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Critique de Colchik


Je me suis offert le plaisir de relire le premier livre de P.D. James. Je voulais en quelque sorte redécouvrir le personnage d'Adam Dalgliesh sous un nouvel éclairage, celui que donne la maturité. Est-il déjà là, sorti tout cuirassé de l'imagination de sa créatrice ?
Martingale, une propriété cossue dans la campagne anglaise, non loin de Londres. Les Maxie portent beau, mais leur situation financière est délicate. Eleanor Maxie fait tout pour conserver un semblant d'aisance, mais la maladie de son époux grabataire a épuisé les faibles ressources de la famille. Son fils, Stephen Maxie deviendra sans doute un brillant chirurgien, cependant il ne gagne pas encore correctement sa vie pour prendre en charge financièrement ce qui reste du domaine de Martingale. Quant à sa fille Deborah, elle est revenue vivre au manoir après un veuvage prématuré qui l'a rendue amère et cynique, et sa liaison avec Felix Hearne, l'éditeur, n'est sans doute qu'un pis-aller. Alors Mrs Maxie se résout à embaucher Sally Jupp, une fille-mère du refuge St Mary, pour seconder son employée de maison.
Sally Jupp a du caractère, des ambitions, et du plaisir à saupoudrer de grains de sable le quotidien lisse des Maxie. Pourquoi, sous des airs d'employée vertueuse, se mêle-t-elle de tout ? Pourquoi va-t-elle voir à Londres Stephen Maxie ? Pourquoi celui-ci annonce-t-il ses fiançailles avec elle la veille de la kermesse annuelle de Martingale, sous les yeux médusés de sa maîtresse, Catherine Bowers ? Pourquoi enfin Sally met-elle la même robe que Deborah pour parader dans les jardins de Martingale le jour de la fête ?
Quand les hôtes de Martingale et leurs invités découvrent Sally étranglée dans son lit, le lendemain de la kermesse, nombreux sont ceux qui ont des raisons de lui en vouloir. Depuis sa famille d'accueil – elle avait été recueillie à la mort de ses parents par son oncle et sa tante – jusqu'à Miss Liddell, la directrice de St Mary qui l'avait recommandée aux Maxie, en passant par Eleanor et Deborah Maxie, horrifiées par une mésalliance qui risquait de compromettre la survie du domaine, mais aussi Catherine Bowers, subitement privée de son amoureux.
L'inspecteur principal Dalgliesh est chargé de l'enquête avec le brigadier-chef Martin. Il est jeune, assez bel homme (le teint brun) et semble cassant, guindé, peu enclin au bavardage et aux politesses raffinées. Sa compassion n'effleure qu'à de rares moments : « Non, le corps d'abord. Les vivants peuvent attendre. » déclare-t-il en arrivant au manoir. Il ne s'agit pas ici d'efficacité, mais d'un rang de priorité accordé aux victimes. Devant le corps de Sally Jupp, il n'éprouve ni pitié ni colère, mais « il savait que cela pourrait venir plus tard, et qu'il lui faudrait résister ». Il ne s'embarrasse pas de fioritures et tait le drame qui l'a frappé quand on lui reproche son insensibilité.
P.D. James ne décrit pas Adam Dalgliesh, ne lui donne presque aucune couleur psychologique, comme si elle le tenait encore à distance, attendant qu'il fasse ses preuves. Il les fera de façon magistrale.
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