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M'sieur Prévert, M'sieur Prévert!
Je peux vous faire un compliment?
Même si ça ne vous intéresse "guerre",
j'veux vous dire que vous êtes épatant!
Ben, oui, assurément:
il faut beaucoup de savoir-faire
pour conter des poèmes aux enfants.
Comme beaucoup, j'vous ai connu naguère,
à l'époque de l'école primaire,
avec « Le Cancre » évidemment.
J'ai tout de suite adoré,
l'histoire des couleurs et du tableau noir ;
je m'en suis inspiré un soir
pour écrire mes premiers vers,
à la demande la maitresse qui, d'ailleurs,
m'a envoyée chez le directeur :
elle les a trouvés charmants.
Mon texte commençait par « Dans le ciel, il y a des étoiles, qui dansent avec une robe en voile… »
je ne me souviens plus du reste, malheureusement…
Mais le directeur a trouvé ça plaisant,
il a même sourit, lui qui le faisait si rarement…
Au fait, je suis Paola…
pour vous, plutôt Anna
(éclair seulE me comprendra…).
C'est au collège à votre nom que, fièrement,
j'ai fait mes classes de 6eme et 5eme…C'était le bon temps,
même si à l'époque, portugaise à la moustache dans le vent,
à peine un mètre quarante, mais avec toutes mes dents,
ça n'était pas toujours évident…
« qu'est-ce qu'i' font tes parents ? »
« Ouvriers nettoyeurs » c'était plus chic que femme/homme de ménage, dans le temps.
Je vous avoue que la poésie n'est pas ma tasse de thé.
J'suis plus terre à terre,
j'aime les histoires racontées.
Bien sûr, j'aime aussi Appolinaire et ses Alcools,
Je n'en bois pas et là,
C'est le vétérinaire qui s'y colle
(encore un qui comprendra)
J'aime Verlaine et Rimbaud ,
Eluard et sa liberté, Baudelaire et sa sensualité,
bien que mon entendement ne vole pas si haut.
Au Portugal , j'ai lu Miguel Torga, c'est mon préféré,
mais quand j'ai survolé Pessoa…ben, je n'ai pas tout pigé.
Avec vos « Paroles », Mr. Prévert,
et entrainée par une amie
au nom si joli
venu d'Asie,
(elle est flagrante, celle-ci...)
j'ai découvert que la poésie
raconte aussi
des histoires, des contes, des aventures, des sentiments, des péripéties.
Vous m'avez émue et réjouie
avec la musique de vos mots, le fleuri de vos chants, la révolte de votre cri
qui en a dénoncés tant.
Je vous remercie,
Mr. Prévert, de m'avoir fait sourire en pleurant,
de m'avoir prouvé qu'on peut être absurde en rimant,
de m'avoir parlé de la guerre en blaguant,
de m'avoir montré la mort en riant.
Vous m'avez même parlé d'amour
et tout le tremblement,
vous auriez pu me faire la cour..j'en ai rêvé une nuit durant...
Je vous aime beaucoup, m'sieur Prévert,
avec votre clope au coin des lèvres,
sur un sourire qui s'achève,
en nous regardant amicalement.
J'vais vous d'mander un p'tit service, Mr. Prévert, soit dit en passant : si, au détour d'un nuage, dans votre paradis d'incroyables mécréants, si vous croisez mon tonton adoptif,
(facile de le reconnaitre :il n'a plus de tifs,
c'est un portugais très grand mais il a perdu son accent
depuis bien longtemps).
…..Il vous a rejoint la semaine dernière...
Dites-lui de ma part que, malgré le temps,
le temps qui se barre
et qui n'est jamais comme avant,
dites-lui que je l'aime, que jamais je ne l'oublierai
et qu'il me manque encore plus....maintenant…
P.
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Prévert est sans doute un de mes poètes préférés, c'est aussi un des poètes les plus populaires, le plus récité, le plus chanté, le plus aimé des grands et des petits, des sophistiqués et des simples....

Mais expliquer un poème de Prévert c'est l'éteindre, le mettre en boîte comme ces beaux papillons qu'on épingle et qui ne voleront plus.

Alors...lisons Prévert, disons Prévert, chantons Prévert. Sans l'expliquer, sans l'analyser. Gardons-lui sa vie, sa couleur, ses ailes de papillon..
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C'est…
De l'amour à la mort,
De la vie et du temps,
Des saisons, des chansons,
Des mots tendres, des jurons,
De la guerre et des « Pater Noster »,
Et des épiphanies et des Paris la nuit,
C'est tout un « inventaire »,
Et c'est un univers « Place du carrousel » ou à la « rue de Seine »,
« La lanterne magique » de Prévert.
C'est…
Des saynètes, des histoires, des pièces et des sketches,
Des complaintes à rengaines, refrains à entonner, chansons à fredonner,
Pour geôlier amoureux, pour escargots en deuil…
Et des effets de style et des faits stylisés, vers libres et pieds nickelés.
Et des rimes à rire et puis des jeux de mots,
« Quartier libre » pour humour noir et pitreries,
« Ordre nouveau » pour calembours et contrepèteries.
« Devinettes aimables, farces du bon vieux temps »,
« Composition française » et leçon de syntaxe,
En « page d'écriture » ou en « écritures saintes »,
Pour « Cancre » à « Alicante ».
Et puis aussi des métaphores ou bien encore des anaphores qui se font aphorismes,
Et des associations, et des répétitions, des allitérations sans altération,
De « grandes inventions » langagières doublées d'un parler populaire,
Un art de la tournure, le sens de la formule, un brin de parodie dans la caricature.
Et des images et des allégories,
Et puis de la musique, des notes qui s'envolent,
Et puis de la peinture, des couleurs, des symboles,
Des cages que l'on ouvre et de la liberté
Sans frein ni fin, sans tabou ni « sacrosaint ».
Des palabres, des palabres…
En plaidoyers, en plaidoiries, en prédications, en homélies, en harangues, en causeries…
Et des mots tout cela, rien que des mots,
Des paroles… mais signées Prévert
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De quoi parle t'on ici ?
De la pluie et du beau temps ? Bien sûr.
De guerre et de violence ? Aussi, hélas, le monde n'est pas sage.
D'enfant et de cancre ? Cela arrive parfois.
D'amour ? Toujours.
De fête et de banquet ? Quand sonne l'heure.
Et bien sûr d'un raton laveur...
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Une douce musique, la nostalgie de l'adolescence, les premiers émois amoureux.
Un coeur qui s'accélère…
Souvenirs, souvenirs…
Paroles, c'est tout cela et bien plus encore.
J'ai gardé la première édition en poche de ce recueil de poèmes.
Ouvert, fermé, lu, relu, les pages ont jauni et sont cornées et moi j'ai vieilli et je me souviens :
« Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sur Brest ce jour-là »

Je ne suis pas Barbara, je ne suis pas à Brest, mais je n'ai pas oublié !
J'ai aimé et j'aime toujours ces « Paroles »

Paroles de guerre et de violence :

« Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s'en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de saoulographie alors
si sage... si monotone... »

Paroles d'amour :

« Une orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et toi dans mon lit
Doux présent du présent
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie. »

Paroles d'enfance :

« Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur »

Je ne suis pas une grande lectrice de poésie, mais Prévert m'a accompagné tout au long de ma vie.
J'aime relire ces textes, le soir avant de m'endormir ou à n'importe quel moment selon mon humeur.

Mon préféré, pour finir, je l'ai lu, tellement lu que je n'ai plus besoin du texte, ma mémoire en est imprégnée.

PARIS AT NIGHT

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras. »
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Jacques Prévert bien différent de l'image du gentil poète inoffensif dont les chères têtes blondes de toute la francophonie, d'ici, de France ou de Navarre ânonnent les poèmes à chaque remise de bulletin, chaque fête des mères et autre festivité bourgeoise…

Jacques Prévert anticlérical qui n'aime pas la prière car elle fait un sale petit bruit, qui juge le pape « utile comme la paille dans l'acier », qui réécrit l'histoire de la vie de Jésus à sa façon, qui dénonce la complicité de l'Eglise et des régimes nationalistes et fascistes des années 30.

Jacques Prévert anti-système qui se moque de « ceux qui pieusement… ceux qui copieusement… ceux qui tricolorent … ceux qui sont chauves de l'intérieur ceux qui donnent des canons aux enfants ceux qui donnent des enfants aux canons », qui dénonce « monsieur Edmond, chef de famille, chef de bureau », qui lave son linge sale en famille et piétine à mort sa fille qui porte le fruit de ses amours dans les entrailles, question d'honneur.

Jacques Prévert anti- militariste, pacifiste convaincu, qui se demande où s'en va tout le sang répandu sur terre, qui refuse de prendre le fusil pour tuer des Noirs en Ethiopie et qui prévient les vieillard, les chefs de famille que le temps où ils donnaient leurs fils à la patrie ce temps-là ne reviendra plus.

Jacques Prévert anticapitaliste qui nous parle « des petites filles qui demandent humblement à crédit chez le laitier, des hommes, des femmes, des enfants qui se battent contre la misère pendant que d'autres se gondolent à Venise avec des suspensoirs d'hermine et des diamants aux doigts de pied », qui dénonce ce bel effort humain qu'ils veulent faire aimer et accepter à celui qui n'a pas de vraie maison, qui sent l'odeur de son travail, est touché aux poumon et dont le salaire est maigre, ses enfants aussi.

Jacques Prévert libertaire qui « ne peut raisonnablement blâmer les régicides qui n'ont pas de roi sous la main d'exercer leurs dons dans leur entourage immédiat, particulièrement ceux qui pensent qu'une poignée de riz suffit à nourrir toute une famille de Chinois pendant de longues années », qui conseille aux puissants, aux nantis, « de regarder, d'écouter, pour vous habituer, pour n'être pas surpris d'entendre craquer vos billards le jour où les vrais éléphants viendront reprendre leur ivoire. Car cette tête si peu vivante que vous remuez sous le carton mort, cette tête blême sous le carton drôle, cette tête avec toutes ses rides, ses grimaces instruits, un jour vous la hocherez avec un air détaché du tronc et, quand elle tombera dans la sciure, vous ne direz ni oui ni non ».

Jacques Prévert en utopiste qui appelle tous les miséreux du monde entier, les camarades affamés, les camarades paysans du Danube, les camarades de Belleville, de Grenelle et de Mexico, les camarades mineurs du Borinage, les camarades mineurs d'Oviedo, les camarades dockers de Hambourg, les camarades des faubourgs de Berlin, les camarades espionnés, bafoués, trompés, fatigués, découragés, les camarades noirs des Etats-Unis, à s'unir, à se lever et à faire changer les choses.

Mais aussi Jacques Prévert amoureux des jolies filles qui se noie dans leur regard, des oiseaux et de la liberté. Un jongleur de mots (pas sûre d'encore pouvoir faire la grasse matinée après cette lecture), un plasticien de l'imaginaire, un hédoniste sans scrupule.

Jacques Prévert, à (re)découvrir sans attendre pour lui attribuer enfin sa juste place. Celle d'un très immense poète qui a quelque chose à dire. C'est devenu si rare.
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Nous avons tous dans la tête une phrase, quelques vers, une poignée de mots à fredonner et qui nous viennent de Jacques Prévert. Jacques Prévert, c'est presque comme un grand frère, un frère de la rue et des étoiles. Paroles est ce recueil de poèmes qui nous ramène à l'enfance. Non pas forcément l'enfance de l'école ou alors ce serait l'école buissonnière. Non, je parle de cette part d'enfance qui demeure encore un peu en nous et qui ne demande qu'à se réveiller, à déployer ses ailes de pinson chaque fois que nous regardons l'envers du décor, ce qui est beau à côté de nous, presque invisible lorsque nous trébuchons pour le rattraper, le ciel qui penche sur un arbre, le vol d'une libellule qui nous rend brusquement si léger et puis cette transgression dans le monde si rectiligne des adultes. Chaque fois que nous voulons transgresser ce monde, il y a un peu d'enfance qui se réveille en nous, et forcément un peu de Prévert.
Paroles, c'est une pluie qui ruisselle dans la lumière de nos mains. Nous la portons à nos lèvres comme un enchantement.
C'est une baleine énorme qu'on jette sur la table de la cuisine, c'est une ribambelle d'escargots qui vont à l'enterrement d'une feuille morte, c'est le patron à qui nous faisons un grand bras d'honneur en n'allant pas travailler ce matin, c'est un homme seul dans un square et qui me ressemble...
C'est un amour défait qui attend sous le porche d'un immeuble. C'est l'enfance blessée et qui a mal. C'est toi et c'est moi, ensemble et nulle part...
Paroles, c'est un geste rebelle qui ouvre la cage.
Paroles, c'est juste le bruit de la rue et sa rumeur qui remonte en nous comme une petite chanson.
Souvent, durant mes études à Brest, je remontais la rue de Siam et je pensais à cette femme, Barbara, en me demandant si elle avait vraiment existé, lorsque dans le bus qui remontait la rue, mes yeux frôlaient une porte cochère ici ou là. Et je me demandais : "étais-ce ici, était-cela ?" Et comme toi Jacques je me demandais « qu'est-elle devenue à présent ? » Je n'avais alors plus aucun doute, cette femme avait vraiment existé...
Ô comme c'est cruel la guerre...
Mais l'enfance qui s'en va de nos mains comme un château de sable sous le vent, n'est-ce pas cruel aussi ?
Paroles, ces mots font du bien.
Paroles, ce sont des mots d'amour que nous jetons dans le sable avant que le vent ne les emporte au loin, si loin...
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Des mots qui s'envolent, des notes de musique, des parfums et des couleurs, qui nous font sourire ou nous attristent. La liberté, l'amour, la guerre, le labeur des ouvriers...
Des mots frais, simples et tendres, pour que chacun, enfant ou adulte, comprenne un petit bout d'histoire et se l'approprie.

J'ai toujours gardé en mémoire, depuis l'enfance, le rythme de ce poème : "Page d'écriture", même si certaines paroles étaient devenues floues avec le temps, je n'avais pas oublié sa magie. Un vrai plaisir de le retrouver.
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Un des plus beaux recueils de la poésie française. Jacques Prévert nous offre des textes magnifiques et une douce musicalité. Que ce soit au sujet de l'amour ou de la guerre, ces vers chantants ne laissent pas indifférent! Pas besoin d'en dire plus sur ce grand classique!
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Comment chroniquer un tel chef-d'oeuvre, déjà si souvent commenté ? Je le fais avec un poème, à la façon du maître...

La magie des mots,
des mots sans rime.
La musique des vers
dont on oublie les pieds,
jusqu'à la prose.
La naïveté des enfants,
et celle des amoureux.
L'absurde du surréalisme,
sans jamais sombrer dans l'absurdité.
L'amour et la mort,
l'enfance et la guerre,
la violence et l'amitié,
la joie et la souffrance,
le courage et la peur,
le plaisir et l'horreur,
et caetera :
une liste à la Prévert ;
un cocktail de situations,
de sentiments
et d'émotions,
qui ne peut nous laisser indifférents,
jamais !
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