Série Intruse - Tome 2 - Clandestine

Le jeune homme ignorait où il avait puisé cette disposition particulière. Il imaginait que l’instinct l’avait nourrie. La peur aussi, sans doute. Mais surtout la colère. La rage. Sa jalousie à l’encontre du duc avait attisé sa colère, et sa colère avait fait de lui un animal sauvage.

La vie et la mort sont également tragiques. Beaucoup de gens pleurent en voyant naître un enfant. Dans cet instant où elle apprenait que sa vie, soudain, n’était plus en danger, Fanny éprouvait la même distance philosophique, le même détachement, que si on lui avait dit qu’elle était sur le point de mourir. Elle n’était ni gaie ni triste ; ce qu’elle éprouvait était au-delà. Son cœur entier était envahi d’une reconnaissance universelle pour les bienfaits, les plaisirs, qui s’offrent aux vivants, par le seul fait de vivre, de voir et de sentir.

Et puis, tu sais, il ne faut pas croire ce que disent les vieilles. Elles ont eu l’expérience de l’amour et elles en parlent sans doute comme quelque chose de merveilleux. Mais l’amour n’est pas merveilleux. C’est l’union toute naturelle de deux êtres. Tu connaîtras l’amour, il ne faut pas t’en faire une montagne.

Même si ce devait être la dernière parole humaine qu’elle entendrait jamais, elle était contente. C’était la parole d’un homme qui la connaissait, et qui l’aimait, elle. Pour ce qu’elle était.

Elle était dure, elle était douce, elle était imprévisible. Elle jouait bien son rôle. Elle attendrissait les hommes en même temps qu’elle leur flanquait une peur bleue.