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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Attention, chef-d'oeuvre absolu !

Je ne me lancerai pas dans l'énumération des nombreux superlatifs contenus dans Le Robert des noms propres pour illustrer mon ressenti de lecture car vous seriez lassés avant d'être arrivés au bout.

Quelle merveille d'écriture et quelle finesse apportée dans la psychologie de tous les personnages, pas seulement dans celui d'Isabel Archer - magnifiquement interprétée à l'écran par Nicole Kidman dans la belle adaptation de Jane Campion, soit dit en passant. Des Etats-Unis à l'Angleterre, de Paris à Rome et Florence, c'est une étude fine et ciselée de la société aristocratique de la fin du XIXème siècle que nous offre Henry James. Flamboyant.

La magnifique et édifiante opposition des mentalités américaine et européenne, entre traditions et conventions, le machiavélisme ou a contrario l'innocence des protagonistes, la soif d'idéal et de liberté qui anime l'héroïne, et l'esthétisme des descriptions font de "Portrait d'une femme" un roman d'apprentissage d'une force terrible et une oeuvre à placer sur le même piédestal que les "Liaisons dangereuses" De Laclos.

Un régal de la première à la dernière ligne ; un chef-d'oeuvre absolu.


Challenge XIXème siècle 2019
Challenge PAVES 2019
Challenge SOLIDAIRE 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
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Il y a bien longtemps que je l'ai lu, mais quelques mots tout de même sur un des romans majeurs de Henry James. Comme souvent avec James, dont le frère était philosophe, c'est vaste et compliqué. Tout d'abord, nous avons des thèmes habituels: roman international (une Américaine en Europe), novel of manners (roman de moeurs, comme Edith Wharton ou en Roumanie Hortensia Papadat-Bengescu, qui souligne donc l'importance des conventions sociales et à quel point on ne s'en extrait pas, sauf temporairement ou moyennant un prix exorbitant).
Cela posé, avec James il faut partir d'un certain nombre de présupposés: les personnages les plus intelligents, subtils, clairvoyants cachent toujours un cancer ou quelque chose dans le genre. Dans "The American", c'est Valentin, ici, très clairement, Ralph Touchett. Ensuite, bien sûr, même s'il s'agit d'une orpheline, les personnages n'ont pas vraiment de problèmes d'argent, sauf s'il s'agit d'en obtenir plus: problèmes de riches (et plus ou moins oisifs), donc.
Ici, James aborde la question du vice et de la vertu et les relations entre les deux. Comme d'habitude, c'est nuancé et par moments torturé. D'abord, l'héroïne innocente et manipulée est encline au péché d'orgueil, qui la fait épouser Osmond, aux goûts esthétiques qu'elle juge exquis (voir aussi la supériorité dont elle pense qu'il fait preuve vis à vis de Lord Warburton). Ensuite, du côté des méchants, Serena Merle s'exclame: "What have I been so vile for?" tandis qu'Osmond ne trouve au bout du compte que peu de satisfaction dans ses machinations occultes (Daniel Touchett le qualifie de "sterile dilettante", termes d'autant plus pertinents qu'il n'a pas d'héritier légitime). Ralph rappelle enfin à Isabel qu'elle a été haïe mais aussi aimée ("Ah, but Isabel, adored"), y compris par Osmond. En quelque sorte, le vice ne paye pas, et la vertu n'est pas exempte de vice.
Il y a enfin la question de la condition féminine. Henriette Stackpole travaille et est indépendante mais plus un sujet de satire qu'autre chose; Serena Merle maîtrise les manières du monde, mais c'est une intrigante; Pansy est soumise sans espoir; la comtesse Gemini, qui révèle à Isabel la vérité sur Osmond et Mme Merle, est elle aussi un sujet de mépris et de moqueries, ce qui ne manque pas d'ironie, dans la mesure où Isabel finit, notamment avec les fiançailles putatives de Lord Warburton et Pansy, où James semble suggérer qu'Isabel pourrait coucher avec son ex-prétendant pour huiler les rouages (en soi encore une machination vouée au mieux à la stérilité) par se trouver involontairement dans un sordide bien plus cru encore que celui de sa comtesse de belle-soeur. Enfin, Isabel ne pourrait s'affranchir de son mariage avec Caspar Goodwood, par exemple, qu'en abandonnant Pansy, soit une autre femme, à son triste sort.
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Isabel Archer, jeune Américaine orpheline rêve de mener une vie indépendante et de découvrir le monde. Quand sa tante, Mrs Touchett lui propose de l'emmener en Europe, elle accepte avec enthousiasme. Elle fait la connaissance de son oncle Mr Touchett et son cousin Ralph installés en Angleterre depuis de nombreuses années. Désireuse de conserver sa liberté, elle refuse une demande en mariage de leur charmant voisin et ami, Lord Warburton. Elle éconduit à son tour un jeune Américain Casper Goodwood. Elle ne souhaite pas s'enfermer dans la vie conjugale…

Au décès de son oncle elle devient une riche héritière. Et croise la route de Madame Merle…qui lui présente, lors d'un voyage en Italie, Gilbert Osmond, un veuf sans fortune, amateur d'art et misanthrope, père d'une charmante jeune fille qu'il maintient dans une obéissante niaiserie. Et notre Isabel tombe sous le charme…Nous flairons le piège mais elle pas du tout jusqu'à ce que peu à peu s'effiloche sa belle romance. Époque difficile pour les femmes qui restaient soumises à cette obligation de se marier et tombaient de ce fait sous la dépendance de leur époux…D'autant qu'Isabel, sûre d'elle, est persuadée d'avoir choisi librement l'homme de sa vie…

Ce portrait de femme est admirable par la description fine des caractères des personnages, aussi bien celui d'Isabel que de ceux qui gravitent autour d'elle, et la lente progression dans la révélation des dessous de l'histoire et des manipulations dont elle est la victime. Roman qui reste très actuel par cette analyse psychologique d'un mécanisme toujours très actif dans de nombreuses relations humaines et qui peut détruire bien des vies. Un classique à re-découvrir !
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Le roman le plus connu d'Henry James et certainement l'un des meilleurs, et pour moi un pur chef-d'oeuvre de sensibilité, de construction, de style, de bonheur de lecture.

« Je préférerais que vous attendiez quelques mois, jusqu'à ce que mon gros roman soit sorti. C'est à partir de lui que, pour ma part, je prétendrai faire date »
Voilà ce que disait Henry James à son éditeur alors qu'il écrivait Portrait de femme.
Quelques mots sur l'histoire elle-même :
Isabel Archer, jeune orpheline américaine, se voit proposer par Mrs Touchett, sa tante, de partir pour l'Europe, d'y voyager avec elle et de séjourner à Florence ou Mrs Touchett a une villa.
Les deux femmes font d'abord une pause en Angleterre à Gardencourt, auprès de Mr Touchett et de son fils Ralph qui tente de soigner sa tuberculose.
Isabel rencontre immédiatement le succès auprès de l'entourage des Touchett, elle est jeune, vive, enjouée, intelligente et elle plait.
Le séjour se prolonge, Isabelle aime beaucoup le vieux Mr Touchett et son cousin Ralph et passe de longues heures avec eux, elle retrouve Henrietta, une amie américaine venue en Europe pour être journaliste. Elle fait la connaissance de Mme Merle une amie de sa tante qui l'encourage à réaliser ses désirs et ses rêves.
Isabel Archer se voit proposer le mariage à plusieurs reprises par un lord anglais et par un riche américain qui l'a suivi jusqu'en Europe. Lord Warburton et Caspar Goodwood se voient l'un comme l'autre opposer une fin de non recevoir.
Isabel a soif de liberté, elle tient à son indépendance et souhaite voir le monde, elle est, dit Henry James, « impatiente de vivre »
Leon Edel le biographe de James dit qu'il met sa propre enfance et son propre désir de liberté dans le personnage d'Isabel.
La mort de Mr Touchett va tout changer. Elle hérite d'une petite fortune, il est temps pour elle de voler de ses propres ailes.
Ce ne serait pas du Henry James si il n'y avait, après ce moment un rien idyllique qui a tout d'une comédie romantique et légère, désillusion, désenchantement, trahison et souffrance ….
Mona Ozouf dit « Tous les romans de James sont des allégories de la déception » voilà vous êtes avertis.
Je vous laisse faire connaissance avec Gilbert Osmond le collectionneur et sa fille Pansy tout juste sortie du couvent.
Je vous laisse flâner dans les ruines romaines, dans les musées et les églises de Florence à l'époque du Grand Tour que James restitue parfaitement.
Les dialogues sont subtils, profonds et sont superbement mis au service de l'errance psychologique des personnages. Les liens qui s'instaurent entre les différents personnages évoluent beaucoup au fil du récit et Henry James ne dévoile jamais tous les ressorts d'une histoire, il laisse le lecteur suivre son propre cheminement.

Un reproche souvent lu : l'intrigue est longue à se mettre en place, peut être, mais James aime faire le tour de toutes les implications d'une situation, il l'examine, la pèse, l'étudie sous toutes les coutures. Ils sondent âmes et caractères , il examine la morale et les répercussions des choix de ses personnages.
Chaque nouvelle situation donne lieu à un nouvel examen attentif digne d'un entomologiste.
Les ruptures de temps du récit, les non-dits, ajoutent à l'oppression ressentie par le lecteur qui passe de la douceur du thé sur les pelouses de Gardencourt à l'ombre menaçante des ruelles de Rome.
Le lecteur est victime de « la curiosité presque douloureuse » * que lui communique l'auteur.
Un mot du film de Jane Campion, les adaptations de romans sont parfois très réussies, c'est le cas ici. Nicole Kidman est parfaite d'allant juvénile, puis de douleur muette, elle EST Isabel Archer.

Si vous n'avez jamais lu Henry James gardez ce roman pour plus tard, commencez par Les Papiers d'Aspern ou Washington Square et ensuite délectez vous de ce Portrait de femme et peut-être comme moi le lirez-vous et le relirez-vous.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Le visionnage du film de Jane Campion au magnifique casting m'avait laissée perplexe tant il m'a été difficile de percer le caractère de l'héroïne centrale esquissée dans des décors somptueux.
Poussant ainsi à me plonger dans le roman d'Henry James, qui l'a inspiré, et réputé comme son chef d'oeuvre.
L'héroïne, Isabel Archer, est une jeune femme américaine attirante, belle, intelligente et vive d'esprit, qui suscite l'admiration chez hommes de son milieu, la grande bourgeoisie. Orpheline, elle rêve d'aventures, de grands voyages. Qu'elle va pouvoir concrétiser, grâce à un héritage inattendu, qui lui assure une indépendance financière. On la suit des Etats Unis vers l'Angleterre, de Paris vers Rome, Florence….
C'est une femme libre : libérée des tabous de la vieille Europe, elle mène sa vie selon ses désirs.
C'est un roman d'apprentissage, avec un cheminement qui ne laisse pas indifférent les lectrices d'aujourd'hui. Elle n'échappera pas cependant au mariage. Avec la conspiration de ses amis proches. Malheureusement pour elle, son intelligence ne la garde pas d'un mauvais choix : elle fait l'erreur de bafouer l'amour d'honnêtes hommes pour celui d'un manipulateur véreux.
J'admire la finesse d'observation des figures féminines, la précision et souci des détails des lieux qui imprègnent les pages de ce très long roman. Une longueur, difficile à caser aujourd'hui mais qui s'explique par une publication originelle sous forme de feuilleton, comme cela était courant au 19 ième siècle.
Je viens de refermer le livre : je n'ai pas toutes les réponses à mes questions. J'aime les oeuvres qui travaillent l'esprit et qu'on garde en mémoire, au moins un certain temps, dans le raz de marée d'informations et de sollicitations de la vie moderne.
Dans ce « portrait de femme », j'y vois un portrait d'homme en filigranes et c'est donc paradoxalement pour moi une rencontre avec un homme, son auteur, dont j'admire la grande lucidité et le sens de la psychologie.
Pour conclure, j'emprunte « ses »propres mots : « Il faut se préparer à déplaire dans la vie, souvent, à beaucoup de gens, et parfois, aussi à soi-même ».
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De l'art de gâcher sa vie.

Isabelle Archer est une jeune Américaine très intelligente et très belle mais désargentée. Ses deux soeurs sont mariées. Quant à elle, elle est courtisée par Caspar Goodwood. Mais sa vie va être chamboulée par la proposition de sa tante Touchett de l'accompagner en Europe.
Leur première étape est le château de Mr Touchett, un vieil homme malade mais très agréable dans lequel vit aussi son cousin Ralph. Elle s'y plait beaucoup et plaît aussi infiniment. Un voisin aristocrate, extrêmement riche, lui demande sa main mais Isabel ne veut pas songer au mariage, elle désire découvrir la vie et l'Europe par elle-même. Elle fait aussi la connaissance d'une amie de sa tante, Mme Merle qui séjourne de château en pallazio chez des amis. Cette femme semble parfaite et Isabel lui voue une grande amitié.
Et là intervient le deuxième bouleversement. Mr Touchett à la demande de Ralph lui lègue une fortune qui va être l'instrument de sa perte. Après quelques vagabondages dans différents pays, elle accepte enfin de se marier avec un veuf pourvu d'une fille de 14 ans.

Ce portrait est passionnant bien que très détaillé. Mais j'ai été très étonnée par des propos très libres avec de nombreux reproches sur le fond.
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"Le portrait d'une dame" (traduction littérale de "The Portrait of a Lady") est un volumineux roman paru pour la première fois en 1880, soit 2 ans après le succès de sa nouvelle "Daisy Miller".

Isabel Archer est une jeune personne intrépide, une Américaine d'Albany, transplantée en Europe (comme "tombée du ciel" dans un manoir cossu à la fin de l'été) et se révélant absolument curieuse de tout mais qui — le lecteur s'en rendra compte au bout d'une quinzaine de chapitres — marche à grand pas vers son propre supplice.

Tout est fin et délicat dans la description "en actes" de la psyché en mouvement perpétuel de tous les personnages (Isabel, Ralph, M. et Mrs Touchett, Henrietta, Lord Warburton, etc.) car l'auteur s'y montre d'une empathie extraordinaire pour eux — à l'égal du singulier Simenon... (car il nous semble que l'écriture jamesienne anticipe la densité existentialiste et introspective des futurs "romans durs" du prolifique et surprenant Liégeois.)

Les phrases y sont à la fois précises, sobres et inventives, nous rendant incapables de prévoir leur aboutissement : une sorte de suspense perpétuel... Vers QUOI évolueront ces personnages d'un milieu certes privilégié" (jeune fille entretenue, fils de banquier tuberculeux, banquier retraité et son épouse, "Lord" rentier : l'un des seuls qui ait pour absolue obligation de "devoir gagner sa croûte par soi-même" semblant être Henrietta Stackpole, la jeune journaliste du "New York Interviewer"... ) ? Nul ne peut le deviner...

Du grand art, vraiment.

On peut à ce titre regretter que le film (assez ridicule de par son féminisme "revendiqué", terriblement ostentatoire et totalement anachronique) de Jane Campion — avec Nicole Kidman et John Malkovich, pas au meilleur de leur forme — ne lui ait pas rendu meilleur hommage en 1996 !

Un chef d'oeuvre du PUR romanesque psychologique par un maître de la Littérature, dont romans et nouvelles forment une forêt foisonnante d'une égale qualité stylistique... A mon sens, de Henry JAMES (1843-1916), auteur prolifique et perfectionniste, citoyen américain (naturalisé britannique quelques mois avant sa disparition physique), TOUT est à lire !
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Portrait de femme, par Henry James. Malgré ses presque 700 pages, c'est à chaque fois un enchantement de se plonger dans sa lecture et un déchirement de devoir s'en séparer. Bien sûr, il faut déjà avoir eu du plaisir à lire cet auteur si singulier, apprécier son écriture parfois alambiquée – qu'il faut parfois relire deux fois pour en saisir tout le sens –, mais aussi exquise dans ses couleurs, sa profondeur, ses nuances, ses subtilités, ainsi que dans la portée générale de certains passages.

L'histoire est le parcours d'une jeune américaine, Isabel, que sa tante amène avec elle en Angleterre où elle réside. Isabelle est lumineuse, tout l'intéresse, elle voudrait tout connaître, voyager partout, et surtout profiter pleinement de sa liberté. Elle séduit tout le monde, et doit refuser quelques demandes en mariage, parfois dans la douleur, car elle est sensible à certains de ses prétendants, et plaire fait partie de son registre relationnel. Elle est toutefois, nous semble-t-il, séduisante, bien plus que séductrice, naturelle, droite et sans sophistication. Grâce à un héritage, elle ajoute la richesse à ses talents. Après avoir roulé sa bosse une année, elle se pose en Italie, et épouse Gilbert Osmond, un amateur d'art et un collectionneur, un dilettante, que lui présente une amie, Madame Merle. Isabel déçoit un peu ses proches, car elle semble délaisser cette liberté qu'elle affectionnait tant et à laquelle elle finissait par s'identifier.

On retrouve l'héroïne après trois ans de ménage, et l'on devine que son couple a échoué, qu'il est dysharmonieux, et qu'Isabelle est malheureuse. Mais si elle tient tête à son mari, elle reste attachée à son devoir d'épouse. Même quand elle apprend la machination dont elle a été l'objet, et la nature profonde de ce couple infernal qu'ont formé Mr Osmond et Mme Merle. Et même quand elle se retrouve libre de ses mouvements, après avoir quitté Rome et son mari, pour aller retrouver son cousin mourant en Angleterre.

Isabelle a mûri, ses valeurs ont évolué. On l'a aimée légère et libre, peut-on l'estimer encore quand elle accepte ses chaînes ? Oui, si on comprend que pour elle, marquée par le milieu puritain anglo-américain de la fin du XIXe siècle, le mariage est un engagement sacré. Mais peut-être aussi que la liberté est pour elle, comme pour Henry James, une notion avant tout théorique et, comme réalité, une source d'angoisse et de doute. Peut-être enfin que l'amour, la passion sont porteurs de funeste puissance, de destruction morbide. Quand à la chair, elle est curieusement absente.

Non-dits, suggestion, subtilité sont les maitre-mots de James, description des états psychologiques, maîtrise des dialogues avec une virtuosité saisissante dans les réparties, maniement du secret et de l'intrigue, sont ses outils. Tout cela est traité magistralement, en sorte que le lecteur est respecté quand il veut comprendre ou qu'il est sensible à la profondeur du texte, des situations, des dialogues, des personnages.

A propos de personnages, il y en a deux, les principaux, dont le portrait au long des pages est fascinant de justesse, de clarté et d'authenticité. Celui d'Isabel, jeune femme moderne, se prévalent d'une liberté de pensée et d'action, imaginative, curieuse, ouverte et généreuse, honnête. On découvrira qu'elle est aussi fidèle, vertueuse, courageuse, mais que dans une lente maturation de sa personnalité, elle troque peu à peu son aspiration à la liberté contre un sens un peu rigide des responsabilités, et qui n'est pas loin d'une soumission à un certain ordre établi. L'autre personnage est son mari, Gilbert Osmond, esthète solitaire, dont on perçoit vite qu'il est cynique, méprisant, un brin pervers et manipulateur, et qui deviendra odieux quand Isabel lui résistera. Madame Merle, le cousin Ralph, la journaliste Henrietta sont aussi l'objet de très beaux portraits.

Un certain nombre de thèmes traversent ce roman où morale, exploration existentielle, psychologie se mêlent : ce sont l'argent, l'adoration et la détestation, la générosité et la manigance, les notions politiques de conservatisme et de radicalité, la passion et la souffrance, l'amitié et la trahison, etc.

Un livre assez léger encore que dense, mais finalement assez sombre,
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A la mort de ses parents, Isabel est prise en charge par sa tante qui l'emmène avec elle en Angleterre. La jeune Américaine y découvre la petite noblesse, voyage en Europe et y vit son éducation sentimentale. Un roman féministe avant l'heure, qui dénonce l'éducation bâclée et paternaliste des filles et promeut leur intelligence, leur indépendance, le choix de leur vie et de leur couple. Une écriture classique et réaliste, parfois ardue, pour un texte étonnamment moderne.
”Une femme délibérément opprimée est en droit de tout faire dans la vie, de descendre dans la rue, si cela peut la soulager !”
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Où il est question de gentlemen, d'aristocratie oisive, de dissections des paroles et des sentiments, de mariage et de personnalités. Très intéressant, l'analyse du personnage est superbe, même s'il s'agit d'un autre siècle moins pressé. M'a donné envie de persévérer avec cet auteur.
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