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Critique de Syl


Syl
12 octobre 2012
Bières, vodkas, tournée de pubs, des copains ivres, une vie de garçon à enterrer et la nuit qui nappe la campagne… « Enterrer une vie de garçon »… Et si, pour se venger de tous les canulars subis, le futur marié se faisait vraiment enterrer ? L'idée a germé bien avant leur virée, elle a été calculée et avalisée par les cinq potaches de la bande. Oui… quelle bonne rigolade !
Michael Harrison, vingt-huit ans, « chef » du clan, le plus inventif en blagues, va se marier à Ashley, une délicieuse jeune femme dont il est follement amoureux. Dans la fourgonnette qui les mène de verre en verre, Robbo est au volant. Les passagers sont Luke, Pete, Josh et Michael. Seul Mark, le sixième de cette meute, est absent, retenu par le brouillard de Leeds. L'ambiance est éméchée, joyeuse.
Que font-ils ? Michael le demande en riant. Pourquoi ils s'arrêtent là ? Pourquoi ils le prennent par les épaules et les jambes ? Il se laisse un peu faire, c'est de bonne guerre ! Il leur avait dit… pas de stripteaseuse ! Ashley serait folle furieuse et il l'aime son Ashley !
« - Qu'est-ce qu'elle aime, chez toi, Ashley ? demanda Josh.
– Ma bite.
– Tu crois pas que c'est ton fric, ton look, ton charme ?
– Ca aussi, Josh, mais surtout ma bite. »
(…)
« - T'es putain de lourd ! s'écria Luke. »

Le corps est déposé dans un cocon de satin. Michael se sent à l'étroit. Il se débat mais il est aussitôt paralysé par ses amis hilares. On lui insère un tuyau en caoutchouc entre les lèvres, on lui met entre les mains une revue pornographique, on lui dit qu'il a une lampe torche, un talkie-walkie pour communiquer, une bouteille de whisky pour la fête et on lui rabat immédiatement une chape au dessus de lui.
Michael ne comprend rien. Hébété, il se demande si ses copains de toujours vont vraiment le laisser dans ce cercueil durant quelques heures ! Il est claustrophobe, il est saoul, et déjà des renvois d'alcool lui chatouillent le gosier.
A l'air libre, les lurons vissent les bois, rabattent la terre sur la tombe, se congratulent, lancent quelques mots à Michael par le talkie-walkie et partent. Ils reviendront le chercher dans deux heures, après avoir bien trinqué à sa santé.

Le drame qui se produit quelques minutes après n'était pas prévu. Robbo perd le contrôle du véhicule pour éviter un camion et l'accident tue les quatre fossoyeurs amateurs.

« Il appuya sur le bouton talk.
- Allô ?
Seuls des grésillements lui parvinrent.
- Allô ? Eh, les gars !… »

Mark, face à la baie vitrée de son appartement, écoute les appels inquiets qui défilent sur la messagerie vocale de son téléphone ; ceux de la mère de Michael et ceux d'Ashley. Il laisse courir le flot et s'absorbe dans la contemplation de la nuit. Il se retrouve seul. Des six, il est seul.

Michael voit les heures passer avec la torche. Son corps s'engourdit, le sommeil le ravit.

Roy Grace est commissaire de police judiciaire. L'affaire qui l'occupe ne se présente pas bien. Au tribunal, il est tourné en ridicule car il a fait intervenir un médium lors de sa dernière enquête. Les sciences occultes, les sciences dites alternatives, ne sont pas bien vues, même si elles ont permis l'arrestation d'un meurtrier. Pour s'évader un peu de son marasme, il accepte la requête d'un ami. Un homme a disparu la veille de son mariage et les seuls témoins sont morts.
Pour Grace, les disparitions inexpliquées sont un terrain miné. Sandy, sa femme, avait un jour pris son sac et était partie sans revenir. Neuf années à chercher, pister et ne rien trouver. Cet abcès ne guérit pas et sa vie est en équilibre, ni dans le passé, ni dans l'avenir. Il est en suspension.

Michael ne sait plus, ne se sent plus. Une voix le réveille, celle d'un garçon. Il s'appelle Davey. Il a pris en cachette de son père le talkie-walkie qui était près de la voiture accidentée que son père remorquait. C'est chouette ! Davey découvre un nouveau copain avec ce téléphone, mais il ne comprend pas ce qu'il lui dit… puis il doit partir, il n'a pas le temps de l'écouter…

Alors que Grace commence l'enquête avec aucun indice, Michael se pose une question.
« Combien de temps peut-on survivre dans un cercueil ? »

.
.
Combien de temps ? Je me suis posée la question tout au long du livre. Etant claustrophobe, je n'ai pu m'empêcher de me téléporter dans le sarcophage et de le vivre difficilement. Cette lecture est un cauchemar ! Les premières pages sont dures car sous un élan bon-enfant, la situation est violente. Passé ce cap, après avoir maîtrisé ma respiration et massé les crampes de ventre… je me suis passionnée pour l'histoire. L'auteur s'amuse à passer d'un personnage à l'autre pour nous rendre un scénario très dynamique. Grace, Michael, Davey, Ashley, Mark, on lit leurs instants de vie et leurs comportements. Il n'y a point de hasard. Dès la page 240 (sur les 532), un voile se lève, mais le doute s'insère car le livre n'est qu'à sa moitié. Bien souvent je disais tout haut… Mais c'est dégueulasse !… car l'immoralité est reine ! Imaginez, un voile qui s'ouvre sur un autre voile, ou des poupées russes qui s'emboîtent, et vous aurez la trame de l'intrigue.
L'inspecteur Grace est un homme charmant, humain et fort intelligent. Il a été un peu mon oxygène, l'air qui me manquait lorsque je lisais les tortures de Michael. Les tortures… certes, car elles ne seront pas que psychologiques !!!

Un très bon thriller, que je m'empresse de vous conseiller.

Peter James est né à Brighton, dans le comté de West Sussex. Il est un écrivain et un producteur de cinéma. Avec ce livre, il a eu le premier prix du polar de Cognac en 2006.
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