des écuries, une cuisine, un four à pain, une buanderie, des allées ombragées pour la promenade où il fit planter de nombreux arbres ; il fit refaire le système de canalisations ; il répartit les malades en six quartiers en fonction de la gravité de leur cas ; il mit au point un système de formation pour ceux qui étaient appelés à quitter l’hôpital afin qu’ils apprennent à réaliser quelques travaux
simples.
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Dans les comptes
rendus qu’il envoyait à la revue scientifique Brain à
Londres, il estime que plus de 30 % des cas de folie qu’il
a observés sont causés par le haschisch chez l’homme et
par le sexe chez la femme35. Tout cela fit de lui une autorité consultée par les occupants français de l’Afrique
du Nord comme par ses compatriotes basés en Inde
ou en Extrême-Orient. Beniamin Behman n’était pas
convaincu par ces théories. Il n’appréciait guère non
plus le règlement intérieur mis en place par Warnock à
Abbasseya comme à l’hôpital de Khanka, fondé par ce
dernier en 1911, qui traitait différemment les malades
en fonction de leur degré de proximité par rapport à
la civilisation : il y avait un règlement pour les sujets
britanniques, un autre pour les Égyptiens de la classe
supérieure, un troisième pour les Égyptiens fonctionnaires
et un quatrième pour les pauvres ; en outre, les moyens
de l’hôpital, malgré tous les efforts, restaient sans comparaison avec ce qu’il avait vu en Angleterre.Beniamin Behman réalisa son rêve : il ouvrit une clinique psychiatrique de niveau international, où il établit
une formation à la psychiatrie en coopération avec l’université de Durham.
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