J'achetais de drôles de livres quand même, quand j'étais étudiante… C'est à cette époque que ce livre a rejoint mes étagères, peut-être tout simplement à cause du mignon petit caneton qui en fait la couverture ? Ou parce qu'à cette époque, tout ce qui venait d'Asie m'attirait ? Toujours est-il qu'il m'a fallu une vingtaine d'années et la participation à un défi de lecture sur l'Asie pour enfin le dépoussiérer et le lire.
Ma connaissance de la religion bouddhiste et de philosophie zen étant au mieux lacunaire, je ne crois pas pouvoir faire totalement justice à ce livre, dont probablement un grand nombre de réflexions m'ont échappé. Car ce livre, c'est la quête d'un petit caneton tout mignon qui veut
voler. Pilou, c'est le nom de notre héros à deux pattes et deux ailes, habite dans un élevage, mais en voyant passer des oiseaux migrateurs lui vient le désir de
voler. Il se met alors en quête de ceux qui pourront lui apprendre ce qu'il ne sait pas encore. Chemin faisant, il rencontrera différents oiseaux (une merlette, une grue, une chouette, un canard aussi, et puis une sterne) qui tous le feront avancer sur la voie de son apprentissage en l'aidant à méditer ou à prendre conscience de la relation qu'il entretient avec ceux qui l'entourent et la nature en particulier.
C'est une belle histoire, avec de beaux aphorismes mais aussi des phrases à méditer. le lien entre le fait de vouloir réaliser son rêve et la solitude est un sujet récurrent qui m'a particulièrement marquée, comme la notion d'absence de désir et d'attachement que l'on associe au bouddhisme mais qui apparaît ici bien plus complexe que ce que j'en avais perçu jusqu'à présent. Et je le précise d'ailleurs, malgré le statut de l'auteur qui est moine, ce livre est bien sûr teinté de bouddhisme, mais ne nécessite pas que l'on adhère à cette religion pour y trouver matière à réflexion. A aucune moment (à moins que je ne l'aies pas vu) il n'est question de bouddha ou de réincarnation.
Ce petit canard, ce pourrait être chacun d'entre nous, même s'il semble bien seul dans sa quête, alors que la multitude se contente d'une vie sans question, que ce soit dans un élevage ou au bord d'un lac. le livre invite à se demander quel canard nous sommes, quel sens nous voulons donner à notre vie, si nous sommes capables de chercher notre voie, ou au moins de suivre la voie qu'un autre aura trouvé. Les aquarelles qui émaillent ce livre sont bien mignonnes et rendent cette lecture aussi agréable à l'oeil qu'au cerveau. Une longue méditation dont les lecteurs occidentaux ne sont probablement les premiers destinataires, mais que nous avons la chance de pouvoir lire grâce au travail des éditions Philippe Picquier, et c'est une belle lecture pleine d'évasion, de vents frais et de belles réflexions.