A l'occasion des 6 ans du mouvement #MeToo et pour la sortie du livre #MeToo l le combat continue aux éditions du Seuil, Mediapart a organisé une soirée spéciale le 19 octobre 2023 à la salle Olympe de Gouges dans le 11ème arrondissement de Paris.
#MeToo : Six ans après, les féministes ont elles gagné ?
- Christelle Taraud, historienne
- Hélène Devynck, journaliste et autrice du livre « impunité »
- Axelle Jah Njiké, autrice et réalisatrice de podcast
- Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV)
00:00:00 - 00:01:00 : Présentation des invitées et introduction par Sarah Brethes journaliste au pôle Enquêtes chez Mediapart
00:01:00 - 00:15:08 : Quelles sont vos sources de joies et d'optimisme dans le combat féministe ?
00:15:08 - 00:31:23 : Sur MeToo, avez-vous le sentiment de vivre une révolution ?
00:31:23 - 00:48:35 : Les institutions (Police, justice, éducation nationale) sont-elles à la hauteur du moment ?
00:48:35 - 00:56:04 : Les féminicides ne diminuent pas d'années en années, les politiques publiques y peuvent-elles quelque chose contre ça ? Avec Christelle Taraud.
00:56:04 - 01:00:55 : Les violences sur mineurs et incestes, avec Emmanuelle Piet.
01:00:55 - 01:06:55 : Comment analyser l'exception française autour des violences sexistes et sexuelles, celle qui fait que les auteurs ne sont pas marginalisés et que ces affaires sont mêmes banalisées ? Avec Hélène Devynck.
01:06:55 - 01:11:00 : Les violences sexuelles et sexistes touchent davantage les femmes racisées, avec Axelle Jah Njiké.
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Axelle Jah Njiké/5
23 notes
Résumé :
Axelle Jah Njiké relate ici sa vie d’afropéenne, fille, femme devenue mère, ayant souffert de violences sexuelles et éducatives dans l’enfance. Se réappropriant l’histoire de sa famille, elle confronte les injonctions qui ont pesé et pèsent encore sur les femmes. Mais c’est aussi le récit d’un éveil, d’une émancipation par la littérature et la sexualité, où l’intime rejoint l’éminemment politique.
Un livre choc qui comptera comme l’un des grands récits intime... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Une fois dépassé le catalogue de ses conquêtes, sa sexualité plus ou moins heureuse et son histoire aussi dure que banale pour une femme des années 80, l'intérêt naît enfin de son rapport au féminin.
De cette force de se construire femme qu'il faut aller chercher au plus profond de soi et qu'il faut transmettre en étendard de fierté et non de la honte d'avoir un sexe de femme.
Quand sur la fin du livre, le récit se fait politique, il devient aussi plus littéraire et se débarrasse du genre journal intime.
Féministe pour et avec les femmes, pour enfin être forte face à la résistance du patriarcat et tout ça en ne cessant d'aimer les hommes, c'est un beau combat, réalisable ? Pas si sûr, mais qui vaut de s'y atteler pour que nos filles soient en pleine possession de leur corps.
Que le sexe de la femme soit objet politique autant que source de plaisir pour elle et non pour lui !
De cette force de se construire femme qu'il faut aller chercher au plus profond de soi et qu'il faut transmettre en étendard de fierté et non de la honte d'avoir un sexe de femme.
Quand sur la fin du livre, le récit se fait politique, il devient aussi plus littéraire et se débarrasse du genre journal intime.
Féministe pour et avec les femmes, pour enfin être forte face à la résistance du patriarcat et tout ça en ne cessant d'aimer les hommes, c'est un beau combat, réalisable ? Pas si sûr, mais qui vaut de s'y atteler pour que nos filles soient en pleine possession de leur corps.
Que le sexe de la femme soit objet politique autant que source de plaisir pour elle et non pour lui !
Chère Axelle,
C'est toujours difficile de commencer une chronique quand un livre t'a interpellé sur tellement de points…Habituellement je laisse parler mes émotions, mes ressentis, mais là ce sont mes pensées qui s'échappent dans tous les sens. Je ne rencontrais aucune difficulté à me revendiquer comme féministe, absolument certaine d'avoir fait le tour de la question, ma grande expérience de fille de, de mère et de femme parlant pour moi.
Seulement maintenant, je mesure le chemin qu'il me reste à parcourir. Mes certitudes ne changent pas, c'est juste qu'elles prennent un nouveau sens, une nouvelle orientation dans ma volonté de faire bouger les lignes.
Dans ton récit, (et je tiens à préciser que ce n'est pas la quantité qui fait la qualité et que si ton texte peut sembler court, en réalité il ne l'est pas dans les idées qu'il développe), tout est abordé avec beaucoup de profondeur. Derrière une anecdote, un exemple vécu il y a beaucoup plus. Les thèmes évoqués le sont avec pertinence, une ouverture d'esprit qui demande une vision plus large, et un vécu qui apporte un éclairage intéressant sur des faits dont on oublie souvent l'incidence qu'ils peuvent avoir sur une vie.
Ce texte à le mérite de proposer des pistes de réflexion, de idées sur ce qu'il est possible de faire, sur comment faire évoluer les mentalités, sur comment transmettre le bon message, celui d'une femme libre de vivre comme elle l'entend. Un livre qui s'adresse à toutes et tous, à lire parce qu'il reste encore beaucoup à faire.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
C'est toujours difficile de commencer une chronique quand un livre t'a interpellé sur tellement de points…Habituellement je laisse parler mes émotions, mes ressentis, mais là ce sont mes pensées qui s'échappent dans tous les sens. Je ne rencontrais aucune difficulté à me revendiquer comme féministe, absolument certaine d'avoir fait le tour de la question, ma grande expérience de fille de, de mère et de femme parlant pour moi.
Seulement maintenant, je mesure le chemin qu'il me reste à parcourir. Mes certitudes ne changent pas, c'est juste qu'elles prennent un nouveau sens, une nouvelle orientation dans ma volonté de faire bouger les lignes.
Dans ton récit, (et je tiens à préciser que ce n'est pas la quantité qui fait la qualité et que si ton texte peut sembler court, en réalité il ne l'est pas dans les idées qu'il développe), tout est abordé avec beaucoup de profondeur. Derrière une anecdote, un exemple vécu il y a beaucoup plus. Les thèmes évoqués le sont avec pertinence, une ouverture d'esprit qui demande une vision plus large, et un vécu qui apporte un éclairage intéressant sur des faits dont on oublie souvent l'incidence qu'ils peuvent avoir sur une vie.
Ce texte à le mérite de proposer des pistes de réflexion, de idées sur ce qu'il est possible de faire, sur comment faire évoluer les mentalités, sur comment transmettre le bon message, celui d'une femme libre de vivre comme elle l'entend. Un livre qui s'adresse à toutes et tous, à lire parce qu'il reste encore beaucoup à faire.
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Citations et extraits (27)
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Bonsoir,
Un journal intime ce soir celui d’une féministe noire d’ Axelle Jah Njiké aux @editions du diable Vauvert (Rencontre avec Axelle Jah Njiké / Journale intime d'une féministe (noire),éditions le Diable Vauvert. Merci beaucoup Anne Vaudoyer pour cette découverte.
Nous suivons le rapport à la sexualité d’Axelle ainsi que son rapport au féminisme à travers le temps de jeune fille, à jeune femme puis jeune mère. Elle nous parle certes de ses amants, comme un catalogue, mais nous dévoile aussi pourquoi le féminisme est important pour elle pas en tant que lutte contre les hommes mais pour la reconnaissance de la place des femmes dans la société, de leur plaisir, de leur corps et qu’il faut aimer l’histoire de nos mères, de nos grands-mères pour les remettre à la place qui est la leur.
« Être féministe c’est appartenir à la grande famille des mères, des filles et des sœurs. Celle du lien, du vivre, de l’intime. De la chair, des sens, du sacré.
Le féminisme n’est pas en dehors de nous mais en nous, il existe en chacune de nous. »
J’ai beaucoup aimé et apprécié cette vision des choses.
Quatrième de couv. Axelle Jah Njiké relate ici sa vie d'afropéenne, fille, femme devenue mère, ayant souffert de violences sexuelles et éducatives dans l'enfance. Se réappropriant l'histoire de sa famille, elle confronte les injonctions qui ont pesé et pèsent encore sur les femmes. Mais c'est aussi le récit d'un éveil, d'une émancipation par la littérature et la sexualité, où l'intime rejoint l'éminemment politique. Un livre choc qui comptera comme l'un des grands récits intimes féministes.
Un journal intime ce soir celui d’une féministe noire d’ Axelle Jah Njiké aux @editions du diable Vauvert (Rencontre avec Axelle Jah Njiké / Journale intime d'une féministe (noire),éditions le Diable Vauvert. Merci beaucoup Anne Vaudoyer pour cette découverte.
Nous suivons le rapport à la sexualité d’Axelle ainsi que son rapport au féminisme à travers le temps de jeune fille, à jeune femme puis jeune mère. Elle nous parle certes de ses amants, comme un catalogue, mais nous dévoile aussi pourquoi le féminisme est important pour elle pas en tant que lutte contre les hommes mais pour la reconnaissance de la place des femmes dans la société, de leur plaisir, de leur corps et qu’il faut aimer l’histoire de nos mères, de nos grands-mères pour les remettre à la place qui est la leur.
« Être féministe c’est appartenir à la grande famille des mères, des filles et des sœurs. Celle du lien, du vivre, de l’intime. De la chair, des sens, du sacré.
Le féminisme n’est pas en dehors de nous mais en nous, il existe en chacune de nous. »
J’ai beaucoup aimé et apprécié cette vision des choses.
Quatrième de couv. Axelle Jah Njiké relate ici sa vie d'afropéenne, fille, femme devenue mère, ayant souffert de violences sexuelles et éducatives dans l'enfance. Se réappropriant l'histoire de sa famille, elle confronte les injonctions qui ont pesé et pèsent encore sur les femmes. Mais c'est aussi le récit d'un éveil, d'une émancipation par la littérature et la sexualité, où l'intime rejoint l'éminemment politique. Un livre choc qui comptera comme l'un des grands récits intimes féministes.
En vérité, il ne savait pas que moi, l’enfant d’une femme mariée contre son gré à douze ans à
un homme qu’elle n’avait jamais vu, j’avais choisi à dix-neuf ans celui qui allait devenir mon mari.
Et divorcé à vingt-cinq.
Il ne pouvait pas imaginer que fille d’une femme elle-même devenue mère à treize ans, puis
à seize ans, j’étais la première à avoir pu choisir de mon plein gré, ma grossesse, et celui qui allait
devenir le père de mon enfant.
La première, à avoir souhaité que mon premier-né soit une fille.
Pas un garçon, une fille.
un homme qu’elle n’avait jamais vu, j’avais choisi à dix-neuf ans celui qui allait devenir mon mari.
Et divorcé à vingt-cinq.
Il ne pouvait pas imaginer que fille d’une femme elle-même devenue mère à treize ans, puis
à seize ans, j’étais la première à avoir pu choisir de mon plein gré, ma grossesse, et celui qui allait
devenir le père de mon enfant.
La première, à avoir souhaité que mon premier-né soit une fille.
Pas un garçon, une fille.
J’ignore que bander – parce que c’est le terme adéquat pour ce qui se produit en moi –, à la lecture de Sexus , Emmanuelle , La Bicyclette bleue , ou Vénus Erotica , n’est pas considéré comme souhaitable chez une femme. Mon imaginaire, je l’ai cultivé loin des règles et des lois. En secret. À la dérobée. Il me guide, me façonne, aiguille mon intelligence. L’image sensuelle, érotique, ou pornographique, n’a jamais exercée sur moi l’attrait de l’écrit. Elle ne peut, ne doit, remplacer celle à laquelle mon imaginaire donne vie. Ma sexualité est avant tout une conquête de la pensée. Chaque ligne, chaque page, chaque chapitre des Contes pervers , de L’Orage , Opus Pistorum , ou Madam’ , ont contribué à ma vie secrète. Il m’est ainsi impensable qu’il puisse être inconvenant d’être charnelle. Sexuelle. Jouisseuse. De ne pas être contente d’être une femme. Vraiment contente.
Quand ils sont tombés éperdument amoureux l’un de l’autre, dans la trentaine pour lui, et au terme de la vingtaine pour elle. Qu’ils ignoraient qu’ils avaient les mêmes arrière-grands-parents, et que la
coutume interdisait le mariage entre eux. Et que c’est en se rendant au village pour annoncer
leur souhait de s’unir, et demander la permission au chef comme l’exigeait la coutume, du
fait de leur ascendance royale respective, qu’ils ont appris leur parenté et l’interdiction qu’elle
induisait. J’agis comme si ce n’était pas grand-chose de leur part à tous les deux, à cet instant précis, alors que leur souhait le plus cher vient d’être fracassé,
de choisir de se taire sur ma présence dans le ventre de ma mère. Et qu’ils n’envisagent pas un seul instant de mettre un terme à sa grossesse. Je fais comme s’ils ne m’avaient pas choisi envers et contre tout ce jour-là. Comme si je ne leur étais pas apparu comme une évidence.
coutume interdisait le mariage entre eux. Et que c’est en se rendant au village pour annoncer
leur souhait de s’unir, et demander la permission au chef comme l’exigeait la coutume, du
fait de leur ascendance royale respective, qu’ils ont appris leur parenté et l’interdiction qu’elle
induisait. J’agis comme si ce n’était pas grand-chose de leur part à tous les deux, à cet instant précis, alors que leur souhait le plus cher vient d’être fracassé,
de choisir de se taire sur ma présence dans le ventre de ma mère. Et qu’ils n’envisagent pas un seul instant de mettre un terme à sa grossesse. Je fais comme s’ils ne m’avaient pas choisi envers et contre tout ce jour-là. Comme si je ne leur étais pas apparu comme une évidence.
Être mère est ma plus grande joie. C’est pour moi une évidence absolue ; j’ai rendez-vous avec la petite fille qui est devenue la mienne depuis l’âge de douze ans. Depuis que j’annonçais à mes amies sur les bancs du collège que je serais mère à vingt ans, et que ma fille s’appellerait Margaux. Mais ce à quoi je n’avais pas songé dans mon rêve d’ado, c’est qu’il me faudrait être épouse, et en prime, belle-mère. Quelques mois de vie conjugale m’ont appris que choisir un homme parce qu’il est un bon père ne suffit pas à faire un couple. Qu’il est seulement possible de prendre la place que le père veut bien vous accorder, auprès d’une enfant qui n’est pas la vôtre. Pour la première fois de ma vie, je vis dans un appartement dont le bail porte mon nom. Je suis chez moi. Chez nous.
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