“Ecrire, c’est envahir l’espace d’autrui, ne serait-ce que pour perpétuer sa mémoire ; écrire, c’est s’exposer à la critique irritée de ceux qui n’écrivent pas, ou n’écrivent pas exactement comme vous, qui verront peut-être en vous une menace. L’art est par nature un art transgressif et les artistes doivent accepter d’en être punis. Plus leur art est original et dérangeant, plus la punition est dévastatrice, écrit Joyce Carol Oates dans la La foi d’un écrivain.”
Ecrire, c’est, au prix d’un énorme effort, s’abstraire du monde pour le refléter sans y être présent. C’est se retirer de son propre texte pour qu’il soit habitable pour le lecteur.
Chacun d'entre nous, dès qu'il a écrit deux pages, voudrait entendre des tonnerres d'applaudissements, des hourras et des bravos pour l'effort accompli.
Rimbaud, marcheur infatigable, était surnommé par Verlaine l'Homme aux semelles de vent.
Le mieux que nous puissions faire est de devenir conscients de notre façon de procéder, de connaître nos fonctionnements créatifs de façon à les utiliser au mieux.
Écrire l'imaginaire donne donc un immense, un inégalable sentiment de liberté (parfois comparable au vertige). Écrire l'imaginaire, c'est un peu sauter dans le vide.
Lire, c'est créer pour soi-même l'œuvre écrite par l'auteur.
Lire, c'est chercher parmi la forêt des textes existants ce qu'on voudrait écrire soi-même. C'est s'aventurer dans l'univers des mots des autres à la recherche des siens.
Lire consiste déjà à élaborer les textes dont on sera un jour l'auteur.
La nature de la créativité : défricher le terrain et bâtir.
En cours de route, relire est dangereux : le désir d'écrire s'épuise, la petite voix intérieure se réveille, l'énergie se perd.
L'art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots. (Charles Bergson).