Encore une fois, je me retrouve bien embêtée pour rédiger la critique d'un roman reçu en masse critique privilégiée. Je remercie très sincèrement Babelio et des Éditions Marabout Black Lab pour leur confiance, mais je dois vous avouer que je ressors assez déçue de cette lecture qui au départ m'enthousiasmait.
Même si je ne suis pas une grande lectrice de thrillers post-apocalyptiques, mon coup de coeur récent pour «
La route » de
Cormac McCarthy m'a incitée à accepter cette proposition de lecture.
Je m'attendais à un roman rythmé, poignant, violent, terrifiant, émotionnellement intense, peut-être psychologiquement éprouvant.
Je m'attendais à une vision du monde apocalyptique angoissante, à un sentiment de vide, de désespoir.
Pourtant, je n'ai rien ressenti de tout cela.
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Le début semblait vraiment très prometteur, avec une intrigue démarrant tout de suite.
Jon Keller, un historien américain, se retrouve à une conférence de travail en Suisse au moment où une guerre nucléaire éclate.
Pourtant, la matinée commençait bien. Attablé dans la salle à manger de l'hôtel, il déjeunait tranquillement en consultant ses SMS, songeant à la manière de se réconcilier avec sa femme restée aux Etats-Unis avec ses deux enfants.
Le calme avant la tempête, avant qu'il ne reçoive une série de notifications inquiétantes annonçant des attaques nucléaires contre les plus grandes villes du monde entier, Washington, Londres, New York, Berlin …
Comme on peut s'en douter, les gens, sous le choc, paniquent. Certains ne pensent qu'à rentrer chez eux auprès de leur famille et quittent précipitamment cet hôtel pour rejoindre la ville la plus proche, à plus d'une heure de route. D'autres, égarés, perdus, restent sur place, comprenant que cette fuite est inutile.
C'est le cas de Jon Keller et d'une vingtaine de clients qui décident de rester dans l'hôtel.
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C'est l'histoire de Jon, racontée de son point de vue, qui nous est révélée sous la forme de compte-rendu, comme un témoignage des évènements qui se sont produits après l'attaque.
Jon y consigne la vie dans l'hôtel, les événements principaux, leur lutte pour survivre dans un monde devenu insécurisé, dangereux.
« Arrivé au sommet, je me retournai pour observer le par cet la forêt. L'air était frais mais les nuages étaient bas et donnaient au paysage une atmosphère de crépuscule. Lors de ma première nuit dans l'hôtel, j'avais entendu le bruissement des insectes depuis le troisième étage. A présent, les arbres étaient silencieux, ternes et mourants. Nous étions pourtant en août. »
Ce scénario se resserre lorsque le corps d'une fillette est retrouvé dans un des réservoirs d'eau potable de l'hôtel. Cette découverte macabre crée une tension, renforcée par l'isolement des survivants condamnés à vivre ensemble, par la présence d'une forêt qui les encerclent, par cet hôtel à la très mauvaise réputation, théâtre de morts violentes, et par la présence possible d'un meurtrier dans l'enceinte de l'hôtel.
Jon, craignant que le meurtrier soit toujours dans l'hôtel, décide d'enquêter et de consigner dans son journal les progrès de son enquête.
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C'est un récit extrêmement troublant car on se dit qu'une guerre nucléaire est tout à fait possible.
Même si quelques mots par-ci par-là, laissent entrevoir ce qui a pu se passer, les causes de cette guerre sont laissées de côté, pour s'attacher aux effets.
Il est intéressant de voir comment chaque individu s'insère dans la dynamique de groupe. Emergent très rapidement des affinités, des personnes qui vont s'affirmer, s'imposer comme des leaders naturels alors que d'autres vont se soumettre à la pression et se conformer aux attentes du groupe.
« … certaines personnes réagissent aux crises en se refermant sur elles-mêmes, d'autres s'en prennent à autrui. »
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Ce roman offrait de nombreuses pistes à exploiter.
Avec un scénario pareil, je m'attendais à ce que la situation dégénère, qu'il y ait de multiples rebondissements. Je pensais frémir, trembler de peur, mais malheureusement, le récit est plutôt lent, sans beaucoup d'action, avec quelques invraisemblances.
Le scénario s'épuise vite et les dialogues sont assez creux.
Je me suis ennuyée et j'ai surtout été frustrée par un dénouement trop précipité et peu convaincant.
Avec un scénario pareil, je m'attendais, suite à la catastrophe nucléaire, à des personnages psychologiquement développés et des analyses comportementales approfondies. Je pensais me retrouver face à des personnages forts, audacieux, courageux, aventureux, fous, couards, insensibles, combatifs, inhumains, mais je les ai trouvés plutôt mous, ennuyeux, sans charisme.
Le fait que ce drame soit écrit uniquement du point de vue de Jon soustrait, en partie, les réactions émotionnelles des autres personnages. On ne ressent donc pas vraiment leurs doutes, leur peur, leur colère, leur tristesse, leur solitude.
Avec un scénario pareil, je m'attendais à un héros avec de la prestance, mais c'est un homme normal, tout à fait banal, pas particulièrement sympathique non plus. Je n'ai pas vraiment compris ses motivations à vouloir à tout prix identifier le meurtrier de la fillette qu'il pense présent dans le groupe. Jon aurait mérité une meilleure caractérisation pour mieux le définir et le comprendre.
Avec un scénario pareil, je m'attendais à des avancées notables dans l'enquête sur le meurtre de la petite fille, mais n'est pas enquêteur qui veut, l'affaire piétine et devient en définitive, secondaire. La résolution de l'affaire est forcée, mal amenée, et arrive comme un cheveu sur la soupe.
Avec un scénario pareil, je m'attendais à comprendre comment des gouvernements avaient pu en arriver à une telle extrémité, mais l'aspect politique n'est exposé qu'en pointillé.
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Ce livre suscite plusieurs réflexions intéressantes sur la responsabilité collective d'une telle catastrophe, sur le deuil de proches, sur le deuil de sa vie d'avant, sur la façon de redonner un sens à sa vie, sur la détention d'armes nucléaires, sur les notions de bien, de mal, de justice.
Ces débats auraient pu provoquer un plus grand intérêt si l'auteure les avait abordées moins superficiellement.
Peut-être l'auteure a-t-elle voulu explorer trop d'aspects ? En mélangeant le récit psychologique, post-apocalyptique, policier et même paranormal,
Hanna Jameson s'est un peu trop éparpillée.
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Je me devais d'écrire une critique honnête. Je suis vraiment désolée pour l'auteure, je ressors déçue par la lecture de son roman. Il ne m'a pas convaincue, même si les prémices du récit semblaient très prometteuses.
Ce n'est bien sûr que mon avis, un avis parmi tant d'autres.