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Suzanne Flour (Traducteur)Henri Robillot (Traducteur)
EAN : 9782070495788
249 pages
Gallimard (31/10/1998)
3.88/5   17 notes
Résumé :
Une petite péquenaude, oui, peut-être mais une tigresse en son genre et qui n'a nulle intention de moisir dans son patelin. Quand l'occasion se présente en la personne de l'inquiétant et sinistre Dillon, le loup aux dents longues - elle le saisit par les cheveux et les maccabées qui s'amoncellent ne l'arrêtent pas. Son appétit ne le cède en rien à celui de Dillon. Il faut mettre les bouchées doubles, pourquoi pas ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ancien membre d'une bande de truands, Dillon arrive seul et complétement fauché à Plattsville, petite bourgade de l'Amérique profonde comme il en existe certainement des milliers.
Grâce à la générosité d'un commerçant aisé du patelin qui lui offre du travail, il y prend ses quartiers et tisse des liens avec les voyous du coin pour truquer un match de boxe. Mais la combine échoue et Dillon est obligé de se planquer au vert, après le meurtre d'un parieur mécontent et le cambriolage du magasin de son bienfaiteur, en compagnie de Myra, la fille du parieur défunt, trop heureuse de se débarrasser d'un père maltraitant et du manageur du boxeur.
Méchamment autoritaire, Dillon impose ses règles et mène la vie dure à ses deux acolytes qui finissent par se lasser et tentent de l'assassiner. Mais c'est le manageur qui y perd la vie, poignardé par erreur par Myra dans un combat violent au corps à corps. Après avoir flanqué à la fille une bonne raclée pour bien lui faire comprendre qui commande, Dillon débarque avec Myra du côté de Kansas City. le couple réalise quelques braquages et à la faveur d'une information, Dillon sauve la vie d'un caïd de la ville.
Devenu le bras droit du patron, sa "carrière " décolle. Mais la cupidité de Dillon est sans limite et son couple bat de l'aile. Il s'amourache d'une autre femme et il veut la place du caïd. Si sa nouvelle conquête va subir les foudres de la tigresse sauvage qu'est Myra, il va mener à bien son projet de prendre la place du boss qu'il abat froidement. Il se lance alors à l'assaut de la bande rivale dont il tue le chef pour régner en maître absolu sur la ville et multiplier les rentrées d'argent.
Mais ce meurtre et le franchissement d'une frontière d'Etat à bord d'une voiture volée le mettent à la merci d'une poursuite des Fédéraux. le voilà de nouveau en cavale toujours en compagnie de Myra et d'un fidèle homme de main. Dans leur fuite éperdue, les cadavres s'amoncellent : un motard de la police qui les poursuit alors que les gangsters gagnent une ferme délabrée au fin fond de la cambrousse ; Myra, blessée par le motard est achevée sans remords ni regrets par Dillon ; l'homme qui leur fournit la planque chez ses vieux parents est abattu car Dillon n'a pas confiance en lui. Où cette course à la mort va t'elle s'arrêter ? Et si les deux bandits avaient plus à craindre l'un de l'autre que des Fédéraux ? A moins que la jeune fille simplette de la ferme où ils ont trouvé refuge n'ait le dernier mot.

Publié en 1950 dans la Série Noire, "Les bouchées doubles", écrit à la toute fin des années 30 est le deuxième roman de J. H. Chase après son retentissant "Pas d'orchidées pour Miss Blandish". Alors que le détective Dave Fenner n'a qu'un rôle somme toute mineur dans le premier roman de l'auteur britannique, Chase se passe totalement d'enquêteur dans son second roman, et se concentre sur les protagonistes issus d'un milieu populaire et du grand banditisme, dont il examine les caractères et les motivations.
Dans ce roman noir, l'auteur déroule la trame narrative en trois parties de longueur relativement égales, du moins en ce qui concerne les deux premières, la dernière partie étant un peu plus longue. L'entame du roman donne à l'auteur l'occasion de planter le décor et des camper les personnages que sont Dillon, Myra Hogan et Nick Gurney. Les deux premiers ont un caractère bien trempé et peu de scrupules. le troisième n'est là que comme faire valoir pour les deux autres. Durant ces 75 premières pages, le lecteur se rend déjà compte que pas grand chose n'est en mesure de freiner l'ascension de cet homme et de cette femme aux dents longues qui usent chacun de leurs atouts pour y arriver : violence et brutalité pour Dillon, séduction et sauvagerie pour Myra.
La deuxième partie du roman met encore en avant le tueur froid, impitoyable qu'est Dillon et le côté inhumain de sa personnalité mais aussi son intelligence et sa capacité de réflexion pour atteindre ses objectifs. Myra, quant à elle, semble se satisfaire de la vie assez confortable que lui offre Dillon même si elle aspire encore à mieux tant sur la plan matériel que "sentimental".
La dernière partie débute sous la pluie, un temps gris comme un mauvais présage qui plane sur le couple. qui est maintenant pourtant bien établi. Dillon et Myra sont riches mais il leur en faut toujours plus car rien ne semble pouvoir les contenter. L'instinct de possession les anime au plus haut point. Ce besoin de posséder se traduit chez le premier par "toujours plus de fric" et chez la seconde par "touche pas à mon homme". Ainsi lorsque Myra apprend que Dillon la trompe, pas un instant elle ne songe à se venger de lui car elle en a trop besoin pour le bien-être matériel qu'il est en mesure de lui procurer mais en revanche sa rivale va souffrir dans sa chair lors d'une scène d'une grande violence. Il n'y a pas d'amour dans tout ça, seulement de la possession, pure et dure.
Mais cette soif avide et cupide, par son côté inextinguible même, ne peut que déboucher sur le néant et les deux personnages sont condamnés à disparaitre à tout jamais sans être satisfait de ce que la vie leur procure.
Un roman très noir, de grande qualité, comme nombre d'autres romans de J. H. Chase qui se pose bien en maître de l'inexorable. Pierre Agostini, grand spécialiste de l'oeuvre chasienne a écrit : " Prendre un Chase, c'est la certitude de recevoir une décharge d'adrénaline mais surtout de s'assurer quelques heures de plaisir intense". Croyez-le sur parole : "Les bouchées doubles" ne font pas exception à la règle.
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Dillon, une brute ayant déjà fait les 400 coups débarque dans un patelin paumé. Après avoir truqué un match de boxe, il s'acoquinera avec des gangsters à la petite semaine. Les quittant avec une jeune fille désoeuvrée, il s'installera dans un autre bled où après avoir fait son trou, au sein d'une autre bande, il finira par décider de mettre "les bouchées doubles" : prendre la place du caïd de la ville.

En lisant ce livre on pense aux vieux films noirs américains mettant en scène Edward G Robinson ou James Cagney nous racontant l'ascension irrésistible des petits brigands lorgnant la place du Caïd qu'ils convoitent.

Le premier tiers du roman est délicieux en cela qu'il nous dépeint avec un style brillant les moeurs brutales d'un petit patelin peuplé de gens frustes, le tout sur fond du monde de la boxe ; on songe d'ailleurs à John Steinbeck voire, par certains aspects, à Erskine Caldwell (l'auteur nous campe une adversité cruelle entre un père aveugle et sa fille délurée)

Chase nous conte son histoire avec une aisance éloquante ne cédant sur rien : scènes de tortures, femmes malmenées, parricide, meurtre à mains nues de sang froid.. le récit n'en est que plus plausible et tranchant. Ce roman n'utilise par les ressorts du suspense insoutenable dont Chase nous a tant de fois généreusement fait part, c est un roman brut de décoffrage dans la lignée des films de gangsters.

Içi, point de détectives creux dignes des bandes dessinées ou d'enquetes assommantes telles que les romans d'aujourd'hui nous abreuvent mais d'hommes et de femmes qui se battent(ou y succombent et s'y vautrent) contre leurs pulsions les plus primitives.

Un roman aigre et aride comme une traversé du désert du Sahara dans la lignée de Traquenards ou En trois coups de cuiller à pot du même auteur.

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une bonne histoire a la Bonny et Clyde.
une bonne intrigue 👍
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Un très bon roman , du vrai noir , Une route parsemée de cadavres.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Myra Hogan descendait la grand'rue , consciente de toutes les têtes qui se retournaient sur son passage. Les noirs eux mêmes s'arrêtaient dans leurs travail, craignant de relever la tête, mais lui jetant par en dessous des regards furtifs.
Elle marchait, ses hauts talons de bois claquant comme un défi. Les hommes la guignaient et la déshabillaient des yeux sur son passage.
Les femmes la regardaient elles aussi. Avec des yeux froids, chargés d'envie et de haine. Myra roulait légèrement les hanches. Elle prit une démarche affectée, tout en lissant ses boucles noires. Son corps jeune et ferme, libre de toute entrave, ondulait harmonieusement. Ses jeunes seins épanouis tressautaient sous le mince voile de sa petite robe imprimé.
A l'autre bout de la rue, un groupe de commères jacassait, déchirant les gens en mille morceaux sous le soleil brûlant. Elles virent Myra s'approcher et se turent brusquement; c'étaient de vieilles femmes sans formes, épuisées par les maternités et les travaux manuels. Myra se raidit en s'approchant d'elles. Un instant, sa démarche perdit son balancement rythmé. Les talons de bois claquèrent avec moins d'assurance. Sa confiance en elle-même ne reposait pas sur des bases solides; elle était encore très jeune. Au milieu de ses aînées, elle devait se forcer.
Un sourire contraint sur ses lèvres pleines, elle avança. Mais, à son approche, Les commères se reculèrent comme une couvée de vautours et ne lui montrèrent que leur dos vouté, sans la regarder de leurs yeux vides. De nouveau, les talons de bois claquèrent. Le sang aux joues, la tête haute, Myra passa.
Derrière elle, les voix se remirent à bourdonner. L'une des femmes s'écria très fort :

- J'lui ferai voir...à cette sale petite trainée !

Myra poursuivit sa route. "Les vieilles garces, pensait-elle, furieuse. Moi, j'ai tout, elles ne peuvent pas me sentir."
La route était longue jusque chez elle. Elle ne fut pas fâchée d'atteindre enfin la petite barrière de bois qui ouvrait sur l'allée conduisant à la bicoque délabrée.
Elle s'arrêta à la barrière, et examina la maison. Elle pensait : "Je la déteste ! je la déteste !"
Le jardin n'était que boue craquelée, cuite et recuite. La maison surélevée, sans étage, était entièrement faite de bois gauchi par le vent et la pluie et blanchi par le soleil. Elle se dressait comme un symbole affreux et déprimant de pauvreté.
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-- T'es au courant pour Fan ?
Myra vint lui apporter son verre et secoua la tête.
--Non. Qu'est-ce qu'elle a fait, Fan ?
Roxy leva le verre dans la lumière et contempla le liquide d'un air songeur :
--Elle a foutu le camp il y a trois semaines. Elle m'a laissé tomber, aussi sec. Elle me manque, cette poule-là.
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Même si l'histoire peut ressembler parfois à Bonnie and Clyde ou aux incorruptibles , le tout est efficace et prenant .Un très bon polar noir....
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Mais ils gardaient leur opinion chacun pour soi, sans casser la vaisselle. Ils faisaient l’amour par hygiène et mangeaient ensemble pour se tenir compagnie. Ils partageaient la même chambre par économie et, en fin de compte, s’arrangeaient très bien comme ça.
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Je crois que j’ai entendu parler de lui. Un sale type. Un type qui n’fume pas, qui n’boit pas et qui n’a pas de poule, un sale type, quoi.
Roxy eut un sourire.
— C’est toi qui l’dis !
Miss Benbow s’agita, mal à l’aise.
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