Petit recueil fort bien construit et fort bien documenté de contes africains de la région des Grands Lacs, collectés par des missionnaires principalement, mais aussi par des fonctionnaires coloniaux et même par la Princesse de Ligne.
On y lit des récits de cosmogonie, des contes merveilleux et sentimentaux. Et bien sûr des fables peuplées de tout le bestiaire africain : crocodile, mangouste, varan, chauve-souris, gazelle, … sans oublier bien sûr le lièvre.
En fin d'ouvrage, une lecture de
Véronique Jago-Antoine et d'
Antoine Tshitungu-Kongolo nous éclaire sur le contexte du collectage et l'histoire de la transcription au travers des différentes générations, et notamment sur l'influence de ces contes sur les premiers romanciers de la région. On y parle aussi des veillées, de leur rôle social (« parler, c'est bâtir le village ») et culturel, et on propose une brève analyse des contes eux-mêmes.
Je regrette juste de ne pas entendre ces contes de vive voix, accompagnés des onomatopées, des mimes, des chants, des danses et de la musique des mots. J'aurai tant aimé participer à cette aventure collective, à cette oeuvre commune qu'est une veillée de contes, où les chants sont entonnés en choeur et où chacun est libre de répondre aux formules rituelles, de rebondir sur un conte en enchainant par un autre, « où le plaisir joue sur la corde tendue entre la sécurité du conformisme et la surprise d'une actualisation créative, qui invite, en dernier recours, à refaire sens ». Bon je me consolerai de cette version écrite, parfois poétique, parfois humoristique.
Vous l'aurez compris, je trouve que c'est un excellent ouvrage pour ceux qui aiment les contes ou l'Afrique Centrale ou la littérature africaine. Ou les trois à la fois.