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Critique de jmb33320


« Et puis, bien que miss Bordereau ne pût être considérée maintenant comme douée d'attraits personnels, et qu'il y eût même quelque chose, dans son antiquité ravagée, qui vous tenait à distance, j'éprouvais un désir irrésistible de sentir un moment dans la mienne cette main que Jeffrey Aspern avait pressée. »

Le narrateur de ce court roman est un écrivain américain qui a la particularité d'être un fan(atique) absolu d'un poète, Jeffrey Aspern. Son obsession est telle qu'il est prêt à toutes les bassesses pour tenter d'obtenir des documents encore inconnus qui, paraît-il, dorment chez une de ses anciennes conquêtes, miraculeusement encore en vie.

Cette miss Bordereau, qui vit cloîtrée, en compagnie d'une de ses nièces, dans un vaste palazzo vénitien décati et peu meublé a refusé par courrier de recevoir qui que ce soit au sujet de Jeffrey Aspern.

Aussi le narrateur, en quête de son Graal personnel, se rendra à Venise sous une fausse identité pour tenter d'approcher les deux femmes. Ce qu'il parviendra, avec beaucoup d'efforts, à faire.

Dans ce trio infernal, sous une politesse de façade se déchaînent bien des passions. Miss Bordereau est cupide (mais fauchée, ce qui atténue son défaut). Sa nièce n'est pas insensible au charme du narrateur. Il en usera (dans les limites de la décence) pour tenter au moins de lire les fameux « papiers ».

Après plusieurs tentatives malheureuses, je peux enfin me vanter d'avoir terminé un roman d'Henry James ! Et cerise sur le gâteau, j'ai aimé ce mélange de politesse et de férocité. L'évocation de Venise à la fin du 19ème siècle est magnifique, à se croire dans un de ces tableaux brumeux de Turner ou de Whistler.

« La grande basilique, avec ses dômes bas et ses broderies scintillantes, le mystère de sa mosaïque et de sa sculpture, semblait un fantôme dans la demi-obscurité, et la brise de mer nous venait à travers les colonnes jumelles de la Piazzetta – linteaux d'une porte qu'on ne gardait plus —, aussi doucement que si une riche portière s'y fût balancée. »
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