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sur 54 notes
C'est avec un immense plaisir que j'ai découvert ce livre après avoir été sollicitée dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. Un grand merci à Babelio et aux éditions Quanto.

C'est une femme scientifique contemporaine, et son roman, autobiographique : rien que ces données avaient éveillé ma curiosité. Son petit grain de folie a fait le reste ! Toute sa vie elle a semé des graines dans ses labos successifs. Mais pour arriver au niveau d'excellence et de reconnaissance où elle est parvenue aujourd'hui, dans le domaine de la géobiologie, Hope JAHREN a dû se battre et se débattre dans ce milieu plutôt misogyne.

Une femme doit-elle toujours déployer le double d'énergie qu'un homme à compétences égales ?

Nous allons partir à l'aventure avec elle, tout partager, son enfance, ses études, sa différence, ses postes d'enseignante et de chercheuse baroudeuse, sa précarité même. Une force de caractère et une résistance hors du commun, une santé pas toujours aussi bonne qu'il n'y parait. Mais surtout, son amitié hors norme avec Bill, un chercheur tout aussi passionné que dévoué, à la personnalité étrange, mais absolument fidèle. Quand une identique passion réunit deux amis, plus rien ne compte ! Mais la vie suit son cours, et les rencontres font le cours de la vie.

Ce roman est non seulement l'histoire de deux scientifiques, mais il est écrit avec un humour permanent, ce qui rend la lecture très agréable et les anecdotes savoureuses.

Tout l'intérêt réside bien sûr dans les informations captivantes et pointues qui sont livrées en alternance avec les récits de vie. Elles concernent les graines, les fleurs, les arbres surtout, leur communication, leur pérennité, etc. Des données qui complètent ce que l'on savait ou non, mais grâce auxquelles je ne regarderai jamais plus la nature de la même façon.


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C'est à la faveur d'une Masse Critique privilégiée que j'ai fait connaissance avec ce livre, Lab Girl : Une histoire de science, d'arbres et d'amour et son auteure Hope Jahren, une scientifique amoureuse du monde végétal et dont la spécialité est plus précisément la paléobiologie, c'est à dire l'étude de l'évolution des végétaux au fil du temps.
C'est une rencontre improbable : rien ne me prédestinait jusqu'ici à franchir les portes d'un laboratoire de géobiologie et encore moins à aborder un ouvrage autobiographique traitant du sujet. Alors, poussons les portes du labo et regardons un peu du côté des paillasses et des spectromètres...
Lab Girl est le journal d'une enseignante-chercheure, de renommée internationale, qui s'est investie corps et âme dans sa discipline, donnant sens à une existence dédiée au végétal et qui par endroits côtoie l'art par son regard posé sur ce monde.
Hope Jahren nous décrit avec beaucoup de simplicité, d'humilité et parfois de drôlerie aussi, sa passion pour son métier de scientifique, son enfance dans le Minnesota dans une famille d'origine norvégienne aux relations froides où le père était déjà scientifique universitaire - pas besoin d'aller chercher plus loin sa vocation -, les espérances et les désillusions, les doutes, les joies, les jubilations... Et quelle jubilation lorsque l'isotope d'un chêne de Virginie vieux de plusieurs siècles vous livre enfin ses secrets !
Contrairement à ce que je pouvais craindre, ce livre n'est pas du tout ennuyeux. Hope Jahren apporte beaucoup de vulgarisation dans son propos. C'est un livre empli d'humanité. L'humour, l'autodérision, ne sont jamais loin, comme pour aider à chercher la légèreté et l'apesanteur parfois nécessaires après une blessure ou un échec, remonter à la lumière ténue des cimes.
La science qu'elle pratique s'appuie sur la curiosité. Elle part à chaque fois d'une observation, d'un questionnement, d'une hypothèse... Tout paraît si simple... Nous la suivons dans ses pérégrinations avec son fidèle et insolite compagnon de laboratoire, Bill, un brillant collaborateur mais totalement renfrogné, au travers des États-Unis, sillonnant l'Arkansas, la Louisiane, le Mississippi dans un vieux fourgon pourri, allant creuser des trous ici et là, mais se rendant aussi en Norvège, en Irlande...Elle nous livre la patience des grands espaces et la promesse du monde végétal une fois quittée la froideur des sous-sols universitaires. C'est parfois l'étonnement qui permet de transformer la pratique d'une discipline en véritable passion.
Au travers de ce journal qui aborde aussi des pans intimes de son existence, je suis venu à la rencontre d'une poésie des arbres et d'une femme qui les aimait par-dessus tout, à travers la passion de sa discipline. Le monde végétal offre par instants des vrais moments de grâce. Derrière la science, Hope Jahren nous invite à nous éprendre de la longue tresse d'un saule pleureur, se penchant sur le bord de la berge d'une rivière telle une fée sortie tout droit d'un conte de Grimm. Et aussi la chute des feuilles mortes qu'elle décrit comme "un ballet savamment orchestré"...
Mais elle nous décrit aussi une vérité moins belle et qu'on ne soupçonnerait peut-être pas. Parfois les laboratoires ressemblent à des trous à rats. Il faut se battre avec les restrictions budgétaires, pénalisantes autant pour la recherche que pour l'environnement.
Il lui faut se battre aussi dans un milieu terriblement macho où on lui fait comprendre parfois de manière totalement lâche, qu'une femme scientifique n'a peut-être pas tous les droits, peut-être pas toute sa place, surtout lorsqu'elle se retrouve enceinte. il lui faudra tout l'appui et l'amour de son mari Clint pour qu'elle tienne debout.
Parfois elle doute d'elle-même, en proie à des phases dépressives très longues. Hope Jahren nous avoue qu'elle est bipolaire. Et c'est alors un autre combat qu'elle livre, contre l'autre versant de sa personne lorsque des crises maniaco-dépressives la font chuter dans des nuits noires abyssales... Et puis il y a la guérison, la reconstruction. Toujours repartir vers des tiges, des écorces, l'odeur enivrante des eucalyptus...
Ce journal est le récit d'un combat.
Pour se relever des doutes et des fêlures, il y a la détermination d'une femme, mais aussi l'amitié indéfectible de son collègue Bill, compagnon de routes des labos et des canyons. Lui aussi semble porter des blessures au-delà de cette main droite dont le doigt a été sectionné lorsqu'il était enfant. Ils ressemblent presque à des frères jumeaux perdus dans leur monde à part, d'une loyauté sans faille l'un vers l'autre, se lançant des sarbacanes d'humour lorsque l'un des deux sent le sol vaciller sous ses pieds... L'un et l'autre s'aident à s'accepter comme ils sont.
Le monde du végétal est-il si différent de celui des laboratoires, - ou tout simplement de l'humanité, lorsqu'elle nous décrit l'étonnante capacité de survie d'une cactus en plein désert ou bien les guerres que se font certaines espèces végétales entre elles, mais aussi comment ne pas être touché par l'ingéniosité des lianes grimpantes pour aller chercher la lumière, ou bien encore ces arbres qui prennent soin les uns des autres, se protégeant contre les invasions des chenilles...?
En guise de conclusion, elle nous livre un propos interrogatif qui ne manquera pas, je l'espère, de venir chatouiller vos neurones mais aussi vos zygomatiques :
" Ce livre sur les plantes est une histoire sans fin pour chacun des faits connus que j'ai partagés avec vous. Il existe au moins deux mystères dont je ne connais pas la réponse. Les arbres adultes reconnaissent-ils leur propre descendance ? Y a-t-il une vie végétale sur d'autres planètes ? Les premières fleurs ont-elles fait éternuer les dinosaures ? Toutes ces questions devront attendre avant d'être résolues."
Je remercie les Éditions Quanto ainsi que Babelio pour ce merveilleux moment de lecture.
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Ce récit autobiographique est particulièrement bien construit avec une alternance entre de courts chapitres où l'on apprend des choses sur les plantes et les arbres. Et puis, le parcours de vie d'une femme atypique, scientifique qui sait garder sa joie de vivre dans certaines situations.

Il s'agit de la géobiologiste Hope Jahren, issue d'une famille scandinave. Son récit commence dès son enfance dans l'état du Minnesota où elle suit volontiers son père dans son laboratoire.
Après une première expérience professionnelle en tant que préparatrice en pharmacie, elle s'oriente vers des études supérieures, ses professeurs l'encouragent vivement.
Elle arrive donc à Berkeley, en 1994, et c'est là qu'elle va rencontrer son inséparable binôme de travail, Bill. Avec lui, une relation fusionnelle s'installe. Ils se comprennent d'un seul regard et forment une équipe de choc en s'investissant dans leurs travaux scientifiques jusqu'à tard dans la nuit. Avec lui, elle va partir sur le terrain, changer à plusieurs reprises de laboratoire, et voyager pour étudier les plantes et les arbres.

Hope Jahren nous raconte subtilement son parcours de vie, ses défaites comme ses réussites, avec des anecdotes qui nous font sourire, en particulier lorsqu'ils se retrouvent dans des situations comiques.

J'ai découvert beaucoup de choses sur les plantes et les arbres, sans que cela soit barbant, au contraire, c'était habilement distillé.
J'ai également découvert une femme fragile qui nous dévoile ses soucis personnels sans tabou. Mais également, le portrait d'une femme forte qui a dû supporter le poids d'une communauté scientifique essentiellement masculine à l'époque.

Bref, un roman poignant, surprenant, hors-norme que j'ai apprécié découvrir grâce à une opération spéciale Masse critique. Merci aux éditions Quanto et à Babelio pour leur partenariat.
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Je remercie les éditions Quanto et Babelio car ce livre m'a été proposé dans le cadre d''une Masse Critique privilégiée. Je dois d'emblée préciser et avouer que “Lab Girl” est assez éloigné de mes lectures habituelles, mais j'ai préféré découvrir plutôt qu'exclure sans motif et la curiosité me guider et surtpout diversifier mes lectures et élargir mes horizons littéraires. C'est chose faite à présent.

Sans être un lecteur habitué des romans autobiographiques ni des romans à dominante scientifique, j'ai abordé « Lab Girl » avec un certain scepticisme d'entrée. Fort heureusement, bien que la part scientifique du propos tenu par l'auteur soit incontestablement présente, cette dernière a fait un véritable effort de vulgarisation en la matière et c'est donc avec moins de crainte que prévu que j'ai pu aborder ce roman que je qualifierais d'OVNI ou plutôt OLNI.

Ce que l'on retient magistralement de cette leçon de vie donnée par Hope Jahren, c'est sa grande humilité. Toutefois, si le propos scientifique et humaniste employé par l'auteure permet de mieux cerner le processus d'une étude et d'une expérience, les attentes, les craintes et les déceptions sinon les échecs en la matière, je me suis interrogé longuement sur la raison de la publication d'un tel ouvrage. Si « Lab Girl » offre et dispense une vue intéressante et pédagogique de l'enseignement scientifique, de ses ressources propres et de ses carences, ainsi que des techniques de travail tant en laboratoire que sur le terrain, de manière détaillée, l'ouvrage a le mérite de rappeler que l'humain empiète sur le végétal et que son contrôle lui est particulièrement néfaste.

Mais ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman autobiographique, c'est la complicité entre Hope et son « second » Bill, personnalité hors norme mais surtout pragmatique comme jamais, dont la vie est faite de combines. Leurs explorations sur le terrain et leurs mésaventures lors de leur « road movie » valent à elles seules le détour.

Au final, c'est avec un sentiment mitigé que je referme « Lab Girl » : si la crainte d'un ennui profond s'est fort heureusement dissipée rapidement, le propos est parfois creux, mais l'auteure a pris soin de rendre ses acteurs attachants. Cela reste une belle découverte cependant pour moi, mais je ne poursuivrai pas l'aventure avec cette auteure à l'avenir.
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De l'art de tromper le lecteur avec une première et une quatrième de couverture alléchante : car enfin rien de « profondément émouvant » « d'intense, d'exaltant », pas plus « d'histoire d'amour ».

Une longue autobiographie, certes parfois humoristique, mais très longue, longue, longue...
Quant aux approches botanistes : rien de bien neuf. de plus les effets d'annonce sur la vie des plantes et des arbres ne sont que la reprise de publications scientifiques d'autres chercheurs. Ce qui est normal puisque Hope Jahren est géobiologiste et non botaniste.
Ce livre, hélas, supporte mal d'être lu après celui, révélateur, de Peter Wohlleben.

Reste l'amour....annoncé mais là, vraiment je me pose beaucoup de questions car je n'en ai pas lu grand chose ou alors un amour torturé qui ne sait ou ne veut se déclarer, un amour à l'image de l'esprit chancelant de l'auteur : cyclothymique, adepte de l'automutilation.
Mais l'amour conjugal, l'amour maternel et même des plantes : niet, que dalle…
Allez oui, l'amour du métier y est, oui...

Quant au style : de belles tournures, de légers traits d'humour mais cela ne donne pas un intérêt suffisant à cette autobiographie d'une illustre inconnue, de moi en tous cas.

Bref un livre dont le sujet réel est la quête de subvention à laquelle est soumis tout chef de laboratoire et dans tous les pays ; et si le sujet est effectivement problématique, il ne nécessitait pas ce pavé de 400 pages.

Un mot sur l'objet livre lui même : un beau broché souple en main, au papier particulièrement lisse et agréable à feuilleter.

Dommage de n'avoir apprécié que le contenant et pas le contenu.
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Je remercie chaleureusement les Editions Quanto ainsi que la Masse critique et Babelio pour leur confiance !
Hope Jahren est géobiologiste, spécialiste de l'étude des arbres, du sol, des fleurs et des semences. Elle est la seule femme et l'une des quatre scientifiques à avoir obtenu les deux "Young Investigator Medals" en science de la Terre. "Lab Girl, Une histoire de science, d'arbres et d'amour" est son tout premier livre paru chez Quanto. Ce titre est merveilleusement bien choisi, car il s'agit ici avant tout du récit autobiographique d'une scientifique certes, mais c'est surtout le très beau portrait, sans tabou, d'une femme qui a dû se battre pour exister dans ce milieu d'homme. Si vous pensiez que la vie de scientifique aux Etats-Unis était une sinécure, à la lecture de "Lab Girl" vous changerez très certainement d'avis. L'obession du chercheur n'est pas seulement de trouver des réponses à ces questionnements intellectuels mais bien plutôt de s'évertuer à trouver les financements pour faire survivre son laboratoire. Elle raconte ainsi avec une grande franchise ses années de galère où sans presque aucun moyen financier, avec l'hostilité d'une partie de ses consoeurs qui trouvaient ses théories abracadabrantesques, elle a dû avec Bill, son fidèle acolyte, trouver la force de poursuivre sa lutte pour exister. le récit alterne les tranches de vie, des anecdotes fort intéressantes sur les arbres, les plantes et les problèmes très concrets d'une femme souffrant de bipolarité. Cette dernière thématique m'a beaucoup touché car il faut un sacré courage pour avouer ainsi sa maladie psychique et parler sans tabou de ces séjours en hôpital psychiatrique. J'ai trouvé le livre de Hope Jarhen courageux car elle y fait preuve d'une envie de lutter contre la maladie, contre les problèmes financiers de son laboratoire, contre certains de ses collègues masculins qui ne voyaient en elle qu'une femme pas à sa place dans ce milieu hyper masculinisé.. Elle a affronté un nombre incalculable d'épreuves. L'écriture est pleine de malice et d'humour, Hope Jarhen y croque des moments savoureux avec ses élèves. On rit, on est ému comme lorsqu'elle rencontre l'homme de sa vie, mais aussi son amitié indéfectible avec Bill, un drôle de luron à l'humour ravageur. le plus beau moment du livre est sans nulle doute le récit de l'accouchement de Hope Jarhen et l'irruption d'un petit garçon dans sa vie, fruit de son amour avec Clint. Maman comblée, femme amoureuse, épanouie à présent dans sa vie intime mais aussi professionnelle car elle enseigne en Norvège à l'université Oslo, elle est aujourd'hui reconnu comme étant l'une des plus grandes spécialistes des arbres et des végétaux. Son histoire est passionnante, sa franchise, son honnêteté, l'aspect très direct de son style d'écriture, son côté décalé, font de Hope Jahren une témoin précieuse car elle nous montre la réalité de la vie d'une chercheuse américaine, loin des clichés que l'ont peut avoir sur cette profession. Si vous aimez les portraits de femme engagée, si vous voulez en apprendre davantage sur les arbres et les végétaux qui nous entourent et que nous oublions parfois de contempler, alors je vous recommande chaudement ce livre "Lab Girl" édité chez Quanto.

Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Quel est le point commun entre la graine d'un arbre et une petite fille du Minnesota, issus de parents d'origine Norvégienne ?
A priori, aucun.
C'est pourtant le parallèle que nous propose Hope Jahren dans ce livre, en entremêlant habilement l'histoire d'un arbre, de l'éclosion de sa graine jusqu'à son déclin en passant par les différentes étapes de son developpement, plantule, jeune pousse puis arbre adulte prêt à se reproduire à son tour, et son propre parcours, de ses débuts difficiles d'enseignante chercheuse, jusqu'à la reconnaissance par ses pairs. le tout dans un exercice de vulgarisation scientifique très réussi.

Hope Jahren est la fille d'un professeur de Sciences du Minnesota. de son enfance elle retiendra les heures passées à jouer avec les drôles de machines de la salle de classe de son père. Mais sa véritable vocation nait dans le labo pharmaceutique d'un hôpital, où elle est embauchée pour un job étudiant.
Son doctorat en poche, elle se démène pour monter son premier labo. C'est le début d'une longue carrière d'enseignante chercheuse en géobiologie.
Accompagnée de Bill, son fidèle assistant et ami, elle parcourt le pays pour prélever des échantillons, cherche des financements, remplit des tubes à essais, enseigne à des étudiants plus ou moins réceptifs, plante des milliers de graines, écrit des articles, explose quelques béchers, gratte la banquise et passe le tout aux rayons X.

Hope Jahren est passionnée et sa curiosité insatiable est contagieuse : on prend plaisir à découvrir la vie d'un labo de sciences, son fonctionnement et ses enjeux. Les amateurs de géologie et de botanique seront comblés. Les curieux aussi, car des débuts difficiles (la recherche fondamentale est dure à faire financer) au manque de crédibilité dont souffre l'auteure dans ce milieu encore très sexiste, en passant par les coups durs, la maladie, la maternité, mais aussi la grande amitié qui lie nos deux biologistes et leurs aventures trépidantes en Irlande, Norvège, Hawaii, Atlanta, Baltimore ou en Floride, tout est raconté avec enthousiasme dans un style vif à l'humour piquant.

Un récit de sciences passionnant doublé d'un témoignage émouvant, sincère et très drôle, que j'ai beaucoup aprécié.

Un grand merci aux editions Quanto pour cette belle lecture.
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On comprend bien avec ce premier ouvrage de la géo biologiste Hope Jarhen qu'il y a d'un côté la scientifique, laquelle regarde les êtres vivants comme une mécanique savante et mystérieuse dont la vocation de chaque individu est de faire survivre l'espèce, et de l'autre la femme qui se dit pour elle-même qu'à cette mécanique déjà complexe, l'être humain, pour ce qui le concerne et favoriser le rapprochement entre gamètes mâle et femelle, doit y ajouter la confusion des sentiments. Alchimie encore plus complexe et génératrice de trop de peurs, de frustrations, d'inhibitions au regard de la simple satisfaction instinctive de se perpétuer. Hope Jarhen regrette de n'avoir reçu de la part de sa mère pour tout amour maternel qu'une froideur toute scandinave. De n'avoir aimé son fils que le jour de sa naissance et l'avoir insuffisamment désiré.

Elle s'est jetée à corps perdu dans sa passion pour la géo biologie et nous la fait partager en termes pas trop savants à nos yeux, précautionneuse de ne pas nous perdre au fil des pages. On reste confondu à pareille lecture de l'incroyable savoir que détient un petit nombre de personnes de la communauté scientifique au regard de la multitude ignorante. Avec pour conséquence le mépris du genre humain pour son environnement, que les quelques avisés comme Hope Jarhen ne parviennent pas à corriger.

Je ne sais pas si je regarderai les micocouliers de l'avenue du Prado à Marseille de la même façon désormais. Car s'il y a une chose que Hope Jarhen sait faire passer dans cet ouvrage, c'est sa passion pour ce monde végétal qui couvre la planète et que l'espèce humaine se plaît à détruire sans considérer combien il est nécessaire à sa propre survie.

Pour ceux qui seraient tentés de croire que les scientifiques américains sont gratifiés de budgets pléthoriques, Hope Jarhen nous convainc à l'évocation de ses combats que, dans ce domaine comme dans les autres, la manne financière ne comblera que celui qui apportera des résultats tangibles, monnayables. Là comme a ailleurs, il faut être "bankable" comme il se dit dans sa langue natale. La géo biologie n'étant pas à cette fin le domaine scientifique le plus propice, surtout lorsqu'on cherche à faire valoir que le vrai scientifique n'exécute pas les expériences qu'on lui dicte, mais développent les siennes propres et génère ainsi un savoir nouveau.

Un ouvrage qui par chapitre alternés nous relate la vie des plantes, celles des hommes qui les observent et cherchent à comprendre comment se réalise le miracle de la reproduction des êtres immobiles. Comment ils franchissements les saisons, supportent les rigueurs climatiques extrêmes. Un ouvrage qui fait comprendre par allusions, sans noircir le tableau mais avec conviction, pourquoi il faut protéger le monde végétal.

L'ouvrage d'une passion servie par des hommes et des femmes désintéressés dont la seule ambition est de mieux connaître le monde dans lequel ils vivent. "Rien ne pouvait entamer cette douce euphorie qu'il y avait à détenir un petit secret que l'univers m'avait confié, à moi seule. Je savais instinctivement que si j'étais digne d'un petit secret, je pourrais un jour être digne d'un grand."

Un ouvrage intimiste sur la vie de celles et ceux qui comme elles se consacrent à la science en gardant les pieds sur terre. L'histoire aussi d'une belle amitié avec son fidèle Bill qui a partagé tant de journées et de nuits de laboratoire penché sur des microscopes et autres spectromètres de masse sans se préoccuper de savoir si sa "patronne" aura les moyens de la payer à la fin du mois.

Je remercie Babelio et les éditions Quanto de m'avoir fait découvrir cette auteure et sa passion.
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Hope Jahren est une géobiologiste américaine, à la tête de son propre labo, elle est professeure à l'université d'Hawaï.

Ce qu'elle nous livre ici est un peu inclassable, autobiographie, témoignage, essai… L'éditeur en dit que “Lab Girl est une multitude. Il est le témoignage autobiographique, intime et passionné d'une femme qui s'est battue pour devenir ce qu'elle est, et parvenir à s'imposer dans un milieu dominé par les hommes. Il est une célébration du génie végétal, du sol et de la nature qui changera à jamais votre façon de voir le monde. Il est enfin le portrait sensible et émouvant d'une amitié indéfectible.”

Cette multitude donc, est construite en trois parties : “racines et feuille” ; “bois et noeuds” ; “fleurs et fruits”. Accompagnées d'un prologue et d'un épilogue.

Trois parties comme autant de phases de croissance d'une plante, apprend-on petit à petit à la lecture de Lab Girl. A l'intérieur d'une graine, chaque plante à l'état “placentaire” comporte une racine et deux cotylédons. Une racine pour s'ancrer, la première de ses tâches au moment “d'éclore”, et deux proto-feuilles, pour commencer la photosynthèse, commencer à grandir. Une fois prête, et si les conditions sont réunies, la jeune plante commence à pousser. Elle fait du bois et des branches qui tomberont souvent sous les assauts de son environnement. Mais qu'à cela ne tienne, elle se renforcera, formera des noeuds, et continuera sa croissance jusqu'au jour, où, enfin au soleil, enfin forte, elle fleurira pour la première fois et produira ses premiers fruits.

Une vie comme une métaphore végétale.

C'est comme cela que j'interprète (et je crois que c'est une lecture possible) les trois parties du témoignage de Hope Jahren. de son enfance auprès de parents trop silencieux, trop peu démonstratifs, mais qui lui ont donné le goût des sciences et de l'effort, à ses débuts de chercheuse. Où Hope Jahren se décrit elle-même comme très à la marge du monde scientifique académique. Peu intéressée par les parcours typiques, les allégeances, les querelles de chapelles, tout ce qui la motive c'est l'amitié indéfectible de Bill, collègue à la personnalité aussi tout aussi complexe que la sienne, et l'idée fixe depuis toujours de monter son propre labo, quitte à griller les étapes de la vie d'un chercheur. Puis, à force d'échecs, de remédiations, d'acharnement, de travail (en quantité astronomique) et d'intelligence (en quantité tout aussi astronomique à mon avis), de labos foireux en labos foireux, de situations précaires en catastrophes, Hope Jahren réussit à s'imposer, à faire sa place.

Lab Girl c'est l'histoire d'une vie, aussi complexe et incertaine que celle d'une graine. Et c'est l'histoire d'une réussite personnelle. C'est très chouette. C'est très drôle, vraiment, parfois complètement loufoque mais brillant tout du long.

J'ai vraiment beaucoup aimé. Merci à Babelio et aux éditions Quanto pour cette découverte !
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A peine fermé l'excellent Arbre-Monde qui a véritablement modifié mon regard sur les arbres, m'a été offerte opportunité, par une opération Masse-Critique ciblée, de recevoir Lab Girl, de Hope Jahren. Me voici donc à nouveau immergée dans une atmosphère chlorophyllienne de verdures encore peu explorées malgré le regard familier que nous leur jetons, avec cette impression que nous savons ce qu'est une graine, une feuille, une plante, un arbre. Ce que Hope Jahren déploie par ce récit-témoignage de plus de vingt ans de recherches qui constituent la raison d'être de sa vie surprend par sa valeur exemplaire. Didactique dans sa volonté de nous faire découvrir l'univers végétal dont elle explore la complexité, Hope Jahren donne à son récit une portée analogique en intercalant des chapitres sur son évolution personnelle. La patience de la graine, la persévérance de la pousse, aboutissent à cette scientifique accomplie animée par la sève de la géobiologie. Elle partage le fruit de son expérience avec humilité, lucidité et sensibilité. de sa vie dans des labos rafistolés où il faut être bricoleur, secrétaire, conférencier, jardinier, en plus de scientifique à la pointe des dernières découvertes, à une vie privée pour laquelle il reste peu de place, Hope Jahren nous raconte cette jungle hostile où elle sera confrontée à la misogynie, aux manques de ressources financières, à la solitude, aux attentes parfois déçues, aux heures à travailler jour et nuit sans compter. Sans obstination point de salut ! Ce qu'elle voulait être et qu'elle est aujourd'hui est le fruit d'une volonté tenace. Portée par la passion qu'elle transmet au lecteur, elle donne à voir un monde végétal moins figé qu'il n'y paraît, plus vivant. Je vois donc au moins trois raisons de vous inviter à lire Lab Girl : c'est le récit profondément humaniste du partage d'un savoir avec simplicité et sensibilité ; c'est aussi une leçon de vie qui montre que la persévérance permet parfois de réaliser ses projets ; enfin, c'est une invitation à respecter Dame Nature plus que jamais.
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