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J'ai été quelque peu déstabilisée par la forme de l'oeuvre.

L'auteur, Kosovar vivant en Espagne, se voit proposer de retourner au Kosovo pour revoir ses parents après la guerre, accompagné d'un photographe pour en faire un reportage.

Gani Jakupi ne nous est pas présenté au préalable, on devine qu'il est un semblant de journaliste mais plutôt débutant, d'où l'accumulation de remarques sur le métier et sur l'attitude assez souvent comparable à celle d'un charognard du photographe qui l'accompagne. Il donne également d'autres exemples de journalistes rencontré.es ici ou ailleurs, et estimé.es.

Ses interrogations et ressentis me paraissent légitimes et importants dans notre société de média, cependant, au vu du sous-titre, je m'attendais à davantage d'informations sur la guerre du Kosovo. On traverse en effet le pays et les dessins montrent bien l'état des villes et villages, certaines scènes de vie d'après-guerre ou de souvenirs de la guerre, mais c'est toujours mis en rapport avec le métier de journaliste. J'attendais davantage d'impressions personnelles en lien avec son histoire, sa famille, son peuple, son retour au pays etc., il n'y en a presque aucune.

Par ailleurs, dans la première moitié environ, j'ai souvent eu du mal à identifier le changement de scènes, elles étaient souvent peu développées à mon goût, elles pouvaient s'enchainer à l'intérieur d'une même page ou double-page sans réelle indication. J'ai trouvé cela assez frustrant. Pour moi, cela manque d'unité, par la suite, c'est plus clair. de plus, la langue est parfois un peu curieuse. J'ai pensé que c'était une mauvaise traduction mais la langue d'écriture n'étant pas indiquée, je suis tentée de penser que c'est l'auteur qui a écrit directement en français. Certains mauvais emplois de temps (passé composé au lieu du plus-que-parfait) brouillent les temporalités et complexifient la compréhension.

En bref, une lecture qui, personnellement, a fait remonter quelques souvenirs de personnes, d'images et de discours autour de l'éclatement de la Yougoslavie et de la guerre du Kosovo.
Une lecture qui pose des questions importantes sur le journalisme (peut être intéressant pour étudier la presse avec des élèves ou étudiants).
Mais une lecture que j'ai trouvée globalement assez frustrante.
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En 1999, Gani Jakupi se voit offrir par un journal espagnol un billet pour le Kosovo dont il est originaire en échange d'un reportage sur ses retrouvailles avec ses parents. Il part donc pour son pays avec un photographe.

Il tire de ce voyage cette BD sensible et sincère à la belle atmosphère sépia. le récit est un peu décousu et la BD trouve son intérêt dans les réflexions que l'auteur fait sur le métier de journaliste. En effet, il se demande si son implication personnelle l'empêche d'être objectif et si sa position n'est pas intenable. En même temps, être impartial reviendrait parfois à être inhumain. Il questionne l'impact, la responsabilité et la déontologie du métier ainsi que la position bancale, entre pouvoir et impuissance, des journalistes. Il interroge le risque de surenchère par la lutte pour la publication et la recherche de l'originalité, du scoop et de l'émotion facile à tout prix, de plus en plus renforcées par notre consommation boulimique d'images. On ressent l'admiration qu'il a pour les photographes de guerre mais il n'épargne pas les conduites peu éthiques de ceux à l'ego surdimensionné qui s'accommodent des règles.

Ces réflexions passionnantes sont magnifiquement enrichies à la suite de la BD par les intéressantes interviews de photographes de guerre. Leurs réponses très personnelles à tous ces questionnements nous permettent d'envisager les multiples façons de penser et d'exercer ce métier.
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A l'occasion d'un reportage au Kosovo, en 1999, lors de la fin du conflit, l'auteur nous offre une belle réflexion sur le métier de journaliste, reporter et photographe.

Personnellement impliqué, les parents du journaliste vivent au Kosovo. Gani Jakupi s'est fait financer le déplacement, compliqué et coûteux au début des années 90, par une agence de presse. En contrepartie, il doit réaliser un reportage sur ses retrouvailles avec ses parents.

Arrivé sur le terrain, Gani Jakupi s'interroge sur la distanciation nécessaire à obtenir lors d'un reportage. Comment éviter le pathos, le sensationnalisme, l'émotionnel ?
Le journaliste raconte la course à l'information exclusive, la recherche de l'inédit, quitte à montrer l'horreur.
Si un journaliste peut se contenter de rapporter des faits et ne pas rapporter l'horreur, qu'en est-il du photographe de guerre ? L'image montre à elle seule l'atrocité, la peur, la souffrance, la douleur, la pauvreté, le désastre,.., tout ce qui nous touche émotionnellement.

Faut-il ne pas être impliqué personnellement pour avoir la distanciation nécessaire avec les événements rapportés ? Les journalistes sont-ils tous avides d'images et de reportages qui suscitent l'émotion ? Comment diffuser un reportage tout en restant subjectif ?

Ce sont autant de questions que soulève cette bande dessinée très enrichissante.
En bonus, à la fin de l'ouvrage, des interviews de journalistes et photographes qui donnent leur point de vue sur cette question de la distanciation.
Je conseille, et suis d'ailleurs surprise de ne voir que peu de critiques sur cet album.
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Notre mémoire est faillible …
Kosovo, oui, bien sûr, ça nous dit quelque chose …
Mais se souvenir des événements qui ont secoué cette région d'Europe entre 1980 et l'an 2000, ça reste très flou.
Gani Jakupi choisit en une courte introduction de resituer la chronologie de ce conflit.
Nous partons ensuite avec lui pour son retour au pays.
L'illustration est élégante,
Le crayonné est précis, délicat et très esthétique,
La couleur chaude des bulles ne correspond pas au paysage dévasté que l'on découvre … c'est surprenant !
L'histoire racontée n'est pas celle d'un conflit, mais à la fois
Ce sont les réflexions d'un homme sur son métier de journaliste, sur ce que certains attendent de son travail, sur l'interprétation qu'il peut faire des scènes qu'il doit (?) ou qu'il veut (?) nous montrer,
Ce sont ses relations avec ses collègues photographes qui partagent ou pas ses points de vue sur l'éthique de l'information qu'il veut véhiculer, doit-on faire de la mise en scène de la douleur, de la misère, du malheur des victimes ?
Pour clore le livre, nous avons quelques lignes ou un portrait et une interview de chaque personnage rencontré.
Un roman graphique qui nous emmène loin des sentiers habituels pour nous interroger sur notre relation à l'information et aux nécessaires « scoop » indispensables pour que l'on réagisse … faut il continuer à multiplier les scènes d'horreur dans les médias ?
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Je sais que la barre était haute puisque j'ai lu ce livre juste après avoir refermé [Gaza 1956] de Joe Sacco, que j'ai trouvé d'une puissance incroyable. Mais dans cette oeuvre graphique, Joe Sacco faisait de nombreux commentaires sur la place du journaliste, alors quand je suis tombée sur ce livre au rayon BD de la bibliothèque municipale, je n'ai pas hésité longtemps avant de l'emprunter et de le lire.
La barre était très haute, certes, mais je ne pensais pas que ce livre me décevrait à ce point. Il m'a en fait mise très mal à l'aise, non pas du fait de l'aspect dérangeant de ce qu'il dit, mais plutôt du fait de la façon dont il le dit. Il s'agit d'une réflexion sur le journalisme de guerre, et plus précisément sur le travail des photographes en zone de conflits. Il est question de la course au sensationnalisme et au scoop, mais rien de nouveau de ce côté. Il est fait référence à la chaîne de l'information, du journaliste de terrain à la rédaction puis aux « consommateurs » finaux que nous sommes et à la responsabilité de chacun dans la qualité et la réception de l'information, mais ce sont beaucoup de banalités. On aborde aussi la question du rapport au sujet de la photographie : mise en danger du photographe pour prendre la photo qui fera mouche, esthétique, respect du sujet, impartialité ou non… Mais il est difficile de savoir ce que Gani Jakupi apporte de plus à la réflexion ou quelle est sa position (si tant est qu'une position univoque soit possible).
Pour corser le tout, le ton de la bd ne m'a guère plu. Gani Jakupi n'est pas journaliste de métier. Il s'est retrouvé mêlé à cette histoire plutôt en temps qu'« expert » invité sur les plateaux télés au moment de la guerre du Kosovo parce qu'il est lui-même Kosovar et qu'il vivait alors en Espagne. Il s'est alors improvisé journaliste et ce qu'il en a vu l'a plutôt déçu puisque comme il le dit lui-même, il a arrêté cette activité peu après et sans regret. Je ne dis pas qu'il faut être journaliste pour critiquer le journalisme, mais par contre, je suis un peu embêtée par cette personne qui se présente comme journaliste alors qu'il ne l'est pas vraiment, et qui donne des leçons sur l'impartialité alors qu'il est lui-même juge et partie dans ce conflit, dans lequel il a perdu plusieurs membres de sa famille. Encore une fois, le fait qu'il soit Kosovar ne lui enlève pas de légitimité pour parler (ce serait un comble !), ce qui est problématique c'est qu'il veut parler d'une place qui n'est pas la sienne dans ce conflit et dans cette profession. Si on rajoute à cela un côté un peu caricatural dans la façon dont son collègue photographe est présenté (le photographe de guerre qui a tout faux, tandis qu'on a l'impression qu'il croit que lui a tout bon alors qu'il parle d'un point qui n'est pas le sien et qu'il ne semble pas s'en rendre compte…), cela rend l'adhésion à sa démarche difficile et c'est le malaise qui a prédominé dans ma lecture.
On peut ajouter à cela le fait que le titre et le sous-titres sont assez trompeurs. le titre « la dernière image » renvoit à une temporalité qui va bien avec le fait que ce voyage au Kosovo a lieu dans l'immédiate après-guerre, mais en fait ce que décrit Jakupi, c'est la quête de son photographe pour « l'image ultime », celle qui sera définitive parce qu'elle écrasera toutes les autres. Mais cette imprécision reflète un certain nombre de maladresses dans le texte (expressions pas tout à fait justes, concordance des temps bancale…) qui sont probablement dues au fait que l'auteur s'exprime directement en français (je n'ai pas trouvé d'indication de traduction) et qui auraient dû faire l'objet d'un travail de relecture et d'édition plus soigneux. de même pour le sous-titre, « une traversée du Kosovo de l'après-guerre » qui nous fait croire que l'on va apprendre quelque chose sur cette période, alors qu'en réalité le livre ne dit rien sur le Kosovo ou la guerre (c'est à chaque lecteur d'aller chercher ailleurs les repères géographiques et temporels dont il a besoin pour remettre ce qu'il lit dans son contexte) et est avant tout une réflexion sur le journalisme et les médias.
Voici donc une note de lecture qui semble à charge et c'est dommage, car j'ai aimé le travail pictural de l'auteur, ces images à l'aquarelle dans des camaïeux de brun, ou quelques fois de gris. le trait est tremblant, pas inintéressant, mais c'est d'ailleurs bizarre que l'auteur ne fasse jamais de comparaison entre son travail de dessinateur et le travail du photographe (d'autant que certains de ses dessins sont inspirées de photographies, comme il le mentionne lui-même). J'ai trouvé aussi assez intéressantes certains des entretiens avec des photographes de guerre espagnols retranscrits à la fin de l'ouvrage, mais c'est dommage que les annexes soient finalement plus intéressantes que l'oeuvre en elle-même.
Une bande dessinée peut-être faite un peu trop rapidement pour coller aux événements (et qui donc cumule plusieurs des défauts de la chaîne de l'information qu'elle essaie de dénoncer) et qui manque d'unité tant dans son projet que dans sa réalisation, c'est dommage.
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Je me demande vraiment pourquoi j'avais mis cette BD dans ma liste de recherche, mais la lecture fut une déception malgré quelques bons points. Et c'est également la première fois que j'ai du mettre si longtemps à lire une BD (surtout à commencer à la lire, elle est restée très longtemps sur la pile).

Mais c'est le genre de mauvais documentaire que je déconseille. le dessin n'est vraiment pas bon, trop verbeux et pas assez intéressant (il n'apporte pas grand chose la plupart du temps). le texte est lourd, et à le désavantage de sentir le pamphlet contre certaines pratiques du monde journalistique occidental. Et bien que je sois d'accord avec certains points, je trouve que c'est fait de façon trop brutale pour m'intéresser vraiment. Niveau scénario, c'est pas non plus transcendant, et ça n'a que peu d'intérêt d'un bout à l'autre.

Et c'est franchement dommage, l'idée de couvrir la guerre au Kosovo (et surtout l'imbroglio politique des Balkans) aurait pu être largement mieux exploité ! Surtout qu'on sent l'auteur attaché à expliquer que nous ne savons que peu de choses de tout ce qu'il s'est passé là-bas.

Bref, peu d'intérêt, et peu de bonnes chose. Surtout que niveau BD documentaire, on peut se tourner vers Ted Rall ou Joe Sacco pour avoir une bien meilleure utilisation du support BD.
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C'est à la demande d'un magazine que Gani Jakupi retourne au Kosovo accompagné d'un photographe, afin d'y faire un reportage sur son retour au pays. Exerçant la profession de journaliste de manière occasionnelle, il revient dans son pays d'origine à la fin du conflit, au moment où les forces armées internationales (la KFOR) ont repris le contrôle.

Si cette traversée du Kosovo de l'après guerre est inévitablement accompagnée des horreurs que réserve toute guerre, comme en témoigne la découverte du charnier où la famille de l'auteur fut massacrée, l'essentiel de cet album se situe néanmoins ailleurs. Les conséquences dramatiques et les stigmates de la guerre sont certes encore bien visibles, mais Gani Jakupi se concentre néanmoins sur le rôle des correspondants de guerre et en particulier sur celui des reporters photographes.

Malgré la dimension très personnelle de cette mission de reportage, l'auteur parvient à conserver un recul nécessaire pour poser un regard critique sur le métier de journaliste. À travers son errance au sein d'un pays totalement dévasté par le conflit, il invite à réfléchir sur les ambiguïtés de l'information et sur la complexité de transmettre l'information en respectant les règles d'éthique et en évitant toute forme de sensationnalisme.

Si cette réflexion sur les devoirs des reporters est très utile et que le travail de Gani Jakupi mérite d'être souligné et partagé, j'ai par contre eu beaucoup de mal à accrocher à ce récit qui multiplie les rencontres et les faits, mais qui manque au final de liant et de fil narratif.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Gani Jakupi est touche-à-tout : journaliste, dessinateur, jazzman… et ce sont ses talents combinés qui donnent un roman graphique tel que La dernière image. Ce voyage au Kosovo, organisé par un journal espagnol, avait pour origine d'être un article, mais l'auteur bouleversé par cette expérience en a finalement fait une bande dessinée.
Accompagné par un photographe de guerre, nommé Domingo pour préserver son anonymat, l'auteur part à la (re)découverte de ce monde qui lui fut familier, mais que la guerre a détruit. Sur place, à la recherche de ses parents exilés, il constate les horreurs provoquées par le conflit et est confronté de plein fouet par cette terrible réalité qui a touché ses proches.
Parallèlement, son collègue, toujours à la recherche de la meilleure photo qui fera le scoop, est prêt à tout pour l'obtenir au risque de ne pas avoir de scrupules pour le monde qui l'entoure. Cette situation, dérangeante pour Jakupi, amène une vraie réflexion sur la place des journalistes et photographes de guerre, et sur l'implication de chacun. Faut-il être partie prenante ou bien au contraire faire preuve d'une totale insensibilité pour exercer ce métier? C'est toute la complexité de cette profession qui est mise en lumière avec cette BD, au travers du personnage de Domingo mais également lors des nombreuses rencontres que l'auteur fait avec d'autres collègues.
L'album est agrémenté d'interviews de journalistes, photographes ou rédacteurs à la fin du livre, dans lesquelles chacun s'exprime sur sa vision du métier et sur les limites que chacun se met. Si j'ai trouvé le récit un peu brouillon dans son ensemble, c'est cette partie qui a pour moi éclairé l'ouvrage, apportant un vrai regard sur une profession finalement assez méconnue mais également sur le rôle que nous, lecteurs, avons dans cette recherche permanente du sensationnalisme.
La dernière image est une bande dessinée qui permet de soulever des questions essentielles sur notre consommation d'image. Une lecture qui s'impose dans notre monde qui gère souvent l'information comme un produit de consommation…
Lien : http://lalydo.com/2013/09/la..
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